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Mathématiques — un dépaysement soudain

novembre 2nd, 2011 Posted in Cimaises, Sciences

Du 21 octobre dernier au 18 mars 2012, la Fondation Cartier propose une exposition intitulée « Mathématiques — un dépaysement soudain » qui, comme son nom le suggère, cherche à explorer la fascination que peut susciter la science des mathématiques. Des chercheurs célèbres, comme Cédric Villani, Michael Atiyah, Alain Connes ou Mikhaïl Gromov, ont participé à la création de l’exposition, rejoints ensuite par des artistes précédemment exposés dans le même lieu tels que Michel Alberola, Takeshi Kitano, Raymond Depardon ou David Lynch. Un tel programme était plutôt intriguant.

Il faut faire la queue un certain temps, car le flux des visiteurs est adapté au lieu, qui n’est pas immense. Le ticket d’entrée vaut neuf euros cinquante. En arrivant, une jeune fille nous oriente vers le sous-sol où est projeté un film de Raymond Depardon, qui donne la parole à des mathématiciens de haute volée. Je prends quelques photos mais une seconde jeune fille vient m’expliquer que je n’en ai pas le droit. Bon. Et puis, au bout de dix minutes de projection, les lumières se rallument et Micha Gromov voit son image gelée en plein milieu de ses explications scientifico-métaphysiques : pour une raison obscure, le public doit s’en aller. Ouste ! Dehors ! Sur le côté de l’écran, la traduction anglaise persiste, seule et sans spectateurs, à défiler. Le film avait l’air bien : chaque fois, un scientifique débite un discours apparemment écrit d’avance qui nous apprend d’où lui vient sa vocation et ce qui le fait vibrer dans sa discipline. Joli noir et blanc, beau grain d’image.
En quittant la projection, on tombe sur un grand mur peint par Michel Alberola qui cartographie subjectivement les mathématiques. Ce n’est ni du très bon graphisme didactique, ni du très bon Alberola. Sur un petit écran pénible à regarder, puisque disposé dans un couloir encombré, est diffusé un film réalisé par Alberola, encore lui, et consacré à Cédric Villani. Il semble nettement plus intéressant que la fresque qui lui fait face.

À côté se trouve une mystérieuse fonction. Yasmine tente de la photographier avec son téléphone, mais se fait à son tour rabrouer par les gardiens. Il ne s’agit pourtant que d’une formule mathématique, ce qui n’est pas soumis à droits patrimoniaux — eh oui, nous avons le droit de dire ou d’écrire que « E=mc² » sans nous acquitter d’une quelconque redevance. Cédric fait remarquer que l’évolution des mathématiques a toujours précisément profité de l’échange d’informations entre savants, mais la Fondation Cartier n’est pas dans une logique de colloque scientifique. À côté de la fonction se trouve une sculpture métallique en forme de trompe : c’est l’objet que l’on obtient en appliquant la fonction.

À l’étage, on trouve  une « bibliothèque des mystères », lieu où sont projetées deux animations aux messages obscurs et une troisième qui fait défiler les couvertures de livres liés à l’histoire des sciences (Platon, Aristote, Buffon,…). L’image est volontairement brouillée, altérée à l’aide de toute une palette de filtres simulant des interférences. C’est du David Lynch. On dirait à la fois une publicité et un générique de film de tueurs en série du début des années 2000. Sur ce, Patti Smith se met à chanter au plafond. « Bon, on s’en va ? » demande Elifsu. Oui on s’en va.
Dans la dernière salle, on trouve un écran concave où sont projetées des démonstrations géométriques qui s’apparentent à de l’art optique, et je dois dire que je trouve ça assez plaisant. Derrière, sur un autre écran, la main d’un chercheur dessine la manière dont le boson de Higgs , après collision, se trouve transformé en d’autres genres de particules,… Les dessins n’ont pas de sens particulier pour qui ne connaît pas le conventions de représentation de la physique mais semblent suivre une logique plastique. L’image est montrée en négatif. De temps en temps, elle est remplacée par un écran de contrôle qui nous permet de savoir en temps réel ce qui se passe à l’intérieur du Grand Collisionneur de Hadrons, au Cern. Enfin presque en temps réel, puisque l’horloge est réglée sur une demi-heure plus tôt. Par ailleurs, cet écran high-tech indique surtout qu’il n’y a aucune activité en cours dans le collisionneur : pas un quark, pas un gluon, rien.
À côté se trouve une application imaginée par Takeshi Kitano et qui repose sur le principe du jeu des chiffres et des lettres, si ce n’est que l’on doit atteindre le nombre 2011 et que l’on ne peut pratiquer des opérations, pour ce faire, qu’à l’aide de chiffres, et forcément dans l’ordre croissant : 1, 2, 3, 4, 5,…
C’est peut-être ce modeste jeu qui rapproche le mieux le spectateur du plaisir des mathématiques qu’était censé transmettre l’exposition entière.

