Profitez-en, après celui là c'est fini

Beaux-Arts électroniques

août 9th, 2010 Posted in Cimaises, Lecture, Vintage

Je ne résiste pas au plaisir de publier ici mes numérisations d’un article paru dans le sixième numéro de la seconde série de la revue Planète, paru en avril 1969.
Planète, fondé et animée par Jacques Bergier et Louis Pauwels, était une revue curieuse de tous les sujets, parfois pertinente et souvent coupable de mélanges des genres plus ou moins catastrophiques, puisqu’on y trouvait pèle-mèle des articles sérieux sur de grands thèmes anthropologiques, parfois bien avant que l’opinion ne s’y intéresse (surpopulation, importance du pétrole,…), des nouvelles de science-fiction ou de fantastique et enfin, des articles très premier degré sur des faits « mystérieux » : soucoupes volantes, ésotérisme des nazis, super-pouvoirs des bonzes tibétains, civilisations disparues, etc.
Planète était largement ouverte à la création artistique, et s’est plusieurs fois intéressée à la « Cybernétique ».

L’article Beaux-Arts électroniques, que je reproduis ici, est signé par Pierre Restany, un des plus grands critiques d’art de la seconde moitié du vingtième siècle, connu notamment pour avoir lancé les « nouveaux réalistes » (Arman, Cesar, Tingely, etc.), dont un manifeste avait justement été publié dans le premier numéro de Planète, en 1961.

Restany est enthousiaste et mentionne les préoccupations liées à l’époque : la peur que l’ordinateur devienne plus créatif que l’homme, notamment. Pourtant, l’art informatique était une mécanique bien lourde, comme on le comprend en lisant les descriptions de la production des œuvres : l’artiste transmet son idée à un « spécialiste de la communication » qui « codifie le message », puis un opérateur mécanographique traduit les commandes et les transmet à l’ordinateur qui, dit Restany, « agit ».
On remarque au passage qu’en 1969, l’ordinateur n’est pas un « média » puisque les travaux doivent être imprimés par un bras traceur ou dessinés sur un écran cathodique (qui n’était pas du tout un périphérique informatique typique) afin d’être ensuite photographié ou filmé.

Le mot « science-fiction » revient à plusieurs reprises, ainsi que le mot « futur » : c’est, clairement, un art à venir qui nous est décrit.
Je trouve assez savoureuse la description d’un dispositif de « cybersexe » (plutôt chaste, mais tout de même) au début de l’article.

Restany ne parle pas d’interactivité, mais il mentionne la question de la participation du public et prête à l’art « électronique » une dimension festive et populaire qui semble presque être ce qui le séduit le plus.

  1. 2 Responses to “Beaux-Arts électroniques”

  2. By Ksenija on Août 11, 2010

    Dispositif « cybersexe » ? Vous rappelez-vous l’Orgasmotron de « Woody et les robots » ?
    Diane Keaton entre dans une cabine de douche, deux secondes après on entend des cris vaguement excités, et trois secondes après elle ressort d’un air tout à fait dégagé. La machine qui prend soin de votre jouissance… Quand on réfléchit aux usages de la « machine », il y a le mouvement, (déplacement et vol), il y a la communication (porter la voix plus loin), il y a la mémoire (cf. de Rosnay), mais en dehors des stimulateurs cardiaques et de quelques pompes à insuline, personne n’a imaginé une machine « pour manger », une machine « pour dormir » (machine, pas substance). Peut-être les drogues numériques vont-elles modifier l’impact des machines sur le corps humain, même si elles sont basées en fait sur du son (ça me rappelle aussi « Snow Crash » de Neal Stephenson).

  3. By Jean-no on Août 11, 2010

    La machine à manger, j’en vois une, dans Les temps modernes.
    Il y a eu des tas d’orgasmotrons de fiction, par exemple dans la bande dessinée Barbarella.
    Ce que je trouve intéressant dans celui de l’expo Cybernetic Serendipity, c’est qu’il s’agit d’un dispositif réel et non d’une invention de science fiction.

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