Profitez-en, après celui là c'est fini

Virtual Sexuality

mars 14th, 2011 Posted in Ordinateur au cinéma, Programmeur au cinéma

Sorti en 1999, et réalisé par Nick Hurran, Virtual Sexuality est un film britannique ostensiblement inspiré par le célèbre Weird Science (1985) de John Hughes. Le film de John Hughes utilisait avec brio et modestie le thème de la créature virtuelle pour traiter de la rêverie adolescente et montrer que l’on grandit non pas en réalisant tous ses rêves mais en apprenant à aimer la réalité, à l’accepter, à en tirer ce qu’elle a à offrir. Enfin quelque chose comme ça. Weird Science était doté d’un casting impeccable, avec, notamment, des adolescents qui ressemblaient à des adolescents. Ce n’est pas le cas dans Virtual Sexuality, dont l’actrice principale semble dix ans plus âgée que les dix-sept que lui attribue le scénario.

Cette adolescente qui n’a pas vraiment l’air d’une adolescente se prénomme Justine. Décidée à perdre sa virginité, elle écoute sa meilleure amie, Fran, qui est un peu plus expérimentée qu’elle. Quel garçon doit-elle viser pour que l’expérience soit parfaite, inoubliable et romantique ? Comment doit-elle s’y prendre pour le séduire ? Ayant décidé de jeter son dévolu sur un bellâtre nommé Alex, elle réquisitionne Chas, qui est à la fois l’ami et surtout souffre-douleur d’Alex, et l’éternel soupirant de Justine. Jeune homme complexé, vêtu de sweat-shirts informes et d’un vieil anorak, passionné d’ordinateurs, Chas n’est pas un garçon désirable, et Justine ne se soucie pas de connaître ses sentiments, elle veut juste l’utiliser pour provoquer une rencontre avec Alex dans un lieu de loisirs numériques qui vient d’ouvrir sous le nom Virtual Reality 2000.

Mais voilà, le jour du rendez-vous, Alex n’est pas là, alors Justine et Chas se retrouvent tous deux à essayer diverses attractions virtuelles, notamment un jeu de course d’aéronefs. Enfin, Justine est intriguée par un procédé expérimental : une cabine où son corps et son visage sont numérisés et où elle peut ensuite les remodeler à sa guise, afin de simuler sa beauté idéale. Justine s’amuse à modifier son corps en se donnant de grosses lèvres, par exemple, puis transforme son double virtuel en un homme grand et blond.

Au moment où Justine appuie sur le bouton « enregistrer », un chauffeur de taxi jette un mégot dans la rue à une centaine de mètres de là. Ce mégot atterrit dans une tranchée où deux ouvriers sont en train de s’occuper d’une conduite de gaz. L’explosion qui suit secoue violemment tout le centre de loisirs numériques dont les visiteurs sont projetés au sol. Lorsque Justine sort de la cabine, hébétée, elle découvre un spectacle de désolation et tente de rejoindre Chas qui, lui, la fuit comme si elle était devenue un monstre. Face à un miroir, elle comprend : elle est devenue le jeune homme dont elle avait modélisé l’image sur ordinateur. Et ce jeune homme porte des vêtements de fille beaucoup trop serrés pour lui.

L’explosion a donné une existence tangible à un personnage virtuel. On n’est pas loin de Weird Science, qui, en référence évidente à Frankenstein, utilisait la foudre comme énergie « donneuse de vie ». On voit le même genre d’évènement appliqué aux intelligences artificielles informatiques dans L’Ordinateur en folie (1969), Ghost in the machine (1993) ou encore Furtif (2005).

Justine parvient à convaincre Chas de son identité véritable. Elle ne peut pas rentrer chez elle et il est donc convenu qu’elle prendra le prénom Jake et s’installera chez Chas, qui lui prêtera ses vêtements. La mère de Chas semble vaguement espérer que son fils soit homosexuel et héberge le beau Jake de très bonne grâce. L’acteur qui interprète Jake prend des attitudes un peu efféminées et son personnage a du mal à se débarrasser de ses habitudes de filles (la tenue pour sortir du bain,…) mais parvient à exprimer tout ça sans pour autant tomber dans un registre caricatural trop bouffon, et c’est une des vraies réussites du film.