Dans un espace circulaire, enfin, se trouvait l’installation Ergo-robots, sans doute passionnante, mais que je n’aurai pas vu, découragé par une file d’attente qui semblait éternelle.

Je dois avouer que l’ensemble m’a plutôt déçu : l’exposition est vite vue, la magie des mathématiques ne fonctionne que lointainement (avec mon niveau classe de troisième dans cette discipline et ma méconnaissance du milieu des mathématiques en tout cas) et plusieurs éléments semblent disposés là de manière un peu gratuite. On évite le didactisme « cité des sciences » et les tartes-à-la-crème du genre Nombre d’or ou autres décorations fractales, et c’est toujours ça de pris, mais une approche un tout petit peu plus généreuse, un tout petit peu plus tournée vers le public, aurait été plus agréable, d’autant qu’une telle exposition ne s’adresse sans doute pas non plus vraiment aux mathématiciens. La morale de l’exposition, c’est qu’il y a des gens qui se passionnent, qui s’éclatent avec les maths, mais aussi qu’on n’en fait pas partie. Et même pire, j’ai eu le sentiment étrange et hautement subjectif que cette exposition nous cache des choses, qu’un spécialiste du domaine (que je ne suis pas) verra plus les noms et les objets qu’il y manque plutôt que ceux qui y sont présents.

Frustré, donc, j’ai dépensé mes économies à la boutique, notamment pour acquérir le tee-shirt de l’exposition (la vendeuse m’ayant juré que, bien qu’il soit en taille L et non XL, il m’allait idéalement — cette vile flatterie prend toujours avec moi) et le livre publié pour l’occasion, vendu quarante-quatre euros. Mis en page par Werner Jeker, cette publication est un objet très agréable et au contenu apparemment infiniment plus clair que n’est l’exposition qu’il complète.

  1. 16 Responses to “Mathématiques — un dépaysement soudain”

  2. By glucide on Nov 2, 2011

    J’ai feuilleté le livre en librairie, puis je l’ai soigneusement reposé.
    L’iconographie faiblarde et les longues pages de textes n’ont pas ravivé la flamme des maths, que j’ai pourtant pratiqué de longues années.
    Bof.

  3. By Naryende on Nov 2, 2011

    Si ça paraît gratuit c’est peut être aussi parce qu’un partie est du recyclage. L’œuvre de Kitano était déjà dans son expo, et je soupçonne le morceau de Pati Smith et l’œuvre de David Lynch d’avoir été dans leurs expos respectives aussi…

  4. By sylvie Tissot on Nov 2, 2011

    Finalement, je suis restée pour voir les Ergo-robots, sorte de bras articulés portant un masque dessiné par David Lynch. On a eu droit à une explication sur le comportement des robots… Ce qui était drôle, c’est que chaque fois que l’animateur disait « alors là, le robot va faire ça… », il faisait autre chose et du coup on ne comprenait rien.
    J’avais l’impression d’être dans un numéro de montreur de puces, mais comme je suis bon public, ça m’a plu.
    Concernant la bibliographie de David Lynch, la première fois que je suis allée dans la salle, j’ai fait comme vous : « on s’ennuie, on s’en va ». Mais j’y suis retournée à la fin et je me suis laissé prendre au jeu.
    J’ai également apprécié le fait de manipuler les motifs de Penrose et les projections dans l’écran courbe.
    En revanche, les salles du bas m’ont laissée complètement indifférente : je n’ai pas vu l’intérêt, mais c’est vrai que le film n’était pas accessible.

  5. By Jean-no on Nov 2, 2011

    @Sylvie : Ah ça m’aurait plu, un démonstrateur qui est trahi par l’objet qu’il montre :-)
    Les projections de Lynch ont quelque chose, c’est certain, mais en même temps c’est un peu gratuit, il aurait pu mettre des poèmes ou des textes religieux, ça n’aurait pas changé grand chose je pense.

  6. By sylvie Tissot on Nov 2, 2011

    @Jean-no ça me rappelle l’inauguration de l’exposition « numériquement vôtre » aux Champs Libres en 2009 : C’était un bras-robot qui était le chef d’orchestre de l’oeuvre classique qui était interprétée par des musiciens à corde. Au bout de quelques secondes, le bras tombe en panne et les musiciens continuent de jouer, un peu penauds. Juste après le dernier coup d’archet, le robot se remet à bouger en faisant « Bzz-Bzz » et le programme se cale là où il aurait dû en être, c’est-à-dire au moment de saluer pour recevoir les applaudissements. Il salue donc, et tout le monde éclate de rire ;) J’ai adoré ce clin d’oeil de la machine.

