Le jour où les avions se sont arrêtés
septembre 5th, 2011 Posted in Dans le poste, ImagesLe 11 septembre, les vols d’avion sont bradés. Par superstition, sans doute, de nombreux voyageurs évitent cette date. Ils ne le font pas en souvenir du coup d’État du 11 septembre 1973 au Chili1, mais à cause de l’attentat du World Trade Center à New York, le 11 septembre 2001.
Une date marquante, il est vrai, autant pour le fait historique lui-même, pour les images qu’il a produites que pour tout ce que cela a déclenché ou plutôt, autorisé : des guerres moyen-orientales, des lois réprimant les libertés publiques et le sentiment général, à tort ou à raison, d’un certain déclin des pratiques démocratiques dans les pays les plus développés.
Je me rappelle bien ce jour là. Ma fille aînée, qui avait alors onze ans, nous avait prévenu de ce qui était pour elle un évènement incroyable : toutes les chaînes diffusaient le même programme. À ce moment, personne ne savait ce qu’il se passait, on voyait de la fumée sortir d’une des tours qu’un avion venait de percuter. La thèse de l’accident a été abandonnée quand on a vu un second avion percuter l’autre bâtiment. On a vu les tours s’effondrer, en direct, l’une après l’autre. Je ne me souviens plus trop de l’enchaînement des évènements ensuite : on a parlé d’un avion s’écrasant sur la Maison Blanche (aussitôt oublié, il s’agissait vraisemblablement d’une erreur), d’un autre sur le Pentagone, d’un autre encore qui ne répondait plus et que l’on avait dû abattre, le climat était à la panique complète, les images étaient rediffusées en boucle, on revoyait de malheureux courtiers se jeter du haut des tours jumelles dans un geste désespéré dont le sens n’est toujours pas très clair. J’aimerais bien revoir l’ensemble de ces images, disons les deux premiers jours, pour me rappeler dans quel ordre tout ça nous est parvenu, savoir à quel moment précis le coupable a été désigné, aussi. Je me rappelle enfin que pour quelques dizaines d’heures, tous les vols civils du monde ont été annulés, permettant aux météorologues et aux observateurs de la qualité de l’air de collecter des données complètement inédites sur l’impact écologique de l’aviation. On peut minimiser l’évènement, rappeler le nombre de fois où les États-Unis ont été la cause directe ou indirecte d’un grand nombre de morts, mais il n’empêche que dans les heures qui ont suivi l’effondrement des tours, le monde s’est arrêté, on ne parlait que de ça et on ne pensait qu’à ça. Quelque chose de nouveau s’était produit, un évènement sidérant, dont on a tout de suite été certains qu’il allait changer énormément de choses à la marche du monde — et ce fut le cas.
Les coupables désignés ont été les terroristes islamistes du groupe Al Qaeda, qui s’en étaient déjà pris au World Trade Center en 1993. Je ne me rappelle pas que l’attentat du 11 septembre ait été explicitement revendiqué par Al Qaeda, mais il n’a jamais été démenti non plus. Le président de l’époque, George Bush, élu récemment dans des conditions complexes (au terme d’un recomptage des votes), dont la seule particularité notable jusqu’ici était d’être le fils du prédécesseur de son prédécesseur, connaissait une baisse régulière de son taux de popularité. En allant sur les gravats de Ground Zéro un casque de pompier sur la tête et en promettant une guerre en Afghanistan, George Bush a vu sa cote de popularité passer en quelques jours de cinquante à quatre-vingt dix pour cent : l’effroi de tous les américains, fragilisés comme jamais dans leur histoire, avait eu cet effet inespéré. Il faut dire que depuis l’attaque de Pearl Harbour2, le pays n’avait jamais été attaqué sur son sol. En fait, les États-Unis, qui sont pourtant en guerre permanente depuis qu’ils existent, ne sont pas du tout habitués à être pris pour cible de manière directe. Dans la foulée de cet enthousiasme bushiste, quatre-vingt pour cent des américains soutenaient encore leur président, le 26 octobre 2001, lorsque celui-ci a fait voter le Patriot Act, un arsenal juridique qui donnait des pouvoirs étendus aux services secrets et limitait nettement les libertés publiques : droit à la vie privée, droit d’expression, droits de la défense des accusés. Ne parlons pas de l’amalgame honteux qui associait à Al Qaeda l’Iran la Corée du Nord et surtout l’Irak, victime d’une guerre aux justifications vaseuses et mensongères.
Enfin, New York, siège des Nations Unies, symbole d’une Amérique cosmopolite liée à la vieille Europe, centre du XXe siècle, a momentanément semblé vaincue par ses propres valeurs d’ouverture au monde. Et ce n’est pas un petit symbole.
