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L’automate supprimé par défaut de productivité

février 18th, 2015 Posted in Brève, Les pros, stationspotting

J’ai découvert par une brève du Canard enchaîné d’il y a quinze jours que l’automate de vente de billets grandes lignes de ma gare avait été supprimé. Selon le service presse de la SNCF, contacté par le journal satirique, « Un audit de rationalisation des coûts de distribution a été réalisé et a déterminé que l’automate, avec ses coûts de maintenance, n’était plus rentable ». La ville est pourtant peuplée de vingt cinq mille habitants. Je n’ai pu constater l’escamotage par moi-même que ce matin, car chaque fois que je suis passé devant la gare ces jours derniers, elle était « momentanément fermée » : il y a désormais peu de personnel, la moindre absence temporaire implique une fermeture du hall de la gare.

automate_parti

Le vide laissé par l’automate « grandes lignes » a été rempli par un présentoir de distribution de prospectus annonçant les travaux prévus sur la ligne.

C’est une nouvelle étape dans la transformation de ce lieu qui, peu à peu, se vide de ses êtres humains, et même à présent, de ses êtres inhumains.

Il y a une dizaine d’années, la vente de billets grandes lignes était assurée par un agent qui recevait les usagers dans un bureau. Il était extrêmement doué pour établir des trajets, trouver les meilleurs changements, et les meilleurs tarifs. On pouvait aussi acheter des billets grandes lignes aux guichets non spécialisés « grandes lignes », puisque ceux-ci étaient équipés de l’imprimante dédiée et d’un système informatique adapté, mais les agents n’avaient pas de compétence particulière pour dire si un changement était risqué ou s’il existait une alternative intéressante à tel ou tel trajet.
Et puis, après des travaux, le guichet grande ligne a disparu. En fait, tous les guichets ont disparu, à l’exception d’un seul, dont le rideau est presque toujours tiré.

guicher_canard

À gauche, le guichet, rideau tiré. À droite, une reproduction de la brève du Canard enchaîné.

Un jour, un guichetier m’a annoncé qu’il ne pourrait désormais plus imprimer de billets grandes lignes, car il n’y était pas formé. Il avait pourtant toujours su le faire, mais c’était ainsi : il allait désormais falloir s’adresser à l’automate, et la compétence de l’agent SNCF était donc déportée non pas sur la machine, mais sur l’usager.
À présent, l’automate a été enlevé, alors non seulement l’usager doit être compétent lorsqu’il achète des billets de train (toute erreur sera à ses dépens), mais il doit aussi disposer lui-même de la machine qui permet de les produire (ordinateur, imprimante et connexion internet, ou téléphone mobile). Et si cela ne lui va pas, il peut se rendre dans une gare voisine dont, pour l’instant, on n’a pas supprimé les automates.

Vous aviez peur que les robots vous piquent votre boulot ?
Désormais, c’est l’automate peut avoir peu de vous, puisque vous faites son travail à un prix imbattable : pour rien, et à vos frais.

  1. 29 Responses to “L’automate supprimé par défaut de productivité”

  2. By scelerat on Fév 18, 2015

    Je crois que le grand méchant à aller chercher, c’est plutôt internet et la dématérialisation des billets.

    Et pour le coup, çà donne facilite la vie de l’usager.

  3. By Jean-no on Fév 18, 2015

    @scelerat : ça facilite la vie, dans pas mal de cas, mais les billets dématérialisés sont poussés à mort par la SNCF pour économiser sur le personnel et sur les automates, alors que ça ne va pas sans problèmes : tout le monde n’est pas internaute, tout le monde n’est pas compétent face à voyages-sncf (surtout que c’est pas fameux, comme site), tout le monde n’a pas d’imprimante ou de téléphone mobile, et puis le système raidit tout… Par exemple, si j’achetais mes billets Paris-Le Havre sous forme immatérielle, je ne pourrais pas les utiliser quand je veux, je serais forcé de choisir un train précis, alors qu’aujourd’hui, je peux utiliser mon billet à plus ou moins une semaine (c’était trois mois jusqu’à l’an dernier).
    Pour avoir suivi l’évolution de la SNCF, depuis mon petit bout de lorgnette d’usager, ces dernières trente années, je note une progressive disparition de la souplesse, et je note aussi qu’on nous propose toujours des solutions « pratiques » après avoir commencé par réduire la qualité du service : on dégrade l’achat des billets pour que l’usager (qu’on doit désormais appeler client) préfère finalement se passer du service !

  4. By nicolas on Fév 18, 2015

    Tout à fait d’accord sur la disparition de la souplesse, que je vis aussi en tant que voyageur. Habitant à Genève, la situation avec la SNCF est encore plus étrange… il y a un automate TER (bleu) mais pas grandes lignes/TGV (jaune). Si on va au guichet (des CFF), il faut rajouter 10 CHF (donc 10 euros) aujourd’hui de « frais » pour avoir un billet SNCF… mais on peut toujours aller dans le bureau SNCF sauf qu’il est situé en dehors de la gare.

