Ours polaires
décembre 24th, 2010 Posted in Dans le poste, Filmer autrementLes grandes chaînes françaises de télévision publique n’en finissent pas de faire du « divertissement de qualité » (quoique cela veuille dire — pas grand chose sans doute, si l’on se fie au résultat) et submergent le matin les enfants de spots pour des sodas et des gâteaux gras-salés-sucrés, histoire d’équilibrer leur budget malgré la suppression de la publicité après vingt heures.
De son côté, et malgré le même genre de problèmes de budget, la BBC reste la BBC, c’est à dire une chaîne qui ne prend pas le grand public pour une troupe imbécile à abêtir.
Dans sa grande tradition d’innovation dans le domaine du film naturaliste, la BBC vient de produire un documentaire d’exception, Polar Bear: Spy on the ice, qui montre l’intimité de l’animal qu’on dit souvent le plus dangereux et le plus cruel du monde, l’ours polaire. Pour filmer l’animal de près sans s’en approcher, la production a mis au point des drones adaptés au contexte : une caméra-traîneau qui glisse sur la neige à la recherche d’animaux émettant de la chaleur ; Un iceberg espion qui navigue entre les morceaux de glace à la vitesse de la nage des ours et filme avec deux caméras, l’une immergé et l’autre en surface ; Une caméra boule-de-neige, dont la forme est particulièrement résistante aux agressions de l’ours et qui sait se déplacer et peut filmer des images haute-définition même en roulant. Sa mobilité lui permet de rejoindre sa station d’accueil, la caméra-blizzard ; la caméra-blizzard, enfin, qui est prévue pour résister à des températures extrêmes et pour être manipulée à un kilomètre de distance. Elle peut se déplacer à une vitesse de 80 km/h. En cas de menace, elle envoie comme diversion la caméra boule-de-neige, bien plus résistante aux agressions.
Il ne s’agit pas de simples gadgets spectaculaires, ces caméras ont déjà permis d’apprendre et de comprendre des choses sur le comportement et la biologie des ours.
La télévision met ici ses moyens importants au service de la science et pas uniquement du divertissement.
8 Responses to “Ours polaires”
By Bishop on Déc 24, 2010
C’est quand même sacrément beau un ours polaire. L’image des ours mourant de noyade car ne pouvant trouver un morceau de glace sur lequel grimpé continue de me marquer.
Pourquoi cruel? Ils tuent des animaux gratuitement?
By Jean-no on Déc 24, 2010
@Bishop : je crois qu’ils tuent tout ce qu’ils croisent oui, mais en plus ils sont assez stratèges dans leur manière de chasser. Ceci dit ça n’a pas beaucoup de sens de projeter nos questions morales sur des animaux.
By Vincent on Déc 24, 2010
Ah les moyens de la BBC pour ce qui est des documentaires c’est quand meme enorme.
Si vous avez l’occasion de voir la serie Earth (et les making of de chaque episode) on se rend compte qu’ils ne lésinent pas sur le moyens. Le temps passé pour le plan d’intro du chapitre sur les plantes par exemple, un an de travail pour 2 minutes.
J’ai personnellement abandonné l’espoir de voir France television nous sortir des programmes aussi bons que la série Earth ou Doctor who dans un autre registre :)
By Jean-no on Déc 24, 2010
@Vincent : Earth, c’est David Attenborough, non ? Pas vu mais c’est très réputé. En France, ce sont des producteurs privés qui font ce genre de choses (Microcosmos, etc.) à destination du cinéma uniquement. C’est amusant d’associer ça à Doctor Who (dont l’interprète actuel commente le film sur les ours polaires, incidemment), car si la télé française est assez médiocre en sciences, c’est vrai qu’elle est aussi lamentable en science-fiction (les anglais ont eu Dr Who, Quatermass, UFO, Cosmos 1999, A for Andromeda,…), et, au fond, peut-être y a-t-il un rapport ?
By jean-michel on Déc 24, 2010
Ces machines me font terriblement penser aux machines-robots sphériques de maintient de l’ordre qui apparaissent dans le Akira de Otomo.
By Yoann Moreau on Déc 24, 2010
Merci BBC, mais faut tout de même être du Royaume (Uni) pour pouvoir visionner les docs de drones. ;)
Pour mémoire, à propos de l’engouement pour les molosses blancs des pôles froids (et donc, en amont du financement de tels docu) : Le réchauffement à la recherche de ses icônes / Owni,
et, croisé par hasard, le même ours blanc – Emblème du réchauffement – mis en scène en vitrine d’une gallerie de Montmartre : Michel Fraile, « Paris Sauvage ». La mise en scène est effectuée sur un mode similaire à ce qu’effectue actuellement Jo Hedwig Teeuwisse (http://www.motsdimages.ch/L-histoire-en-noir-et-blanc.html) : L’incrustation d’image anachronique ou atopique.
Ces caméras de la BBC, ne sont-elles pas plus des produits dérivés du nouveau logo climatique que des outils d’investigations d’exception ?
Je me demande d’ailleurs comment le mini iceberg parvient à ne pas rester prisonnié dans la glace, ou sa petite hélice qui lui sert de moteur à se figer, ou même comment la glace ne vient pas condenser sur les optiques. Loin d’avoir une indépendance, ces outils d’investigation doivent très certainement exiger une maintenance quotidienne et astreignante, à mains d’hommes, avec petits chiffons et burettes antigel…
Bref, si le sujet n’était pas si emblématique (et donc audimaté), je ne crois pas qu’un tel outillage serait soutenable…
By Jean-no on Déc 24, 2010
@Yoann : le sujet est à la mode sans doute, mais la BBC a innové dans le registre des caméras animalières avec des lions, des éléphants, des insectes,…
Les caméras en question sont faites pour travailler seules pendant des jours, mais évidemment, il faut des opérateurs non loin.
C’est dommage qu’on ne puisse pas visionner le doc directement – on en voit de bons extraits sur Youtube dans des qualités diverses, par contre. Dommage, et illogique puisqu’il me semble qu’il existe un accord (caduc ?) entre la France et la Grande Bretagne qui fait que tous les programmes éducatifs des uns sont accessibles aux autres sans contrepartie financière. Ceci dit j’ai un doute, peut-être que ça ne concernait que les scolaires.
By olivier on Déc 30, 2010
C’était sans compter sur la curiosité de ces animaux :
http://www.youtube.com/watch?v=tT0O2RyxnkY
J’aime assez l’humour british du montage et du commentaire.