De manière opportuniste, le gouvernement fédéral venait d’obtenir de nombreuses choses qu’il aurait été difficile ou impossible à obtenir autrement, et ceci avec le consentement pleutre du parti Démocrate (qui a voté le Patriot Act et accepté la Guerre en Irak) mais aussi de la plupart des alliés des États-Unis, à l’exception de la France dont la résistance reste le dernier « beau geste » historique à mon avis. Il faut dire que la menace était forte, le président de la première puissance militaire n’avait pas hésité à lâcher : « Vous êtes soit avec nous, soit contre nous ». La théorie d’un « choc des civilisations » que Ben Laden ou George Bush ont tenté d’imposer à l’opinion internationale semblait pourtant motivée par une raison certes civilisationnelle mais pas spécialement religieuse, je veux parler du pétrole. La famille Bush et la famille Ben Laden étaient partenaires financiers dans le domaine, et Oussama Ben Laden, renégat de sa famille, avait quand à lui été soutenu par la CIA, qu’avait justement dirigé George Bush, pendant la guerre entre l’URSS et l’Afghanistan. La proximité amicale, historique, financière et stratégique entre différents protagonistes et les conflits d’intérêts (il suffit de penser au fait que le vice-président Dick Cheney était l’ancien directeur de la société Halliburton, titulaire de milliards de dollars de contrats avec l’armée) ou les incohérences dans la traque d’Ousamma Ben Laden (jusqu’à son incompréhensible assassinat) ont donné à certains l’idée folle que la chute des tours jumelles avait été décidée et exécutée par la CIA. C’est la fameuse « théorie du complot », qui a été décrédibilisée par ceux qui l’ont soutenu médiatiquement et ont tenté de la démontrer, expertises « indépendantes » farfelues à l’appui, mais qui n’a pourtant rien d’absurde : après tout, il est déjà arrivé que les États-Unis attaquent leur vassaux en se faisant passer pour leurs rivaux, comme dans le cas du spectaculaire attentat de la Gare de Bologne, en 1980, organisé par des « Brigades rouges » qui étaient en réalité des néo-nazis de la loge maçonnique3 Propaganda due, fournis en explosifs par Gladio, c’est à dire la branche italienne de Stay Behind, un service secret de l’Otan chargé de diffuser en Europe la peur du socialisme.
Les complots existent. Les attentats destinés à accuser d’autres que ceux qui les ont perpétrés, y compris des attentats contre soi-même, ne sont pas rares dans l’histoire : qui veut noyer son chien l’accuse d’avoir la gale, n’est-ce pas. Mais pour moi, l’hypothèse du complot d’État reste peu vraisemblable, et ce pour des questions d’image.
Pour commencer, la raison d’État est une notion qu’une majorité de gens admet à des degrés divers, mais toujours à condition que celle-ci ait un lien direct avec ce qui est censé être protégé ou conquis. On peut prendre pour exemple la question des indiens d’Amérique. Malgré quelques films tardifs d’auto-flagellation (Little Big Man, etc.), les Américains vivent assez bien avec l’idée du génocide des indigènes. Certaines parties de leur histoire les mettent un peu plus mal à l’aise. Le film Heaven’s Gate (1980), de Michael Cimino, a par exemple provoqué à sa sortie un rejet général de la part de la critique et du public, car il affirmait que les grands propriétaires terriens qui ont fondé le pays l’ont fait en assassinant les immigrants pauvres qui étaient venus chercher la bonne fortune sur le nouveau continent, et dont la présence gênait : il y a ici une dissonance entre deux mythes, celui des immenses puissances financières telles que le pays sait en produire, et celui du pays où « tout est possible » et où chacun a les mêmes chances de réussir.
Par ailleurs, si les États-Unis adorent s’inventer des ennemis et les monter en épingle, il est en revanche insoutenable pour eux de se voir en victimes d’une authentique défaite, et je doute qu’ils prennent sciemment le risque d’en subir. Virtuellement, au cinéma ou dans les comics, les États-Unis ont été menacés par des saboteurs nazis, par des sous-mariniers japonais, par des arabes délirants (les Lybiens dans Retour vers le futur, par exemple), ou par d’autres aliens, venus de l’espace ou de pays exotiques. Mais ces défaites, toujours dues à la fourberie de l’ennemi, ne sont jamais que provisoires. Le cas-limite est le film Pearl Harbour, par Michael Bay (2001), qui transforme une défaite historique traumatisante4 en quasi-victoire, puisque l’on y voit deux valeureux pilotes détruire à eux seuls la plupart des avions japonais puis, quelques mois plus tard, aller bombarder Tokyo5: le film s’achève donc sur un succès, le martyr est exclu6. La politique extérieure américaine n’est justifiée, dans l’opinion publique du pays, que par le sentiment d’être du « bon côté », d’être mondialement enviés (et donc d’avoir toutes les raisons de se défendre, y compris préventivement) et enfin, par un sentiment d’invincibilité, du moins d’invincibilité sur leur propre sol, car ailleurs il en va autrement : les guerres de Corée, du Viêt Nam, d’Irak ou d’Afghanistan sont loin de pouvoir être qualifiées de victoires. Si la défaite extérieure est gérée par diverses fictions et par des rites (le rapatriement des soldats tombés pour le drapeau, les cérémonies dans les cimetières militaires,…), la défaite intérieure n’a pas vraiment d’image, n’est pas imaginable7. Quand à l’agression, elle est toujours de l’autre côté : en se fiant exclusivement aux films de fiction, on peut imaginer que les États-Unis sont constamment attaqués par d’autres pays et ne font que répliquer légitimement à ces assauts, tandis qu’en regardant l’histoire, on constate l’exact opposé : des siècles de guerres « préventives », « anticipatives », c’est à dire des guerres déclenchées par les États-Unis.
