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Wikipédia, l’école des affreux ?

octobre 12th, 2012 Posted in Wikipédia

J’aime beaucoup Wikipédia et je soutiens absolument ce projet, mais parfois je tombe sur des articles qui me fâchent, parce que je sens que les intentions d’une partie de leurs rédacteurs sont malveillantes. Toute encyclopédie est tributaire des opinions de ses rédacteurs, c’était par exemple le cas de l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert, projet politique autant que scientifique, qui distillait l’esprit des Lumières et qui a été plusieurs fois interrompu par la censure pour cette raison. L’Encyclopædia Britannica, précisément créée pour contrer l’Encyclopédie des philosophes du café Procope et se voulant plus « neutre » (ou plus conservatrice ?) est elle aussi l’émanation de l’esprit de son temps, ce qui permet, à chaque édition, de vérifier l’évolution de l’opinion, par exemple en matière de religion, de géopolitique, ou de parité : imaginez par exemple que contrairement à son époux Pierre, Marie Curie n’est pas citée dans l’Encyclopæddia Britanica de 1913 alors qu’elle était déjà récipiendaire de deux prix Nobel, en physique (1903) et en Chimie (1910).

Le cabinet de l’alchimiste, d’après une peinture de Thomas Wyck.

Puisque Wikipédia peut être éditée par toute personne qui souhaite le faire, la situation se complique : un article peut non seulement révéler la « doxa », l’opinion de son temps, mais même les tensions de son temps. Et c’est même encouragé par les principes fondateurs de Wikipédia : si un sujet fait débat, les opinions notables doivent y apparaître. Par exemple, les différents modèles cosmologiques proposés par la communauté scientifique pour décrire la naissance, les fondements et l’évolution de l’univers doivent être mentionnés : théorie des cordes, des supercordes, des cordes bosoniques, big bang, big crunch, big rip, etc. Bien sûr, si une théorie ou un point de vue est ultra-minoritaire, ou caduc, et n’a plus qu’un intérêt historique, il faut en faire état en spécifiant ce statut, et toujours, en mentionnant les sources, puisque par nature, Wikipédia ne peut être une source « primaire » — ce n’est pas une Académie, un centre de recherches, un laboratoire, qui produit du savoir — et est donc une source secondaire, qui indexe, compile et ordonne un savoir créé ailleurs, en le créditant dûment.
C’est là que se glissent les malins, qui utilisent le dogme de la « neutralité de point de vue » comme cheval de Troie pour semer le doute sur telle opinion, telle personnalité, pour distiller une propagande virale discrète ou pour faire exister des personnes, des courants artistiques, des théories, des auteurs, ou tout autre sujet qui n’aurait pas vraiment vocation à être mentionné dans une encyclopédie, comme par exemple une nouvelle langue « universelle » qui n’a qu’un seul locuteur au monde, son inventeur, lequel tient absolument à ce que sa création ait droit à un ou à plusieurs articles sur l’encyclopédie collaborative. Je le mentionne parce que c’est arrivé, il s’est trouvé quelqu’un pour faire un procès (perdu, évidemment) à Wikimedia car on avait retiré sa langue « universelle », dérivée du Latin, de Wikipédia.

Une planche extraite de l’Encyclopédie de Diderot

Parfois, les dommages sont complètement invisibles. Par exemple, lorsque des néo-fascistes glissent malicieusement dans la bibliographie de l’article consacré à l’affaire Dreyfus, sans en signaler la nature, une obscure référence anti-Dreyfusarde, le préjudice est plus que limité : cela fait tousser Pierre Assouline (qui cite souvent cet exemple) et permet à la dizaine de personne qui comprennent de quoi il en retourne de se sentir en connivence, mais c’est tout, car les écoliers qui doivent faire un exposé sur le sujet ne vont pas commander tous les livres mentionnés sur la page, et encore moins ceux qui ne sont plus disponibles à la vente depuis un demi-siècle. Les spécialistes, eux, sont avertis et ne seront pas plus trompés par cette référence.
De même, lorsque quelqu’un ajoute à Wikipédia un article sur sa personne et son œuvre en espérant que cela lui permettra d’exister, le préjudice est nul : les gens ne croient pas que quelque chose existe parce qu’il est sur Wikipédia, ils vont consulter un article sur Wikipédia parce qu’ils savent que son sujet existe.

