Qu’ils prennent de la brioche !

Selon les estimations que la revue Challenges fait du plan de « Maîtrise de la masse salariale », le gouvernement compte supprimer 22 000 postes dans les hôpitaux. On comprend l’idée : tous ces pauvres qui ont le droit à la médecine, qui ne paient pas les accouchements et les péritonites, qui encombrent les salles d’attente, c’est malsain, c’est à décourager les gens de s’enrichir ! Alors faisons baisser la qualité de la médecine hospitalière, puisqu’elle est encore un peu démocratique.
Bien sûr, avec toute la fourberie politique habituelle, la question n’est pas posée en termes de postes sacrifiés, d’employés qui vont venir grossir le range des chômeurs, mais en termes d’économie de budget : près de neuf cent millions d’euros d’économie.
Évidemment, il faut bien racler sur les hôpitaux, puisque l’actuel gouvernement se vante que les emplois « au niveau du smic » ont désormais « zéro charge1 de sécurité sociale ».

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Je suis peut-être mauvais en management, mais je lis dans cette annonce un encouragement assez clair fait aux entreprises d’éviter les salaires plus élevés que le niveau du Smic, puisqu’au delà, le travail sera soumis à plus de charges et coûtera donc plus cher (tweet du 25 février 2015).

Ce sera pareil dans l’enseignement supérieur bientôt, ou plutôt, c’est en cours, tous les budgets baissent. Ces pauvres qui ont le droit d’apprendre la sociologie ou la philosophie, sur les bancs des Universités, ça crée des rêveurs trop cultivés, trop savants, il faut des gens qui ont envie de sacs Vuitton, de gens qui rêvent de Paris Hilton, de Loto, pas de lecteurs de Bourdieu, de Deleuze ou de Foucault ! Et puis parfois, les études favorisent l’ascension sociale, imaginez, c’est comme si on obligeait les riches à se battre avec un bras dans le dos : à quoi ça sert d’être riche si c’est en risquant d’avoir des pauvres pour concurrents ? Alors enfonçons les pauvres. D’ailleurs ils préfèrent sûrement ça, sinon pourquoi ils seraient pauvres ? Ils n’ont qu’à être riches, s’ils sont pas contents !

Une mentalité
Une mentalité de winner, pas de chômeur. Les chômeurs restent à glander devant leur télé en mangeant du pain hard-discount à l’huile de palme, tandis que notre ministre, lui, il se laisserait pas abattre, il irait au ski, et il mangerait de la brioche.

D’ailleurs, comme l’a dit notre ministre de l’Économie Emmanuel Macron2, juste avant de partir skier à Bagnères-de-Bigorre, « Si j’étais chômeur, je n’attendrais pas tout de l’autre, j’essaierais de me battre d’abord ». C’est presque dommage qu’il ne soit pas chômeur à la place des chômeurs : il saurait quoi faire, lui, au moins ! Pas comme nous autres qui n’avons même pas l’idée de chercher du travail quand nous n’en avons pas.

  1. On parlait de « cotisations », pas de « charges », à l’époque où les penseurs du Parti Socialiste n’étaient pas nostalgiques de Margareth Thatcher. []
  2. BFMTV, le 18 février []

4 réflexions au sujet de « Qu’ils prennent de la brioche ! »

  1. « il faut que les gens ont envie »
    « nous autre »
    Je croyais que c’était à côté qu’on ne se relisait pas 😉

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