Pour accepter sa situation très singulière — celle d’un empire martial bâti sur une terre spoliée qui assure le confort d’une partie de ses citoyens au détriment du reste du monde, si l’on doit résumer8 —, les États-Unis ont construit assez spontanément une mythologie séduisante en laquelle ils sont les premiers à croire, qui s’exprime avant tout dans les fictions populaires et qui propose au public mondial une vision symbolique cohérente de la marche du monde. La légitimité de la domination ; la supériorité de la décision sur l’analyse ; de l’action sur la réflexion ; du « bon sens » (c’est à dire des préjugés) sur l’intelligence ; l’héroïsme des conquêtes ; l’envie ou la jalousie qu’est censé susciter le modèle américain ; etc. Cow-boys libres et aux pieds sur terre ; président fondamentalement honnête et courageux9, protection divine (parfois si bête que les traducteurs français l’éludent des adaptations de séries ou de films), étrangers hostiles mais — et c’est une assez bonne raison — dont les pays sont traités comme une aire de jeu,… Notre imagination, l’imagination planétaire, est en partie limitée, bornée par l’efficacité des scénaristes hollywoodiens.
En même temps, les États-uniens sont aussi les premiers producteurs du contre-poison aux œuvres qui relèvent de l’idéologie américaine. Il existe chez eux une grande tradition de résistance au patriotisme forcé, à la bigoterie, à l’impérialisme de leur pays, à la société de consommation, à l’organisation patriarcale et aux académismes esthétiques. On la trouve, à des degrés divers (du rejet total de la civilisation américaine contemporaine à des revendications plus ponctuelles), dans les contre-cultures qu’on a appelées beat, freak, hippie, etc. : William Burroughs, Jack Kerouac, Allen Ginsberg, Gregory Corso, Robert Crumb, John Waters, Philip K. Dick, Bob Dylan et Joan Baez, Hakim Bey, Michael Moore. On la trouve aussi (et souvent en lien étroit avec les précédents cités), à l’université, avec des personnalités telles que Noam Chomsky, Donna Haraway, Angela Davis, Howard Zinn. On peut bien sûr remonter plus loin dans l’histoire avec des gens tels que Henry David Thoreau. Il existe aussi une forte contre-culture « de droite », parfois opposée à l’État fédéral : survivalistes et autres libertariens.
Mais tous ces mouvements plus ou moins underground souffrent d’une part de leur statut, qui fait d’eux, et parfois malgré eux, des cautions démocratiques, mais ils souffrent aussi de leur récupération médiatique : caricaturés, achetés, transformés en marques, en clichés, victimes d’hagiographies qui renvoient leur pensée et leur engagement à l’histoire ou la résument à des anecdotes,… Qu’on les ignore, qu’on fasse d’eux les épouvantails de leur propre engagement ou qu’on les affaiblisse en les célébrant ou même en continuant leur travail, ils sont toujours gérés et, finalement, à peu près inoffensifs.
Plus efficaces sont parfois les artistes qui jouent le jeu de l’entertainment et avancent en quelque sorte masqués, touchant un large public et parvenant à donner une publicité extraordinaire à des idées subversives. Bien sûr, leur attitude peut aussi être questionnée et elle est à double-tranchant : on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre, certes, mais dans un message transmis sous forme de divertissement, c’est le divertissement qu’on retient le plus, et qui reçoit le consentement, pas l’éventuel message politique. De plus, ces œuvres se perdent souvent dans la masse des films ou des séries de propagande patriotique qui, souvent, épousent le même forme et ont les mêmes qualités, et qui feignent même parfois la subversion (un président noir dans 24 heures chrono, par ex). Pourtant, j’admire beaucoup les figures de cette étonnante « contre-culture mainstream », si on me permet cet oxymore, dans laquelle je range, à des niveaux de subversion, là encore, très divers, Matt Groening (Les Simpson, Futurama), Joss Whedon (Buffy, Angel, Firefly), Tim Burton (pour Beetlejuice, Edward Cisorhands et Mars Attack), Paul Verhoeven (pour Robocop et Starship Troopers) et même, je suis près à le défendre, James Cameron (Terminator, Aliens, Dark Angel, Avatar).
