Profitez-en, après celui là c'est fini

Où est passée la musique du futur ?

avril 27th, 2010 Posted in Chansons, Mémoire, Personnel, Vintage

Je regarde toujours passer les annonces d’expositions à la Maison d’ailleurs — le musée de la science-fiction — avec une pointe de désespoir : mille et une raisons font que je ne trouverai pas d’occasion pour que la ville d’Yverdon-les-Bains se trouve sur mon chemin avant longtemps. Je ne connais la programmation du lieu que par les e-mails que j’en reçois régulièrement.
L’exposition du moment s’intitule Galactic Hits et traite du rapport entre la musique et la Science-fiction. Il y a de quoi faire : depuis la bande son synthétique du film Forbidden Planet (1956) jusqu’au vidéo-clip Scream en passant par le graphisme des Designers Republic, la musique a souvent servi de support direct ou indirect à l’idée de futur. Parfois, c’est la musique elle-même qui a été le support du futurisme.

En marge de l’exposition Galactic Hits et de la programmation de l’espace Le Bourg (Lausanne), aura lieu samedi 8 mai la projection du film Synth Britannia (2009), un documentaire de Ben Whalley pour la BBC, qui évoque la naissance de la pop post-punk synthétique, que certains appelleraient New Wave.
Le documentaire est disponible sur Youtube, débité en neuf parties de dix minutes chacune. Pas sûr que cela reste en ligne (car il y a de nombreux morceaux de musique soumis à copyright), et comme le film n’est pas disponible en DVD à ce jour ni diffusé sur le site de la BBC, je conseille à ceux que ça intéresse d’aller le regarder sans tarder : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9.

L’approche du documentaire est de montrer que l’éphémère mouvement synthé-pop a été profondément inspiré par la science-fiction. Un faisceau d’évènements artistiques ou technologiques aurait permis à ce mouvement d’éclore assez naturellement, sans manifeste, sans soutien de la critique, sans unité et sans épicentre. Parmi ces évènements, outre l’existence et la démocratisation progressive des synthétiseurs, mentionons : la sortie de A Clockwork Orange (1971) de Stanley Kubrick, dont la bande originale est composée de musique classique réenregistrée par Walter Carlos à l’aide de synthétiseurs et qui présente une Grande-Bretagne toute de violence et de béton ; la publication du roman Crash ! de J. G. Ballard, qui mêle la brutalité du monde moderne et la sexualité dans la passion d’un couple pour les accidents automobiles ; la tenue en 1975 d’un discret concert du groupe Kraftwerk à Liverpool, concert dont un membre du groupe Orchestral Manoeuvres in the Dark dit à présent qu’il a été « le premier jour du reste de sa vie », le déclic qui lui a fait penser qu’il savait ce que serait la musique du futur ; le succès mondial du titre I feel love (1977) de Donna Summer, composé par Giorgio Moroder ; l’ambiance des séries Docteur Who puis Quatermass, qui projettent les friches industrielles de Grande-Bretagne dans une science-fiction fantaisiste ; enfin, le mouvement punk a eu une influence décisive, par le message de culot et de liberté qu’il portait, mais pas pour sa musique, plutôt traditionnelle.

Des groupes sont nés à Liverpool, Sheffield, Londres ou encore dans la ville nouvelle Basildon : Orchestral Mannoeuvres in the Dark, Human League (un des premiers, qui sera aussi un des derniers à connaître le succès), Cabaret Voltaire, The Normal (dont le titre Warm Leatherette est un hommage à Crash !), Visage (dont on regrettera que les auteurs du documentaire aient oublié de diffuser le très science-fictionnesque In the year 2525), Fad Gadget, Throbbing Gristle, Silicon Teens, Soft Cell, Yazoo, Eurythmics, Ultravox, Depeche Mode, les Pet Shop Boys, New Order, Joy Division, Devo, Heaven 17, Frankie Goes to Hollywood, Art of Noise… Le tournant dans l’existence de ce mouvement ayant été l’arrivée de Gary Numan avec les titres Are Friends Electric? et Cars (1979). Au delà de la musique, Gary Numan a imposé un « look » très à part, inspiré de Kraftwerk autant que de David Bowie : yeux maquillés d’un trait de crayon, teint pâle, cheveux courts, costume — une étrangeté qui l’a souvent fait qualifier d’extra-terrestre.

