Profitez-en, après celui là c'est fini

La barbe et la lucarne

décembre 11th, 2011 Posted in Écrans et pouvoir, Les pros

Les féministes du collectif La barbe arborent un postiche pour perturber des réunions publiques (une convention du parti au pouvoir, par exemple) en félicitant les intervenants de leurs efforts pour pérenniser la domination masculine et en brandissant des slogans tels que « le racisme c’est bien, le sexisme c’est mieux ». L’humour grinçant de ces happenings est plutôt bienvenu, quoique, en tant que vaguement barbu, il me fasse tiquer sur la forme — qu’est-ce qu’ils ont fait de mal, les barbus ? —, mais c’est une autre affaire1.

Le 9 décembre, deux représentantes du collectif étaient invitées au Petit Journal de Yann Barthès, sur Canal+. Le Petit journal est une émission de divertissement qui traite de l’actualité avec une certaine légèreté et tourne les médias et la classe politique en dérision, en montrant par exemple les coulisses d’une interview, ou en comparant des discours actuels à d’autres plus anciens. D’abord simple rubrique du Grand Journal, le Petit Journal est devenu une émission à part entière cette année. Derrière le divertissement, cette émission révèle parfois de petits moments de vérité quant à la manière dont sont fabriquées les représentations de l’actualité, mais son fonctionnement un peu répétitif et ses tics font de ce programme une sorte de tribunal professionnel qui ne cherche pas tant à nous expliquer le monde qu’à sanctionner ceux qui ne respectent pas au mieux la règle du jeu : ceux qui bafouillent, ceux qui hésitent, ceux qui se contredisent, ceux dont les bons mots tombent à plat, etc.
Lorsque Le Petit Journal permet un décryptage édifiant des médias et de la communication politique, c’est par simple accident collatéral, car son effet véritable est au contraire de pousser chacune de ses cibles à plus de professionnalisme médiatique, à plus de « fluidité », à mieux respecter les règles du divertissement : que rien n’accroche, que rien ne gène, ne perturbe, que l’on affirme plutôt que de se poser des questions, que l’on parle plutôt que de réfléchir, que l’on se complaise dans sa caricature, dans son rôle, plutôt que de surprendre véritablement. Je ne pense pas que ç’aient été les intentions initiales du Petit Journal, mais le résultat est bien là : seul compte le spectacle et un couperet impitoyable s’abat sur ceux qui ne se plient pas à sa morale.

Le Petit Journal a régulièrement des invités, qui sauf erreur ou oubli de ma part (je ne le regarde pas tous les jours ceci dit) sont exclusivement issus du monde médiatique, qu’il s’agisse de journalistes, de bêtes politiques du petit écran, ou tout simplement de gens qui aiment se trouver devant les caméras, comme un « hacker médiatique » qui, depuis plus de quinze ans, se débrouille pour apparaître parmi les badauds anonymes devant les lieux où sont postées des caméras et qui expose régulièrement un avis plat et banal (donc fluide, donc incapable d’apporter des informations, donc télévisuel) à ceux qui lui tendent le micro2.
Le collectif La Barbe utilise le spectacle comme mode d’action et il était presque logique de les inviter au Petit Journal. Sauf que le sujet de La Barbe est un vrai sujet, d’une part, et que, d’autre part, leur recours au happening et leur discours sont loin d’être aussi professionnels qu’il l’aurait fallu pour profiter d’une connivence médiatique de la part de ce qui est devenu, bon gré mal gré, la cour d’assises du divertissement politique et médiatique. La séquence n’a duré que six minutes mais elle s’est extrêmement mal déroulée, plaçant les spectateurs dans une atmosphère d’inconfort et de malaise : il est absolument rarissime que des chaines nationales présentent à une heure de grande écoute des invités qui ne soient pas puisés dans le réservoir de ce que les professionnels du domaine appellent les « bons clients », c’est à dire des gens qui parviennent à participer au flux médiatique sans hésitations, sans contretemps, qui sont capables d’entretenir le jeu de domination et de séduction qui caractérise la parole dans les émissions de grande écoute à la télévision et à la radio, et qui, tant qu’à faire, acceptent sans trop protester la place arbitraire qu’on leur attribue : expert pointu, expert en tout, amuseur, râleur, etc.