Je voulais parler du 11 septembre 2001 et je me lance dans un discours anti-impérialiste anti-américaniste primaire qui conclut en affirmant que James Cameron est un cinéaste subversif. Parmi le déluge d’articles consacrés à cet anniversaire, je doute que quelqu’un arrive à faire plus fort que moi.
Alors le 11 septembre 2001, oui, c’est bien un évènement, parce qu’il y a beaucoup de choses derrière. Beaucoup de choses y ont mené, et beaucoup de choses en ont découlé : on n’a pas fini d’en entendre parler.
Un travail que j’aimerais vraiment réaliser sur le sujet, ce serait de reprendre chaque série télévisée de l’époque, et voir comment l’attentat a modifié leur ligne politique, quel genre de situations ont été scénarisées (je pense, par exemple, aux épisodes de séries justifiant la torture par exemple), quels nouveaux personnages sont apparus, et bien sûr, quelles séries ont disparu et quelles séries sont nées à ce moment-là.
Quelques articles liés au sujet : Opérations extérieures, Mission: Impossible, L’herbe du voisin bleu du futur est toujours plus pourpre.
- Le gouvernement socialiste de Salvador Allende a beaucoup déplu aux États-Unis qui ont passé quelques années à tenter de le déstabiliser médiatiquement puis, comme ça ne fonctionnait pas, en assistant le Général Augusto Pinochet dans un coup d’État qui a installé dix-sept dans de dictature militaire dans le pays, abouti à cent-cinquante mille arrestations politiques, des dizaines de milliers de cas de torture sur des opposants politiques et plus de trois mille morts et disparitions. [↩]
- L’attaque de Pearl Harbour a fait un peu moins de morts que la chute des tours, mais il s’est agi pour les japonais d’une véritable victoire militaire puisque plus de cent avions et presque toute la flotte américaine basée dans l’Océan Pacifique y ont été détruits. [↩]
- La « loge P2 » avait été exclue du Grand-Orient d’Italie quatre ans avant l’attentat. Parmi ses membres on compte notamment Giulio Andreotti, ancien président du conseil italien, et Silvio Berlusconi, actuel président, des mafieux, des religieux et de nombreuses autres figures-clé de l’Italie d’après-guerre. [↩]
- Le sentiment anti-Japonais aux États-Unis est extrêmement fort depuis Pearl Harbour. Récemment, après la catastrophe nucléaire de Fukushima, on pouvait lire sur les réseaux sociaux des commentaires joyeux tels que « bien fait pour vous, en mémoire de Pearl Harbour ». Et lorsque le Japon a battu les États-Unis aux championnats du monde de Football, on pouvait lire des choses aussi imbéciles que « J’espère qu’un autre Tsunami détruira votre pays ». [↩]
- Le bombardement punitif du Japon dans le film est un bombardement conventionnel. Il est rare que les Américains aiment se souvenir qu’ils sont, à ce jour, l’unique pays à avoir utilisé l’arme nucléaire contre des populations. [↩]
- Il me semble que si la défaite collective est inimaginable, la défaite individuelle est en revanche possible dans l’inconscient collectif américain. Cette défaite individuelle, ce sad ending est généralement consolé par la jouissance qui le précède (les deux Scarface), ou par le sentiment du devoir accompli, par exemple dans Gran Torino, récit archétypique puisque son protagoniste, Walt Kowalski, est un vétéran de l’industrie automobile et un vétéran de la guerre de Corée : le vétéran, maltraité, floué, voit tout de même sa récompense dans le fait d’être un vétéran. Ce qu’on lui a fait faire n’est pas mis en question. Certaines époques ont été plus propices aux sad endings que d’autres, notamment les années 1970 : Un après-midi de chien, Soleil vert, Midnight Cowboy,… [↩]
- Je renvoie une fois de plus le lecteur à l’admirable Diplopie, de Christian Chéroux, qui raconte entre autres comment l’image traumatisante des tours effondrées a rapidement été remplacée, aux États-Unis, par l’image des courageux pompiers de New York en train d’ériger leur drapeau dans un pastiche du célèbre cliché d’Iwo Jima. [↩]
- Le plus incroyable est sans doute que les « sales secrets » des États-Unis finissent par être connus : oui, la CIA a vendu de la drogue pour s’autofinancer, oui, l’armée américaine a volontairement transmis le typhus aux indiens, oui, le sucre importé depuis Cuba a volontairement été intoxiqué pour donner une mauvaise réputation au régime Castriste, oui le président Dominicain a été assassiné,… La liste est interminable, et, pour peu que les faits soient assez anciens pour avoir été « déclassifiés », quasi-publique. [↩]
- Hors Mars Attack, de Tim Burton, je vois peu de présidents américains vraiment veules dans les fictions du cru. [↩]
41 Responses to “Le jour où les avions se sont arrêtés”
By jjb on Sep 5, 2011
Bonne idée de reprendre quelques faits avant la nouvelle exploitation spectaculaire de la semaine prochaine ;-)
De mon côté je me souviens avoir proposé à ma fille, qui avait elle 16 ans à l’époque, de regarder exceptionnellement la télé, et ce toute la soirée, pour analyser comment le discours évolue et comment les témoignages embarrassants sont progressivement censurés. L’exercice fut éloquent.