Un point intéressant à connaître est que malgré une apparente unité, les ambitions des uns et des autres étaient très diverses : certains groupes se voulaient très cérébraux (comme Orchestral Mannoeuvres in the Dark), allant jusqu’à assommer leurs auditeurs de références culturelles absconses (le groupe Blancmange tire par exemple son nom du dessert favori du Marquis de Sade), d’autres produisaient des pamphlets politiques contre la révolution conservatrice de Thatcher et Reagan (Heaven 17, par exemple), certains se situaient dans la tradition de l’art contemporain et de la musique expérimentale (Throbbing Gristle) et d’autres se considéraient comme de simples musiciens « pop ». Au final, quelqu’aient été leurs ambitions, tous ont fait danser le début des années 1980 avec une musique à laquelle on ne pourra pas refuser cette qualité : elle ne ressemblait à rien de ce qui existait auparavant. Le mouvement a fini par se perdre à force de paroles niaises et de « looks » impossibles (Duran Duran).

L’époque a produit de nombreuses images. Outre les clips, notamment ceux d’Anton Corbijn (réalisateur récemment du film Control, qui raconte l’histoire du groupe Joy Division), on peut mentionner des films tels que Radio On (1980) et Electric Dreams (1984), la série Max Headroom, mais aussi quelques films américains comme ceux de John Hughes sur l’adolescence (Breakfast Club notamment) ou encore Tapeheads (1988), qui tourne en ridicule l’industrie du vidéo-clip. Symbole des années 1980, la New Wave a un temps été honnie : la musique populaire est revenue aux instruments acoustiques (ou à leurs imitations synthétiques, car entre temps la technologie a énormément progressé) et les héritiers directs de la Synth Pop (Dead Can Dance, mais aussi la vague techno/house) a évolué avec succès mais en marge du « top of the pops ». Quelques groupes récents se sont amusés à reprendre la New Wave, comme l’excellent projet jazzy Nouvelle Vague ou encore le duo La Roux (dont la chanteuse a une voix un peu trop aigüe : dans la Synthé-pop d’origine, il n’y avait que des voix d’hommes, jusqu’à Alison Moyett, la chanteuse de Yazoo).

Il aurait été possible de montrer les liens entre tous ces groupes et d’autres dans le monde (Talking Heads, Jacno, Telex, Yellow), de parler d’albums isolés mais liés à la question comme My Life in a bush of ghosts (Brian Eno/David Byrne) et Trans (Neil Young), d’évoquer l’électro Hip Hop d’Herbie Hancock, d’Africa Bambaataa, de Jonzon Crew et de Newcleus (tous extrêmement marqués par la science-fiction eux aussi), mais cela peut faire l’objet d’un autre film tant le sujet est vaste.

Je me pose une question, après avoir visionné ce documentaire : existe-t-il, aujourd’hui en 2010, un genre musical qui affirme fabriquer la musique « du futur » ? Croyons-nous seulement que l’avenir sera quelque chose d’autre que ce que nous avons aujourd’hui ? Le début des années 1980 n’est pas sans lien avec les années 2010 à mon sens, puisque de la même manière, ce sont des gouvernements conservateurs et plutôt autoritaires qui détiennent le pouvoir un peu partout dans le monde et que ceux-ci imposent comme unique et désespérante idée que rien ne peut être fait pour que les choses changent.

  1. 37 Responses to “Où est passée la musique du futur ?”

  2. By sf on Avr 27, 2010

    Un excellent bouquin au sujet du Post-Punk:
    Rip It Up and Start Again : Post-Punk 1978-1984
    de Simon Simon Reynolds
    ISBN 2844852327
    Un peu cher mais raconte dans le détail comment et pourquoi certains groupes se sont formés, ont muté, se sont vendus, comment les labels indé se sont créés, pourquoi tel graphisme ou telle scénographie.

  3. By Jean-no on Avr 28, 2010

    Merci ! En plus c’est en français, d’après Amazon : Rip It Up and Start Again : Post-Punk 1978-1984… ça m’étonne qu’ils aient laissé un titre en anglais, c’est un coup à passer à côté de pas mal de lecteurs.

  4. By sf on Avr 28, 2010

    Je crois que le titre du livre est emprunté aux paroles d’une chanson de l’époque… mais j’ignore laquelle.

