Premier pong
mars 27th, 2008 Posted in Interactivité, Mémoire, Mes jeux, Modèles abandonnés, VintageMa première console de jeu vidéo était une Schneider Telelude, sortie en 1977. Le modèle a été décliné dans plusieurs marques d’électro-ménager (on peut voir la version Radiola chez Étienne Mineur par exemple). Sur la photo, c’est une Philips N20, exactement le même engin, sauf la couleur. J’ai trouvé celle-ci sur une brocante (je me retiens de faire un pathétique jeu de mot sur les puces électroniques et puces-où-l’on-chine) pour une dizaine d’euros.
Les jeux proposés sont assez peu nombreux : pong, pelote basque, tennis et, avec le pistolet optique optionnel (que j’avais), tir sur cibles. Tout ça s’affichait évidemment en noir et blanc et produisait des « bip » puissants. On branchait la console directement sur la prise antenne du téléviseur – la norme péritel n’existait pas encore.
Sur l’emballage, il est dit que cette console fonctionnera « sur tout téléviseur capable de recevoir la deuxième chaîne de télévision française ».
On croit que les souvenirs sont dans la tête mais ils sont bel et bien dans les objets:
« En réalité, comme il arrive pour les âmes des trépassés dans certaines légendes populaires, chaque heure de notre vie, aussitôt morte, s’incarne et se cache en quelque objet matériel. Elle y reste captive, à jamais captive, à moins que nous ne rencontrions l’objet. À travers lui nous la reconnaissons, nous l’appelons, et elle est délivrée. L’objet où elle se cache – ou la sensation, puisque tout objet par rapport à nous est sensation -, nous pouvons très bien ne le rencontrer jamais. Et c’est ainsi qu’il y a des heures de notre vie qui ne ressuciteront jamais. C’est que cet objet est si petit, si perdu dans le monde, il y a si peu de chances qu’il se trouve sur notre chemin ! »
(Marcel Proust, Contre Sainte-Beuve).
Sans Internet, je ne me serais pas souvenu que ma console d’époque était noire et de marque Schneider et non beige-gris de marque Philips. Car ce qui m’avait marqué à l’époque, que j’avais oublié, complètement, et qui m’est revenu d’un coup, ce n’est ni la boite, ni la marque, ni la couleur, ni même les jeux, c’est la manette.
Une manette assez particulière, qui ne ressemblait pas aux manettes des bornes d’arcade ni aux manettes des consoles plus tardives. Une manette plutôt sobre, avec un seul bouton et une grosse molette orange.
La simple vision de la manette a commencé à faire refluer les souvenirs, l’objet me disait quelque chose – un tout petit quelque chose qui me disait quelque chose.
Mais quand je l’ai prise en main, tout est revenu : le geste pour jouer, la sensation des crans de la molette lorsqu’on la tourne, le canapé en très gros bambou verni et sa table basse assortie, l’emplacement du téléviseur et l’aveuglement quand le soleil tapait juste dedans (mais tant pis, on continue), le fumet du thé à la mandarine, les cahiers sur lesquels je dessinais des robots très compliqués, la marée noire de l’Amoco Cadiz, un numéro de Pif Gadget que j’avais attendu avec impatience toute la semaine et qui m’avait déçu car il ne parlait que de football – c’était le coupe du Monde en Argentine.
Tous ces souvenirs pour seulement dix euros : bonne affaire, non ?
2 Responses to “Premier pong”
By bobig on Avr 2, 2008
wah 1977…un précurseur. mon premier contact régulier avec une console s’est passé avec la mattel intellivision. ensuite tout s’est enchainé…colecovision…vectrex…etc…
que de souvenirs !
By Freid on Nov 6, 2015
ah pardon j’avais mal lu ton article sorry oups !