La revue Planète et la cybernétique (6)
août 15th, 2010 Posted in La revue Planète, SciencesJe continue mon exploration systématique de la revue Planète, en quête d’articles se rapportant à la cybernétique et à l’informatique.
Planète n°36 septembre-octobre 1967, pp.156-164.
L’informatique transformera avant dix ans la société française, par Jacques Bergier.
Dans ce numéro, Bergier s’intéresse au « plan calcul« , lancé par Charles de Gaulle et Michel Debré dans le but de rendre la France autonome vis-à-vis des États-Unis (et vis-à-vis d’IBM) en matière d’informatique. L’auteur commence par se moquer de la Délégation à l’informatique qui s’avère introuvable et même inconnue du CNRS alors même que le plan calcul était doté de soixante-dix millions de francs en 1967.
Il finit par rencontrer des gens à qui parler et découvre notamment la création de l’IRIA, qui deviendra l’INRIA en 1979. L’auteur se fait entre autres expliquer que le but du plan calcul est notamment de mettre les ordinateurs français en réseau afin de casser leur isolement et de permettre aux diverses administrations de disposer de « consoles de conversations, c’est à dire de terminaux informatiques capables d’accéder aux ressources de gros ordinateurs. Les USA, la Suède ou le Danemark sont cités comme exemples de pays qui profitent d’ores et déjà de ce genre de systèmes et dont il convient de s’inspirer.
Au chapitre futurologique, Bergier s’intéresse à l’informatique médicale, mais aussi aux « machines à faire la classe », capables d’enseigner « par ramifications ». Avec ces machines, dit-il, « chaque élève suit l’itinéraire particulier qui lui convient et qu’il a choisi lui-même ». Pour l’auteur, l’ordinateur dégagera du temps aux professeurs et aux instituteurs, ce qui lui fait dire que l’enseignement automatisé sera, paradoxalement, « plus humain et plus favorable à l’étudiant que l’enseignement actuel ».
Bergier revient sur la question de la « quatrième génération d’ordinateurs » et sur les machines pensantes évoquées deux numéros auparavant, sujets qui ont, dit-il, intéressé beaucoup de lecteurs de Planète. Il suggère que l’IRIA se penche sur la question et favorise le développement et l’exploitation de brevets français dans le domaine.
L’auteur évoque diverses technologies de stockage de données informatiques, notamment des mémoires « à cristaux spatiaux » (?) ou des mémoires « à pondération », qui ne retiendraient des informations qui leur sont soumises « que ce qui les intéresse » (?).
Il pense par ailleurs que la France a un rôle à jouer dans le domaine de la fabrication de périphériques (qu’il croit, à tort, être la traduction française du mot software).
Les spécialistes de 1967 estimaient, selon Bergier, que l’ordinateur créerait trois ou quatre fois plus d’emplois qu’il n’en détruirait et que le marché de l’informatique commencerait à saturer aux alentours de 1975 — prédiction qui eût pu se réaliser, peut-être, si la diminution des coûts n’avait favorisé l’existence et la généralisation du micro-ordinateur. Il conclut sur cette prédiction : « Les économistes futurs compareront sans doute l’informatique à la découverte des mines d’or de Californie, il y a plus de cent ans ».
One Response to “La revue Planète et la cybernétique (6)”
By david t on Août 15, 2010
cette prédiction quant à la saturation du marché de l’informatique autour de 1975 était, je crois, assez répandue. mon père (qui a débuté comme analyste informatique dans ces années-là) me disait qu’à l’université, on avertissait les étudiants en génie informatique qu’ils faisaient partie de la dernière cohorte avant la saturation, et que ceux qui viendraient après eux auraient beaucoup plus de mal à se trouver un emploi.
c’est cocasse quand on y repense 35 ans après, mais il est vrai, comme tu le dis, que sans l’avénement de la micro-informatique, cette science aurait continué d’être un domaine beaucoup plus spécialisé qu’il ne l’est devenu.
concernant les désirs d’«autonomie» de la france face à la technologie américaine, je me demande si on peut les lier au développement ultérieur du minitel, qui a été un phénomène strictement français (et qui serait encore d’actualité aujourd’hui, n’était de la mondialisation forcée d’internet).