On remarque au passage que seul le présentateur a le droit d’aller chercher la complicité du spectateur en regardant la caméra en face…

Infortunées Céline et Amélie (les deux jeunes femmes qui cachent sous « une barbe un peu moche » des « visages qui ne sont pas moches », selon leur intervieweur), donc, qui sont allées se fourvoyer sur le plateau d’une émission où l’on n’avait pas prévu qu’elles aient l’idée de s’attaquer à la manière dont est dirigée la chaîne Canal+ (comme l’a écrit Pierre Bourdieu en son temps, les médias exigent que personne d’autre qu’eux-mêmes ne fasse la critique de leur fonctionnement), où il n’était pas convenu qu’elles osent répondre à des questions par d’autres questions ni qu’elles esquiveraient les perches tendues telles que la dernière question posée par Yann Barthès qui demandait en substance aux jeunes femmes de rassurer les hommes en affirmant qu’elles ne leur voulaient pas de mal (« pouvez-vous dire aux hommes que vous n’avez rien contre eux ? »).
Ce genre de séquence, que la télévision fait tout pour éviter, est une puissante cause de stress pour le spectateur mais n’en est pas moins instructive en ce sens qu’elle permet de comprendre la nature même des médias audiovisuels de masse et leur incapacité à accepter ce qui sort du format. Bien sûr, tout cela est contenu depuis bientôt cinquante ans dans la célèbre affirmation de Marshall McLuhan, « le message, c’est le médium ».
Lorsque les invités d’une émission causent du déplaisir et du stress au public, celui-ci est aussitôt envahi par des pulsions qui vont de la commisération (« les pauvres, elles ont eu le trac, elles sont intimidées ») à une forte agressivité, et ce indépendamment du fait de souscrire ou non au message qui entendait être transmis. Le message peut d’ailleurs pâtir de la manière dont il est représenté, comme le suggère Sophie-Pierre Pernaud quand elle conclut un article sur cette édition du petit journal par une question à ses lectrices : « Te sens-tu trahie par la cause féministe après avoir regardé leur intervention qui frôle l’humiliation ? »

On peut adopter de nombreuses stratégies. On peut, comme certains, refuser de s’exprimer dans les médias audiovisuels de masse. On peut, comme André Gunthert, s’engager sciemment dans le piège pour étudier le fonctionnement de la machine médiatique. On peut, comme Jean-Luc Mélenchon ou Jean-Marie Le Pen3, accepter le jeu médiatique comme un défi à relever, presque une bataille (bataille qui doit se mener avec sérénité et assurance, cependant : l’agressivité non-victorieuse est toujours punie dans ce genre de cas). On peut, comme beaucoup de politiques de premier plan, imposer aux intervieweurs un contrat extrêmement clair et connaître par avance toutes les questions qui seront posées.
Mais j’ai peur qu’on ne puisse plus espérer faire passer des idées sur ce genre de support sans un minimum de préparation et de connivence. Le public, et je m’inclus dans cette catégorie, n’est absolument plus capable de le supporter nerveusement.

Rien à voir, quoique…

L’événement du jour sur les réseaux sociaux (qui, comme les médias, aiment bien parler d’eux-mêmes), c’est la découverte que François Fillon, toujours premier ministre, fréquente Twitter de manière discrète sous le nom @fdebeauce. Que des dirigeants politiques se faufilent dans la plèbe avec l’espoir d’y entendre en personne ce qui se dit loin de leur regard n’a rien de neuf : après tout, le mot incognito nous vient de l’antiquité romaine et on ne compte pas les anecdotes de ce genre au fil de l’histoire humaine. Ne pas se faire connaître est une manière de s’informer autrement que par le filtre des membres de cabinet, des collaborateurs, des flatteurs, des services secrets, des médias ou des sondages, qui ont tous un intérêt à maîtriser le contenu des informations qu’ils fournissent et très peu de raisons d’être honnêtes. Je ferais tout de même remarquer à l’intéressé même s’il ne me lira pas, que les quarante-trois personnes dont ils suit les tweets sont exclusivement des journalistes ou des politiques, population qui s’exprime généralement à titre professionnel, voire officiel, qui constitue une classe sociale à part entière et n’est donc représentative que d’une partie mesquine de la société française, mesquine quoique déjà bien favorisée par les médias, qui sont son milieu naturel. L’intérêt de Twitter réside à mon sens dans sa capacité à permettre à des mondes différents d’entrer, même de manière très temporaire, en friction.

  1. N’importe quel iconologue ou sémioticien peut témoigner de la richesse sémantique des attributs pileux (barbe taillée, négligée, avec ou sans moustache, barbe d’instituteur socialiste, barbe salafiste, barbe du sage, barbe du patriarche, bouc second-empire, etc.) et il me semble maladroit de s’emparer de ce symbole sans précautions… []
  2. À rapprocher des Apparitions de l’ami Matthieu Laurette, qui s’est débrouillé pour se trouver filmé parmi le public de diverses émissions (Frou frou, Tournez manège, etc.), et qui a ensuite tiré de ces images des montages qui isolent ses apparitions.   []
  3. Politiquement, Mélenchon et Le Pen sont aux antipodes l’un de l’autre mais il est intéressant que les journalistes les associent si naturellement alors que ne les rapprochent que des détails formels, tels que la (rare) capacité à s’exprimer dans un français correct et le fait de ne pas accepter de se laisser dominer par les intervieweurs tout en étant suffisamment séduisants ou intéressants pour que lesdits intervieweurs ne résistent pas à l’envie d’essayer de s’y frotter tout de même. []
  1. 32 Responses to “La barbe et la lucarne”

  2. By Wood on Déc 11, 2011

    Moi je vois les fausses barbes comme une allusion au film des Monty Python « The Life Of Brian », où les femmes sont obligées de porter une fausse barbe pour assister à une lapidation réservée aux hommes. Les membres du collectif La Barbe arbore de même un postiche pour signifier qu’il leur semble que l’évènement auquel elles sont venues assister est interdit aux femmes.

