The terminal man
mars 4th, 2011 Posted in Ordinateur au cinémaJ’avais déjà parlé ici du roman L’Homme terminal, par Michael Crichton, ce Jules Verne moderne et américain décédé en 2008.
J’ai enfin pu me procurer l’adaptation filmée, édité en DVD aux États-Unis1.
Sorti en 1974, The Terminal man est réalisé par Mike Hodges, à qui on doit Get Carter, Pulp, et surtout le réjouissant Flash Gordon de 1980.
Harry Benson (George Segal) est un programmeur informatique d’une intelligence supérieure qui, depuis un traumatisme crânien, souffre d’une forme atypique d’épilepsie le plonge régulièrement dans un état de rage incontrôlable, ce qui a fini par faire de lui un homme très dangereux, notamment pour sa famille. Il accepte de devenir le cobaye d’une expérience inédite : son cerveau va être relié en permanence à une interface informatique de la taille d’un timbre poste, alimentée par une pile atomique, qui permettra de stabiliser son humeur, un peu comme un pacemaker réguler le rythme cardiaque.
Pour corser un peu l’affaire, Benson a développé une psychose : il est convaincu que les ordinateurs sont les ennemis de l’espèce humaine et planifient sa destruction ou son contrôle. Il n’était peut-être pas le candidat idéal pour subir la première transplantation neuronale d’un ordinateur.
Pour être précis, ce n’est pas exactement un ordinateur qui est implanté dans le cerveau de Benson, mais une connexion à un ordinateur extérieur. C’est ce qui explique que le récit se nomme L’Homme terminal.
Un peu comme dans The Andromeda Strain (1971), le scénario insiste sur le protocole scientifique : conférence préparatoire, opération, tests, etc. L’opération est interminable, mais filmée de manière suffisamment précise pour rester regardable. On n’éprouve pas de peine à imaginer que l’auteur est aussi celui qui allait créer la série Urgences vingt ans plus tard.
On pense beaucoup à l’imagerie de la conquête spatiale, d’autant que les médecins sont équipés de véritables scaphandres.
Un travail intéressant est fait sur le son de cette séquence : on n’entend presque rien sauf lorsque les chirurgiens parlent. Puisqu’ils portent des masques étanches, leurs conversations doivent être amplifiées et leur parole est couverte par un bruit blanc, comme avec un talkie-walkie. De temps à autres, un instrument fait un bruit surprenant en étant posé ou manipulé. À un moment, une alarme électronique retentit avec violence pour signaler un problème potentiel.
Une fois l’opération effectuée, les scientifiques testent leur gadget. Depuis une console, ils s’amusent à stimuler une des quarante connexions placées dans le cerveau de Benson. Lorsque l’on appuie sur un premier bouton, le cobaye pense à un sandwich au jambon. Il n’a pas faim, ni envie de quoi que ce soit mais c’est cette pensée qui lui vient spontanément.
Chaque fois qu’ils appuient sur un nouveau bouton, les médecins provoquent des réactions diverses chez le patient : fou-rire, régression,… Ils parviennent notamment à rendre Benson dégoulinant de lascivité, au grand embarras de Janet Ross, la psychiatre qui se trouve avec lui dans la salle pour l’interroger sur ses sensations. Il y a un peu de perversité, ou en tout cas de potacherie un rien phallocrate, chez ces scientifiques qui attendent que la situation ne soit pas loin de dégénérer pour faire passer Benson à d’autres idées.
Le dispositif est en tout cas un succès : lorsque la première crise de démence s’annonce, l’ordinateur la détecte et y remédie en envoyant d’autres stimulations à Benson.
Le soir qui suit les premiers essais, alors que tout le monde célèbre ce succès en tenue de soirée, l’informaticien qui surveille le système est inquiet : les crises sont bien neutralisées, mais depuis l’implant, le délai qui les sépare ne cesse de raccourcir. Ce même soir, Benson échappe à la surveillance du policier qui était en faction devant sa porte. Aidé par sa maîtresse, une danseuse, il s’enfuit en voiture, livré à lui-même.
Lorsqu’une nouvelle crise survient, Benson assassine sa maîtresse et continue à poignarder son lit de manière compulsive et obsessionnelle.
