Profitez-en, après celui là c'est fini

Mes séquences de cinéma #2 : Gumnaam

avril 7th, 2010 Posted in Scènes choisies

J’ai connu cette scène par un autre film, Ghost World (2001), de Terry Zwigoff d’après une bande dessinée de Dan Clowes.
Enid, une des deux héroïnes de Ghost World, était montrée regardant un film indien sur une chaîne câblée. Fasciné, comme l’a sans doute été le réalisateur de Ghost World, j’ai cherché de quel film la séquence était extraite et je me le suis procuré en DVD1.

Il s’agit de Gumnaam (Raja Nawathe, 1965), un film policier « bollywoodien » inspiré des Ten little indians d’Agatha Christie2 : mystérieusement invités sur une île, des gens meurent violemment l’un après l’autre. Le coupable est vraisemblablement l’un d’eux, mais lequel ? Le film n’est pas extraordinaire mais la plupart de ses scènes chantées le sont.
Comme la quasi totalité des films indiens, celui-ci est ponctué de scènes de musique et de danse. La séquence d’ouverture — celle qui nous intéresse — ne se situe pas sur une île déserte mais dans une boite de nuit.

Le public attablé, les danseurs et le chanteurs portent tous des masques — des loups, précisément — et sont vêtus à l’occidentale. La musique est d’époque, l’ambiance est très « twist », mâtiné de West Side Story peut-être (coiffures et costumes des hommes, robes des femmes).

Les film est mal étalonné, on perçoit les changements de pellicule y compris en cours de séquence. La chanson, intitulée Jaan Pehechan Ho (qu’on peut apparemment traduire par : Nous devrions apprendre à nous connaître) est interprétée par Mohammed Rafi — un des plus importants chanteurs indiens, décédé en 1980. Mohammed Rafi était un homme jovial et doté d’un léger embonpoint. L’acteur qui le double à l’écran3 est doté d’un physique sec et semble monté sur ressorts. Il roule des yeux en souriant à la manière d’un dément, ce qui fait de lui une sorte de Little Richard indien.

La chorégraphie peur sembler approximative mais elle est enthousiaste, parfois brutale et d’une énergie croissante qui amène finalement le chanteur et la principale danseuse à un état de transe. La danseuse, Laxmi Chhaya, ajoute à l’ensemble des mimiques d’une expressivité outrée qui rappelle le cinéma burlesque.

  1. Mon fournisseur en films indiens est Nehaflix, site américain qui me semble avant tout cibler la diaspora indienne. Les frais de port vers la France sont importants mais les films sont en revanche peu chers. []
  2. Ce roman d’Agatha Christie, paru en 1939, édité en France sous le titre Dix petits nègres (inspiré d’une comptine du même titre), a changé trois fois de titres en anglais, pour cause de Political correctness : Ten Little Niggers, Ten Little Indians, et à présent And Then There Were None. []
  3. Dans les films indiens, les chanteurs n’apparaissent généralement pas à l’écran, ils doublent des acteurs-danseurs. Plus étonnant, la majorité des chansons est interprétée par un nombre extrêmement réduit de chanteurs. Mohammed Rafi aurait par exemple enregistré 25000 chansons, mais il est battu par Lata Mangeshkar, que l’on crédite de 50 000 enregistrements. Lata Mangeshkar chante d’ailleurs dans Gumnaam, tout comme sa sœur Asha Boshle. []

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