Profitez-en, après celui là c'est fini

L’argent

avril 9th, 2011 Posted in Interactivité, Les pros

Le budget du projet Protei est bouclé. À l’heure où j’écris près de 32 000 dollars ont été récoltés, notamment grâce à un mécène qui a apporté à lui seul plus de 6 000 dollars.
Je rappelle le principe : il s’agit de mettre au point un drone marin autonome capable de contribuer à nettoyer les effets d’une marée noire1, robot dont les plans et les technologies seront « libres », c’est à dire offertes à la communauté et impossibles à breveter à l’avenir2.

On voit ici à l’œuvre une économie neuve typique de l’ère Internet et de sa capacité à mettre en contact des gens qui ont des préoccupation communes. Bien sûr, on peut avoir mauvais esprit et discuter des arrières-pensées qui sous-tendent les systèmes basés sur le don : l’altruisme ostentatoire n’est en rien gratuit, il permet, selon les cas, de se faire connaître, de se faire admirer, de prouver son savoir-faire,… L’éthologie a établi le caractère heuristiquement « donnant-donnant » de l’altruisme3 et la psychologie sociale a même démontré que le comportement altruiste était lié à la visibilité : exposée à des millions de téléspectateurs, une même personne se montrera plus spontanément et plus fortement généreuse que si son acte n’a pas de témoins4. On sait par ailleurs que les bénéfices « symboliques » peuvent souvent être convertis en bénéfices matériels, et ça ne date pas d’hier. Quand un avocat offre de défendre, à titre gracieux, un cas perdu d’avance (crime abominable, terrorisme) mais très médiatique, il se rend célèbre et peut donc augmenter les tarifs pratiqués envers ses autres clients — il faut dire que la situation des avocats est particulière puisque cette profession n’a pas le droit de pratiquer la publicité. Quand un commerçant lambda vous fait cadeau d’une denrée quelconque, il vous fait plaisir et ça lui fait plaisir, sans aucun doute, mais il n’ignore pas que dans bien des cas, son cadeau lui assurera la fidélité de votre clientèle.

Dans son roman Dans la Dèche au Royaume Enchanté (vendu en librairie mais aussi offert en téléchargement sur Internet), Cory Doctorow imagine un futur assez proche où la mort, le travail, l’argent et la rareté sont des notions caduques, où tous sont plus ou moins artistes et où la seule monnaie existante est le « whuffie », version technologique du karma hindouiste ou du κῦδος grec, une estimation de la valeur sociale de chacun. Le roman n’est pas extraordinaire (difficile d’inventer une trame palpitante adaptée à ce genre d’univers, peut-être ?), mais l’utopie décrite est intéressante d’autant que notre monde présent tend vers un tel système (qui constitue un retour à une situation très ancienne, selon Doctorow) car l’économie de la rareté est entretenue de manière de plus en plus artificielle (par la surconsommation, les addictions et les frustrations induites par la publicité, par la rétention intentionnelle d’information ou de denrées et, par l’application du principe d’obsolescence programmée et plus généralement, par le fonctionnement pyramidal de l’économie entière), tant les capacités de production humaines sont devenues importantes5. Il existe plusieurs systèmes souvent bien antérieurs à Internet dont je ne sais pas grand chose, comme le micro-crédit, la tontine africaine ou les monnaies alternatives, qui permettent de modifier le rapport à l’investissement, à la spéculation ou à l’argent, et d’éviter des situations de captation, de prédation et d’oppression. L’enjeu est de taille car les citoyens peuvent difficilement être libres si le système des échanges d’argent se décide sans eux.
Comme l’a dit Thomas Jefferson : « banking institutions are more dangerous to our liberties than standing armies »« les banques sont plus dangereuses pour nos libertés que des armées prêtes à combattre »6.

Je saisis l’occasion pour tenter de faire le tour des systèmes de contribution ou d’investissement nés sur Internet.
N’hésitez pas à m’en suggérer d’autres.