  3. By Jean-no on Déc 11, 2011

    @Wood : je ne pense pas que ça soit voulu (pas trouvé de références à ça) mais c’est vrai que l’effet est exactement le même :-)

  4. By Clémentine on Déc 11, 2011

    Cet article est frappant de vérité. Vous avez su analyser merveilleusement cette gêne que j’essayais d’analyser moi-même et je comprends mieux ces déferlements de haine sur facebook entre autres (depuis vendredi j’ai essayé de répondre mais ils et elles n’arrêtent pas). Elles sont précisément allées à l’émission dans le but de ne pas jouer le jeu médiatique et vous avez très bien cerné la chose!
    Et pour les barbes, c’est l’idée oui, par contre je n’étais pas là à la création donc je ne saurais dire si les Monty Pythons y sont pour quelque chose :)

  5. By Joël on Déc 11, 2011

    Très intéressant post, qui donne à réfléchir. J’ajouterais tout de même :

    – que si les représentantes de la Barbe ont été invitées, c’est précisément parce qu’elles sont habituellement de bonnes clientes : leur action est formatée pour pouvoir fournir des images fortes, de quelques secondes, aux JT et autres émissions d’info-divertissement. Ici, le malaise provient peut-être du fait qu’elles semblent avoir rompu le pacte implicite passé avec les médias.
    – Que le malaise ressenti par beaucoup de gens plutôt sympathisants de la cause défendue par la Barbe provient sans doute du fait que cet exercice a donné pleinement à voir une réalité : ce groupe, comme tant d’autres, prospère dans une forme d’homologie avec ce qu’il dénonce.
    – Ce qui m’a personnellement interrogé dans cette séquence, c’est le passage sur le FN (« non on n’intervient pas au FN, c’est un non-sujet »). Il y avait beaucoup de bons arguments à fournir pour justifier de ne pas intervenir aux réunions du FN (par exemple, ne pas vouloir leur faire de la pub), mais le refus de s’expliquer crée un malaise un peu pénible.

    -Enfin, en ce qui concerne le Premier ministre, il a dit lui-même (au député Tardy si je ne m’abuse) qu’il n’était sur twitter que pour surveiller ce que disent ses ministres. Logique qu’il ne suive qu’eux donc…

  6. By Clémentine on Déc 11, 2011

    Oui pour le FN en général on a pas besoin de justifier, tout le monde comprend qu’on veuille ni leur faire de la pub, ni se faire casser la gueule (vu comme l’ump était sympa j’imagine le FN), ni s’attarder sur un parti qui ne le mériterait pas

  7. By Jean-no on Déc 11, 2011

    @Clémentine : ah oui j’ai oublié de m’attarder sur cette histoire de FN (qui m’a pourtant suscité un passage sur Le Pen). En fait ça posait un problème ne serait-ce que parce qu’on attend à la télé de se faire servir le cliché FN == repoussoir universel (je connais une histoire vraie de série TV dont un épisode traitant des sectes a été réécrit pour que le méchant soit l’extrême-droite : un méchant convenable, qui n’amène pas trop de protestations de la part du public), qui est aussi une manière de dire « il y a toujours pire, il y a le FN ». L’erreur des représentantes de la Barbe est de ne pas avoir dit que le FN n’était pas un parti de gouvernement, d’une part, et que d’autre part il est difficile d’en parler en s’en tenant à cet aspect des choses. Par ailleurs dire « c’est le seul parti auquel vous ne vous attaquez pas » est sans doute une attaque assez injuste de la part de Barthès : est-ce que Dupont-aignan, les trotskystes divers et variés ou le PC sont tracassés ?

  8. By Wood on Déc 11, 2011

    Se méfier des « tous le monde comprend que… », surtout à la télé.

    Il y en a toujours qui ne comprennent pas, et souvent plus qu’on croit.

  9. By Jean-no on Déc 11, 2011

    @Wood : amen ! Personne ne comprend jamais rien :-)
    Les gens voient si ce qu’ils perçoivent correspond à ce qu’ils croient déjà, et quand ça n’est pas le cas, ça les perturbe :-)

  10. By André Gunthert on Déc 11, 2011

    Merci pour ce billet qui analyse très justement le fonctionnement du Petit Journal.

