La revue Planète et la cybernétique (8)
août 16th, 2010 Posted in La revue Planète, Lecture, SciencesJe continue mon exploration systématique de la revue Planète, en quête d’articles se rapportant à la cybernétique et à l’informatique.
Planète n°23 juillet-août 1965, pp.68-77.
Le testament de Norbert Wiener, par Gabriel Veraldi.
La cybernétique est-elle de lasorcellerie ?, par Norbert Wiener, traduit, adapté et annoté par Gabriel Veraldi.
Je n’ai malheureusement pas sous la main le numéro 22 de Planète, qui présentait God & Golem Inc., l’ouvrage-testament de Norbert Wiener, décédé en 1964.
La publication de ce numéro 23 de Planète se veut une réponse à certaines réactions négatives suscitées par la publication précédente, puisque l’article de Veraldi est titré Une réponse à nos adversaires.
L’identité des adversaires en question n’est pas mentionnée, mais leur existence sert de prétexte à une défense des méthodes et de la philosophie générale de la revue :
« Une société de pensée, qui prétend plaisamment monopoliser le rationalisme, nous accuse de mélanger les genres, de confondre science, philosophie et littérature en vue d’égarer les lecteurs trop naïfs pour s’y retrouver. L’accusation serait grave si elle était portée par de grands esprits. Elle provient heureusement de Déroulédès1 de la science qui, ne se faisant pas remarquer par leurs travaux, cherchent à sortir de l’obscurité par la polémique. Wiener, qui était célèbre, n’hésite pas à rapprocher technique et sorcellerie, religion et recherche rationnelle, démarche légitime de l’intelligence qui a valu à Pauwels et à Bergier tant d’injures ».
Gabriel Veraldi, écrivain de la veine du réalisme fantastique est aussi auteur d’essais tels que : Dieu est-il contre l’économie ?, adressé au pape Jean-Paul II dans le but de le convaincre que le libéralisme économique est plus chrétien que l’hérésie léniniste ; La science face à l’énigme des ovnis ; La conscience invisible : Le paranormal à l’épreuve de la science ; etc.
Pour cet auteur, les pages de Norbert Wiener « semblent avoir été écrites pour Planète ». Rien n’est moins sûr à mon avis, car si Wiener n’a pas hésité à faire des références à la divinité ou à la sorcellerie dans ses écrits (et surtout dans ses titres), il n’en était pas moins ce que les américains appellent un « sceptique », pour qui les mots « dieu » et « sorcier » sont les outils de démonstrations philosophiques et non des croyances. Quant à la religion, c’est en tant qu’outil de contrôle et de pouvoir qu’il s’y intéresse. Humaniste mais pragmatique, Wiener a surtout réfléchi à la manière dont l’automation devait être gérée pour que l’homme n’en perde pas le contrôle. Le texte qui est traduit dans Planète ne dit d’ailleurs rien d’autre.
On peut supposer que les rédacteurs de Planète ont été inspiré par Wiener sur la base d’un malentendu, car le mathématicien n’était en rien un amateur d’ésotérisme scientifique.
- J’imagine qu’il est fait référence ici à Paul Déroulède, écrivain du XIXe siècle qui est surtout connu pour avoir provoqué en duel Jean Jaurès et Georges Clémenceau. [↩]
One Response to “La revue Planète et la cybernétique (8)”
By AlexMoatt on Déc 21, 2014
Quand ils écrivent « une société de pensée », le mot est à prendre au sens premier d’une « société savante, académie ». La « société de pensée, qui prétend plaisamment monopoliser le rationalisme », c’est l’Union Rationaliste, sous l’égide de laquelle venait de paraître en 1965 un livre anti-Planète, ‘Le Crépuscule des magiciens’.