Profitez-en, après celui là c'est fini

GERTY (Moon, 2009)

novembre 18th, 2010 Posted in Ordinateur au cinéma

Cette fois, je me retiendrai de raconter le film, car une bonne partie de son intérêt réside dans la compréhension progressive de la situation par le protagoniste du récit comme par le spectateur. Moon, réalisé par Duncan Jones, le fils de David Bowie, est sorti directement en DVD en France, sans être d’abord exploité en salles, ce qui est plutôt étonnant si l’on considère qu’il a connu un certain succès en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Comparé à 2001: L’Odyssée de l’espace, à Solaris et à Outland, il pourrait aussi être rapproché du roman Destination vide (Frank Herbert) comme du médiocre Saturn 3, de Stanley Donen.

Au moment où commence le film, Sam Bell (Sam Rockwell) est l’unique résident d’une station lunaire qui alimente la terre en énergie. Son contrat avec la société Lunar Industries se termine dans quelques jours et il se trouve dans un état de dépression complet, car cela fait trois ans qu’il vit seul, séparé de sa compagne Tess et de sa fille Eve qu’il n’a jamais vu. Pire, le système de communication satellite est en panne et il ne peut communiquer avec la terre que par le biais de messages différés. Sa santé n’est pas fameuse, il commet des fautes d’inattention, il a des hallucinations, bref il est temps qu’il soit remplacé et qu’il puisse rentrer.

Sa solitude n’est pas totale car il a, pour lui tenir compagnie et pour l’aider, un ordinateur, GERTY , dont le modèle est « GERTY 3000L Robotic Assist », de Lunar Industries Ltd.

C’est l’acteur Kevin Spacey qui donne sa voix à GERTY : une voix calme, sans expression, mais pourvue d’une certaine personnalité. GERTY n’est pas un simple ordinateur, c’est aussi un robot, fixé sur un rail suspendu au plafond et disposant de bras. GERTY 3000 peut donc passer d’une pièce à l’autre, mais il n’est pas partout à la fois, comme l’était HAL dans 2001, et ne peut pas non plus apparaître n’importe où à n’importe quel moment, ni sortir de la base, comme les robots-compagnons habituels.

Physiquement, GERTY se présente comme un objet un peu baroque, volumineux, un peu sale et sur lequel sont collés des post-it. Il rappelle les blocs d’instruments modernes des chirurgiens dentistes ou d’autres dispositifs médicaux comparables. Comme HAL, il dispose d’un œil unique, sous lequel se trouve un petit écran qui affiche un « smiley » jaune sur fond bleu destiné à indiquer l’humeur de GERTY. Comme HAL 9000, qui avait été programmé pour dissimuler des informations à Dave Bowman, GERTY sait des choses que Sam ignore mais sa mission de départ est malgré tout différente de celle de l’ordinateur de bord de 2001.

Je n’en dirai pas plus, mais cet excellent film à petit budget (petit budget dont l’image ne pâtit pas) annonce une belle carrière de réalisateur de films de science-fiction pour Duncan Jones, qui est en train de terminer un second film intitulé Source Code et qui a d’ores et déjà annoncé qu’il donnera une suite à Moon.

  1. 10 Responses to “GERTY (Moon, 2009)”

  2. By Wood on Nov 18, 2010

    ————-SPOILERS—————

    J’aime beaucoup le côté « Asimovien » de Gerty. Le fait qu’il considère en fin de compte que la partie de sa mission qui consiste à prendre soin de Sam est plus importante que ses autres directives. Je suppose que ses programmeurs verraient ça comme un bug, la situation qu’on n’avait pas pensé à tester…

  3. By Bishop on Nov 18, 2010

    Vu il y a une année plus ou moins, assez agréable comme film. On sent le petit film dans le fait qu’il peut se permettre des errements de réflexions et d’incertitudes qui sont salutaires sans d’ailleurs que la réalisation ou les effets soient de moindres qualités. Donc je vous rejoins: une réussite.

  4. By jefaispeuralafoule on Nov 19, 2010

    Juste une tite question complètement hors sujet: et pourquoi pas un article sur Marvin, le robot de H²G²? c’est à lui seul un symbole (comique certes) d’une dérive de l’IA, c’est-à-dire poussant le vice jusqu’à reproduire les symptômes de maladies mentales (dans l’oeuvre d’Adams, Marvin est maniaco dépressif)
    Ce serait intéressant d’avoir ton point de vue Jean-No!

  5. By Jean-no on Nov 19, 2010

    Très bon personnage, surtout dans le film (joué par Alan Rickman) mais il y a deux autres ordinateurs qui m’intéressent plutôt plus, Deep Thought et la planète terre. Il me semble que j’ai parlé des trois dans un numéro de la revue Amusement mais je ne me rappelle précisément ni lequel, ni ce que je racontais :-)

  6. By jefaispeuralafoule on Nov 19, 2010

    Pensée profonde… Mwhahahah énorme celui-là

    « Je crois que la réponse ne va VRAIMENT pas vous plaire… »

    ^^

  7. By Zoe on Nov 20, 2010

    J’étais curieuse de voir ce que pouvait faire Zowie (je suis fan absolue de son père depuis la nuit des temps du siècle dernier). Pas déçue. J’ai beaucoup aimé ce film et trouvé Gerty attendrissant. J’espère que Duncan réussira la suite.

  8. By nicolas on Nov 22, 2010

    Il y a vraiment un aspect intéressant de Gerty, notamment en lien avec la Uncanny Valley, j’en parlais justement ici.

    Le mélange smiley/post-its est très efficace.

  9. By Jean-no on Nov 22, 2010

    @nicolas : merci ! Je pense que j’avais raté cet article (peut-être parce que je n’avais pas vu le film, mais la photo d’une page de McCloud m’aurait tout de même marqué). À part ça j’ai appris qu’il y avait un copyright sur les smileys ! C’est logique, mais en même temps étonnant de penser que le pictogramme le plus célèbre du monde, peut-être, est protégé par des droits d’auteur.

  10. By nicolas on Nov 22, 2010

    Incroyable, peut être il y a un copyright sur le smiley jaunae (acid!) mais est-ce le cas sur les smileys ASCII, j’espère que non.

  11. By Jean-no on Nov 22, 2010

    @nicolas : apparemment ça ne concerne pas les smileys ASCII, non, surtout que le procès serait difficile à faire. La marque a été déposée par Franklin Loufrani, un journaliste français, en 1971 : Wikipedia -> Smiley

Postez un commentaire


Veuillez noter que l'auteur de ce blog s'autorise à modifier vos commentaires afin d'améliorer leur mise en forme (liens, orthographe) si cela est nécessaire.
En ajoutant un commentaire à cette page, vous acceptez implicitement que celui-ci soit diffusé non seulement ici-même mais aussi sous une autre forme, électronique ou imprimée par exemple.