  • KickStarter, sans doute le plus célèbre site de crowdfunding (financement par la foule) actuel, permet aux particuliers de défendre des projets créatifs très divers : financement d’un court-métrage, d’un livre, d’un enregistrement de disque, d’un système high-tech de conservation de la chaleur du café, etc. Seuls des américains peuvent proposer des projets, mais le service a vocation à s’étendre à d’autres pays.
    Chaque investisseur fait un don, et si l’objectif de financement est atteint, ces dons sont effectivement collectés. Sinon, chacun récupère la somme engagée. Le site KickStarter ne dispose d’aucun droit sur les créations mais récupère (en cas de succès) 5% du budget.
  • Ulule, autre société française, fonctionne aussi comme KickStarter, en prélevant le même taux : 5% des sommes collectées en cas de succès.
  • KissKissBankBank, start-up française, fonctionne comme KickStarter, mais prélève 10% du budget des collectes réussies.
  • Babeldoor, site français, toujours, participe apparemment surtout au financement de projets liés à l’écologie, aux pays en voie de développement, au handicap, etc. Le service perçoit 5% des sommes collectées.
  • Sponsume, équivalent britannique (mais ouvert aux gens de tous pays) aux services précédents, lui aussi orienté vers la création (documentaire, arts, écologie,…). Le service perçoit 4% des sommes collectées. Importante différence avec les autres systèmes mentionnés : si l’objectif n’est pas atteint, les dons restent acquis et Sponsume en perçoit 9%.
  • Mutuzz permet aux internautes de souscrire à des projets sous forme d’un pré-achat dans les domaines de la création artistique principalement. Par exemple, pour la création d’un disque, chaque souscripteur doit verser 5 euros. Si la somme prévue est atteinte, les disques sont pressés et chaque souscripteur reçoit son exemplaire. La commission perçue par Mutuzz est de 7,5%. Il s’agit de la réinvention d’un système très ancien : c’est sous ce mode que beaucoup de livres ont été édités dans le passé, comme par exemple l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. Note : voir quelques précisions apportées en commentaire par quelqu’un de chez Mutuzz.
  • Microcultures se présente comme une maison de production artistique (uniquement musicale pour l’instant). Le service sélectionne les projets dans lesquels les internautes investissent, là aussi sur le mode de la souscription. Selon les sommes engagées, les investisseurs reçoivent des gratifications définies par avance : accès à l’écoute sur Internet, cd audio en avant première, etc.

Certains sites proposent à leurs utilisateurs de partager un statut de co-producteurs d’œuvres. Il ne s’agit plus uniquement de mécénat car il est alors possible de récupérer sa contribution et même, de la voir fructifier.