  5. By sf on Avr 28, 2010

    Orange Juice:
    http://www.youtube.com/watch?v=IHGQ3u0hYtg

  6. By EdouardS on Avr 28, 2010

    Merci pour cet article et ces visuels « d’un autre temps ».
    Pour la réponse à « existe-t-il, aujourd’hui en 2010, un genre musical qui affirme fabriquer la musique « du futur » ? »
    Jetez donc un coup d’oeil du côté du « dubstep » avec, entre autres, Steve Goodman/Kode 9 (« Memories of the Future »), ou Benga (« Diary of an Afro Warrior »)
    http://www.youtube.com/watch?v=WaU-pnassYM
    http://www.youtube.com/watch?v=p4D-hCO8Y2k

  7. By y0m on Avr 28, 2010

    « existe-t-il, aujourd’hui en 2010, un genre musical qui affirme fabriquer la musique « du futur » ? Croyons-nous seulement que l’avenir sera quelque chose d’autre que ce que nous avons aujourd’hui ? »

    Il y a certainement un peu de ça : j’ai été un enfant rêvant dans les années 80 sur les images représentant ce que serait l’an 2000 : les voitures volaient, les robots faisaient tout dans la maison …
    Aujourd’hui quand on regarde un film qui se projette dans le futur proche, il ne montre que des prolongements de ce que nous avons déjà.

    Ceci dit, je me pose une autre question : Est-ce que ce ne sont pas les aspirations commerciales des maisons de disque qui brident les créativités ? Je suis professeur de musique en collège et je suis face au problème de façon récurrente : l’originalité musicale crée un mal aise qui se traduit bien souvent soit par des rires de moqueries soit par le rejet pur et simple.

    J’ai alors le sentiment que pour vendre une musique, il faut qu’elle respecte des codes bien définis, rentre dans un schéma déjà connu, avec des sonorités déjà entendues etc. au risque de trop surprendre.

    Les groupes que vous citez sentaient-ils eux aussi cette pression mercantile ou savaient-ils s’y soustraire ? Certains sont tout de même à l’origine de grosses ventes, mais ne sont-ce pas ceux qui innovaient le moins musicalement, reprenant la structure « couplet-refrain », des lignes mélodiques attendues et entendues, des grilles harmoniques héritées du pop-rock ?

  8. By Jean-no on Avr 28, 2010

    @y0m: les groupes en question se soustrayaient de facto aux codes musicaux (alors que les punks, non, par exemple : ils ne jouaient qu’avec trois accords mais n’ont pas spécialement innové par rapport à Chuck Berry, enfin musicalement, puisque du point de vue de l’attitude, ils ont eu un impact énorme) puisqu’ils utilisaient des instruments inconnus et que leur principe de départ (n’utiliser aucun instrument acoustique) a eu comme résultat de produire des choses inédites notamment du point de vue du traitement du rythme, je pense (je ne suis pas musicien alors je ne peux pas en jurer). J’ai même l’impression qu’ils ne se sont pas fait « manger » artistiquement pour la plupart, mais peut-être que je me suis juste fait avoir par le documentaire :-)

  9. By rxra on Avr 28, 2010

    Simon Reynolds l’auteur du livre dont tu parles apparait dans le docu de la BBC il me semble. J’ai vu le docu sur youtube et j’ai vraiment aimé. Car même si j’écoute beaucoup cette musique (grand fan de DM) j’avais 5 ans en 1980 donc j’ai un peu loupé cette époque (de peu).

    Pour ta question de la fin je me pose un peu la même question. En ce moment j’ai l’impression de n’écouter que des groupes qui s’inspire des 70s/80s/90s. Alors peut être que je loupes des choses.

    La seule musique qui m’a peut être donné l’impression d’être futuriste c’est quand j’ai découvert début 2000 le label warp, rephlex, la braindance, des trucs comme drexia, dopplereffekt, arpanet, …

    @EdouardS ça fait un moment que je lis dubstep à droite et à gauche mais pour l’instant j’ai pas encore accroché.

  10. By rxra on Avr 28, 2010

    encore un truc … tout ces groupes dont on parle sont apparus car de nouveaux moyens de faire de la musiques sont apparus, sont devenus abordables pour « tout le monde », … et je ne suis pas sur qu’une telle révolution ai eu lieu depuis ce qui explique peut être cela, non ?