Quant à la théorie du complot, l’histoire révélera peut-être un jour ce qu’il en fut de la vérité, car les explications officielles sont les premières à ne pas tenir debout. Si il en fut de farfelues, comme tu dis, le gouvernement Bush tient le pompon.
Il n’y a pas que Bologne où la CIA (ou ses anciens membres) a fini par avouer, tel l’assassinat de Lumumba, l’aviation américaine contre Pinochet, le commerce de la cocaïne, les prétendues armes de destruction massives, etc., etc.
La question reste toujours : « à qui profite le crime ? »
By Jean-no on Sep 5, 2011
@jjb : les autorités américaines savent, je pense, que tout finit par se savoir. Et c’est ce qui est incroyable : les pires saloperies passent, pour peu que le temps ait passé, et pour peu, surtout, que ça se soit passé ailleurs (enfin un « ailleurs » qui peut être « ici », je pense à l’infiltration des Black Panthers ou les expériences scientifiques menées sur des hippies, sur des malades étrangers, etc.). Je ne pense pas que le public puisse souscrire à un calcul qui fait 3000 morts américains, et encore moins s’il vexe si profondément le pays entier. Du coup, rien que pour ça, je pense que c’est invraisemblable (mais bon, tout se peut dans le registre), d’autant qu’il n’y avait pas besoin de faire quoi que ce soit pour aboutir à ce genre de résultat : il a suffi de laisser se radicaliser des groupes de furieux un peu partout dans le monde…
Je pense que le crime profite à qui sait en profiter, mais pas forcément à celui qui a commis le crime. Par exemple si demain quelqu’un poignarde un milliardaire pour lui voler son porte-monnaie ou par haine de ce qu’il représente, le crime profitera aux héritiers du milliardaire et à l’État qui percevra les droits de succession :-)
Et à part ça, oui, Bologne, ce n’est qu’un évènement parmi d’autres.
By grommeleur on Sep 5, 2011
Et Rambo ?
Il est pas dans la liste avec Starship Troopers ?
Et puis, comme évoqué dès le début, pour moi le 11 septembre c’est le 11 septembre 1973 …
By Jean-no on Sep 5, 2011
@grommeleur : Rambo, comme Rocky, c’est une œuvre consolatrice plutôt que subversive, non ?
By Emeline B on Sep 5, 2011
A ce sujet, l’évolution dans la série « The West Wing », créée et scénarisée par Aaron Sorkin peut être intéressante. Il a également scénarisé The social Network, Charlie Wilson’s war et a Few good men (si ma mémoire est bonne).
Il est assez connu pour intégrer des situations politiques revues « à sa sauce » (notamment dans Studio 60, ou un scénariste est renvoyé à cause d’un mot de travers sur le 11 septembre, ayant osé en faire un sketch comique). Je n’ai jamais trouvé sa position très claire, cela dit…
The West Wing a survécu 7 saisons avec un succès certain en illustrant rien d’autre que vie de décisionnaires et fonctionnaires à la maison blanche. Je n’ai jamais eu l’occasion de la regarder dans son entier (quelque peu rebutée par le sujet), mais ce que j’en ai vu oscille entre un patriotisme exacerbé et une certaine critique sociale.
A noter pour Joss Whedon la mini web-série « Dr Horrible », présentant un anti-héros voulant devenir un super méchant, et un super héros américain se décrédibilisant lui même.
By Jean-no on Sep 5, 2011
@Emmeline : j’adore Dr Horrible, c’est vraiment une pitié que ce soit si court.