  • My Major Company, fondé en 2007 par d’anciens acteurs du domaine, se présente comme un label de musique à part entière et collabore avec Warner pour assurer la distribution de ses productions. L’esprit est donc très proche de l’industrie de la musique : production, diffusion, promotion,… chaque projet a un montant final fixe de 100 000€, auquel les internautes souscrivent par parts de 10€.  Chaque investisseur perçoit un pourcentage des éventuels bénéfices engrangés. Des dizaines d’artistes ont déjà été produits, parfois avec un vrai succès, par exemple le chanteur Grégoire.
    Si l’idée était de produire des artistes rares, nouveaux, selon des modalités qui échappent à l’industrie musicale, c’est sans doute un peu raté. Le pari est apparemment surtout que si un artiste attire 100 000€ avant la sortie du disque, c’est qu’il se vendra bien ensuite. Les « investisseurs » reçoivent une promesse de rémunération en échange d’une activité de consommateurs-test et, une fois le disque sorti, pour la promotion qu’ils lui feront naturellement.
  • Buzz My Band fonctionne à peu près comme My Major Company.
  • TousCoprod, dédié à la co-production de films (longs-métrages, courts-métrages, documentaires, séries) mais aussi au financement de l’exploitation des films (sortie en salles, sortie en DVD) lorsque les films existent déjà. Certains projets ont de gros budgets, d’autres en ont de plus petits, la mise minimale est de 10€. La rémunération de TousCoprods est de 10%. Il s’agit de mises, avec des contrats assez précis : si tel film dépasse les x spectateurs, le co-producteur récupère sa mise, au delà d’un autre chiffre il recevra un pourcentage supplémentaire, etc. La mise offre parfois le droit à des gratifications (qui varient selon les projets) : une édition du DVD, l’accès à des films diffusés sur Internet, la possibilité d’assister au tournage ou d’être figurant, d’assister aux avant-premières, d’être crédité au générique, etc. Lorsque le budget prévu n’est pas atteint, la somme investie par l’internaute reste chez tousCoprods mais peut être investie sur d’autres projets.
    Personnellement, j’ai investi là-bas dans le dernier film de Pierre Carles, dans un court-métrage en relief sur le catch féminin, d’une fiction sur les femmes célibataires iraniennes par l’artiste Shirin Neshat, d’un mocumentaire, de la sortie en DVD d’un film de Jean-Pierre Mocky, de la sortie en salles d’une comédie musicale suédoise, d’un film argentin sur la vie virtuelle, etc.
  • People for cinema permet d’investir dans des projets cinématographiques en passe d’être diffusés. Il s’agit donc d’investir dans la distribution/promotion et non dans la production des films. Les films choisis sont typiquement des longs-métrages avec des chances de réussite commerciale.
  • Motion Sponsor, comme TousCoprod, permet de participer à la production de longs et court-métrages. Les mises se font par tranches de 25€ minimum. Là aussi, les internautes perçoivent une partie des recettes en fonction de leur investissement.
  • Your Major Studio est aussi orienté cinéma (documentaire, long et court-métrage, télévision). Apparemment en version beta, un peu caffouilleux, je n’ai pas réussi à trouver les informations de base sur le fonctionnement de ce service.
  • FABrique d’Artistes permet aux internautes d’être mécènes de plasticiens. Il s’agit en fait de financer des campagnes de promotion pour chaque exposition. Les investissements fructueux peuvent ensuite être réinvestis dans d’autres projets, dans l’acquisition d’œuvres ou être remboursés aux mécènes.
  • My Major Company Books applique les principes de MyMajorCompany au domaine de l’édition de livres.
  • Sandwave est dédié à l’édition d’albums de bandes dessinées. Les parts sont de 10€ et la commission perçue par le site est de 15%. Les bénéfices sont partagés entre les investisseurs. À partir de 20€ d’investissement, les investisseurs reçoivent un exemplaire du livre. L’orientation artistique semble exclusivement dirigée vers la bande dessinée grand public.
  • MyFashionLine est dédié au financement de lignes de vêtements (service encore au stade de projet).
  • Il existe aussi des fonds collaboratifs de financement d’entreprises qui relèvent du capitalisme à l’ancienne, mais qui ne se distinguent (si je comprends tout) du système boursier car il n’y a pas de système de revente spéculative des parts : Wiseed (startups) pour un montant minimal de 100€ ou Cofundit (en anglais).
  • Il existe enfin des systèmes de prêt de personne à personne (p2p lending) : FriendsClear (en français), ProsperCommunitylend (Canada), Zopa (Grande Bretagne). Ces services me semblent relever de la banque traditionnelle si ce n’est que les prêteurs choisissent où leur argent est investi et en assument tous les risques.

Il existe aussi des systèmes de Micro-crédit permettant de financer une ferme au Kyrgistan qui a besoin de 900€, une association de travailleuses en Bolivie qui a besoin de 400€, une petite entreprise au Texas, un taxi au Cambodge, etc.

