Suites de la fuite
décembre 4th, 2010 Posted in ParanoVoilà, c’est fait, Wikileaks a effectivement entamé la diffusion des centaines de télégrammes diplomatiques qui lui ont été transmis et, comme prévu, on s’affole un peu partout. Les journaux qui ont accompagné l’opération se confondent en explications déontologiques ; la diplomatie mondiale est embarrassée mais s’affirme solidaire ; de nombreuses personnalités de la politique mondiale proposent la mise hors-la-loi de Wikileaks et de ses responsables ; Élisabeth Roudinesco pense qu’il « (…) faudra trouver une parade à la sottise infantile des nouveaux dictateurs de la transparence » ; le politologue conservateur Thomas Flanagan, proche du premier ministre canadien Steven Harper, a carrément appelé au meurtre de Julian Assange sur CBC News ; Bernard-Henri Lévy trouve « dégueulasse » le principe d’une transparence généralisée ; le gouvernement chinois a demandé à tous les journalistes du pays d’ignorer les nouvelles concernant Wikileaks ou, a fortiori, émanant de Wikileaks ; les israéliens notent avec fierté que leur discours officiel et leur discours d’alcôve diplomatiques sont les mêmes — ce qui est tout à leur honneur mais explique peut-être, s’ils sont effectivement seuls à ignorer la règle du jeu diplomatique, qu’ils s’entendent si mal avec nombre de leurs voisins immédiats ; Sans forcément mettre en cause les intentions de départ, Jean-Jacques Birgé se demande lui aussi à qui profitera in fine, le crime ; les guignols, sur Canal+, soupçonnent Wikileaks de travailler pour la CIA en diffusant l’idée qu’il faut déclarer la guerre à l’Iran ; d’autres supposent que le but poursuivi est, plus modestement, d’obtenir une augmentation du budget de la CIA ou de la NSA ; d’autres au contraire ont l’impression que Wikileaks fait une fixation morbide sur les États-Unis et se demandent pourquoi aucun document secret chinois, russe ou nord-coréen n’est publié par Wikileaks (peut-être parce que c’est un tout petit peu plus difficile à obtenir ?).

Ron Paul, élu texan (républicain, tendance "paléo-libertarienne") à la Chambre des Représentants soutient Wikileaks : "Dans une société libre, nous sommes censés connaître la vérité. Dans une société où la vérité devient une trahison, nous avons un gros problème".
Il faut dire que l’écueil sur lequel bute nécessairement Wikileaks, ce n’est pas la question du trop-plein de transparence — puisque c’est sa raison d’être — mais celui de la manipulation : qui leur fournit des documents, et dans quel but exact ? Plus le site aura de succès et plus la tentation de l’instrumentaliser et d’en faire un outil de propagande sera grande. Wikileaks a d’ailleurs publié un mémo émanant du département de la défense qui, entre autres moyens à employer pour neutraliser Wikileaks préconisait l’injection de fausses informations.
Reste que personne, y compris parmi ceux qui en condamnent vigoureusement la divulgation, n’a contesté la validité des milliers de télégrammes échangés entre les États-Unis et leurs diplomates.
Sur des forums divers, j’ai lu l’opinion de simples citoyens qui jugeaient scandaleuses les révélations opérées par Wikileaks : si un secret est secret, c’est qu’il y a une bonne raison à ça. Avoir de l’empathie envers les diplomates et les barbouzes, exiger qu’on ne nous raconte pas ce qu’ils ne veulent pas nous dire, qu’on nous empêche de savoir ce qu’on nous cache, c’est un peu comme souhaiter que les milliardaires paient moins d’impôts alors que soi-même on ne gagne pas grand chose.
Je pense moi aussi que la raison d’État a toujours existé et existera toujours, et c’est précisément pour cela qu’elle n’a aucun besoin de notre soutien.
Nos états doivent savoir que nous les surveillons, eux qui nous disent — rappelons-nous les débats qui ont entouré en France la loi Hadopi ou les questions de surveillance vidéo, de dépistage ADN et de fichage policier — que l’honnête homme n’a rien à cacher.
Je suppose que nos gouvernants n’ont rien appris, qu’il n’y a ici qu’une collection d’opinions de diplomates (Berlusconi se couche trop tard ; Nicolas Sarkozy est autoritaire ; Angela Merkel est pragmatique et peu fantaisiste ; …) et de secrets de polichinelle divers.