L’affaire LG Williams

Bien sûr, toute personne qui veut détourner Wikipédia en gros sabots est vite identifiée et son action, neutralisée. Mais je remarque que les stratégies s’affinent, que les méchants, les affreux, ceux qui veulent nous vendre des trucs pas nets, améliorent leur technique. Je pourrais prendre par exemple le canular LG Williams, du nom d’un enseignant en art américain qui s’est inventé une œuvre d’artiste conceptuel de près de vingt ans en semant des indices partout, par exemple en produisant des références de catalogues antidatés sur Amazon, annoncés comme épuisés mais disponibles au format Kindle, ou en produisant un curiculum vitae d’expositions inexistantes : devant une telle avalanche de références, le canular a bien fonctionné, mais pas uniquement sur Wikipédia, puisque des galeries, impressionnées par l’œuvre de ce créateur sorti de nulle part, se sont mises à l’exposer effectivement, et que le Huffington Post a laissé passer (et maintient) un article diffamatoire à l’encontre de Claude Closky (c’est ce qui a attiré mon attention sur l’affaire), accusé d’avoir plagié pendant quinze ans le travail d’un artiste inconnu. L’article du Huffington Post a aussitôt été renforcé par un site affirmant que le Prix Marcel Duchamp devait être retiré à Closky, site dont le nom de domaine a été acquis une semaine avant la parution de l’article « choc ». Hmmm…
Le même LG Williams avait tenté sans grand succès une manœuvre comparable en ciblant le britannique Banksy. Je suppose qu’un jour, Lawrence Williams et Julia Friedman, la critique d’art qui travaille avec lui, vont avouer que tout cela est un coup monté, qu’il s’agissait de prouver qu’on pouvait tromper le monde entier en faisant exister un artiste ex nihilo, etc., mais en 2012, est-ce encore drôle ou intéressant ? Je préfère nettement la démarche de Paul Devautour et Yoon Ja qui avaient inventé une galaxie d’artistes et de critiques aux noms piqués dans Tintin, Les Envahisseurs ou dans des romans de Zola.

Le compte Google+ de LG Williams. Après avoir fait défiler des centaines d’images qui pastichent des travaux de Claude Closky en se prétendant antérieures, on aboutit à cet aveu final, qui reprend ironiquement des commentaires issus de Wikipédia et en fait des (fausses, il s’agit de montage) œuvres sur aluminium…

Puisque LG Williams en a fait un peu trop, cherchant à notamment à imposer des paragraphes sybillinement diffamatoires aux articles sur le Prix Marcel Duchamp ou sur Claude Closky, sa fiche sur Wikipédia a fini par être supprimée, et tous les comptes tapageurs qui ont servi à l’éditer, bloqués. Mais le Huffington Post maintient son article. Je les ai interrogés par mail à ce sujet, sans réponse, et mes questions en commentaire à l’article ne sont plus publiées : au fond c’est la différence entre un média « participatif » comme Wikipédia et un média « d’autorité » comme le Huffington Post. Le premier rend des comptes à ses lecteurs, le second n’en éprouve pas le besoin — sauf procès, bien sûr.
Je tenais à raconter cette affaire car même si elle n’a rencontré aucun écho véritable dans le monde de l’art, plusieurs personnes m’ont interrogé à son sujet.

Une de mes photographies, utilisée sur le Huffington Post pour nuire à un ami. On ne me reprendra pas de sitôt à placer mes photos sous licence libre. Ce n’est pas tant qu’on utilise ma photo qui me pose problème, que le fait qu’on écrive mon nom dessous (comme l’imposent les licences libres), en m’associant en quelque sorte au contenu de l’article.

Une chose m’a un peu heurté dans cette histoire, qui m’a amené à remuer forums et pages de discussions à son sujet : l’article du Huffington Post qui s’en prend à Claude Closky utilise comme illustration une de mes photographies de l’installation Manège (2006), diffusée sous licence libre sur Wikipédia. J’ai modestement participé à la réalisation de cette installation, puisque j’ai mis au point le programme informatique qui la fait fonctionner. Il est un peu blessant de voir son propre travail, offert à la communauté, servir ce type d’entreprise malveillante. On ne me reprendra sans doute pas à placer ce genre d’images sous licence libre.