Certains proposent un (modeste) retour sur investissement tandis que chez d’autres, les prêts sont à taux zéro, c’est à dire que le prêteur ne s’enrichit que de son geste. Tous ces sites fonctionnent un peu pareil et fournissent aux investisseurs-mécènes des fiches détaillées sur chaque projet et sur les personnes qui les portent, généralement avec l’aide de banques implantées localement :

  • Kiva (organisation à but non lucratif. Ne prend pas de commission. On récupère théoriquement son investissement mais sans intérêts)
  • United Prosperity (organisation à but non lucratif mais envisagent de percevoir une petite commission afin d’être moins dépendants de leurs sponsors. Les prêts peuvent être effacés, et donc transformés en dons)
  • Microplace (société appartenant à eBay. Les prêts sont rémunérés)
  • BabyLoan (commission de 2% minimum, prêts non rémunérés)

Il existe bien entendu aussi des services dédiés à la collecte de dons de charité tels que Better PlaceDonors ChooseSmall Can Be BigFirst GivingMicro Pledge,…

Le plus innovant de tous les systèmes — et le plus proche du whuffie de Cory Doctorow — est sans doute Flattr, créé par Peter Sunde (co-fondateur de The Pirate Bay), un service qui permet à qui le veut de rémunérer ce qu’il veut. Chacun détermine la somme mensuelle qu’il veut distribuer (au minimum 2€) et, lorsqu’il a envie de soutenir, de « flatter » un « truc » (selon la terminologie employée par Flattr : article, commentaire, photo,…), il clique sur le bouton correspondant. À la fin du mois, la somme est divisée en autant de clics. Ainsi si vous engagez 2€ par mois et que vous avez « flatté » quatre « trucs », les auteurs de chacun de ces « trucs » percevront 0,5€ (ou plutôt 0,45€ car le service perçoit au passage 10% de la somme). C’est un peu comme si les actuelles marques de sympathie des réseaux sociaux (« likes », « retweets », « follow friday ») se convertissaient en argent. On doit impérativement donner soi-même pour pouvoir recevoir. La notion clef est donc ici le partage, plus que la rémunération.
Ce système, s’il se développe, peut devenir vraiment intéressant et permettre aux lecteurs de blogs de participer au financement de l’hébergement de leurs sites favoris, par exemple.

Aucun des systèmes dont il est question ci-dessus ne sauvera le monde à court terme, probablement, mais il me semble que des pistes intéressantes se dessinent et qu’un changement important du fonctionnement de l’économie est possible, du moins dans de nombreux secteurs d’activité.
Est-ce qu’il existe déjà des économistes spécialisés dans l’étude es échanges qui transitent via le réseau Internet ? Il y aurait beaucoup d’autres sujets à traiter : les sites d’enchères ou de vente entre particuliers, les trafics d’artefacts ou de propriétés immobilières dans les univers virtuels et autres jeux massivement multi-joueurs, les régies de publicité en ligne qui permettent à tout particulier de transformer son site en support publicitaire, les partenariats commerciaux7, billets sponsorisés, etc.
Tout cela relève sans doute du commerce traditionnel si ce n’est que les simples particuliers peuvent y participer à leur échelle (une partie de l’économie business-to-business leur étant donc transférée), et même si je suppose que ce sont essentiellement les organisateurs de ces systèmes qui en sont les seuls véritables bénéficiaires pour l’instant, il est possible que les rapports entre « producteurs », « diffuseurs » et « consommateurs » changent à l’avenir. L’accélération du nombre de lois qui sont votées, à l’échelle mondiale, dans le but d’organiser et de verrouiller les échanges sur le réseau (Davdsi, Hadopi, Acta, loi italienne sur les contenus amateur, etc.) me semble un bon indice de la fébrilité de nos gouvernants (je pense surtout à nos gouvernants non-élus), et donc du fait qu’un changement est effectivement possible.

