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Mes séquences de cinéma #3 : Frankenstein

avril 8th, 2010 Posted in Scènes choisies

Le Frankenstein de James Whale (1931) est un classique du cinéma fantastique. L’époque, qui est aussi celle de l’explosion du cinéma « parlant », est riche en films de ce genre devenus des références : Dracula (1931), La Momie (1932), King Kong (1933), auxquels on s’ajoutent plusieurs films de James Whale tels que The old dark house (1932), l’Homme invisible (1933) et La fiancée de Frankenstein (1935). Ces films, généralement à gros budget, contiennent souvent des effets spéciaux évolués qui cherchent à donner l’illusion de vérité plutôt que de se contenter de produire des images féériques. On peut dire que cette période a cristallisé une certaine approche du cinéma fantastique, très éloignée des films à trucs de Méliès autant que du cinéma expressionniste de Murnau ou de Fritz Lang.
Deux scènes me semblent vraiment inoubliables dans ce Frankenstein. Elles sont liées par un personnage, celui de la petite Maria.

La créature, qui a échappé à la vigilance du docteur Frankeinstein, s’approche d’une maison située le long d’une rivière (on notera ici l’emploi de décors naturels). Maria y est seule car son père vient de partir. Lorsque le monstre s’approche de la petite fille, celle-ci n’a pas peur de lui et le prend par la main. Elle lui montre sonjeu : elle cueille des fleurs puis les jette dans l’eau. On n’avait jamais fait preuve de la moindre sympathie pour la créature, qui sourit avec tendresse et semble éprouver le plus grand bonheur. Mais lorsqu’il ne se trouve plus de fleurs à jeter à l’eau, désemparé, le monstre se saisit de la fillette et l’envoie dans la rivière. Elle était ce qui se rapprochait le plus d’une fleur, selon son jugement. L’homme reconstitué comprend très rapidement son erreur mais ne sait comment la réparer et assiste avec horreur à la noyade de l’enfant. Il s’enfuit à nouveau.
Cette scène a longtemps été censurée et n’a pu être vue par le public américain qu’en 1986.

La seconde scène, qui intervient plusieurs minutes plus tard, en découle. On y voit le père de la petite Maria, les bras chargés par l’enfant morte, qui marche en direction de l’hôtel de ville. Son regard semble fixer le vide mais son pas est déterminé. Dans le village, on prépare une fête — les noces de Henry Frankenstein, justement.
La séquence pendant laquelle l’homme en deuil parcourt la ville est très réussie : sur son passage, la fête cesse, c’est à dire que lorsqu’il dépasse des danseurs, des musiciens ou des gens joyeux, le silence se fait. Les choses se passent comme si les gens du village ne voyaient le père de Maria que lorsqu’ils apparaissent à l’écran, ce qui me semble une mise en scène très habile. L’opposition entre la joie populaire et la douleur d’un seul père est très puissante. La foule en silence se met alors à suivre l’homme qui réclame vengeance.

  1. One Response to “Mes séquences de cinéma #3 : Frankenstein”

  2. By jeromeM on Mai 28, 2010

    C’est très captivant de présenter les images du film de la sorte.

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