By renaud on Sep 5, 2011
Je me suis toujours demandé si les théories du complot florissant autour du 11 septembre n’étaient pas simplement une façon pour les Etats-Unis et plus généralement les occidentaux de se réapproprier la responsabilité d’un tel événement : je veux dire, dans un complexe de supériorité fruit de l’histoire récente, n’est-il pas rassurant de se dire que nous sommes par l’intermédiaire de nos services secrets (qui du coup n’auraient pas si failli que ça puisque c’était voulu – syndrôme Kennedy), les propres « cerveaux » de cette affaire – le monde du coup reste ce terrain de jeu réservé à l’Occident, l’Histoire, c’est nous qui la faisons – plutôt qu’une quinzaine d’arabes armés de cutter et de quelques heures de pilotage sur biplan. Que ces pauvres damnés (alcooliques et dévergondés) aient pénétré le coeur de notre super puissance protectrice (nos libérateurs des dernières guerres, les triomphateurs du Communisme) avec tant de facilité nous semble tellement dur à accepter. Il y aurait tant à dire sur le sujet, le complot comme preuve de notre grande intelligence, de notre supériorité (à la fois dans son organisation, dans son déchiffrage aussi).
Je me suis aussi toujours intéressé à la personnalité étrange de Ben Laden. Je lis beaucoup de commentaires sur les relations de sa riche famille avec les Bush, de son rapport à la CIA, mais souligne-t-on qu’il a lui-même choisi le dénuement, les théâtres de la guerre, (le Pakistan et l’Afghanistan quand même, ça ne rigole pas) et le rejet d’un mode de vie tranquille et doux qui l’aurait vu fréquenter les piscines de la jet set internationale, entre Londres, la Suisse et les Emirants. N’est ce pas ça qui nous questionne (dérange) le plus finalement, plutôt que son islam guerrier, n’est ce pas ça qui nous le rend incompréhensible (et donc dangereux) ?
By Jean-no on Sep 5, 2011
@renaud : en même temps l’organisation du 11 septembre 2001 était suffisamment low-tech pour ne pas être si inquiétante en termes de complexe de supériorité : ça montre la détermination des terroristes, mais aussi, ça ne contredit pas la hiérarchie que les gens ont en tête. Je veux dire par là que penser que les Chinois ont de bons hackers a à mon avis plus l’effet anxiogène que tu proposes. Mais pourquoi pas. Sur la vie austère, très « prophète », finalement, oui ça doit plus gêner, en tout cas chez les gens assez religieux. Je remarque qu’on a souvent qualifié Ben Laden de milliardaire, sans doute précisément pour contrer cette image de « champion du tiers-monde ».
By Palladium on Sep 5, 2011
Oooh… même pas une petite référence à « The Lone Gunmen » (« Au cœur du complot » en version française ?), une série dérivée de X-Files (« Aux frontières du réel » en V.F.) ? Avec le pilote de la série intitulé « Pilote Fantôme »…
By Jean-no on Sep 6, 2011
@Palladium : je dois admettre que je ne connais pas du tout.
@SebM : South Park est super drôle (et paradoxalement parfois un peu consensuel, dans cette manière de taper sur absolument tout le monde) et on peut citer d’autres séries animées comme American Guy, The Griffin, Beavis & Butthead, Daria, qui pour moi « descendent » tous d’une façon ou d’une autre des Simpson. Mais la puissance des Simpson, c’est d’être diffusés à une heure de grande écoute depuis plus de vingt ans, c’est une authentique série populaire et familiale, d’où une certaine puissance subversive, pour moi.
By SebM on Sep 5, 2011
S’il y a bien pour moi une série US à la fois populaire et subversive, c’est South Park ! Ils ont une capacité à aborder les questions politiques et soci(ét)ales par la bande, d’une manière qui prend à rebrousse-poil toute posture morale (de droite comme de gauche), mais qui fin(al)ement balaye surtout les conceptions conservatrices, même (et surtout) lorsqu’elle prétend conforter celles-ci.
Ils ont justement réalisé un épisode sur le 11 septembre et la théorie de l' »inside job », il s’agit de « L’affaire du caca dans l’urinoir ». La conclusion de l’épisode étant justement que les partisans de la théorie du complot sont eux-même manipulés… par le gouvernement, qui peut ainsi donner aux citoyens l’illusion de sa toute-puissance et de son infaillibilité.
Il y aurait de nombreux épisodes à explorer, j’en profite pour en signaler qui me semble particulièrement intéressants par leur réflexivité : il s’agit des 2 épisodes « Cartoon wars” qui ont suivi l' »affaire des caricatures de Mahomet » et qui interrogent sur les limites de la caricature et de la représentation, en jouant de l’impossibilité de représenter Mahomet, mise en abîme dans un épisode où ils finissent par le représenter… censuré par leur direction !