Une école de la fausse impartialité

En lisant l’article consacré à Taslima Nasreen sur la version francophone de Wikipédia, j’ai été assez étonné ces jours derniers de tomber sur une introduction à la limite de l’intelligible qui disait ceci :

Taslima Nasreen a acquis dans les médias occidentaux l’image d’une combattante pour l’émancipation des femmes et la lutte contre ce qu’elle appelle l’obscurantisme religieux de son pays d’origine, le Bangladesh; des études récentes informent sur certaines polémiques qui ont entouré T. Nasreen dans son pays d’origine.

La fin, notamment, n’est pas rédigée en français et est pour le moins évasive. On sent plus généralement que l’idée est d’écorner un peu l’image de vaillante résistante de l’écrivain et médecin qui, née dans une famille musulmane, a fini par devenir athée et l’a dit suffisamment fort pour être contrainte à l’exil après des agressions, des manifestations hostiles, d’innombrables menaces de mort et des fatwas lancées par des chefs religieux importants. Un peu plus loin dans l’article, une chercheuse allemande est citée au sujet de la « construction » médiatique de Taslima Nasreen dans les pays occidentaux, sujet intéressant je pense, mais avec une phrase qui suggère par ailleurs qu’il est légitime qu’un état condamne le blasphème. Bon, là ce n’est pas Wikipédia qui affirme que le blasphème est un motif légitime de condamnation, mais une personne identifiée dont l’opinion est rapportée par Wikipédia.
Je n’ai pas modifié moi-même l’article, en me disant que je ne serais pas à ma place pour une telle tâche, non seulement par ignorance du sujet, mais aussi parce qu’une femme écrivain, scientifique, athée revendiquée, coupable d’apostasie, condamnée par des raclures de bidet pour cette raison, ne pouvait qu’avoir ma sympathie, si ce n’est mon affection, ce qui ferait de moi un contributeur particulièrement peu objectif. Je me suis contenté de signaler la bizarrerie de la phrase d’introduction en commentaire à l’article et dans des lieux de discussion.

Taslima Nasreen, il y a quelques années, avec un superbe cubitus valgus physiologique.

Ce genre d’affaire, contrepartie évidente de la liberté pour chacun de collaborer à Wikipédia, n’a bien sûr aucune importance et fait le quotidien de l’encyclopédie en ligne, imposant une vigilance constante à ses lecteurs : Wikipédia, c’est un peu le mythe de Sisyphe. D’ailleurs si toi, simple lecteur de Wikipédia, tu tombes sur des phrases suspectes, sur des injections éhontées de propagande, eh bien clique sur l’onglet « discussion » de l’article et explique quel problème tu vois. Ou bien tais-toi à tout jamais.

On peut trouver des choses pas nettes sur Wikipédia, mais plutôt que de se ranger du côté des grincheux trop contents de se dire qu’un projet aussi ouvert ne peut pas fonctionner, pourquoi ne pas aider à l’améliorer ?

J’ai toujours défendu l’idée que Wikipédia avait un potentiel pédagogique, non seulement pour les informations qu’on y trouve, mais aussi parce que l’on peut y apprendre à rédiger, ordonner un article, se documenter, etc. Mais en lisant un article du Midi Libre (8/10/2012), Un militant repenti balance les secrets de l’ultra-droite, je me demande si la pédagogie n’a pas aussi profité à ceux que j’appelle les affreux. Dans l’article, le jeune homme explique comment le groupe auquel il appartient utilisait les commentaires de blogs ou les réseaux sociaux pour distiller une propagande « intelligente » (entendre : fourbe).
Il ne mentionne pas spécifiquement Wikipédia mais on reconnaît des techniques qu’on peut y rencontrer, comme l’utilisation de faits avérés, mais rapportés avec une emphase disproportionnée, comme la répétition, l’utilisation de pseudonymes réguliers qui finissent par inspirer confiance et de pseudonymes ponctuels qui donnent un effet de masse :