Mais pour nous, public, il y a des enseignements à tirer, nous voyons peut-être un peu plus explicitement comment fonctionnent les choses : pendant leurs réceptions, les ambassadeurs américains essaient de piquer des cheveux à leurs invités afin de compléter les bases de données génétiques (et d’en apprendre sur la santé des personnes en question) ; la Chine est lasse d’être l’alliée de la dynastie Kim de Corée du Nord (ce que je trouve pour ma part rassurant) ; les états se refilent les anciens détenus de Guantanamo en négociant âprement le sort de ces pestiférés ; notre actuel président avait annoncé sa candidature aux États-Unis plus d’un an avant de l’annoncer aux français et de nombreux candidats au gouvernements de pays comme la France ou la Grande-Bretagne défilent devant les ambassadeurs pour leur promettre qu’ils aligneront leur politique sur celle de l’oncle Sam.
Plus banal, on apprend que les employés des ambassades dont des rapports psychologiques sur les personnalités politiques qu’ils rencontrent : untel est naïf, tel autre est malade, tel autre régit affectivement, etc.
C’est Umberto Eco1 qui me semble avoir le mieux formulé le danger effectif que constitue Wikileaks : en montrant que les diplomates américains ne sont pas mieux renseignés que la presse, les télégrammes révèlent surtout que les « maîtres du monde » sont bien plus faibles que prévu.
Certains en tireront comme conclusion qu’il doit exister des secrets encore plus secrets, ou que le « cablegate » est une manipulation. D’autres se demanderont quelle est la légitimité des maîtres du jeu géopolitique s’ils ne sont pas plus informés que les gens qui, tous les jours, lisent la presse gratuite dans le métro.
L’un dans l’autre, ce que tout cela renforce, c’est peut-être le climat de méfiance généralisée. Nos parents ou nos grands parents croyaient à la bienveillance de leur banquier, de l’EDF, de la SNCF, du postier et de l’administration. Ils supposaient aussi que l’état se chargeait, par des moyens parfois douteux peut-être, mais nécessaires, de faire en sorte que l’on puisse dormir en paix : en secret, on infiltre les terroristes, on négocie des paix pour des guerres dont personne n’a entendu parler, on sauve l’économie des espions industriels, maintient l’économie à flot, etc. — vision des choses qui est largement véhiculée, amplifiée, fantasmagoriée par les fictions d’espionnage diverses et variées.
Pour beaucoup, la déception née de cette vague de révélations a été grande, le roi est nu, wikileaks suggère, en publiant les communications internes du pays le plus puissant et le plus influent qui soit, que ceux qui le gouvernent sont aussi dépassés que vous ou moi par le monde dans lequel nous vivons tous. Et cela ne ridiculise pas les seuls États-Unis, puisque nous comprenons facilement qu’il n’y a aucune raison que les autres pays soient mieux lotis. Or s’il est révoltant d’être gouvernés par le mensonge, il est insoutenable de constater que les mensonges dont on est victime sont dénués d’intérêt. Le plus terrible secret, c’est qu’il n’y a pas de secret… L’autorité des états repose sur une collection de mythes (histoire, légitimité démocratique, principes philosophiques, puissance militaire, etc.). Si l’on ridiculise ces mythes, qu’est-ce qu’il reste ?
Certains amis de Wikileaks prennent leurs distances, soit par souci de rester indépendants, soit parce qu’ils sont inquiets du changement de politique du site : documents publiés au compte-goutte, partenariats privilégiés et peut-être même, crises d’autorité — on murmure par exemple que le New York Times, puni d’avoir émis des critiques à l’égard de Wikileaks, n’a reçu aucun document directement de la part de l’organisation et a du se les faire fournir par un journal confrère.
Le second péril qui guette Wikileaks, c’est la gestion de sa propre importance et la médiatisation de son porte-parole principal et fondateur (quoiqu’il se défende de l’être), Julian Assange. Finira-t-il par céder à de compréhensibles tendances paranoïaques ? Il faut dire que l’étau se resserre un peu sur lui : sans domicile fixe depuis des années, il réside chez des amis ou des sympathisants de tous les continents, mais malgré le soutien officiel de l’Islande et de l’Équateur, la liste des pays qui peuvent l’accueillir semble appelée à se restreindre de jour en jour puisque la Suède a lancé un mandat d’arrêt contre lui pour viol — notion qui s’étend là-bas à certains rapports sexuels consentants —, mandat relayé par Interpol puis annulé provisoirement pour vice de forme.