  11. By Jean-no on Avr 28, 2010

    @rxra : la génération « new wave » s’est pas mal battue pour trouver des instruments. Les machines existaient mais un synthé sérieux coûtait le prix d’une petite maison. Certains ont construit leurs instruments, d’autres ont utiliser des synthés à la limite du jouet, d’autres se sont débrouillés… Très différent de la génération techno-house qui a suivi et qui a profité d’une démocratisation encore plus importante des instruments (devenus numériques) et de la micro-informatique. Les mutations technologiques actuelles ont un impact sur la musique : le réseau Internet permet à un petit groupe de devenir mondialement connu (et permet aussi aux fans de tels ou tels genres musicaux de rester entre eux depuis n’importe où) ou provoquent des débats incroyables sur des questions juridiques (qui s’intéressait au droit d’auteur auparavant ?), mais tout ça ne dit rien sur le son, enfin sur un son nouveau.

  12. By rxra on Avr 28, 2010

    @y0m

    « l’originalité musicale crée un mal aise qui se traduit bien souvent soit par des rires de moqueries soit par le rejet pur et simple. »

    je pense que c’était le cas à l’époque, non ?

    les gamins, au collège, qui rigolent si on leur montre (ou fait écouter dans le cas de la musique) un truc décalé/original ce n’est pas étonnant (et je ne leur jettes pas la pierre je pense que j’étais pareil).

  13. By rxra on Avr 28, 2010

    @jean-no … on est d’accord. la génération new wave a aussi un peu bénificier des débuts du numérique et des samplers. on le voit à la fin du docu avec notamment Martin L Gore (de Depeche Mode) sur un balcon entrain d’enregistrer des bruits pour jouer avec son sampler par la suite (séquence qui m’a bien fait « rire » car elle me rappel des interview que j’avais lu d’eux).

  14. By Bishop on Avr 28, 2010

    Il y a beaucoup de choses à dire. Pour répondre à la question il n’y a pas de musique du futur en 2010, surtout pas le dubstep d’ailleurs. Mais c’est surtout parce qu’il faut répondre à une autre question: Y a t il encore de la science fiction en 2010?

    Entre Punk (puis New Wave) et science-fiction il y a quand même eu un « moment », nouvelles vagues littéraires (jusqu’à ce nommer « cyberpunk » c’est quand même révélateur) associés aux avancées techniques dans le domaine de la musique.

    Ce qui est drôle c’est que certains membres de cette vague, ne s’intéressaient moins au punk/new wave qu’à la « véritable » musique du futur qu’était le Dub (William Gibson). C’est bien pour cela que quelque part si le Dubstep est une musique du futur c’est uniquement du point de vue uchronique…

    Je doute que la science fiction soit le genre du 21 eme siècle. Cela montre que le futur de se cristallise plus de la même manière aujourd’hui, et j’aurai envie de dire finalement: Qu’est devenu le futur en 2010?

  15. By Jean-no on Avr 28, 2010

    Il paraît qu’il se passe des choses en SF, on m’a vendu Greg Egan (mais ça commence à remonter à un peu quand même).
    Une chose souvent dite est que la SF actuelle – le cyberpunk et le post cyberpunk non ? – a une tendance à « vendre » un futur sans futur, c’est à dire un futur avec des périls, peu d’espoirs, et aucune possibilité de bouleversements sociaux, où ce qui compte c’est, individuellement, de vivre et survivre comme le disait ce philosophe dont le nom m’échappe.

  16. By y0m on Avr 28, 2010

    @rxra : je suis bien d’accord avec toi : à mon époque aussi, je rigolais face à quelque chose d’un peu décalé ou d’original … la grande différence c’est que les ados actuels ont un pouvoir d’achat bien plus grand que n’était le mien au même âge. Du coup, j’imagine que tous les artistes qui se positionnent (ou sont positionnés par leur maison de disque) sur le créneau des ados cherchent à éviter de surprendre.

    @Jean-no : Honnêtement, je connais assez peu les groupes dont tu parles même si certains noms résonnent dans ma mémoire … tu dis que ces groupes ne se sont pas faits manger artistiquement … n’est-ce pas parce que la pression du nombre de ventes était moins importante ? ou alors, elle l’était tout autant mais l’originalité vendait mieux … parce que le public y était plus ouvert ?

    @tous : Sinon, j’imagine que les premiers musiciens à avoir pu s’acheter des machines numériques (synthés, samplers …) ont dû rêver en les utilisant : ça ressemblait à des tableaux de bord de vaisseau spatial !

    Maintenant c’est démocratisé mais surtout, les interfaces logicielles comme matérielles se ressemblent toutes plus ou moins pour garantir une prise en main plus intuitive. Même si les potentiels sont énormes sur les machines ou les logiciels musicaux actuels, j’ai le sentiment que les interfaces induisent un type d’utilisation et mènent facilement « au même endroit » musical.