Nous considérions que les médias mentaient tous, que nous vivions dans un Etat « ripoublicain », corrompu par des élites mondialistes, que la race blanche était en danger, tout ça. Et comme on était peu nombreux, on a surtout utilisé internet. C’était pratique pour faire passer nos messages, et ça ne coûtait pas d’argent. Je sais qu’au Bloc [identitaire] et au FN ils ont des méthodes analogues, l’essentiel de celles que nous utilisions venaient d’ailleurs de leur fascicules de formation des militants […] Il fallait en priorité « squatter » les sites d’information générale […] Monter en épingle les fais divers lorsqu’ils concernaient des étrangers, quitte à les faire « mousser » sur Facebook ou sur les forums. Les réseaux sociaux et les commentaires dans les articles de presse étaient l’idéal pour ça. Nous avions clairement identifié l’idée qu’il fallait que nous ayons des pseudonymes « réguliers » […] de manière à ce que les gens, à force de lire notre nom se disent : « Il a raison ce gars-là » et se rapprochent de nous. Il fallait aussi créer des profils « ponctuels » juste pour donner l’effet de masse, donner l’impression que c’était la « base » des gens qui pensait comme nous […] Mais il fallait agir subtilement. Ne jamais parler des Arabes et des Blancs en tant que tel, mais reprendre des thèmes « humanistes » en parlant par exemple des « nantis antiracistes et mondialistes qui cherchent à écraser les pauvres qui supportent le racisme antiblanc » […] Mon travail consistait aussi à faire des revues de presse sur plusieurs blogs, et en ne prenant que les histoires qui mettent en scène des étrangers pour ensuite démontrer que tout les problèmes venaient d’eux. Mais évidemment, on ne se limitait pas aux faits divers. Il était super-important aussi de prendre les articles parlant des initiatives sur la « diversité ». Ce mot est parfait pour détecter les articles de presse où il va être question d’argent public donné aux associations étrangères […] nous avons développé notre terminologie, en disant les choses d’une certaine manière: « être positif ». Ne pas dire « c’est la guerre civile, les Arabes ne veulent pas être intégrés ». Une telle phrase fait fuir les gens qui ne sont pas engagés à nos côté, mais dire « la plus grande fermeté est nécessaire pour retrouver la paix civile ». Ça veut dire la même chose, parce que ça donne à penser qu’on est en guerre, mais ça donne l’impression qu’on est plein de sagesse […] il suffit de prendre un pseudo à consonance musulmane et lancer des insultes aux Français, en prônant une République islamiste à Paris ou ce genre de choses. C’est très gros mais ça marche à chaque fois […] Puisqu’on était sûrs d’avoir raison, que les mondialistes voulaient notre peau, tout les moyens étaient bons.

Bien sûr, on me dira que tout ça était possible avant les réseaux sociaux, avant que les articles de presse puissent être commentés, et bien entendu avant Wikipédia. On me dira aussi que les groupuscules politiques n’ont pas attendu Internet pour agir comme s’ils étaient des agences de contre-espionnage, recourant méthodiquement à la désinformation, au mensonge et le faisant, ironie suprême, en étant sûr de détenir une vérité cachée et en se sentant investi de la mission de la faire triompher.
Mais la question que je me pose est : est-ce que les réseaux sociaux , est-ce que Wikipédia, ne leur ont pas profité en leur apprenant à diffuser leurs idées avec un peu plus de finesse qu’autrefois ?

Une gravure de propagande par la Ligue Catholique, qui accusait Henri III de pactiser avec le diable (en l’occurrence, les protestants ou ceux qui ne leur étaient pas défavorables). Grand succès : le parti de la Ligue a réussi à chasser Henri de Valois de Paris, avant qu’un de ses membres n’assassine le roi, alors âgé de 37 ans. La propagande, même un peu grossière, ça fonctionne…

Je vois que beaucoup de gens ont complètement admis l’opération de communication qui vise à faire croire à un « néo-lepénisme », qui serait devenu respectable et digne de considération. Fini le parti repoussant des anciens collabos, des nostalgiques de l’Algérie française, des commerçants aigris et des skinheads. À présent, de nombreux électeurs appellent Marine Le Pen par son prénom, veulent croire à son engagement auprès des petites gens, et ont converti leur honteuse peur du noir et de l’arabe en un combat pour des valeurs républicaines comme l’égalité, la laïcité et les pains au chocolat. Là encore, une propagande intelligente et hypocrite semble payer. Et si c’était nous qui avions formé ces gens ?

