Les portes
octobre 19th, 2010 Posted in Interactivité, stationspottingArgenteuil (Val-d’Oise). Un tunnel passe sous les voies de chemin de fer afin de permettre d’accéder aux quais, mais aussi afin de relier entre elles deux parties de la ville séparées par la ligne ferroviaire.
L’accès aux trains se faisait jusqu’ici de manière libre, le voyageur ayant la responsabilité de composter son billet avant de monter dans le wagon.
Afin de limiter la fraude, des portillons automatiques ont été placés à l’entrée du tunnel à l’occasion d’une réhabilitation de la gare. Les gens qui empruntaient le tunnel pour passer du centre-ville au quartier dit d’Orgemont doivent à présent faire un détour de près d’un kilomètre. Pour l’instant, ces portillons ne sont pas en service et le tunnel n’est pas fermé la nuit, la ville veut négocier quelque chose. Plusieurs gares de la même ligne SNCF ont connu des problèmes similaires, comme Herblay ou Conflans-sainte-Honorine.
Les portillons limitent aussi le flux des passants puisqu’ils prennent en largeur la place de deux personnes mais n’en laissent passer qu’une. Lorsqu’ils seront en service, ces portillons seront, comme les autres, des machines hostiles, enfin programmées pour l’être par des gens qui préfèrent brutaliser l’usager un peu lent ou étourdi que de laisser les fraudeurs passer sans punition.
Au dessus, des caméras, bien sûr.
La société qui vient est à la fois une société de contrôle et une société disciplinaire, une société de méfiance et une société de violence, nous sommes régulés, autorisés ou non à passer et à accéder à des informations, mais nos corps sont contraints et plutôt moins bien traités que certaines bêtes à viande.
6 Responses to “Les portes”
By Loïc on Oct 20, 2010
J’ai toujours été étonné de voir les différences de choix avec des villes comme Rennes ou si on veut garder un élément de comparaison lié à l’échelle de l’agglomération, Berlin :
Pas de portique, on ne fait que se déplacer, c’est fluide. On doit composter un ticket c’est sûr, mais la relation semble basée sur la confiance ou au moins le respect de la règle établie.
Dans Paris et son agglomération c’est la galère, si on a pas de passe navigo, encore plus. On ne sait jamais quel va être le bon portique, si il est en panne où non. Résultat, ceux qui ont le déplacement le plus fluide sont ceux qui fraudent !
On pourrait faire le même parallèle avec les systèmes/annonces antipiratage des DVD ou de certains logiciels…
By Nathalie on Oct 20, 2010
Humains élevés en batterie…
By beth on Oct 20, 2010
Ne dites plus « les aménageurs sont des cons ». Dites plutôt « ils ont de mauvaises intentions ». N’y a-t-il pas un glissement visible, que donne-t-il à voir sur nos sentiments réels ?
By bonhomme on Oct 20, 2010
Sur la société de contrôle, je conseille la lecture du très bon roman de SF d’Alain Damasio, La zone du dehors, qui décrit une anticipation crédible et inquiétante de cette tendance. On y voit par exemple des portiques à l’entrée des supermarchés, qui ne laissent passer que ceux qui ont suffisamment d’argent pour consommer…
By Clément on Oct 22, 2010
@Loïc
Je ne sais pas si Rennes est franchement un bon contre exemple. Le principe de contrôle et les aménagements dans le métro sont certes plus fluides mais il y a néanmoins un contrôle assez ambigu car il passe constamment par le regard d’un agent.
A Rennes, un agent est là pour vous surveillez avant tout et pas pour vous aider : il n’y pas de guérites dans les stations comme à Paris. Personne pour vous vendre de tickets, personne pour vous renseignez ou vous aidez si vous êtes perdus.
Par contre en début de mois on a le droit à nos bonshommes en bleu. A toutes les grandes stations (Saint-Anne, République, gare SNCF) on trouve un bonhomme en bleu au couleur de la Star (Société de transport de l’agglomération rennaise) derrière chaque borne de validation du passe RFID. Un alignement de bonshommes en bleu, immobiles, postés comme une rangée de poireaux : ils sont justes derrières à vérifiez si vous passez votre carte ! Bonjour boulot précaire !
Parfois on a le droit à de vrais contrôles avec des agents quand même. Ils sont en noir, le bleu de la Star ne doit pas rendre crédible… Noir, il faut imposer la crainte et le respect, un peu comme les agents de sécurité d’Osiris, une société privée de sécurité qu’on voit parfois dans les stations. (D’ailleurs, une bonne astuce : si vous êtes en fraude dans le métro rennais, ne prenait jamais les escalators mais les escaliers. Je ne sais pas pourquoi mais les agents contrôlent la plupart du temps uniquement en haut des escalators).
Je ne parle pas non plus dans la carte Korigo (équivalent du passe Navigo) qui avait été nominée pour le prix Orwel il y a quelques années… (mesquin : la carte est gratuite mais il faut débourser 5€ pour la carte anonyme)
Ce genre de principe est pour moi pernicieux : certes c’est fluide mais le personnels est uniquement là pour vous surveillez. Cela me rappelle le phénomène des caisses automatiques dans les supermarchés : moins de caissières ouais, mais plus de vigiles…
En revanche, un modèle de métro intéressant est pour moi celui de Tokyo : une fluidité identique (enfin sauf en heure de pointe) avec des bornes de contrôle sans porte, et à chaque entrée, une guérite avec un employé toujours prêt à aider… surtout les touristes étrangers !