  7. By isa on Nov 2, 2011

    Ah, nous avons eu plus de chance : pas trop de monde, peu de queue, les beaux plans-séquences de Depardon sur les mathématiciens in extenso (la différence des discours d’un témoin à l’autre était déjà en soi un vrai sujet de réflexion)… mais au final, ce que l’on retient, ce sont les mises en place qui auraient tout à fait eues leur place à La Villette (le jeu-concours mathématique de Kitano, les collisions visualisées en direct du Collisionneur de Genève, les robots…). Je ne vois pas trop ce que l’art a apporté à tout ça, j’y ai surtout vu une tentative de médiation entre maths et public avec les artistes dans le rôle (plus ou moins réussi) de médiateurs. Les Maths y sont assez bien traités, je ne suis pas certaine que l’art s’en trouve vraiment enrichi…

  8. By Jean-no on Nov 2, 2011

    @isa : carrément, le rapport à l’art semble artificiel, alors même que les artistes invités semblent s’intéresser sincèrement au sujet. Peut-être aurait-il fallu ne pas être timide et oublier complètement les artistes contemporains pour ne donner à voir que l’art des mathématiques.

  9. By antoine schmitt on Nov 7, 2011

    J’ai eu de la chance aussi, de venir un matin, donc j’ai tout vu.
    Mais j’ai été très déçu. Il y aurait eu tant à faire, surtout avec tous ces partenaires, sur les liens entre math et art. C’était vraiment indigent, pauvre, et superficiel. A part le film en bas, dans lequel les interviewés étaient bien généreux et enthousiastes. Mais cela ne durait que 30mn au total. Et aussi le challenge de Kitano qui est en effet assez accessible pour donner envie.
    Le reste frôlait l’imposture intellectuelle en cultivant un certain mysticisme autour des math, et était artistiquement vraiment léger, juste du vernis décoratif pour faire joli.
    Il y aurait eu tellement à faire. Dommage. Pas à la hauteur de ce que l’on attend de la fondation cartier.

  10. By Yasmine on Nov 7, 2011

    Décoratif et superficiel, c’était à peu près ça. Je n’en reviens toujours pas de ne pas avoir pu prendre en photo cette formule en noir sur un mur blanc.
    Et la partie la plus sympa, soit les témoignages de chercheurs a été tronquée snif.

  11. By Jacqueline Chevallier on Jan 1, 2012

    Je trouve que tous les commentaires jusqu’à présent sont trop aimables et trop polis.
    Il faut dire clairement que cette exposition ne présente à peu près aucun intérêt et il faut déconseiller aux amis et connaissances d’aller y perdre leur temps et leur argent.
    Nous étions un groupe de neuf personnes à y être allées ensemble : depuis un jeune chercheur en mathématiques, ses parents ouverts mais pas experts, des amis intéressés quoique prétendant n’y rien connaître et une collégienne disant ne pas aimer les maths. On ne pouvait imaginer échantillon plus large : aucun d’entre nous n’y a trouvé son compte, nous sommes tous ressortis, plus que déçus, frustrés, floués, fâchés.
    La partie la plus intéressante est en effet constituée par le film de témoignages des chercheurs où l’on sent qu’ils sont habités par une passion. Mais pourquoi avoir fait descendre l’écran jusqu’au ras du sol de sorte qu’il y a toujours forcément quelqu’un devant ?
    Et tout à l’avenant ! L’installation, d’une façon générale, est bâclée : il y a la salle d’en haut où l’on s’entasse sans plus savoir où donner de la tête, et la grande salle vide du sous-sol qui ressemble à un parking et où l’on n’a vraiment pas envie de s’attarder.
    Du tape-à-l’oeil. Aucune rigueur, aucune réflexion : étrange, non, de projeter sur une surface courbe (l’intérieur d’une demi-sphère) des problèmes de géométrie euclidienne ! Constamment la confusion est entretenue entre mathématiques et physique, et même plus largement entre mathématiques et sciences en général.

    Jamais aucune explication : la projection sur l’écran demi-sphérique fonctionne comme un bombardement à un rythme rapide, régulier et continu, de sorte qu’on est là-devant dans un état de fascination qui interdit toute réflexion, tout questionnement, toute curiosité. Le contraire même de ce qu’on pouvait espérer. On n’a rien le temps de comprendre et effectivement il n’y a qu’une chose à faire, s’en aller avant que la migraine s’installe.

  12. By Jean-no on Jan 1, 2012

    @Jacqueline Chevallier : je connais des gens qui ont très sincèrement aimé mais j’avoue que je ne suis pas très loin d’être de votre avis. Et en plus je n’ai pas pu voir le film entier ! Je retire malgré tout de cette exposition un très beau tee-shirt signé par David Lynch.