  1. 19 Responses to “Wikipédia, l’école des affreux ?”

  2. By Stéphane Deschamps on Oct 12, 2012

    *Marion* Le Pen.

    (et un jour j’arguerai longuement sur le fait que ce n’est pas qu’un arbre qui cache la forêt)

    Merci Wikipédia !
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Marine_Le_Pen

  3. By OuT on Oct 12, 2012

    Bonjour,

    Désolé pour le lien fdesouche, mais l’article du Midi Libre est tout simplement faux : fdesouche.com/325057-languedoc-roussillon-un-militant-repenti-balance-les-secrets-de-lultra-droite

    En résumé, le militant est une personne inventée, la journaliste est encartée et militante au Front de gauche (ce qui est son affaire, mais cela aide à comprendre), et une fois la supercherie découverte l’article a été nettoyé et les traces supprimées en catimini.

    De la part d’un contributeur actif sur WP, et qui est tout sauf un POV pusher ;-)

    Amicalement

  4. By Jean-no on Oct 12, 2012

    @OuT : Quand j’ai lu l’article (qui est toujours en ligne au moment où nous parlons), il ne mentionnait pas fdesouche. Je ne peux bien sûr pas dire si l’interview est bidonnée, trafiquée, inventée, puisque l’interviewé n’est pas connu. Je n’ai pas pensé à fdesouche en lisant l’article car ce n’est pas un site très fin, il est avant tout destiné aux convaincus. La méthode décrite est assez crédible. J’ai lu un militant de l’UNI (pas anonyme, je crois, mais il faudrait retrouver) qui expliquait aussi suivre une méthode de séduction…

  5. By LCF on Oct 12, 2012

    Bonjour,

    Je suis partisan de l’opinion selon laquelle la réponse adaptée à l’ignorance et l’extrémisme n’est pas la censure, mais plus d’éducation, plus d’informations.
    A ce titre, Wikipedia est un formidable exercice démocratique (pour la participation) et académique, en plus d’être une encyclopédie en huit-cents volumes.
    Je lis également ce blog depuis un moment, et le trouve intéressant.

    Cordialement.

  6. By Wood on Oct 12, 2012

    Je crois que tu mélanges Henri III de _France_ (chassé de Paris par la ligue, assassiné à 37 ans par un moine fanatique membre de cette même ligue) et Henri III de _Navarre_ (qui deviendra Henri IV de France).

  7. By Jean-no on Oct 12, 2012

    @Wood : j’ai fourché, Henri de Valois, bien sûr, pas de Navarre. Corrigé.

  8. By OuT on Oct 12, 2012

    Ayant le sentiment d’avoir réagi à chaud, j’ai un peu approfondi la question, et force est de constater qu’il n’y a guère d’éléments tangibles. Déjà, je souligne que je n’ai pas été informé de l’affaire via fdesouche, n’étant pas vraiment un habitué du site…

    Donc, la réfutation de fdesouche me parait vraiment légère. L’article initial contenait deux parties, l’entretien puis l’exemple fdesouche, les deux parties étant dissociées. Évidemment, l’amalgame a été fait… Aucune mention à fdesouche n’ayant été faite dans l’entretien. Or la contestation par le site sus-mentionné porte sur ce point, qui n’existe pas. De plus, rien ne prouve non plus la contestation.

    D’autre part, la véracité de l’entretien me paraît franchement incertaine, les intentions de la journaliste paraissent évidentes au vu de son profil, et il est avéré qu’il y a eu opération de nettoyage suite à la nano-polémique. Mais peut-être était-ce dans un but de protection de la journaliste ? En tout cas cette façon de gérer la situation n’était pas la plus futée, ayant pour effet de souffler sur le moulin.

    Bref, beaucoup de suppositions et rien de tangible. On ne peut pas savoir le fin mot de l’histoire ; j’aurais voulu dire que ce n’est pas important, que c’est par des voies plus sérieuses que la personne censée forge son opinion, mais malheureusement… Bref, les médias mainstream sont un gâteau appétissant, détenu par certains, convoité par les autres. « The truth is out there », le plus important est d’en avoir conscience, de suivre une démarche de recherche perpétuelle et non de se conforter dans sa paroisse.