  1. On m’a fait remarquer qu’un tel projet ne règle en rien les problèmes de fond, comme l’importance du pétrole dans le monde actuel, et c’est vrai, mais puisqu’il y a et qu’il aura encore des désastres de ce type, il faut bien se charger de les gérer. []
  2. Je ne suis pas juriste, mais pour dire les choses rapidement, le fait de placer une œuvre ou une technologie sous licence « libre » permet à son ou ses auteurs d’en revendiquer la paternité, mais interdit à quiconque (même à l’auteur) d’en revendiquer l’exclusivité et donc, d’utiliser son droit comme frein industriel. Pour comparer, les dons destinés à faire progresser la recherche médicale (cancer, maladies génétiques, sida) peuvent tout à fait profiter in fine à des sociétés commerciales qui pourront ensuite breveter, c’est à dire verrouiller économiquement, le fruit de leurs découvertes.  []
  3. cf. par exemple Le Gène égoïste, de Richard Dawkins, en poche chez Odile Jacob. []
  4. cf. 150 petites expériences de psychologie des médias, par Sébastien Bohler, éd. Dunod, pp180-183 : Exposition médiatique et altruisme. []
  5. À lire et relire : le manifeste 2010 de l’association Ars Industrialis ; À aller voir aussi, Le revenu de vie, projet d’allocation universelle et inconditionnelle ; Pour finir La gratuité selon Anderson : de l’économie du don au commerce de la reconnaissance, chez Olivier Ertzscheid.  []
  6. Il y aurait énormément à dire sur Jefferson, qui voulait que les citoyens soient libres face à l’état, et que l’état soit libre face à la religion comme face aux grandes fortunes. []
  7. Par exemple les liens Amazon : si vous achetez un livre chez Amazon en venant du présent blog, cela me fera gagner un pourcentage. []
  1. 14 Responses to “L’argent”

  2. By Louis-Jean Teitelbaum on Avr 10, 2011

    Dans le même panier que Flattr, tu oublies Readability, dont la vocation est de rémunérer les sites internet présentant du contenu textuel (journaux, blogs, etc.) par la lecture. Readability est à la fois un bookmarklet qui nettoie les pages web de leurs pubs et de leur mise en forme de départ pour les lire plus confortablement, et un service qui gère une liste d’articles à « lire plus tard » (inspiré d’Instapaper, et notamment de ses applications pour Kindle et iOS). Pour s’inscrire à Readability, il faut payer une petite somme mensuelle, qui est ensuite partagée et mise à disposition des sites que tu as lus par l’entremise de ce service. Les propriétaires de sites peuvent s’inscrire pour percevoir les sommes données tous les six mois. Le service empoche 30 % de la contribution de chaque abonné.

    L’équipe Readability a joliment présenté son service comme un paywall portatif : les sites n’ont plus besoin de demander de l’argent eux-mêmes, ils sont automatiquement rémunérés par la lecture. Et les lecteurs sont contents de rémunérer du contenu de qualité qu’ils peuvent consulter dans un design de qualité.

    Au sujet de Flattr, je me souviens d’un débat – qui m’a paru un poil grotesque sur le coup – qui avait surgi quand Numerama avait proposé à ses commentateurs d’utiliser Flattr pour être rémunérés sur leurs commentaires intelligents. Les termes du débat étaient les suivants : Flattr est une arnaque, puisque si tout le monde n’utilisait que ça, au bout d’un moment, il n’y aurait plus d’argent disponible (à cause de la ponction de 10 % par les portiers du système). Ça ne peut donc qu’être, suivant cet argument, qu’une économie supplémentaire à l’économie traditionnelle.

    Tous ces systèmes ont en commun de permettre de payer ce qu’auparavant on ne pouvait pas acheter – et on ne pouvait pas le faire parce que les produits (comme Protei) n’existent pas en magasin, et parce que les moyens de paiement traditionnels sont inadaptés à cela. C’est, modestement, l’expérience que l’on fait en produisant des groupes de musique sur (attention, il fait sa propre pub) Microcultures : les gens étaient heureux de faire ce qu’ils ne pouvaient pas faire avant (contribuer à la sortie d’un disque), et d’acheter ce qui était auparavant indisponible (une gratification exclusive réalisée par l’artiste).

