Une jolie (mais pas très sérieuse) histoire du réseau
janvier 7th, 2009 Posted in ImagesL’animation du jour, très belle et très simple, par Melih Bilgil, dit Lonja, un designer graphique allemand né en 1983. Le sujet de diplôme de ce très jeune homme a été la constitution d’un langage pictographique baptisé Picol constitué d’icônes « libres » destinées à être employées par l’industrie de l’électronique notamment. Son histoire du réseau Internet est précisément basée sur cette librairie d’icônes.
L’animation est bourrée d’idées et très efficace, elle est servie par une voix-off très BBC, ce genre de voix de documentaire qui ne saurait faire autre chose que de dispenser clairement le savoir le plus pointu avec toute l’assurance qu’apporte le fait de savoir dire la vérité.
Pourtant, si l’on doit admirer la technique de l’artiste, mieux vaut ne pas prêter une attention exagérée au contenu de ce documentaire.
Les choses se gâtent en effet lorsque l’on se penche sur l’histoire racontée, qui est truffée d’imprécisions ou pire, de fausses précisions. L’idée de mettre en parallèle la guerre froide et le développement du réseau était pertinente (mais tant qu’à faire pourquoi ne pas remonter dix ans plus tôt à la fin de la seconde guerre mondiale ?), en revanche de nombreux détails trahissent une connaissance très superficielle des faits illustrés. On s’étouffera par exemple en apprenant que les ordinateurs n’ont cessé de grossir au cours des années 1960 (c’est bien évidemment le contraire qui s’est produit) et, sans être le moins du monde spécialiste, il me semble que de nombreux raccourcis techniques et historiques décrédibilisent l’ensemble par un manque de conscience véritable du contexte technique.
Le récit souffre entre autres d’une sorte de déterminisme historique qui rend mal compte de la manière dont de nombreux modèles ont concurrencé Internet, à commencer par le X.25 (qui se cache derrière le fameux Transpac/Minitel par exemple). On notera néanmoins un intéressant effort pour désaméricaniser la naissance d’Internet en évoquant notamment le réseau français Cyclades et le réseau britannique NPL.
En bref : très joli, mais attention, ce n’est pas un véritable cours d’histoire.