Mes jeux (7) les simulateurs
juillet 11th, 2010 Posted in Mes jeuxLe premier jeu de simulation que j’aie rencontré n’est pas Sim City mais Hamurabi, un jeu qui a été créé, selon Wikipédia, en 1969, et que j’ai découvert sur l’ordinateur Apple ][ du père d’un ami1, sans doute en 1980 ou 1981. Il était encore très rare que des gens disposent d’ordinateurs chez eux et je n’en avais jamais vu. Ces machines n’avaient pas de disque dur, et il fallait charger chaque programme à l’aide d’une disquette souple au format cinq pouces un quart avant de l’utiliser.
Hamurabi se jouait en ligne de commande, sur un écran noir et cyan. Il fallait répondre par des chiffres à des questions telles que « combien d’ares de terrain voulez-vous acheter ou vendre ? » et « combien de boisseaux de blé voulez-vous acheter, vendre ou stocker ? ».
Quand on appuyait sur la touche entrée, un texte défilait pour nous dire comment s’était déroulée l’année écoulée, s’il y avait eu une épidémie de peste, de combien d’âmes la population avait augmenté ou décru, si le pays était prospère ou s’il était victime de famine. Le jeu était assez rudimentaire mais suffisamment complexe pour que les situations semblent toujours différentes malgré le peu de variété des actions possibles. Il y avait une part de hasard. Je me rappelle que l’on imprimait le résultat sur une imprimante matricielle avec du papier « listing ».
J’ai complètement oublié ce jeu ensuite et j’ai même eu de grosses difficultés à me rappeler son nom, même si je me souvenais d’un rapport à la civilisation babylonienne. Pour l’anecdote, le nom Hamurabi est mal orthographie car « Hammurabi » aurait été un nom de fichier trop long pour le système d’exploitation de l’Apple ][.
Dix ans plus tard, j’ai découvert SimCity, dans sa toute première version en 2D, sur ordinateur Atari 520ST. Il affichait des images en seize couleurs choisies dans une palette de cinq cent douze teintes et dans une résolution de 320×200 pixels, c’est à dire la résolution du plus modeste téléphone mobile actuel.
Le jeu était très réfléchi — c’est sans doute le premier jeu vidéo à avoir été livré avec une page complète de bibliographie sur l’urbanisme et la gestion du territoire — mais pas très beau.
J’ai eu un véritable choc esthétique quelques années plus tard avec Sim City 2000 (1993), tout en perspectives isométriques. Mes conditions de jeu n’étaient pourtant pas idéales, car je jouais sur un ordinateur « transportable » (9kg) Toshiba T3200 qui était équipé d’un écran plasma monochrome noir et ambre.
Ça donnait quelque chose comme ça :
SimCity 2000 fait partie des jeux que j’ai aimé réinstaller de temps à autres, même si j’ai l’impression d’en avoir fait le tour. Aujourd’hui, malheureusement — ou heureusement — mon système ne parvient plus à exécuter ce jeu. Les versions ultérieures de SimCity ne sont pas mal, mais graphiquement, je ne les ai jamais vraiment aimées. Je n’ai pas joué à Civilization, à Sim Tower, à Railroad Tycoon, à la série Caesar ou à Age of Empires. Je suis passé à côté de Sim Isle, Sim Farm, Sim Life , The Sims et même le dernier jeu de Will Wright, qui arrive à mélanger tous ces titres, Spore.
Deux autres jeux de simulation m’ont vraiment passionné : The Settlers et SimAnt.
J’ai passé des nuits entières à bâtir et à observer vivre la petite économie médiévale du jeu The Settlers.
Le principe est simple : on doit étendre et protéger son domaine. Pour cela il faut bâtir des avant-postes militaires. Mais pour bâtir ces avants-postes, il faut avoir de la pierre et du bois, il faut donc construire des ateliers de taille de pierre, il faut des bûcherons et des menuisiers. Tous ces gens doivent être nourris, il faut donc du blé, de la charcuterie et du poisson. Il faut des artisans pour fabriquer les armes, le pain, les outils, etc., etc. Et chaque pierre, chaque planche, chaque denrée doit être emmenée d’un endroit à un autre par des routes sur lesquelles se relaient des porteurs à un rythme assez lent. Une musique, qui se veut médiévale, tourne en boucle de manière agréable et le graphisme a de faux-airs des Très riches heures du duc de Berry. Au bout de quelques heures, on se met à prêter des intentions et une personnalité à des agents logiciels qui mesurent dix pixels de haut. C’est un jeu que je continue à trouver fascinant. Il a connu plusieurs suites mais aucune ne m’a intéressé. En devenant de plus en plus sophistiqués, ces jeux ont perdu la qualité plastique du Settlers d’origine.
Pour finir, je n’ai jamais compris l’échec commercial du jeu SimAnt (1991), par Maxis. Le joueur pilote une colonie de fourmis en installant une reine, en creusant des galeries, en traçant des pistes vers la nourriture, en évitant les prédateurs et en volant la nourriture des fourmilières concurrentes. Le fonctionnement du jeu est assez astucieux et le joueur peut vérifier par la pratique ce qu’est le fonctionnement d’une colonie d’insectes sociaux.
La partie se joue sur un terrain énorme, un jardin, divisé en carrés, où chaque fois il faut fonder une nouvelle colonie et la défendre. Ce qui est assez savoureux, c’est le comportement de l’humain, qui marche de long en large sur sa pelouse avec son chien. Aussi mécanique dans son fonctionnement que les insectes qui vivent chez lui, il préfigure aux Sims.
- Ami que je n’ai pas vu depuis bientôt trente ans et à qui je lance un message personnel : Fabrice de Lavoreille, si tu te reconnais, envoie moi donc un e-mail : lafargue (chez) cegetel (point) net. [↩]
7 Responses to “Mes jeux (7) les simulateurs”
By teg on Juil 12, 2010
ton journal est passionant, et j’ai l’impression de lire mon passé, c’est assez étrange comme sensation… le 1er apple chez un ami, l’atari, simcity, settlers… que de souvenirs et de temps passé…
By Jean-no on Juil 12, 2010
@teg : Nous avons une histoire commune avec les jeux… C’est un média « personnel » au sens où chacun a sa propre expérience, rien à voir, par exemple, avec un concert, et pourtant c’est bien un mass media… C’est une des choses que je veux vérifier avec cette série d’articles.
By Nathalie on Juil 12, 2010
Je me demande si l’échec commercial de SimAnt n’est pas du à son graphisme rédhibitoire.
By Jean-no on Juil 12, 2010
@Nathalie : c’est vrai qu’il était un peu moche. Ils pourraient le refaire aujourd’hui, ça serait dément. Peut-être.
By david t on Juil 12, 2010
tiens, je pense me souvenir que j’avais le «listing» du jeu hamourabi dans un livre de programmes basic. (le bon vieux temps où on disait «listing» plutôt que code, haha.)
By Jean-no on Juil 12, 2010
@dt : oui, la version basic semble avoir été un classique. J’ai appris qu’entre Hamurabi et SimCity, il y a eu un intéressant jeu de simulation nommé Utopia (1981) sur console Intellivision.
By david t on Juil 12, 2010
intéressant, utopia, ça me donnerait presque envie de l’essayer (ça doit se trouver, un émulateur intellivision pour mac?). dans le genre, mais un peu plus tard, il y a eu populous aussi, auquel j’ai un peu joué mais dont je ne suis pas sûr d’avoir bien compris le fonctionnement (n’ayant pas, à l’époque, le manuel d’instructions — oups!).