Sa vie est un roman : né de parents acteurs itinérants (« in the movie buisiness » dit-il), il a ensuite vécu avec un beau-père membre d’une secte new-age (Santiniketan Park Association) que sa mère a finalement fui avec lui et son demi-frère. Julian Assange a eu une jeunesse anti-conformiste à tout point de vue, peut-être partiellement dramatique (la secte à laquelle appartenait son beau-père est connue pour sa maltraitance extrème des enfants), a fréquenté, dit-il, trente-sept établissements scolaires et six universités, il est finalement devenu un membre respecté de la communauté des hackers en Australie, son pays natal, au sein du groupe International Subversives. On sait qu’il a été inquiété par la justice pour avoir piraté de nombreux serveurs — jusqu’à ceux de la Nasa — mais qu’il s’en est tiré avec une seule amende. Son histoire est racontée dans le livre Underground: Tales of hacking, madness, and obsession on the electronic frontier, par Suelette Dreyfus (aidée par Assange lui-même pour la documentation) où il est représenté par un personnage nommé Mendax, adolescent d’une intelligence hors-norme tyrannisé par un beau-père demi-fou vivant sous plusieurs fausses identités,…
Assange dit avoir été consultant en informatique à une certaine époque, aidant notamment la police de son pays à traquer les pédophiles. On n’est sûr ni de son âge exact (il est pudique à ce sujet mais on suppose qu’il est né en 1971) ni de son lieu de naissance (qui serait, selon lui, l’île Magnetic Island).
Certains croient savoir qu’il a les cheveux blancs depuis la dépression dans laquelle l’a plongé son divorce. D’autres se rappellent que dans la secte Santiniketan Park Association les enfants étaient tous teints en blond. Lui, prétend avoir été victime, à quinze ans, d’une mauvaise manipulation d’un appareillage électronique de sa fabrication.
En consultant son blog, toujours disponible sur archive.org, qui contient des bribes de réflexion sur mille et un sujet, on apprend qu’il s’intéresse à l’histoire (notamment l’histoire européenne et l’histoire des conflits), à la géopolitique et à l’espionnage, à la perception, à la programmation, aux sciences, peut-être à la science-fiction (il mentionne Kurt Vonnegut et évoque Philip K. Dick), aux religions et enfin, aux hommes qui ont lutté pour leurs convictions (il cite Zola et à plusieurs reprises Gallilée et Voltaire). Prêt à devenir un martyr de la liberté d’informer ? Pour l’instant, Julian Assange reste à de nombreux égards une énigme, mais il est bien parti pour devenir le plus célèbre « hacktiviste » qui ait jamais été.

PayPal a suspendu le compte de Wikileaks en arguant que son règlement lui interdit de s'associer à des services hors-la-loi. Mais de quelle loi, de quel jugement est-il question ? Mystère !
On le dit peu, mais Wikileaks est régulièrement victime de tracasseries techniques ou judiciaires : suspension du compte PayPal qui permettait de financer le projet, disparition des registres DNS (ce qui relie le nom wikileaks.org au serveur). Wikileaks est évidemment inaccessible dans de nombreux pays, tels que la Chine, le Vietnam, Le Zimbabwe, la Thaïlande et la Russie. Cette semaine, enfin, Wikileaks a été victime d’une violente attaque DDOS (attaque par « déni de service distribué ») qui l’a forcé à migrer vers les serveurs virtuels d’Amazon — le géant de la vente sur Internet est aussi un acteur très important de l’hébergement « cloud » d’applications et de données — solution qui n’a pas duré longtemps puisqu’Amazon a patriotiquement rompu le contrat. L’hébergeur français OVH a pris le relais, mais vérifie la légalité du site sur le territoire, d’autant que le ministre Éric Besson appelle à ce que Wikileaks soit non grata chez les hébergeurs français. C’est, au passage, un beau test pour la démocratie française : nous allons enfin savoir si la Loi pour la confiance dans l’économie numérique (LCEN) est, comme beaucoup l’avaient redouté, un dispositif pervers de censure et de déni de la liberté d’opinion et d’information sur Internet, ou le contraire2.