    Ce qui est étrange également, c’est que les versions dématérialisées via l’app sont très lourdes. L’interface est aride et il faut acheter un billet pour un train donné, et livrer toutes sortes d’informations avant de pouvoir le faire. Heureusement qu’il y a Capitaine Train, mais là encore, pour certaines lignes, ils n’envoient pas les billets en PDF (et pas par la poste car je suis « à l’étranger ») mais il faut aller à un guichet jaune.

    Alors que tout cela n’est pas inéluctable, l’app smartphone des CFF permet d’acheter un billet pour toute la suisse dans n’importe quel système de transport (même les bateaux) très rapidement…

  5. By scelerat on Fév 18, 2015

    Tous ces problèmes réels sont pour une bonne partie imputable au fait que la SNCF est un organisme monopolistique obsolète.

    La flexibilité des billets électronique est une volonté commerciale, et comme la SNCF est seule à bord. L’usager est floué.

  6. By Jean-no on Fév 18, 2015

    @scelerat : en fait, le monopole public était une situation bien plus agréable que l’actuel entre-deux. Les activités sont de plus en plus séparées, afin de découper peu à peu l’organisme public en des structures autonomes puis privées, et la rentabilité est désormais plus importante que le service, d’où des disparitions de gares, de personnels, de services,… Je ne fais pas partie des gens qui pensent que tout service doive forcément être privé ou forcément public, je n’ai pas de dogme, mais l’histoire montre clairement que l’usager n’est plus un usager, que le service semble toujours trop coûteux,… Et que les tarifs augmentent. Quand aux pauvres, ils n’ont qu’à prendre le car.

  7. By Alex on Fév 18, 2015

    je suis curieux de savoir combien a été facturé « l’audit de rationalisation »
    au pifomètre le coût de fonctionnement d’une centaine de ces machines.

  8. By Jean Valjean on Fév 18, 2015

    C’est bien de râler, mais de mettre le nom de la gare concernée c’est mieux …

  9. By Jean-no on Fév 18, 2015

    @Jean Valjean : j’imagine qu’il y en a ou aura bien d’autres dans ce cas, donc ce n’est pas très important, mais il s’agit de Cormeilles-en-Parisis.

  10. By Felin Vert on Fév 22, 2015

    Un jour, il apparaîtra que jamais personne ne serait venu s’installer à Cormeilles-en-Parisis si ce n’était parce que, quelques dizaines d’années auparavant, de sordides comptables (profession haïssables) n’avaient constaté qu’il était plus rentable de fermer trois antennes régionales pour tout concentrer à Paris…

    Ruinant au passage la vie desdites régions, sans que les heureux spéculateurs immobiliers du Parisis ne s’en émeuvent le moins de monde.

    Désormais, c’est au tour du Parisis, de Paris, voire, de la France entière de devenir « peu rentable » par rapport aux paradis fiscaux luxembourgeois, irlandais, ou à l’industrieuse Asie.

    Mais personne ne viendra jamais de ces territoires qui font 80% de la France dont la région parisienne a absorbé l’activité pour plaindre ceux qui, autrefois, furent ses heureux bourreaux….

    Au jeu du profit, il n’y a qu’un gagnant. Et ce ne sera pas Cormeilles en Parisis.

  11. By Jean-no on Fév 22, 2015

    @Felin Vert : je ne comprends pas trop le propos. La ville est peuplée depuis des siècles. Elle n’a fait que croître en population avec l’exode rural, bien sûr, et à présent avec les loyers parisiens. Mais je ne sais pas si tout ça se pose en termes de profits et de vases communicants. La mondialisation est quelque chose d’extrêmement complexe – par exemple, la France est le pays qui accueille le plus de millionnaires par habitant !

  12. By Menestrel on Fév 22, 2015

    @felin vert;

    ce ne sont pas les comptables qui ont centralié la France! Mais les jacobinistes, les colbertinistes…

    Moi, je présente ma carte « plastique » aux contrôleurs. Et c’est tout. pas de compostage, pas de papiers… J’en suis très satisfait.
    Pourquoi les cheminots ont attendu trop longtemps pour progresser. Normal: ils sont monopole, « fonctionnaires », cornaqués par les syndicats et une idéologie du passé… En un mot: ce sont des réacs.

    J’ai entendu le martinez, de la CGT, lui le communiste, qui disait que c’étaient eux les progressistes! Il le pense vraiment cet archéocommuniste! Les mots n’ont plus de sens. Que pour les rigides.