Le clou étant l’épisode « 201 » (le 201e donc) réalisé 4 ans plus tard où 200 personnalités ridiculisées par la série décident de capturer Mahomet afin de pouvoir acquérir son incroyable pouvoir d’échapper au ridicule en étant constamment censuré…
By jpd on Sep 6, 2011
« On la trouve, à des degrés divers (du rejet total de la civilisation américaine contemporaine à des revendications plus ponctuelles), dans les contre-cultures qu’on a appelées beat, freak, hippie, etc. : William Burroughs, Jack Kerouac, Allen Ginsberg, Gregory Corso, Robert Crumb, John Waters, Philip K. Dick, Bob Dylan et Joan Baez, Hakim Bey, Michael Moore. On la trouve aussi (et souvent en lien étroit avec les précédents cités), à l’université, avec des personnalités telles que Noam Chomsky, Donna Haraway, Angela Davis. On peut bien sûr remonter plus loin dans l’histoire avec des gens tels que Henry David Thoreau. »
C’est curieux mais vous ne mentionnez pas Howard Zinn que vous semblez pourtant avoir lu ?
By Jean-no on Sep 6, 2011
@jpd : je ne l’ai pas lu non, mais je connais, très bonne référence, je l’ajoute
By 2goldfish on Sep 6, 2011
« Je voulais parler du 11 septembre 2001 et je me lance dans un discours anti-impérialiste anti-américaniste primaire »
C’est sans doute la force de l’attentat, qui radicalise contre leur gré les analystes les mieux intentionnés, dans un sens ou un autre… Et quand certains parviennent à avoir une analyse équilibrée et dépassionnée du sujet (tu n’en n’est pas si loin), bien souvent tout ce qu’ils y gagnent c’est d’être taxé d’extrêmisme par les deux camps qu’ils tentent de réconcilier, qui sont au moins d’accord sur le principe selon lequel « si tu n’es pas avec nous, tu es contre nous ».
By Xavier on Sep 6, 2011
Pour tout ce qui concerne l’ingérence des Etats-Unis dans la politique de nombreux pays, Davi B. et Jean-Pierre Filiu viennent de sortir le premier tome de « Les meilleurs ennemis – Une histoire des relations entre les Etats-Unis et le Moyen-Orient » chez Futuropolis.
A lire tout en consultant la Wikipédia (ou autres sites Webs traitant des sujets abordés).
By Palladium on Sep 6, 2011
@Jean-no : Je crois que l’épisode en question se trouve (en intégralité) sur YouTube.
(Attention « spoiler »…)
Cet épisode, diffusé quelques mois avant le 11-septembre, c’est quand même incroyable quand on y pense.
Et je crois qu’on peut aussi dire que « X-Files / Aux frontières du réel » a eu une certaine influence, quand même. Malgré que ce soit de la fiction, je crois que ça a joué un rôle sur la « culture populaire ». Les (télé)spectateurs devenant un peu moins candides, on arrêtait de leur demander de croire à un monde de Bisounours.
By Jean-no on Sep 6, 2011
@Palladium : X-Files a à mon avis eu une très grande influence sur la diffusion des théories du complot, c’est sûr !
By Shadows44 on Sep 6, 2011
@Jean-No :
« @renaud : en même temps l’organisation du 11 septembre 2001 était suffisamment low-tech pour ne pas être si inquiétante en termes de complexe de supériorité »
Justement si : vu les dépenses faramineuses en défense intérieure et extérieure des USA, on peut penser que savoir que tout cet arsenal est impuissant face à un cutter de quelques dollars, ça peut sembler insupportable et inacceptable. Croire à une conspiration est finalement « rassurant », cela conforte l’idée que le gouvernement est le plus fort, qu’une bande de terroristes sans le sou ne peut évidemment pas s’attaquer aux USA, sauf si les USA aident ou laissent faire…
Cela conforte peut-être aussi l’idée que le gouvernement est un ennemi du peuple et qu’il faut baisser ses financements, idée tenace aux USA.
En ce qui concerne le lien USA-Japon, un évènement assez peu abordé en France (je n’ai aucun souvenir de l’avoir abordé en histoire), l’internement des américains d’origine japonaise. The Atlantic vient d’ailleurs de publier une série de photos sur le sujet :
http://www.theatlantic.com/infocus/2011/08/world-war-ii-internment-of-japanese-americans/100132/
Les commentaires sont assez révélateurs, avec de nombreuses personnes cherchant à minimiser la chose, au prétexte que l’Allemagne et les russes ont fait pire, oubliant au passage que les USA, eux, se battaient au nom de la liberté, pas les nazis ou les communistes.
Peut-être un sentiment de culpabilité latent ?
By Jean-no on Sep 6, 2011
@Shadows44 : c’est vrai que Bush (et plus encore son héritage : Palin, Bachmann) sont un cas étonnant d’une droite anti État fédéral qui accède au pouvoir. Ceci dit on a pareil eu Europe où une majorité des pays de l’UE sont dirigés par des gens qui ont fait leur carrière en tant qu’Eurosceptiques ou Europhobes… Une tendance schizophrène chez les électeurs ? Ou au contraire très cohérente ?