Jake découvre avec autant d’effroi que d’émerveillement le monde des garçons. Il découvre, entre autres, que le « beau » Alex est un mufle médiocre et vantard. Il découvre aussi rapidement l’effet que les jeunes filles peuvent avoir sur un garçon, et il se découvre une attirance irrésistible pour la « bimbo » de l’école, une blonde plantureuse et aguichante surnommée Hoover. Lui-même plait énormément à toutes les filles.

Alors qu’il tente d’expliquer à Fran qu’il est une incarnation masculine de sa meilleure amie, Jake tombe nez à nez avec celle qu’il croyait être : Justine.
Cela change tout. S’il n’est pas Justine transformée, alors qui est-il ? Une créature virtuelle, un produit de l’imagination, devenu réel. Existe-t-il seulement ?

Pendant ce temps, Jason et Monica, les créateurs du système qui a donné naissance à Jake et qui ont tout compris, projettent d’enlever le jeune homme pour effectuer des tests sur lui et commercialiser le produit qui fabrique des fiancés idéaux.  Ces personnages forment un couple professionnel étrange : lui, plutôt bel homme, est cupide et passablement idiot ; elle, ingénieur de génie, n’est pas vraiment la fille qui attire les regards — encore un cliché déjà rencontré, l’interdiction pour une femme scientifique d’être désirable.

Sensible au charme de Jake, qu’elle voit comme l’homme parfait, Justine décidé qu’il sera son premier amour. Mais Jake, de son côté, s’intéresse bien plus à Hoover. Désespérée de cet état de fait, Justine revient vers le mufle Alex, ce qui inquiète Chas. D’autant plus décidée à perdre son pucelage qu’elle a perdu tout espoir de trouver l’homme idéal, Justine entre dans un sex-shop et y achète, entre autres objets dont elle ne connaît que vaguement l’usage, des dizaines de préservatifs aux couleurs et aux parfums variés.

Chas parvient à convaincre Jake d’empêcher que Justine ne passe la soirée avec Alex. Au moment où Jake parvient à expliquer à Justine qui il est, il est brutalement enlevé par Monica et Jason, de la société Narcissus, propriétaire du système d’où il est né. Chas et Justine partent donc à la rescousse de Jake, qui a entre temps été plongé dans un sommeil hypnotique et est soumis à des tests dont la destination exacte reste confuse pour moi — mon DVD n’avait pas de sous-titres français et je dois admettre que l’anglais britannique ne m’est pas toujours le plus aisé à comprendre.

Reste que Chas et Justine parviennent à leurs fins. Une fois rentrés chez Chas, il est décidé de tout reprendre à zéro afin que Jake retourne dans les limbes dont il n’aurait jamais dû sortir.
Chas se révèle alors un excellent informaticien, capable d’inverser un processus aux limites de la magie… On retrouve ici un poncif habituel des fictions populaires, la figure du passionné d’informatique capable de réaliser de véritables miracles, allant de l’utilisation de logiciels aux branchements électroniques.
Comme prévu, Jake disparaît, définitivement.

Quelques jours plus tard, Justine embrasse Chas qui sera, finalement, son premier amant, mais pas son dernier. Décomplexé lui aussi, Chas fera quelques conquêtes. Moralité : tout est bien qui finit bien, les oisillons ont grandi et la perturbation de la réalité n’a été que temporaire.

Adapté de Dans la peau d’un garçon, roman pour ados de Chloë Rayban1, Virtual Sexuality est un petit film dénué de grandes prétentions qui traite sans tact inutile des vrais problèmes des adolescents et, notamment, de la différence qui sépare l’approche des filles et celles des garçons sur la question de l’amour et des rapports sexuels.
La réalisation, bourrée d’effets de montage virtuel, manque un peu de rigueur et de naturel, beaucoup de détails sont bâclés.
Pour autant, ce film léger n’a rien de honteux et le fait qu’il soit britannique lui permet d’être plus original, moins codé, moins mécaniquement déterministe que les teenage-movies hollywoodiens habituels. On appréciera entre autres les portrait de la mère et du beau-père de Chas.

  1. Les aventures de Justine Duval constituent une série souvent liée à des thématiques de science-fiction cybernétique dont Dans la peau d’un garçon est le second tome. Les autres sont L’effet Justine, Justine sérieusement amoureuse et Les Futures vies de Justine.  []

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