    Si on se souvient des premiers synthés où pour émettre le moindre son il fallait avoir épluché la notice ou bidouillé pendant un long moment, on se dit que la démarche était forcément différente. La recherche, l’expérimentation était rendues quasi-obligatoire par l’objet.

    Actuellement, on ouvre un logiciel de création musicale et il nous propose directement des presets, des grooves pré-enregistrés, des pistes portant déjà le nom des instruments qu’on est le plus susceptible d’utiliser … et on télécharge des banques de sons classés selon des styles musicaux …

    On gagne en efficacité … on perd probablement en créativité.

  17. By Bishop on Avr 28, 2010

    Greg Egan je ne connais pas, personnellement dans les récents il y a Robert Charles Wilson que j’apprécie (prix Hugo 2006).

    Il semblerait que les éditeurs soient de plus en plus frileux en ce qui concerne les livres de SFs, d’où une raréfaction des nouveautés en éditions de poche (ma bourse me permet pas de suivre les éditions grand format…).

    Il est en même temps très délicat d’évaluer l’actuel mais j’ai quand même le sentiment d’un déclin.

  18. By Jean-no on Avr 28, 2010

    @Bishop : j’ai lu une interview de Gérard Klein qui donnait l’impression qu’il avait du mal à trouver de bons trucs (particulièrement français) pour sa collection Présence du Futur. Il y a par contre une SF originale en BD, enfin si on peut dire SF : un truc de Lucie Durbiano, un autre de Sébastien Lumineau, le fameux Lupus,…

    @y0m : le documentaire donne l’impression que ces artistes n’ont pas eu l’impression de se faire manger, ils sont venus avec une musique que personne n’attendait et qui les a étonnés eux-mêmes et finalement ils ont à peine eu le temps d’exister (allez… cinq ans ?) qu’ils sont repartis. Beaucoup de trucs pourris se sont faits d’après eux (les productions Stock Aitken Watterman par exemple) mais j’ai l’espèce de sentiment ultra subjectif que la New Wave a gardé tout au long de son histoire une candeur véritable. Une fois la période passée, ils sont tous partis dans des trucs divers : acoustique et soul pour Eurythmics par exemple, deejaying pour certains, Rock industriel pour d’autres,…
    Les disques se vendaient ultra-bien, mais il y avait une sacrée différence avec aujourd’hui : le prix d’un disque était nettement moins élevé, il y avait les singles, et puis on était encore au vinyle, deux à trois fois moins cher à l’achat (mais plus cher à produire). Ceci dit ces artistes ne mourraient pas de faim, enfin ceux qui ont eu un « hit » ou deux.

  19. By Ysabeau on Avr 28, 2010

    La musique du futur-présent c’est soit du passé si on pense aux expérimentations d’un Stockhausen, dont beaucoup sont sans lendemain voire quasiment irrejouables. Soit on peut l’entendre par exemple le lundi soir sur France musique, et elle peut se concocter à’ l’IRCAM avec des formes sonores et un instrumentarium considérablement plus varié.

  20. By rxra on Avr 28, 2010

    hors sujet mais en parlant de Robert Charles Wilson, j’ai lu « Spin » est c’était plutôt bien (oui je sais c’est super constructif comme remarque). perso je ne suis pas un connaisseur de la « vrai SF » plus lu des trucs plus ou moins cyberpunk (gibson, spinrad, stephenson, sterling).

  21. By Bishop on Avr 28, 2010

    Il n’y a justement pas de « vrai SF » mais différents moments dans l’histoire du « genre » et beaucoup d’écrivains atypiques. D’ailleurs Jean-no m’a fait réalisé que de nombreux livres parmis les plus connus de la SF ne proviennent pas d’écrivains de SF (Orwell, Huxley)

  22. By rxra on Avr 28, 2010

    @bishop … oui c’est sur … dans ma tête la vraie SF est assez loin de nous donc souvant dans l’espace avec des vaisseaux et autres … plus de la hard SF comme on dit il me semble

  23. By Jean-no on Avr 28, 2010

    @rxra : il y a des tas d’écoles, la « hard science » de Campbell, la « new wave » de Brunner, Moorcock, Spinrad, Aldiss ; le « cyberpunk » bien sûr… Et puis le « space opera » plein de vaisseaux dans tous les sens. C’est un genre riche en sous-genres, en époques, où les préoccupations diverses (sociologie, politique, prospective, technologie) prennent plus ou moins d’importance selon les moments et les auteurs…
    J’ai du mal à me tenir suffisamment au courant pour savoir ce qu’est la SF de 2010 et ce qu’elle a de spécifique. Bien sûr, les effets visuels font qu’on n’a jamais eu autant de SF au cinéma, mais les visions du futur qui changent nos perspectives d’un coup, je me demande où elles sont passées.