    Je n’avais pas vu la séquence de la Barbe, et ne l’ai visionnée qu’après la lecture de ce billet. Du coup, le sentiment de malaise a été très amoindri. OK, elles n’ont pas joué le jeu – ça ne m’a pas paru si grave… L’impression de tension est-elle liée à la perception live, à l’impression diffuse que quelque chose peu déraper et que, comme lors d’un repas en famille, on a tendance à se mettre du côté de la maîtresse de maison, à qui on voudrait bien éviter l’esclandre? ;)

  11. By Jean-no on Déc 11, 2011

    @André : Les américains appellent le présentateur un « host », un hôte (mais ils n’ont pas l’étrange double-sens qu’on a en français il me semble). C’est un peu l’idée c’est vrai, on est du côté de celui qui reçoit. On remarque ça aussi sur les forums, dans les commentaires de web, etc.

  12. By jb on Déc 11, 2011

    J’aime assez le Petit Journal mais c’est plutôt Yann Barthès que je trouve affligeant dans cette séquence. Il souffre beaucoup de ne pas pouvoir réaliser son interview comme il avait prévu et il devient agressif dès la première remise en cause, qui ne le concerne pourtant pas directement mais sa chaîne (ainsi que les hommes en général bien entendu).
    En outre la teneur des questions préparées est nettement anti-féministe.
    Je ne crois pas qu’il n’y ait qu’un problème de forme (elles ne sont pas les premièr-e-s à répondre à une question par une autre comme il dit), le contenu dérange manifestement aussi, surtout dès qu’il n’est plus question seulement des partis mais des media.
    Je ne dis pas que je trouve l’intervention de Céline et Amélie dans cette émission absolument réussie mais il est probable que cela n’aurait pas pu être le cas sans qu’elles s’éloignent du mandat donné par leur association (dont les modes d’action sont clairement définis et témoignent bien d’une « préparation », même si ce n’est pas ce à quoi vous pensez en écrivant ce mot). En particulier, comme vous le dites, il aurait fallu qu’elles soient un minimum conniventes (il est évidemment exclu pour elles de répondre positivement à la dernière sollicitation de Yann Barthès : rassurer les hommes…) Etre de bonnes clientes imposerait certainement en partie de parler « comme un homme ».
    Elles ont réussi en tout cas dès leur première prise de parole à parler de la domination masculine au sein de Canal+ ce qui était certainement un des objectifs de leur venue. Ce genre de choses n’est que rarement réussi à la télévision par des collectifs radicaux comme La Barbe. Lors des interruptions de direct, la lecture d’un communiqué est souvent coupée ou inaudible.

    L’intervention n’est réellement ratée à mon sens que pour ceux qui pensent à leurs 15 minutes de gloire, crèvent d’envie d’être à la place des militantes de La Barbe et fantasment sur tout ce qu’ils pourraient dire. Ceux qui sont en fait incapables de sortir de leur rôle de spectateur (éventuellement analysant le spectacle). L’objectif de l’association n’est pas de « faire passer des idées », expression extrêmement vague et en même temps bien faite pour culpabiliser ceux qui refusent le jeu médiatique, mais de rendre visible la domination masculine, ce qui est fait en l’occurrence, notamment via l’agressivité de Yann Barthès.

    La Barbe de toute façon.

  13. By clémentine on Déc 12, 2011

    Juste une petite précision, cette émission n’est PAS en direct, mais ils le font croire parce que le grand journal l’est, hors le petit journal est tourné la veille! Donc il y a eu montage et ils ont notamment enlevé le passage ou le présentateur leur demandait de commenter une photo d’un mannequin annorexique du calendrier pirelli et ou céline avait répondu « il lui manque des poils », ce à quoi barthes avait dit « c’est pas une réponse ça »

  14. By Jean-no on Déc 12, 2011

    @Clémentine : très instructif, merci. Je pressentais un montage non-direct, mais je n’étais pas tout à fait sur de moi. J’ignorais qu’il manquait des images mais ça fait sens.
    Si une ou l’autre ou les deux interviewées passent sur cette page, qu’elles n’hésitent pas à compléter notre compréhension du dispositif de production de l’émission en nous racontant leur expérience en commentaire !

  15. By labarbe on Déc 13, 2011

    CP La Barbe
    12 Décembre 2012
    Canal plus n’aime plus les femmes à poil !

    Après Florence, Julia, Céline, Amélie, Cathy, Marie, Harriett, Anne, Alix, Corentine, Alice, Amandine, Colette, Rachel, Anne-Laure, Marie-Christine, Clémence, Laurane Chris, Aby, Mathilde sur RMC, Europe 1, France Inter, France 2, France 3,TF1, LCI, LCP, Canal+, après avoir critiqué tant L’Express, Télérama, Radio France ou Libération et investit par deux fois les journées portes ouvertes du Nouvel Observateur… Deux activistes du collectif féministe la Barbe ont zappé le Petit Journal de Canal + vendredi dernier.