Assange, qui dit ne pas vouloir qu’on le pense obsédé par les États-Unis, a annoncé le programme pour la suite : les prochaines révélations devraient concerner les dirigeants des grandes banques, mais on parle aussi de documents concernant les milieux d’affaires russes. Sans doute faudra-t-il prévoir un gilet pare-balles, cette fois.
On peut juger que les dernières révélations de WikiLeaks sont décevantes, mais il n’en faut pas moins soutenir ce site, non seulement parce qu’il a des états de service très honorables (sans Wikileaks aurait-on entendu parler du traité secret ACTA avant qu’il soit signé ? Aurait-on su que les journalistes de Reuters morts en Irak avaient été exécutés par l’armée américaine ?), mais aussi parce que nous jouons en ce moment même une partie très importante au terme de laquelle nous saurons si nous sommes toujours des citoyens, ou si au contraire nous ne sommes plus que les sujets passifs d’une oligarchie financière et politique qui se méfie de nous mais refuse que nous nous méfions d’elle, qui nous gouverne et refuse que nous la maîtrisions.
Lire ailleurs : La tragédie Wikileaks, par Christian Fauré ; À propos de Wikileaks par Stéphane Bortzmeyer ; Prenons la fuite par Hobopok.
- Libération, jeudi 2 décembre 2010. [↩]
- La loi LCEN exonère les hébergeurs de toute responsabilité vis-à-vis du contenu des sites qu’ils hébergent, mais cela a une contrepartie : si la justice juge le contenu d’un site illégal, c’est l’hébergeur qui a la charge d’en empêcher l’accès, faute de quoi il devient complice. Par ailleurs, on peut craindre que l’affaire du « cablegate » ne serve de prétexte à établir une censure légale du réseau. [↩]
22 Responses to “Suites de la fuite”
By jyrille on Déc 4, 2010
Malgré les coquilles, cette note est passionnante. J’adore les personnages hors-norme, et comme tu le dis si bien, personne ne sait ce qu’il va se passer après ça. Pourtant il me semblait que cette fois-ci, Wikileaks avait demandé de travailler avec les journaux afin de ne pas délivrer trop de messages, et peut-être même (je suis naïf) de les vérifier ?
Ce qui m’étonne le plus, c’est que finalement, cette histoire fait beaucoup plus de bruits que les documents sur l’Irak. Mais c’est sans doute car plus de pays sont cités.
Enfin, bravo Amazon. Et je te rejoins complètement sur l’évolution des sentiments envers nos fournisseurs, qu’ils soient énergétiques ou politiques…
By AlexM on Déc 4, 2010
Oui, article intéressant à plus d’un titre. Curieuse cette alliance des diplomates et des politiques de quasi-tous les pays pour contrer Wikileaks. Tout ce qui est excessif mérite attention.
By Tom Roud on Déc 4, 2010
Excellent billet, rien à ajouter, si ce n’est qu’on sent effectivement qu’un cap est en train de se passer, et j’ai l’impression que les citoyens ne vont pas du tout se laisser faire.
By Neovov on Déc 4, 2010
Très bon billet, merci.
Je suis abasourdi par ce petit théâtre. Comme tu l’as noté, pour l’instant personne ne s’est défendu de la véracité des « révélations ». Il n’y a eu que des tentatives de censure. Ce qui, au fond, donne un certain crédit à ses révélations.
Concernant la France, j’attends impatiemment la suite de l’histoire. Entre un Eric Besson qui demande illico la fermeture de l’hébergement (de peur de quoi ? De représailles des USA ?) et OVH qui tente de faire marcher la LCEN, ça risque d’être passionnant.
Mais, à mon avis, et là c’est mon côté pessimiste qui parle, Wikileaks va bientôt quitter la France.