  24. By Jean-no on Avr 28, 2010

    En fait depuis le Cyberpunk on a l’impression que le seul horizon futuriste du moment, c’est Tokyo. Mais j’apprends avec enthousiasme, après Nollywood et District 9 l’existence d’un court métrage de science-fiction africaine prometteur, Pumzi.

  25. By david t on Avr 28, 2010

    la question est un peu retorse. si on me demande «qu’est-ce qui est pour vous la musique du futur?» alors je répondrais également que certains albums dubstep, mais aussi, de manière plus générale, certains artistes de musique électronique depuis les années 1990 (autechre, plaid, snd, richard devine…).

    mais en lisant certains commentaires, je crois que ce que l’on veut vraiment savoir ici est: quelle musique s’inspire de la science-fiction ou en tout cas d’une «esthétique du futur»? ce qui pour moi est une question un peu vaine, parce que cette esthétique est, justement, quelque chose de nostalgique, le souvenir d’une naïveté passée qui n’a, en effet, plus cours aujourd’hui.

    en d’autres mots, le «futur» que l’on appelle ici de ses voeux est le futur d’une génération passée ou plus. le futur d’aujourd’hui est certainement de nature (et d’esthétique) toute différente et il n’est pas certain que ce soit la science-fiction qui le véhicule.

    j’en profite quand même pour vous diriger vers le projet sine fiction (auquel j’ai participé indirectement) dont l’objectif était de créer des trames sonores pour des romans de science-fiction. ça ne répond pas non plus à la question mais c’est gratuit.

  26. By Cld on Avr 29, 2010

    Au delà une fois d’un travail documentaire remarquable et maîtrisé, c’est bien la question finale qui est intéressante : quand les époques se rejoignent, constate t’on les mêmes émergences créatives. Il est vrai que la new wave et house/techno émergent a des endroits particuliers (Manchester/Liverpool/Detroit/Chicago) qui ont en commun un déclin industriel amplifié par les politiques reagan et Thatcher. On sait aussi le foisonnement du cinéma de science-fiction delà fin des années 60 au début des années 80. C’est donc peut être une erreur de mettre la sf comme inspiration de la new wave, car cf sont des formes qui probablement s’alimentent, s’inspirent mutuellement aussi, même s’il y a jn léger décalage temporel. Pour ce qui d’une musique du futur, il faudrait probablement chercher dans la poursuite d’une diversité et d’une hybridation : si la musique électronique a probablement facilite la decloisement des genres ( la notion de genre même a l’intérieur de la musique électronique est insensé), il faut considérer a la suite donc bien poursuite du decloisement et hybridation culturelle ( musique de tout style, tout genre et tout horizon culturels)…. N’oublions pas la bande-son de Blade runner dans lequel la langue parlée dans la rue mélange toutes les langues. Constatons aussi le retour en force de la voix, avec évidemment le rap qui constitue un puissant moyen d’expression que se reapproprie la jeunesse du monde entier, de Lhassa à Buenos Aires en passant par Clichy. Enfin, même si phénomène massif de marchandisation il y a, la musique ne cesse de foisonner, de se réinventer, de se porter en dérision, etc. Et la musique est définitivement universelle.

  27. By Jean-no on Avr 29, 2010

    @Cld : les musiciens avaient l’impression que leur son était futuriste, ce qui est une donnée intéressante (et attendrissante : à présent, ce futur fait très eighties). Je manque sans doute un peu de renseignements, ma conscience de grands mouvements musicaux populaires (j’insiste sur le populaire) s’arrête à la techno-house-trip-hop et à la world music (qui a toujours existé évidemment mais qui a eu une grande période au début 1990s). Pour le reste je vois beaucoup de mélanges, de mash-ups habiles, de perpétuation de mouvements anciens (le rock, le « R’n’b » ou le rap actuel s’appuient sur des acquis anciens). Mais bon, il faut aussi que j’aie l’honnêteté de reconnaître que je suis un petit peu trop âgé pour être certain d’être dans le coup :-)
    @DavidT : j’ai vraiment l’impression que la croyance dans le futur, enfin dans un futur qui serait autre chose et pas seulement un perfectionnement du présent, est une idée qui a disparu. Et dans un sens ça m’angoisse un peu. Le futur était une évidence en 1980 (un futur pas forcément gai), et même dix ans plus tard (monde mondialisé, écologie), mais aujourd’hui, je sens un repli. C’est peut-être particulier à la société française ou à la plus grande partie de l’Europe, je ne sais pas.