    Comme à leur habitude, mordant la main qui les nourrit, les activistes s’en sont prises à la chaine qui les invitait sur son plateau en délivrant un message simple : les hommes dominent les média, dirigent les grandes rédactions, président les groupes de communication, font et défont les organigrammes dans la presse et possèdent les grands groupes qui influencent le monde.

    Déception pour l’animateur du Petit Journal, qui s’était préparé à leur faire commenter un calendrier de femmes à poil (extrait coupé au montage), après avoir fait défiler des bimbos devant ses cameras pour leur faire dire « banjur le piti jurnal ! ».

    Déception aussi pour une partie de ses fans qui attendaient comme de coutume en ces moments de prime time, des répliques savoureuses et polémiques.

    Depuis vendredi soir les réseaux sociaux se déchainent. Rholalala les Barbues elles se sont plantées, mouhahahah c’est un #epicfail. Sans mentionner les « mal baisées » et autres grands classiques de l’insulte anti féministe qui n’ont pas attendu Twitter ou Facebook.

    Beaucoup aussi, « bien intentionnés », se relayent également pour offrir des leçons de communication à la Barbe. Qui devrait parler, comment et pour dire quoi ?

    Dans Classer, Dominer, Christine Delphy décrit très bien ce phénomène de domination des Uns sur les Autres, ou dès lors que les Autres s’expriment dans un registre qui diffère de ce qui est attendu par les Uns, les Autres se voient renvoyés avec condescendance à leur supposée incompétence.

    Quelle que soit l’importance du média, à la Barbe nous ne faisons pas dans le hiérarchique et refusons la « professionnalisation » de la parole médiatique, chacune a donc droit à la parole pour répondre aux média, exercée ou non, c’est sans doute périlleux, mais c’est nous ! Vendredi dernier ne faisait pas exception à cette règle.

    Et à propos, qu’ont dit nos activistes ce soir-là qui gêne tellement ?
    – Que Canal+, comme l’ensemble des média est un haut lieu de sexisme
    – Que oui, nous avons frappé l’UMP, par deux fois, et que nous avons frappé aussi le PS
    – Que non, nous ne savons pas ce qu’il se passerait si au lieu des 83% d’hommes au gouvernement, nous avions 83% de femmes, car cette situation nous est parfaitement inconnue, comme à toutes et tous d’ailleurs. N’était-ce pas suffisamment clair ? Fallait-il pour la 100.000ème fois répéter que les femmes représentent 51% de la population ? Cherchez l’erreur ?
    – Que la question du Front National est une non question, parce que :
    o On ne voit pas très bien pourquoi on nous la pose systématiquement, comme si cela rajoutait du piment à l’interview.
    o Que nous ne souhaitons pas leur faire de publicité
    o Que nous sommes des pacifistes, pas des masochistes, et que nous ne souhaitons pas nous faire casser la gueule par leur service d’ordre (dont celui de l’UMP nous a donné un très bel avant-goût d’ailleurs)
    – Que lorsqu’une de nos activistes évoque le rapport Reiser sur la place des femmes dans les média, Yann Barthès zappe sur autre chose…

    Or que dit ce fameux rapport dont voici un extrait?
    « – La télévision, un maintien de l’invisibilité des femmes : Le taux de présence des expertes dans les magazines d’information est légèrement plus important que dans les journaux télévisé, avec quatre points d’écart : 20 % contre 16 %, soit un taux global de 18 %.
    Le même écart est constaté concernant le temps de parole occupé à 85 % par les experts contre 15% par les expertes. »

    Canal+ comme toutes les chaînes de télévision, à la récente exception d’Arte est présidée par un homme et ce depuis sa création en novembre 1984 puisqu’à sa tête se sont succédés : André Rousselet, Pierre Lescure, Xavier Couture, Dominique Farrugia et Bertrand Méheu.

    Nous conclurons sur cette phrase de Rodolphe Belmer quand fut évoquée la possibilité pour Ariane Massenet d’animer Le Grand Journal : « Le grand journal est le paquebot de la chaîne et a besoin d’un vrai capitaine ». Regardé sous cet angle, il est où le naufrage ?

    La Barbe

    Quelques chiffres (Wikipedia sur Canal+):
    Dirigeants : 100% Hommes

    Président-directeur généraux de Canal+ SA
    • André Rousselet : 01/12/1983 – 14/02/1994
    • Pierre Lescure : 14/02/1994 – 16/04/2002
    • Xavier Couture : 16/04/2002 – 26/04/2002
    • Dominique Farrugia : 26/04/2002 – 20/02/2003
    • Bertrand Méheut : depuis le 20/02/2003
    Directeurs généraux
    • Philippe Ramond : 01/12/1983 – 11/01/1985
    • Pierre Lescure : 11/01/1985 – 14/02/1994
    • Denis Olivennes : 06/1999 – 12/04/2002
    • Bertrand Méheut : 05/2002 – 20/02/2003
    Directeurs généraux des programmes
    • Pierre Lescure : 01/12/1983 – 11/01/1985
    • Alain de Greef : 11/01/1985 – 12/2000
    • Michel Denisot : 12/2000 – 10/02/2002
    • Dominique Farrugia : 11/02/2002 – 26/04/2002
    • Guillaume de Vergès : 11/02/2003- 30/11/2003
    • Rodolphe Belmer : depuis le 01/12/2003
    Directeurs des sports
    • Charles Biétry : 4/11/1984 – 07/1998
    • Michel Denisot : 07/1998 – 06/2005
    • Alexandre Bompard : 06/2005 – 06/2008
    • Cyril Linette : depuis 18/06/2008