By Neovov on Déc 4, 2010
Oups, je voulais rajouter une petite question : Personne ne se demande d’où viennent ces attaques DDOS ? C’est quand même étrange des hackers qui attaquent des hackers…
By Jean-no on Déc 4, 2010
@Neovov : comme le disait Assange au TED, la plupart des hackers sont des employés de mafia russes dont le boulot est de piquer ce qui se trouve sur le compte en banque de nos grand-mères…
By Gaël Martin on Déc 5, 2010
Passionnante note en effet. Je lis beaucoup sur Wikileaks et julian Assange en ce moment, cet article fait parti du haut du panier. Pour répondre à Jyrille voici un extrait d’un article du site internet d’analyse de géopolitique DeDefensa.org
« D’une certaine façon, en attaquant le département d’Etat, la “diplomatie”, etc., Wikileaks attaque le cœur de la substance du système, disons son fonctionnement courant, qui a lieu d’une façon continue et qui est exemplaire du système. Les cas précédents concernaient des guerres, qui sont perçues par définition comme des événements exceptionnels et temporaires, donc perçues par réflexe intellectuel comme non exemplaires. (Peu importe ici la réalité des situations, que cette “diplomatie” soit guerrière, brutale et caricaturale, que les “guerres” soient la norme du système, etc. Nous parlons ici de perception presque automatique, telles que la psychologie nous l’impose, celle qui forge le fondement du jugement.) Pour résumer cette partie du propos, les deux premières attaques concernaient des situations exceptionnelles du Système, la troisième concerne la situation normative du Système. »
http://www.dedefensa.org/article-le_systeme_se_decouvre_et_hurle_de_fureur_04_12_2010.html
On trouve d’autres analyses passionnantes sur Wikileaks (et sur d’autres sujets) sur ce site.
By Bishop on Déc 5, 2010
Voilà enfin une véritable notule récapitulative de ce qui se joue ici.
By opl on Déc 5, 2010
Précision: OVH n’est pas l’hébergeur actuel, au sens de la LCEN. C’est son client qui l’est, en louant un serveur dédié hébergé (au sens technique du terme) quelque part chez OVH.
La responsabilité juridique appartient au client, pas à OVH qui ne fait que fournir un serveur, une connexion, etc moyennant finances.
OVH n’est hébergeur dans tous les sens du terme (technique et juridique) que pour les sites mutualisés.
Comme Octave, le PDG d’OVH, est un fin connaisseur de la LCEN (il héberge des dizaines de milliers de sites mutualisés et gère autant de serveurs dédiés), il a saisi le juge des référés pour « avoir son avis » et pourra se targuer d’avoir pris les devants (c’est très malin!) quand les politiques tenteront de lui casser du sucre sur le dos pour avoir le tort … d’avoir strictement fait son métier de loueur de machines connectées à Internet.
Concernant WL, les révélations actuelles me semblent plutôt anodines eu égard au bruit qu’elles ont déclenché et en comparaison des fuites précédentes sur l’Irak. Mais j’attend avec impatience les prochaines concernant le système financier américain et donc mondial.
By bd-cine on Déc 5, 2010
J’étais assez peu au courant et je constate que si l’on exclut les forums, blogs, etc, la forme actuelle de la médiatisation fait presque autant frémir que l’enjeu de liberté que représente l’issue de cette affaire.
J’écoute la radio, et regarde occasionnellement la télévision : l' »affaire Wikileaks » est présenté comme un feuilleton plutôt léger autour d’un gars un peu irresponsable, que les hommes politiques -pour le coup très responsables- s’efforcent de contrer; et je doute que la majorité de nos concitoyens reçoive autrement que déformé par le prisme de ces gros médias le contenu symbolique de cette « affaire ». Autrement dit: l’opinion publique se fera principalement sur la version d’un feuilleton qui donne aux hommes politiques un costume de protecteurs de la stabilité face à l’anarchie, sur fond de cliché habituel d’Internet-lieu-du-n’importe-quoi.
Ce qui laisse à la presse écrite un rôle d’une envergure considérable : informer.
By Lui de Duo D'Idées on Déc 5, 2010
Très bonne synthèse, la réflexion de Umberto Eco me parait fondamentale et viens confirmer ma propre interprétation. Les grands dirigeants de ce monde ne semble pas particulièrement bien renseigner, ni doter d’une vision claire des enjeux des Relations International. Cela contribue à les humaniser en détruisant le mythe du politique surhomme totipotent et donc une grande part de la légitimité du chef. Si le guide ne connaît pas le chemin, à quoi bon le suivre?
Lui de Duo d’idées
http://duodidees.wordpress.com/2010/12/03/wikileaks/
By Darkoneko on Déc 6, 2010
> Finira-t-il par céder à de compréhensibles tendances paranoïaques ?
Oh, d’après ce que j’ai pu lire depuis un long moment, c’est un peu tard dans son cas :) ce n’est pas un hasard si ça fait des années qu’ils n’a pas de domicile fixe et qu’il tente de rester intraçable
By Takkar on Déc 6, 2010
Pour modérer les propos d’Umberto Eco, précisons que aucun « cable » classé « Top secret » (le dernier niveau de classement » n’as été révélé.
