Profitez-en, après celui là c'est fini

Mes séquences de cinéma #4 : L’homme qui en savait trop

avril 8th, 2010 Posted in Scènes choisies

De la seconde version de L’Homme qui en savait trop (1956), par Sir Alfred Hitchcock, on retient souvent une scènes forte, celle de l’attentat, pendant laquelle un tueur attend le moment le plus bruyant d’un concert au Royal Albert Hall pour assassiner un chef d’état en visite. D’autres scènes du film sont mémorables, comme celles où Mme McKenna (Doris Day) chante Que Sera, Sera dans une ambassade pour détourner l’attention tandis que son époux Ben (James Stewart) explore les étages à la recherche de son fils kidnappé au Maroc par un couple d’espions qui veulent être sûr qu’il ne révèlera à personne ce qu’a pu lui dire un dénommé Louis Bernard (Daniel Gélin) avant de mourir assassiné.

Ma scène favorite est celle où Ben McKenna se rend chez un taxidermiste du nom d’Ambrose Chappell — nom qui lui a été donné par Louis Bernard. La séquence est d’une grande habileté cinématographique car elle installe une ambiance inquiète en quelques plans. On voit d’abord McKenna sortir d’un taxi, payer, puis commencer à marcher. Il est aux aguets et se retourne régulièrement pour voir s’il n’est pas suivi. Lorsqu’il arrive au moment où le plan le montre à la taille, la caméra qui était fixe se met à avancer avec lui, au fil de ses hésitations et de ses changements de rythme. Plus il avance et moins on voit le décor, il n’est plus de face mais de trois-quart. James Stewart joue extrêmement bien dans cette scène, on le voit scruter devant lui, derrière lui… La rue est vide et extrêmement silencieuse mais les mouvements de caméra lui donnent une intensité étonnante qui correspond à la situation du héros du film.

McKenna aperçoit un homme derrière lui. Il décide de s’arrêter au coin de la rue et fait mine de regarder sa montre pour laisser l’homme le dépasser. Le passant traverse la rue de manière décidée, sans se soucier de l’homme qui le suit, et se rend vers une porte où est écrit Ambrose Chappell. McKenna s’engage à son tour derrière cette porte. L’homme a disparu, mais il découvre un passage discret. Là aussi, la caméra alterne des plans qui précèdent l’homme au rythme de sa marche avec des plans en vue subjective qui nous montrent ce qu’il voit.
La scène est muette, on n’entend rien d’autre que les pas de McKenna. Les mouvements de caméra, par leurs accélérations et leurs décélérations, permettent au spectateur de savoir exactement tout ce que pense le docteur McKenna, tiraillé entre la prudence que lui impose sa situation et l’impatience qu’il a de libérer son fils.

  1. 2 Responses to “Mes séquences de cinéma #4 : L’homme qui en savait trop”

  2. By PCH on Avr 9, 2010

    Le type qui arrive s’arrête quand même presque lorsqu’il double James et lorsqu’il prend le petit chemin, il se retourne à nouveau, comme pour indiquer qu’il faudrait le suivre… Et aussi, aussi sûrement que les plans subjectifs, la musique indique l’état disons mental (un peu dramatique, un peu lourd, tendu, risqué) du héros (heureusement, il fait jour hein…).

  3. By Jean-no on Avr 9, 2010

    Le type qui arrive a une progression étrange c’est vrai, mais c’est très sensible.

Postez un commentaire


Veuillez noter que l'auteur de ce blog s'autorise à modifier vos commentaires afin d'améliorer leur mise en forme (liens, orthographe) si cela est nécessaire.
En ajoutant un commentaire à cette page, vous acceptez implicitement que celui-ci soit diffusé non seulement ici-même mais aussi sous une autre forme, électronique ou imprimée par exemple.