  16. By Jean-no on Déc 13, 2011

    @labarbe : Quand fut évoquée la possibilité qu’Arianne Massenet dirige Le Grand Journal, Rodolphe Belmer a eu ce commentaire : « Le Grand Journal est le paquebot de la chaîne et a besoin d’un vrai capitaine. ». -> tout à fait indépendamment de son sexe, je ne pense pas qu’Ariane Massenet ait les épaules pour ce genre de choses. Je ne suis pas persuadé qu’il s’agisse d’une discrimination sexuelle consciente ou inconsciente dans ce cas. Il y a des femmes qui peuvent diriger une grande émission de ce genre, mais Arianne Massenet, je n’y crois pas trop. De même que je ne serais pas plus convaincu par de nombreux hommes au même poste.

  17. By jb on Déc 13, 2011

    @Jean-no : « tout à fait indépendamment de son sexe ». Il ne faut pas se croire au-dessus du genre.
    Mais surtout il y a les mots de Rodolphe Belmer : « un vrai capitaine ».

  18. By Jean-no on Déc 13, 2011

    @jb : je veux dire que des femmes dirigeant une émission, ça s’est déjà vu (la matinale de Canal, par exemple), et « un capitaine » est censé fonctionner avec une femme (madame le capitaine de vaisseau), car en français (malheureusement), si on met « capitaine » au féminin (« la capitaine »), c’est qu’on parle de la femme du capitaine.
    Je ne nie pas le problème de l’accès des femmes aux postes de responsabilité et de pouvoir, au contraire, mais il me semble que ce n’est pas clairement ça ici.

  19. By Arthur on Déc 14, 2011

    L’aviez-vous remarqué ? Les seuls lieux que le collectif Le Barbe investit sont les lieux de pouvoir, d’exploitation et d’oppression (médias, cénacles politiques, institutions répressives, conseils d’administration). En revanche, et juste à titre d’exemple, on ne les a jamais vues aux côtés de caissières de supermarché en lutte. La Barbe, finalement, c’est le visage noir du néo-féminisme, son visage hideux, celui du combat de quelques bien-nées qui veulent le partage du gâteau et mieux prospérer sur ce que Bourdieu nommait si bien _la misère du monde_.

    En sorte que ce petit jeu de faux dupes avec le cirque télévisuel me semble surtout être un jeu de complices.

    PS. @Jean-No. On dit *le* capitaine, mais *la* sentinelle, qui n’est pourtant ps l’épouse du sentinel, sauf erreur :-).

  20. By Jean-no on Déc 14, 2011

    @Arthur : mais justement, « La Barbe » a investi des supermarchés. Nous sommes grandement tributaires, pour connaître leurs actions, ce ce que les médias rapportent, et eux, rapportent ce qu’ils veulent ! Reste que je comprends bien ce que vous dites et qui est à mon avis en partie vrai : il arrive que le féminisme réclame pour les femmes le droit à vivre comme les hommes, et même comme ce qu’il y a de pire dans le monde des hommes, à savoir dans un rapport de domination au travail (carrière, hiérarchie,…). Je suis sûr pour ma part qu’un homme qui prendrait un congé parental pour chacun de ses enfants aurait autant de difficultés à faire une « carrière » qu’une femme.
    Sur la sentinelle et le capitaine, eh bien oui, le genre des emplois ne correspond pas nécessairement au sexe de ceux qui les occupent (un homme peut être sage-femme et une infirmière n’est pas synonyme d’un infirmier). Ce sont les grades élevés où l’épouse est « madame la »… « madame la maréchale », « madame la générale », etc. Bien sûr, tout ça mérite d’être revu, car il y a quelques décennies il était comique de parler du grade militaire d’une femme alors qu’aujourd’hui, ça ne l’est plus.

  21. By Arthur on Déc 14, 2011

    @Jean-No.
    Les féministes de La Barbe se tiennent fermement du côté de l’oppression et de la domination, le reste est de la littérature : elles veulent vivre que ce que les pires des hommes vivent, elles veulent partager le gâteau avec eux – en tous points ces femmes sont les ennemis de la plupart des femmes (et des ennemis de la plupart des hommes, bien évidemment). Ce sont les bons petits soldats, très spectaculaires, d’une recomposition « féministe » de la société capitaliste.