Les médecins et la sécurité tentent d’abord de retrouver Benson sans déclarer son absence à la police. Il y a une assez bonne scène où on les voit tous, dans l’hôpital, chuchotant en tenue de soirée et tentant calmement de reconstituer les évènements.
Lorsque l’on découvre la corps de la danseuse, il est clair que Benson est plus que dangereux et toutes les forces de police sont mobilisées pour retrouver. Après avoir tué un prêtre à qui il était venu se confesser, et après avoir démoli un robot dont il avait écrit le programme, Benson se rend chez Janet, avec de mauvaises intentions.
Sans paniquer, Janet tente de se servir de son téléphone, puis se défend de son assaillant à l’aide d’un couteau de cuisine. Blessé, Benson parviendra à démolir en partie la porte de la salle de bains où s’est réfugiée sa psychiatre, mais finira par s’en aller.
On ne connaît pas son projet exact, mais il atteint finalement un cimetière. Retrouvé dans une excavation prévue pour accueillir une tombe, Benson est finalement abattu depuis un hélicoptère malgré la tentative de médiation de Janet.
Comme souvent chez Crichton (Jurassic Park, Mondwest, Looker, Runnaway, etc.), le récit suit un fil tragique et sans surprise : des scientifiques ou des ingénieurs commencent par se lancer dans une expérience. L’expérience réussit parfaitement, mais ses conséquences mal anticipées provoquent une catastrophe qu’il convient ensuite de gérer au mieux. Même s’il pointe du doigt une certaine inconséquence de la science triomphante, Crichton n’a rien d’un néo-luddite et il me semble que sa philosophie de la science peut être résumée à « on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs ».
The Terminal Man a été un échec commercial retentissant, et une expérience sans doute frustrante pour son scénariste, éjecté du projet en cours de production parce qu’il n’avait pas suivi le roman d’assez près, roman dont il était pourtant lui-même l’auteur. Les plans sont assez beaux, et tout est bien fait, mais l’ensemble est un peu morne. Je retiendrais surtout le rôle cérébral et sensible de Janet Ross, tenu par Joan Hackett, actrice disparue prématurément en 1983 à l’âge de quarante-neuf ans.
- Mon édition de ce film ne comporte pas de sous-titres, même pas en anglais. En revanche elle est équipée d’un système anti-piratage pénible qui a failli m’empêcher de réaliser des captures de photogrammes. En essayant plusieurs ordinateurs et plusieurs logiciels je m’en suis tiré, mais il n’en reste pas moins scandaleux que les éditeurs pénalisent régulièrement leur clientèle en fournissant des produits ostensiblement soupçonneux : les questions de Zones ou les insupportables clips de propagande contre le piratage ne touchent que ceux qui ont dûment acquis les DVSs. [↩]
5 Responses to “The terminal man”
By Wood on Mar 4, 2011
Ce serait intéressant et instructif que tu nous indiques comment tu t’y es pris pour contourner le système…
By Jean-no on Mar 4, 2011
Après plusieurs essais, ça a fini marcher sur un MacPro, avec le logiciel VLC, toujours fidèle… Ici, la protection me semble être une gravure bizarre, car le DVD n’est pas la couleur habituelle des dvds pressés (argent), il est violet. Du coup certains lecteurs de PC ne voient rien dans le lecteur.
By abelthorne on Mar 4, 2011
Est-ce que c’est vraiment une protection voulue ou juste une conséquence d’un nouveau procédé de pressage ? Si certains lecteurs CD d’ordinateurs n’arrivent pas à lire le disque, ce sera vraisemblablement le cas aussi sur certaines platines (techniquement, ce sont les mêmes lecteurs) et j’ai du mal à croire que ce soit fait exprès.
By Jean-no on Mar 4, 2011
@abelthorne : je ne sais pas. Mais il y a un gros logo anti-piratage sur le DVD et la mention qu’il ne fonctionne pas sur les ordinateurs (ce qui s’est heureusement révélé erroné)
By abelthorne on Mar 4, 2011
Ah, effectivement, s’il est précisé qu’il ne fonctionne pas sur les ordinateurs, c’est peut-être une mesure de protection. Mais il y a quelques possesseurs de platines qui ont dû avoir des surprises…