    @LCF, c’est ce que j’apprécie dans WP, l’un des rares lieux comportant une dose appréciable de rationnalité. En revanche, il faut aussi comprendre que ce n’est pas l’alpha et l’omega. De par sa nature même, WP ne produit pas de savoir comme l’a très bien expliqué Jean-no, et ne permet pas non plus d’aller au fond d’un sujet, car refusant les traitement subjectifs et aussi car ayant des considérations synthétiques.

  9. By Jean-no on Oct 12, 2012

    @OuT : Je n’ai pas encore eu de retour de la journaliste, qui m’a l’air d’un sacré numéro, mais dont l’engagement politique peut orienter les articles mais ne signifie pas forcément une volonté d’inventer des sujets. Évidemment, si c’est une interview inventée, je n’ai pas l’air bête avec mon article à moi :-) Je pense malgré tout que le cheminement idéologique qui est prêté au fameux « Damien » n’est pas absurde, alors…

  10. By 2goldfish on Oct 12, 2012

    L’exemple de Taslima Nasreen montre tout de même bien l’impossibilité de la « neutralité du point de vue ». Tu as signalé ce qui te semblait en être une violation, et j’aurais probablement fait la même chose, mais mettons nous un instant à la place de celui qui a modifié cette page. Est-il impossible d’imaginer que lui aussi pensait rétablir la neutralité de point de vue ?
    Wikipedia a beau faire des efforts plus que louable dans le domaine, son point de vue « neutre », c’est le point de vue des élites culturelles et scientifiques du monde occidental. (et heureusement pas seulement de Jimmy Wales, ce sale libertarien)

    Ma petite idée à moi (que j’avais développée dans cet article : Comment sauver le soldat Wikipedia ) c’est que Wikipedia devrait abandonner son idéal de « neutralité du point de vue » pour celui de « multiplicité du point de vue ». C’est bien sûr déjà un peu fait sur de nombreuses pages mais je pense qu’il faut aller plus loin et tuer le mythe de la neutralité.

  11. By Sandrine on Oct 13, 2012

    Bonjour,

    Je voulais juste réagir à ce que vous disiez à propos de votre photo, réutilisée par le Huffington Post :

    « On ne me reprendra pas de sitôt à placer mes photos sous licence libre. »

    Lorsque quelque chose est diffusé en licence libre, il existera toujours potentiellement un pourcentage d’affreux qui vont s’en servir pour faire n’importe quoi. Je pense notamment à ça par exemple : Contribuer à Wikipédia c’est aussi enrichir Orange

    Je peux comprendre que ce soit agaçant mais je préfère penser que ce pourcentage est faible par rapport à la majorité des gens à qui ce sera utile et qui en feront un bon usage.

    Pour le reste, votre réflexion est intéressante!

  12. By Jean-no on Oct 13, 2012

    @2goldfish : Wikipédia ne peut pas satisfaire tous les besoins, côté lecteurs ou côté rédacteurs. Mais aucun projet « ouvert » n’est allé aussi loin aussi vite. La « neutralité » de point de vue ne fonctionne d’ailleurs pas si mal, mais elle est très fragile face aux gens de mauvaise volonté ou malicieux, qui savent faire « comme si ». Je ne pense pas que Wikipédia doive changer (enfin si : simplifier les règles, comme tu dis, ne serait pas du luxe), il faut juste proposer des alternatives.

    @sandrine : en mettant des photos sous licence libre, je savais, bien sûr, que c’était possible qu’on les utilise pour gagner de l’argent évidemment, pour en économiser, encore plus. Par contre je ne compte pas trop avec la malveillance, et là je dois dire que ce n’est pas tant qu’on emploie ma photo qui m’est pénible, que le fait qu’on me crédite, qu’on utilise mon nom.

  13. By ianux on Oct 13, 2012

    J’avoue que je n’ai jamais compris que l’on puisse reprocher à Wikipedia de comporter des erreurs. Il est de bon ton dans les médias mainstream de se plaire à relever les inexactitudes supposées de l’encyclopédie afin de disqualifier l’expertise par le bas. Entendant, lisant cela, je ne peux m’empêcher de penser « mais si tu sais que c’est faux, corrige au lieu de te plaindre, abruti ! ».