    Beaucoup serait à dire sur le congé parental, je ne vais pas épiloguer ici (mais vous avez bien sûr raison, reste à savoir pourquoi on s’en accommode si bien).

    Et enfin, sur la supposée sexuation de la langue, je me permets de vous suggérer une excellente et drôlatique lecture (d’où je tire, j’avoue, l’idée du « sentinel ») : http://www.orthotypographie.fr/volume-I/faculte-fronton.html#Feminin.

  22. By jb on Déc 14, 2011

    @Arthur : si je suis bien votre raisonnement, si on fait remarquer qu’il y a 1% d’employés et ouvriers à l’Assemblée et 7% à la télé (voir l’Observatoire des inégalités), on est un infâme suppôt du capitalisme.
    Passe encore qu’elles se montrent solidaires entre elles, mais où va-t-on si elles se mettent à réclamer les postes des hommes ? Et d’ailleurs la domination masculine c’est pour leur bien.

    @Jean-No. « Je suis sûr pour ma part qu’un homme qui prendrait un congé parental pour chacun de ses enfants aurait autant de difficultés à faire une « carrière » qu’une femme. » Et moi je suis sûr qu’un homme avec les cheveux longs et des seins se verrait proposer un salaire moindre.
    Pour le dire plus poliment (je suis un peu agacé par la mâle intervention radicâle de Arthur), il me semble que ce que vous dites c’est que c’est une question de genre, plus qu’une question de sexe. D’autrEs l’ont dit avant vous…

  23. By oli on Déc 14, 2011

    Sans remettre en cause votre analyse, on peut se dire que l’une des raisons pour lesquelles ce passage parait raté, c’est que les 2 membres de La Barbe n’ont pas répondu sur plusieurs points où le présentateur disait des bêtises:

    – quand elles parlent de direction et de programmes phares tous dirigés par des hommes, M. Barthès leur répond Maiténa Biraben (la Matinale), Mariane Massenet (chroniqueuse), Daphné Roulier (l’Effet Papillon), Pascale Clark (plus sur Canal), Nathalie Iannetta (sports …), bref que des émissions à moindre audience, c’est lui qui répond complètement à côté. Quand elles ne répondent pas, il semble avoir raison. (Et si on s’amusait à faire des stats sur tous les présentateurs, je pense que l’argument de M. Barthès serait encore plus mauvais).
    – quand il leur demande ce qu’elles espèrent d’un cabinet à 83% féminin, il ne faut pas répondre « rien », il faut répondre « rien de plus, notre objectif est là ».
    – pareil, ne pas répondre sur le FN, ça fait « on ne maitrise pas notre sujet » alors qu’il y a énormément de réponses possibles
    – quand il parle des femmes à la télé en citant les présentatrices de JT, il faut lui répondre simplement que 1/ il prend un échantillon tellement infime que ça en est ridicule 2/ prendre en exemple un métier où la première qualité c’est de bien présenter (sans dire être jolie) avant ses compétences journalistiques, il ne fait que renforcer leur argumentaire

    Bref, je suis d’accord avec vous, leur refus du système créée le malaise mais fait surtout que leur message ne passe pas. Pour quelqu’un qui ne réfléchit pas vraiment au contenu, on a l’impression que M. Barthès a les meilleures arguments alors qu’en fait il a tout fois. Ce qui ne peut pas servir la cause de La Barbe.

  24. By Benoit on Déc 15, 2011

    Le médium est le message ? Bah pour coup, suis pas sûr.
    On peut analyser l’impact du média et de son dispositif sur la réception en dehors des discours tenus. Dès lors si le médium est systématiquement le message, tout discours est vidé de son contenu. Une chose revient à dire son contraire… et c’est vrai parfois [on se souvient d’un politicien du début XXIe qui disait peu importe qu’on parle de lui en bien ou en mal mais l’important était qu’on parle de lui avant tout].
    Mais est-ce le cas ici ? Quelque soit le média cette thématique clive et crée des tensions. Le féminisme est devenu en France abominablement trollesque […parce qu’il y a les bons trolls et les mauvais trolls comme disent les chasseurs du Bouchonnois]. Les approches sociologiques universitaires françaises, qui conditionnent grandement la thématique, servant presque toujours un féminisme de lutte, sont très idéologiques, à la différence des approches anglo-saxonnes ou scandinaves.
    Bien sûr ce féminisme féminin de lutte – « la lutte des femmes » -, a été aussi efficace que bénéfique à la fin du XXe. Il a permis ce mouvement d’évolution de la condition des femmes qui constitue le changement socio-historique le plus important depuis quelque milliers d’années [oui oui rien que ça].
    Est-il fini ? Faut-il se battre ? contre quoi ? contre qui ? Quelle forme d’action ? Quelles sont les réalités statistiques ? Quelles revendications ?
    Ce sont précisément ces questions qui causent des tensions et désaccords. Or c’est justement celles que l’on retrouve dans l’émission.
    Cette séquence est bien plus révélatrice du difficile positionnement des féminismes aujourd’hui que d’un jeu médiatique non accepté.