Peut être que la grande crainte de tout ce monde est de voir sortir les premiers « Top secret » :)
By Dominique D. on Déc 7, 2010
1) les infos déjà diffusées ne concernent qu’une très petite fraction de la masse totale du Cablegate, on attend encore le reste.
2) quant à dire que « Le plus terrible secret, c’est qu’il n’y a pas de secret », c’est aller un peu vite en besogne. Il existe différents niveaux de sécurité et différents réseaux. Le jour où l’on connaitra précisément la moindre info liée, par ex, à la zone 51, ou au fin fond de la Chine, ou au sein de son politburo, on pourra dire qu’il n’y a plus de secret. En attendant, il y a encore matière à fantasmer, donc à secret.
3) Assange s’est expliqué ici – http://bit.ly/gweq7d – sur le pourquoi de sa mise en avant. C’est globalement une interview intéressante.
Soit dit en passant, une personne qui cite Bourbaki dans son interview, doit avoir effectivement une personnalité particulière. Du reste, je ne sais pas trop où il trouve le temps et de mener le bateau Wikileaks, et de draguer et de poster des demandes dans les forums informatiques, comme celui-ci http://caml.inria.fr/pub/ml-archives/caml-list/2000/08/6b8b195b3a25876e0789fe3db770db9f.en.html
By Yoann Moreau on Déc 7, 2010
Super article, merci Jean-No. Je me demande dans quelle mesure la communauté mondiale des hackers est solidaire et soutient J. Assange ? S’il était amené à devenir un martyr (« de la liberté d’informer » par exemple) , dans quelle mesure cela pourrait générer une mobilisation des activistes numériques jusque-là bien raisonnables ?
By Jean-no on Déc 7, 2010
@Yoann : Je sais que le collectif informel Anonymous, connu jusqu’ici pour s’en prendre à l’église de Scientologie en publiant leurs documents internes, appelle d’ores et déjà à la vengeance : Les Anonymous s’apprêtent à venger Julian Assange. À part ça je ne sais pas quel crédit on peut leur apporter mais le site Rawstory accuse l’accusatrice suédoise d’Assange d’être liée à la CIA : Revealed: Assange ‘rape’ accuser linked to notorious CIA operative.
By Gaël Martin on Déc 7, 2010
Il semblerait que Rawstory soit considéré comme un site de référence dans le domaine du journalisme d’investigation. Mais le nombre d’erreurs administratives réalisé par la justice suedoise et interpol ne donnent pas l’impression d’un coup de la CIA. En même temps a force d’écouter M X sur France Inter on a des doutes (surtout vu que Rawstory n’est pas n’importe quel site.). Enfin Romain Gary lorsqu’il était ambassadeur a eu une mésaventure pas si éloignée de celle d’Assange. Il s’est retrouvé dans un lit avec une femme. Cette femme était utilisé par le KGB. Les russes ont voulu faire chanter Romain Gary, mais cela n’a pas marché. Tout est possible donc. On verra mais quoiqu’il en soit il est trop tard pour arreter wikileaks et les sites jumeaux qui sont en train de naitre…
By Yoann Moreau on Déc 9, 2010
Bon bein ça commence : Hackers Attack Those Seen as WikiLeaks Enemies / NY Times et aussi, sur slate : Pourquoi son arrestation est la meilleure nouvelle qui soit pour Assange.
Franchement ça fait sens, gratuité et transparence sont les étendards de l’esprit web. Certains parles de risque d’infowar je parlerai plutôt de risque d’une WW 1.0 (WEB WAR 1.0). Merci Jean-No, pour tout ton travail de recherche, de synthèse, d’exhaustivité et d’analyse.
By corrector on Déc 12, 2010
« C’est quand même étrange des hackers qui attaquent des hackers… »
lol
Rien n’est plus « normal ».
Mais savez-vous seulement ce qu’est un « hacker »?
By corrector on Déc 12, 2010
« la communauté mondiale des hackers »
Hein? Quoi?
La communauté mondiale des hackers, ça n’existe pas. Vous avez vu ça dans quel (mauvais) film?
By corrector on Déc 12, 2010
Est-ce que le « hacker » est en train de remplacer le « franc maçon » dans l’imaginaire populaire?
By Jean-no on Déc 12, 2010
@corrector : tiens, un gardien du temple du mot « hacker », comme c’est original :-)