    Le fait est que l’immense majorité des gens voient WP comme un média de consultation, occultant complètement son aspect collaboratif, qui est pourtant son essence même. À cet égard, je ne manque jamais, lorsque j’en viens à consulter WP avec des amis, à les inviter à cliquer sur l’onglet discussion, souvent aussi intéressant que l’article lui-même, et qu’ils découvrent toujours pour la première fois.

    Moi à mon petit niveau, je n’hésite pas à éditer l’article lorsque je trouve des fautes ou des tournures maladroites, dans le souci de donner de la crédibilité à WP.

  14. By 2goldfish on Oct 13, 2012

    @Jean-no Je suis moi aussi un fervent admirateur du projet Wikipedia dans son ensemble. C’est l’un des (voire « le ») plus beaux accomplissement d’internet.
    Mon idée de remplacer la neutralité par la multiplicité ne se veut pas révolutionnaire : ce serait un changement d’idéal, qui n’affecterait pas nécessairement immédiatement toutes les pages, mais pourrait changer légèrement l’état d’esprit des contributeurs sur le long terme, en remplaçant un idéal impossible par quelque chose de plus pragmatique.
    On reconnait au plus haut niveau de Wikipedia que l’encyclopédie manque de points de vue féminin et non occidentaux, pourtant souvent sur les pages, les points de vue de ces « minorités wikipediennes » sont effacés ou dévalués au nom de la « neutralité ».
    Ecrire le mot « multiplicité » dans les règles de Wikipedia, ce serait sans doute ouvrir plus grand encore la porte aux intérêts particuliers, y compris ceux der l’extrême droite dont il est question dans l’article, mais la chose pourrait être mieux encadrée, des normes se développant pour expliquer l’origine des points de vue, plutôt que de faire comme s’il existait un point de vue « neutre », sans origine, comme si c’était possible.

  15. By Jean-no on Oct 13, 2012

    Quand j’étais étudiant en licence, il y a… hmmm… presque vingt ans, maintenant, j’avais rendu un devoir, dans un cours sur l’art numérique, où je proposais la création d’une encyclopédie en ligne, où chaque sujet pourrait avoir plusieurs articles, par des spécialistes aux avis contradictoires, etc. Mon système était très compliqué, à la réflexion.
    Je reprocherais à Wikipédia, de facto, de donner beaucoup de place aux médias qui ont pignon sur rue. Par exemple on citera plus facilement en bibliographie un livre nul d’un pseudo-spécialiste qu’un article brillant publié sur un forum de passionnés.
    Je rêve à présent d’une encyclopédie « de recherche », mais ça existe déjà, ça s’appelle le web, la blogosphère, tout ça…, il faut juste lui créer un index digne de ce nom et quelque part, c’est le boulot de Wikipédia.

  16. By 2goldfish on Oct 13, 2012

    S’il y a un index du web, je pense que c’est plus Google que Wikipedia, que ça nous ravisse ou pas. Entre autres raisons parce que Wikipedia reste limité (pour le meilleur comme le pire) par cette notion d’autorité des sources.

  17. By Jean-no on Oct 13, 2012

    @2goldfish : Google ne porte pas de jugement de valeur, tandis que Wikipédia affirme que telle ou telle page citée est une référence à considérer. Les deux sont des outils pour indexer le web, et il y en a d’autres – heureusement du reste. Si je m’observe, en tant que lecteur, je vois que je peux utiliser Wikipédia (notamment la wikipédia anglophone) comme moyen pour savoir ce que sont les livres qui comptent sur un sujet, tandis que Google est plus du côté de la sérendipité : on trouve des perles, des surprises,… et parfois aussi, on rate ce qui compte.

  18. By Dr Borg on Oct 13, 2012

    Sur le sujet, à 16h sur France-Inter:
    http://www.franceinter.fr/emission-le-grand-bain-le-cas-wikipedia

  19. By Hoctan on Oct 13, 2012

    Bel article et pertinente réflexion qui rejoignent cette « prise de conscience » publiée sur D-FICTION il y a plusieurs mois par notre correspondante Syd T. Gray et qui devrait retenir votre attention :

    http://d-fiction.fr/2012/03/wikipedia-je-te-connais-moi-non-plus

  20. By Jean-no on Oct 25, 2012

    @OuT : suite de l’affaire, sur le site d’@rrêtssurimages.

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