  28. By Bishop on Avr 29, 2010

    @ David t, la question est à la fois double, elle est musicale et « philosophique ». Il y a à la fois l’idée, la croyance, de faire une musique « nouvelle », futuriste à certains égards et les interrogations autour de ce « futur ».

    Il y a donc un jeu entre la forme et ce que cela porte sur le fond. C’est à ce niveau là que pour moi le dubstep n’est pas une musique du futur, on y retrouve toute la techno ambiant anglaise des années 90 et le dub fusionné. Ce qui est amusant, et ce qui du coup prête à confusion, c’est que ces deux genres avaient cette approche doublement futuriste (Qu’un groupe se nomme « Future Sound of London » ce n’est pas anodin, et le dub envoyait les thèmes religieux du reggae par-delà les machines et l’atmosphère).

    Cela ne retire rien aux qualités intrinsèques du dubstep mais il n’y plus vraiment ce double jeu, et je rejoins Jean-no sur la croyance du futur…

    Après on a toujours des contre-exemples comme l’année dernière The Juan MacLean et son « The Future will come »… sauf que c’est une disco-electro pas forcément moderne, avec une esthétique pour l’artwork proche de THX 1138 de Lucas… On flirte encore avec l’uchronie.

  29. By cld on Avr 29, 2010

    Il faudrait aussi s’accorder sur la définition voulue de « musique futuriste » :

    Une musique qui « évoque » quelque chose de futuriste ? Une forme de musique qui « émergera » dans le futur ?

    Si l’on considère une musique qui évoque le futur, alors tout dépend de la vision du futur de l’auteur. Un exemple : sombre = hardcore, éthérée=new age, décervelée = easy listening, transglobale = technofolk, déshumanisé = musique électronique minimale, etc. (attention, c’est un exemple…)

    Si l’on considère une nouvelle émergence de forme, il sera difficile de refaire le coup de l’amplification (rock’n roll), du sampling (Pierre Schaeffer, la house music, le hip-hop, etc.), de la synthèse (synthés à gogo : new wave, disco, etc.), et de l’algorithmique (drum and bass, composition algorithmique, etc.). Néanmoins, on va s’améliorer dans la connaissance de la musique comme perception du corps et de l’esprit (on dira le cerveau pour faire plus facile), et d’autres choses émergeront. Les outils vont évoluer pour permettre de concilier le geste et l’idée. Déjà les interfaces évoluent, déjà les approches traditionnelles ou classiques se nourrissent des feedbacks qu’offre la machine et les possibilités d’enregistrement, de correction, etc.

  30. By Bishop on Avr 29, 2010

    Il y a la technique et il a aussi l’usage. Quand Kraftwerk ou même les Beatles commencent à découper des bandes magnétiques pour faire mumuse on est loin de Pierre Schaeffer, ou de Steve Reich et c’est justement ce qui crée une « nouveauté » malgré la technique déjà connu.

    La techno de Detroit n’invente techniquement rien, mais utilise la musique électronique d’une manière très spécifique dans un milieu précis.

    Après on peut se battre sur les définitions, c’est autant une idée, un ressenti, qu’un consensus.

    Ou sinon Jean-No il faut renverser la perception de la question, peut-être que l’idée du futur était une « anomalie » spécifique du 20eme siècle et qu’on arrive à une situation semblable à celles d’avant ou cette question était moins essentielle.