  3. By Jean-no on Avr 10, 2011

    @Louis-Jean : je n’oublie pas Readability, je ne connaissais pas en fait :-) Merci de me le signaler du coup.
    Sur Flatter, le problème mécanique c’est effectivement que la plupart des gens qui donnent sont aussi des gens qui veulent recevoir et qu’il est probable aussi qu’une large majorité des gens préfèrent s’en tenir au minimum de 2€/mois. Donc au mieux Flattr constitue un système de redistribution plutôt que de micro-paiement. Par ailleurs, tant qu’il y a peu de sites équipés du système, ça ne donne pas vraiment envie de tester.
    J’ai l’impression que le gros problème actuel du micro-paiement ce sont les pourcentages que perçoivent Visa, MasterCard, etc., qui rendent les transactions très coûteuses en dessous de certaines sommes.

  4. By Louis-Jean Teitelbaum on Avr 10, 2011

    Il y a quelque chose de très visionnaire chez Readability : l’idée que le journal auquel on est abonné, ça n’est pas Le Monde ou tel blog, c’est tout internet, et que nos pratiques de lecture tournent autour de notre propre travail d’agrégation.

    (Et si tu pouvais réparer la vilaine faute d’HTML que j’ai faite dans le précédent commentaire, ça me soulagerait pas mal :-)

  5. By Jean-no on Avr 10, 2011

    @Lj : désolé, je n’avais pas vu la faute d’HTML car ça n’apparaissait pas dans l’interface où je l’ai lu (où le code html n’est pas interprété), mais j’aurais fini par la voir. Je n’avais pas non plus cliqué sur ton lien !
    Tu es bien pudique, tu aurais pu signaler Microcultures dans ton commentaire ! :-)

  6. By abelthorne on Avr 10, 2011

    Il y a un article de RWW sur Friendsclear, le système d’emprunt entre particuliers. Il évoque aussi Zopa, Prosper et Virgin Money, comme systèmes similaires. (Ils sont déjà cités dans l’article, sauf Virgin Money.)

    http://fr.readwriteweb.com/2008/12/05/nouveautes/friendsclear-le-p2p-lending-emprunts-en-peer-to-peer-debarque-en-france/

    (Attention, RWW France ferme bientôt, il vaut mieux conserver les articles intéressants que les bookmarker, même si des backups doivent commencer à se disséminer.)

    J’avais lu aussi un article je ne sais plus où qui parlait de « banques P2P » qui apparaissaient notamment aux États-Unis mais qui précisait que ce genre de service ne pouvait pas fonctionner en France (parce que légalement, un particulier de ne peut pas gérer de l’argent comme une banque ou je ne sais quoi). Je suppose que c’est donc différent du P2P lending mais je ne sais plus du tout dans quelle mesure.

    Enfin, il y a un autre élément qui n’est pas évoqué dans l’article mais qui me semble intéressant à évoquer, c’est le fait que certaines entreprises mettent en place leur propre monnaie. Pour le moment, ça ne concerne (à ma connaissance) que le marché du jeu vidéo, où on achète des jeux dématérialisés avec des points Microsoft/Nintendo/Sony ? (il me semble que les prix sur le PlayStation Store sont en argent normal, il faudrait vérifier) plutôt qu’avec de l’argent (bien sûr, c’est converti). Ça introduit une distance par rapport à l’achat et ça brouille un peu les pistes. Sans compter que c’est alors l’éditeur qui impose les taux de conversion sans concertation avec une quelconque autorité.
    Il me semble que Facebook (le pays virtuel le plus peuplé du monde) travaille à mettre en place un système similaire pour gérer les micro-transactions qui se passent sur son réseau, à moins que ce ne soit déjà fait…