  13. By Pierre-Louis on Fév 3, 2012

    Personnellement, l’expo, découverte avec une conférencière m’a beaucoup plu
    – L’oeuvre intitulée la bibliothèque fait très bien ressentir la continuité de l’univers de l’infiniment grand à l’infiniment petit, grâce aux structures qui les composent, et que les mathématiques étudient.
    La salle autour des quatre mystères du monde : du cerveau, de la vie, de l’origine de l’univers et des mathématiques eux-mêmes est aussi très suggestive dans ce qu’elle montre des applications des mathématiques.
    – Le film de Depardon est magnifique.

    Bref, il me semble que l’exposition réussit la gageure qu’elle s’était imposée : rendre sensible, incarnée, concrète l’abstraite et mystérieuse aridité des concepts mathématiques.

  14. By AlexM on Fév 5, 2012

    Commentaires sévères mais assez édifiants : une exposition difficile d’accès, c’est certain, même pour les vulgarisateurs mathématiques dont je suis. J’essaierai de faire un billet là-dessus.

    @auteur Jean-Noël : oui la paranoïa de Cartier sur les photos est déplaisante, à l’opposé de la notion de partage qui prévaut dans les sciences. Je ne dis pas qu’il faille prendre des photos à tout va, mais se faire rappeler à l’ordre par des agents est déplaisant. J’aurais dû prendre des photos lors de l’inauguration! (les journalistes en prenaient)

    @auteur Jean-Noël : pas d’accord avec vous sur la fresque Poincaré en bas. Une remarquable tentative de remise en perspective des travaux de ce mathématicien à l’occasion de la « célébration nationale 2012 ». Mais une fresque pas facile d’accès, j’en conviens.

    @antoine schmitt: au contraire, au moins ce qui nous a été évité, ce sont ces sempiternelles variations sur art et science, fort lassantes. Là au moins l’art est brut(e?), et les maths aussi !

    @sylvie tissot: même impression que vous sur la bibliothèque Lynch/Gromov.J’aime les textes anciens (www.bibnum.fr). Au début je reste deux minutes dans la bibliothèque Lynch : froid, fort, flou,… Après un moment de découragement je tune mon esprit sur une autre fréquence (pas facile d’accès vous dis-je), et reste 45 mn dans la bibliothèque (la longueur du film). Sans doute ce qui me restera.

    C’est peut-être cela finalement : si on est capable de retenir une ou deux choses fortes de cette expo(pour moi la frise Poincaré et la bibliothèque Gromov), peut-être a-t-elle gagné ?

  15. By Jean-no on Fév 5, 2012

    @AlexM : je ne suis pas mathématicien, mais j’étais avec une bande de scientifiques dont certains savaient assez bien de quoi il était question, mais leur déception a été la même que la mienne. Cependant nous n’avons pas simplement visité une exposition, nous l’avons expérimenté non seulement en regardant ce qui était exposé, mais avec tous les à-côtés qui font aussi l’expo : la personne qui vient vous engueuler quand vous prenez une photo, l’autre qui annonce que le film (ce que j’ai préféré) va être interrompu, le prix du billet ou les ambitions que l’on compare à la relative pauvreté du résultat… Je ne suis pas le seul à avoir été déçu mais je connais des gens qui ont aimé, et il y a sans aucun doute de bonnes raisons de le faire.
    Là où le DG de Cartier se trompe, c’est qu’on peut reprocher beaucoup de choses aux gens, mais pas leurs goûts, qui ne se négocient pas. Beaucoup de gens voulaient aimer cette exposition, moi le premier, mais on ne peut pas leur dire qu’ils ont tort de ne pas avoir aimé, on peut juste essayer de leur montrer ce qu’ils n’ont pas vu, ou mal regardé, mais c’est tout.

  16. By AlexM on Fév 5, 2012

    Lundi 30 janvier à l’UNESCO il ya avit une sorte de « debriefing » de cette expo. Le DG de la Fondation Cartier y a été très sévère contre les journalistes français (je n’ai pas compris si c’étaient les journaliistes de la presse généraliste ou d’art). J’ai tweeté pour science.gouv.fr cette matinée : https://twitter.com/#!/Sciencegouv (remontez jusqu’au 30 janvier)

  17. By antoine schmitt on Fév 7, 2012

    @alexM : oui, justement, c’est de la Fondation Cartier que nous attendions un peu de qualité dans l’exposition de liens entre art et maths, loin des ringardes notions d’innovations par exemple. Mais nous avons eu une autre sorte de paresse intellectuelle, ne reflétant qu’une fascination réciproque superficielle entre les deux mondes.
    Et désolé, cette expo n’était pas difficile d’accès, elle était seulement complètement indigente.

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