    « La libération de la femme, si elle abolit la famille patriarcale, abolira nécessairement la structure fondamentale de l’Etat autoritaire. » Germaine Greer, in La femme eunuque

  25. By Benjamin on Jan 5, 2012

    Je ne suis pas un théoricien du féminisme, mais il me semble que le fonds de commerce de La Barbe c’est justement le coup d’éclat médiatique… et là elles se sont plantées

  26. By Francesca on Jan 20, 2012

    Analyse très brillante, bravo, mais finalement les commentaires m’ont replacée dans ma position initiale… Cela me fait du bien, des hommes qui se sentent concernés et qui ont du bon sens. J’adore le féminisme mixte, « yin yang », avec des points de vue de tous les côtés…
    Mon malaise face à, non pas la prestation, mais l’intervention de ces deux femmes vient d’un paradoxe. Ce collectif utilise les médias pour exprimer son point de vue (passage au JT, images choc) mais n’investit fichtre pas cette « deuxième étape » que pourrait être un micro tendu. Si elles ne maîtrisent pas les médias, pourquoi les utiliser ?
    Par ailleurs, je pourrais me réjouir qu’elles ne jouent pas le jeu qu’on attend s’elles. Mais est-ce délibéré ? Elles se comportent comme si le public était télépathe, c’est beaucoup nous demander. Non, je n’ai pas lu le rapport Reiser, et si elles ne m’en parlent pas, je ne comprends rien. Non, je ne sais pas pourquoi elles refusent de parler du FN, et, puisqu’on leur pose tout le temps la question, elles ont donc eu l’occasion de trouver une réponse, même une « non-réponse ». Puisque c’est une femme qui dirige ce parti, je m’interroge moi aussi.
    Et qu’elles ne soient pas, aujourd’hui, capables de reconnaître que leur attitude fut contre-productive me déçoit. Peut-on refuser le jeu médiatique et rester audible ? La réponse est oui si nous apprenons de nos erreurs.

  27. By tetue on Fév 14, 2012

    Malgré tous les articles qui parlent de naufrage médiatique de la Barbe, je ne saurais dire, au vue de l’émission, qui se ridiculise le plus des deux militantes qui ne jouent clairement pas le jeu médiatique ou de l’animateur qui se laisse ainsi déstabiliser… Merci pour cet article nuancé et pour la qualité des commentaires qui s’ensuivent.

  28. By 8 ans plus tard... on Nov 25, 2020

    Merci pour cette excellente analyse, lue longtemps après les faits, mais surtout avec le recul permettant d’en apprécier la justesse, car aujourd’hui c’est bien à un tribunal médiatique sous forme de divertissement TV que ressemble « Quotidien ».
    J’ai fait le tour d’à peu près tous les textes écrits au sujet de cette intervention TV, qui m’avait moi aussi mis extrêmement mal-à-l’aise, et je reste frappé par l’absence, ou la mise en retrait des critiques contre Yann Barthes, y compris dans la réponse postée à l’époque par le collectif lui-même.
    OK, de nombreuses militantes féministes se sont senties au mieux mal représentées, au pire carrément insultées par cette intervention ratée. Mais il ne faut pas oublier que le présentateur lui-même (et l’équipe qui a préparé les questions) s’est complètement planté. J’imagine que ces messieurs mâle-directeurs et consorts on dû lui passer un savon pour avoir invité de « mauvaises clientes », mais je suis bien d’accord que les questions sont profondément anti-féministes et qu’il se laisse complètement emporter dans un échange agressif, un dialogue de sourds.
    Mais il y a pire, en commençant l’interview avec une réflexion sexiste à souhait (les jolis visages sous les barbes moches) qui exprime on ne peut mieux les rouages de la domination masculine, il appelle évidemment une riposte de la part des deux féministes. Dans la suite de l’échange, il s’irrite même et sort complètement de son rôle, ce qui devrait limiter notre empathie et notre complicité: on ne s’attend pas à ce que la maîtresse de maison (pour filer la métaphore d’un commentaire précédent) renverse d’elle-même le clafouti de l’invité relou, ou lui dise ses quatre vérités les yeux dans les yeux.
    Pour moi la question que l’on doit se poser c’est comment se fait-il, alors que le présentateur fait preuve d’emblée d’un tel manque de professionnalisme (tout simplement du minimum de compréhension nécessaire au dialogue, ce qui n’implique pas une connivence), nous concentrions pratiquement toute notre attention sur les erreurs des barbues.
    Je crois que huit ans plus tard, bien qu’une telle intervention nous déçoive tout autant, nous (féministes ou pro-féministes) serions beaucoup moins complaisant-es avec YB. D’un autre côté, je l’écris avec une certaine angoisse, les réactions anti-féministes sur le net seraient malheureusement dix fois plus nombreuses et violentes.

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