  7. By Jean-no on Avr 10, 2011

    @abelthorne : en France la législation sur les banques me semble rendre quasi impossible de créer une banque sans en être déjà une (et toutes les nouvelles banques récentes, usuriers au crédit à la consommation, etc.) sont en fait des filiales de banques préexistantes. Le bon côté est que tout ça est vérifié et garanti par l’état, l’inconvénient est que le système bancaire français est très verrouillé. Du coup ça ne m’étonne pas que des tas de services puissent difficilement exister ici. En faisant mon petit tour du web du micropaiement j’ai remarqué que pas mal de services n’osent pas s’exporter car les réglementations changent pas mal d’un pays à l’autre.
    Au départ je ne voulais parler que de deux ou trois systèmes que je connaissais mais en faisant des recherches superficielles, je me rends compte que le sujet est très vaste. On peut parler effectivement des monnaies « internes » créées par différents commerces (un peu comme les coquillages du club med je suppose ?), mais on peut aussi parler des systèmes de financement de la musique ou de la presse (abonnements) qui commencent à s’installer. Je ne sais pas où Facebook en est, apparemment ils n’ont encore rien lancé de précis et c’est plutôt étonnant, ils auraient les moyens de créer sans aucune difficulté un système du type « flattr » puisqu’ils maîtrisent totalement leur plate-forme.

  8. By ®om on Avr 10, 2011

    Je saisis l’occasion pour tenter de faire le tour des systèmes de contribution ou d’investissement nés sur Internet.
    N’hésitez pas à m’en suggérer d’autres

    Pour moi, la rémunération de la création sur Internet est à considérer dans un cadre plus général (abondance, rareté, création monétaire…). Je détaille ce que j’en pense dans le pool des labs Hadopi.

    En particulier, le Dividende Universel est à mon avis une partie de la solution.

    je suppose que ce sont essentiellement les organisateurs de ces systèmes qui en sont les seuls véritables bénéficiaires pour l’instant

    Effectivement. Par exemple, je considère que Flattr est une arnaque (mais tout le monde n’est pas d’accord).

  9. By Goulven de Mutuzz on Avr 14, 2011

    Merci pour cet article très intéressant et complet sur cette nouvelle pratique de financement. J’ai adoré vous lire.

    Je voudrais juste apporter quelques informations concernant Mutuzz.

    La commission de Mutuzz dépend avant tout du prix unitaire. Plus le prix unitaire est haut, moins la commission de Mutuzz est importante. De plus cette commission intègre tout notamment les frais bancaires.

    Enfin les créateurs ont la possibilité de valider la somme qu’ils ont même si elle est inférieure à celle qui était prévue. Ces créateurs pourront lancer leurs projets et leurs souscripteurs recevront donc leurs récompenses.

    Encore merci pour cet article.

  10. By Jean-no on Avr 14, 2011

    @Goulven de Mutuzz : merci de vos précisions. Certains de vos confrères / collègues / concurrents appliquent les frais bancaires en plus de leur commission, il est intéressant de savoir que tous n’appliquent pas ce « frais caché » pas toujours transparent.

  11. By Georgios Topoulos on Avr 19, 2011

    Un autre système c’est http://www.fengarion.org . Pas de frais pour les utilisateurs.

  12. By Jean-no on Avr 19, 2011

    @Georgios Topoulos : c’est un petit peu autre chose là il me semble, puisqu’il s’agit d’une plate-forme de financement des plus grosses ONG, non ? C’est donc un système qui participe à une économie qui existait déjà en mutualisant le moyen de collecte des dons.

  13. By Georgios Topoulos on Avr 19, 2011

    Effectivement http://www.fengarion.org c’est une plateforme pour les donations. Par contre nous n’avons pas de critères de taille pour les ONG. L’idée est d’avoir la diversité,
    Voici le lien pour le news ou nous avons mentionné ca.

    http://www.fengarion.org/news.php?nws_id=2&lang=fr

  14. By perrick on Mai 13, 2011

    On peut aussi ajouter http://www.my-farm.org.uk/ dans la liste…

  15. By ®om on Mai 13, 2011

    Pour compléter mon commentaire précédent, j’ai détaillé le mécanisme de l’injustice monétaire.

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