  13. By Jean-no on Fév 22, 2015

    @Menestrel : je ne rebondirai pas sur le discours anti-fonctionnaires, aussi banal qu’ignorant de la réalité historique et de l’évolution de la SNCF (il n’y a plus de fonctionnaires à la SNCF).
    Sur la carte « plastique », fort bien, mais elle a plus d’un défaut :
    – les billets achetés sont nominaux. Que faire si on n’est pas la personne qui voyage, ou si on n’a pas envie de faire savoir que l’on voyage ?
    – les billets ne peuvent pas être « ouverts », ils sont forcément attachés à une réservation
    – pour changer un billet, il faut disposer d’un terminal raccordé à Internet.

  14. By Menestrel on Fév 22, 2015

    Que les billets soient nominaux ne me dérange pas. je suis moi. Pas un gosse de 12 ans. pour moi c’est simple d’acheter un billet pour moi quand c’est moi qui voyage.

    Le seul problème connu , c’est quand le controleur avait, lui, un terminale en panne!

  15. By Jean-no on Fév 22, 2015

    @Menestrel : et si on veut faire voyager son enfant, justement, on fait quoi ?

  16. By Menestrel on Fév 22, 2015

    Je ne comprends pas ta question. J’ai pas d’enfant de 12 ans. Mais je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas lui faire profiter du système en réservant moi même  » son billet » !

  17. By Jean-no on Fév 22, 2015

    @Menestrel : tu ne peux pas le laisser partir (sans toi) avec ta carte « grand voyageur ».

  18. By Menestrel on Fév 22, 2015

    A 12 ans, le laisser partir sans son père? Et si il n’est pas « grand voyageur » il y a un autre système non? Plus traditionnel. Alors ou est le problème?

  19. By Jean-no on Fév 22, 2015

    @Menestrel : à douze ans, on peut voyager seul, pourquoi pas ? Mais le problème est le même à seize ans.
    Et effectivement, il y a un autre système, et heureusement, puisque la carte grand voyageur ne le remplace pas.

  20. By Menestrel on Fév 22, 2015

    On ne peut pas reprocher un défaut à la carte  » grand voyageur » au pretexte qu’elle n’est pas d’usage pour toutes circonstances.

    Donc, ici, pas de papier, pas de compostage, pas de complication de contrôle! C’est juste le progrès! pas d’aigreurs à avoir sur  » c’était mieux avant ».

    PS. Je ne me vois pas laisser voyager ma fille de 12 ans sur paris lyon! Toi si ? le progrès a ses limites lol.

  21. By Jean-no on Fév 22, 2015

    @Menestrel : c’est toi qui disait au départ que ta carte grand voyageur te simplifie la vie en remplaçant les billets de train. Si c’est un moyen en plus, c’est très bien, mais si le billet papier disparaît, de nouveaux problèmes surviennent, c’est tout. Ta fille de douze ans peut bien faire Paris<>Lyon toute seule : si le train est direct et qu’il y a quelqu’un pour la mettre dans le train et quelqu’un pour l’y chercher, où est le problème ?

  22. By Menestrel on Fév 22, 2015

    Pour mon expérience la disparition du papier pour la carte grand voyageur est un progrès. Dans ma situation. Cet exemple devrait pouvoir être possible dans d’autres catégories.

    Ma fille de 12 ans? Le voyage ce n’est pas seulement au départ et à l’arrivée. Il y a entre les deux. Les faits divers ( connus ) sont assez nombreux pour que je n’ai pas confiance pour sa sécurité.

  23. By Jean-no on Fév 22, 2015

    @Menestrel : dans un TGV aussi fréquenté que le Paris<>Lyon, il ne peut pas se passer grand chose à mon avis. Enfin douze ans est jeune, peut-être, je ne sais pas. Mettons quatorze.

  24. By Menestrel on Fév 22, 2015

    Va pour 18 ans. Et ne me dis pas que si il y a du monde, c’est un gage de sécurité!

  25. By Jean-no on Fév 22, 2015

    @Menestrel : tu n’as pas voyagé seul avant dix-huit ans ? Le monde est gage de sécurité, mais avant tout, il faut avoir quelques réflexes, et ça peut s’apprendre tôt.

  26. By Menestrel on Fév 22, 2015

    On parle d’une fille là. Ma fille ( si)! Oui, je suis un peu réac. Je fais la différence.

  27. By Jean-no on Fév 22, 2015

    @Menestrel : j’ai deux filles. Effectivement, ça fait une différence.

  28. By Menestrel on Fév 22, 2015

    le monde n’est pas gage de sécurité! Quand tu es « étranger sans papier ». Dans une autre ile, dans un autre pays etc. Le monde n’est pas gage de sécurité quand tu es noir dans un metro blanc.

  29. By Jean-no on Fév 22, 2015

    @Menestrel : on parle de mettre un enfant dans le Paris<>Lyon, hein. Et il existe des dispositifs de voyage accompagné.

  30. By Menestrel on Fév 22, 2015

    Oui, paris lyon.

    je suis 1ére classe. Mais j’ai le temps de « profiler ». Je me trompe. Et ce n’est pas correct de juger les gens sur l’apparence. Mais c’est quand même 18 ans.

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