  31. By robo32ex on Avr 29, 2010

    il y avait pas mal d’idées futuristes dans les courants computistes de la fin 90 / 2000 – que ce soit la digi-noise, le charcutage de données, les variantes extrêmes du glitch, le broken-bit, le drill, etc. mais l’ensemble n’a jamais vraiment abouti à quelque chose de concret… en tout cas, pour l’instant…
    Quant aux effets les plus efficaces du genre (sample n hold, compression, synthèse granulaire), ils ont été recyclés dans la production mainstream actuelle sans pour autant remettre en cause les vieux schémas musicaux.
    il y a aussi le fait qu’aujourd’hui le futur est devenu totalement retro. rxra parle de dopplereffekt et arpanet, david t cite plaid mais ces projets restaient ancrés dans une esthétique très années 80 (plaid, je pense surtout au 3eme album mais le groupe n’a pas trop évolué depuis – cela reste de petites symphonies synthétiques enrobées à coup de patches modernes façon autechre doux…)
    on peut aussi parler de l’explosion 8-bit des dix dernières années et du circuit-bending. vieilles interfaces, nouvelles (?) formes… c’est un futur de brocanteur, presque.

    mais après, Gary Numan, Fad Gadget, Devo étaient-ils si futuristes que ça ?
    certes, ils citaient des auteurs de SF mais leur musique était plus « moderne » que « futuriste », avec un lourd héritage kraut et punk derrière… un peu comme Sigue Sigue Sputnik, toute une esthétique du futur au service de formes anciennes, remodelées, remises au gout du jour et selon le gimmick du moment… non ?

    quant à la SF en littérature, je me suis toujours demandé pourquoi elle ne causait jamais de musique… en tout cas, de musique futuriste…

  32. By Jean-no on Avr 29, 2010

    @Bishop : L’idée que l’envie de futur soit juste une époque m’angoisse :-)
    @Robo32ex : Pas mal de rétro-futurisme ces temps-ci, et notamment inspiré par les années 1980 (genre 1982 par Miss Kittin & The Hacker), le 8 bits etc. Je ne pense pas que la musique Synth-pop 80s était la musique du futur (le présent ne peut pas être le futur, fatalement) ni qu’il y avait une originalité musicale si grande – l’originalité est venue presque par hasard des limites des instruments. Ceci dit les thématiques et les paroles sont souvent étonnamment sombres ou incongrues, et les mélodies tiennent bien la route comme l’ont prouvé les reprises nombreuses.
    Je ne vois pas de musique en littérature SF. Par contre j’en vois que j’aimerais oublier en ciné SF : l’orchestre de Tatoine dans Star Wars ou la chanteuse du 5e élément, c’est un peu trop pour moi :-)

  33. By Bishop on Avr 30, 2010

    Gibson a de nombreux trips inspirés par le dub, et j’ai le souvenir de nombreux bouquins parlant de musique (enfin je dois avouer le tout est un peu flou), dont quelques scènes ridicules de descriptions de « concerts du futur ».

  34. By Philippe Dumez on Mai 4, 2010

    C’est le paradoxe de notre époque: à l’heure où le nombre de médias a explosé depuis l’apparition des blogs et où les artistes ont le moyen de diffuser directement leur musique via fertilizer, soundcloud & co, il n’y a pas de courant réellement novateur qui est apparu.

    Comme si la créativité était plus une affaire de contraintes que de facilités. Vous me ferez 5000 signes sur le sujet pour demain, monsieur Lafargue.

  35. By Jean-no on Mai 4, 2010

    @Philippe : 5000 fois le même signe ou ça doit être des signes différents ?
    Note que pour qu’un courant apparaisse, sauf exception, il faut un rapport au « territoire », il faut un foyer actif , genre Bristol, Liverpool, Amsterdam, Chicago, le Bronx ou euh Limoges. Quoique mes britanniques post punk sont justement une exception, parce qu’ils étaient bien britanniques mais pas d’un endroit précis.
    Maintenant, tout changera quand les musiciens pourront faire des boeufs sur Internet, là, peut-être qu’il y aura un tout nouveau rapport au territoire pour les musiciens.

  36. By Vassili on Sep 14, 2011

    Les plus grands thèmes musicaux futuristes: « Ich ruf’ zu dir, Herr Jesu Christ » de Johann Sebastian Bach, « Also sprach Zarathustra » de Richard Strauss, et le « Requiem » de György Ligeti ;)

    Plus sérieusement, si il faut vraiment que ça sonne « futuriste », à grand coups de Moog et fils: la musique de Stalker par Edouard Artemiev.

    P.S. On dit Wendy Carlos de nos jours ;)

  37. By WX on Avr 24, 2014

    Il faut chercher dans la dark wave allemande…

    J’ai critiqué certains groupes sur mon site !

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  2. Mai 6, 2010: Klaus Nomi #1: The New York Song | Substance M.

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