Je connaissais les camps de japonais et japonais d’origine aux US. On a beaucoup fait le même genre de choses en France pendant les deux guerres mondiales, et même entre les deux, avec les alsaciens. Mais ça n’en est pas moins attroce. Ces gens qui du jour au lendemain deviennent des étrangers dans leur pays, du fait de leur origine, c’est assez horrible et insultant.
En tout cas je ne parierais pas sur le sentiment de culpabilité des Américains : hors universitaires super pointus et acteurs engagés, le grand nombre a une vision assez simplette de l’histoire et considérera toujours que son pays était dans le bon camp.
Un autre fait qui m’a sidéré récemment dans le rapport US/Japon et que je ne savais pas, c’est que l’isolement volontaire des japonais entre le 17e et le 19e siècle a été rompu par les Américains : ils trouvaient que ça faisait du mal au commerce et que ça gênait leur propre développement, donc ils ont passé des années à venir avec des bateaux de guerre canonner les ports ! Les Japonais ont cédé en 1854. C’est une assez bonne illustration du fonctionnement du capitalisme, qui a besoin de conquérir de nouveaux territoires, de nouveaux marchés, pour continuer à croître… Or que faire, en 2011, alors que la terre est « finie », que la Chine est dans l’économie de marché et qu’il ne reste guère que la Corée du Nord qui n’y soit pas ?
By 2goldfish on Sep 6, 2011
@Palladium Je pense que c’est un poil plus complexe que ça. X-Files s’inscrit dans une tendance culturelle plus large, évidement, qui a vu la montée des idées et de l’esthétique underground des années 80 dans le mainstream. Déjà, X-Files est une des séries « bizarres » lancées après le succès de Twin Peaks (et une des seules qui a rencontré le succès), mais c’est aussi sans doute l’enfant du JFK d’Oliver Stone, qui a popularisé les théories du complots aux USA.
En fait la figure du « conspirationniste » est très présente dans les BD et films indépendants américains de la fin des années 80, mais souvent sous la forme d’un personnage à demi-fou à travers lequel les indépendants s’auto-critiquent (cf « Slackers » ou les comics de Dan Clowes).
En mettant le « conspirationniste » dans le costume d’un agent du FBI (après le costume d’avocat dans JFK), X-Files a sans doute autant participé à la popularisation des théories du complot qu’à leur assimilation et donc neutralisation.
« Ne pas croire aux versions officielles », c’est devenu un leitmotiv courant au début des années 1990 à travers les séries, le rock, le cinéma… Et X-Files s’inscrit exactement dans le même courant que les Simpsons et Nirvana, finalement.
(désolé si je me laisse un peu emporter, j’aimerais écrire tout un livre sur le sujet un jour)
By Jean-no on Sep 6, 2011
@2goldfish : je pense que c’est un sujet très important. Personnellement je pars toujours du principe que les opinions de masse se nourrissent d’un aller-retour entre réalité et fiction : X-Files est aussi la continuation des Envahisseurs ou du Prisonnier, dans un sens, deux séries paranoïaques… Et c’est vrai aussi que c’est une continuation directe de Twin Peaks, malgré la réalisation assez plan plan. Je dois avouer que je n’ai pas vu un épisode de X-Files depuis… Hmmm…
By Shadows44 on Sep 6, 2011
« Ceci dit on a pareil eu Europe où une majorité des pays de l’UE sont dirigés par des gens qui ont fait leur carrière en tant qu’Eurosceptiques ou Europhobes… Une tendance schizophrène chez les électeurs ? Ou au contraire très cohérente ? »
Je ne suis pas certain, le courant aux USA va quand même plus loin, il y a une réelle volonté de réduire le gouvernement, de ne surtout pas augmenter les impôts qui pourraient ainsi faire grossir le « monstre », une méfiance durable face aux dirigeants, vus en ennemis du peuple (cf récemment le débat sur l' »Obamacare », ou les candidats républicains qui jurent de ne jamais augmenter les impôts quelles que soient ls circonstances). Ca va plus loin que l’eurosceptisme ou le « tous pourris », non ?
J’aurais tendance à relier ça à l’histoire du pays, né justement en défiance à un gouvernement qui était opposé au peuple…
By Jean-no on Sep 6, 2011
@Shadows44 : La grosse différence en France et sans doute dans d’autres pays c’est que l’Euroscepticisme vient d’abord des dirigeants plus que de leurs électeurs, dont les doutes vis à vis de l’utilité de l’Europe sont plus récents. Je pense qu’aux US, tout ça remonte à la guerre de Sécession. Le lien entre les deux c’est le sentiment que les décisions se prennent au loin, technocratiquement…
By audrey gourd on Sep 6, 2011
Quand la réalité dépasse la fiction…
« Un travail que j’aimerais vraiment réaliser sur le sujet, ce serait de reprendre chaque série télévisée de l’époque, et voir comment l’attentat a modifié leur ligne politique, quel genre de situations ont été scénarisées (je pense, par exemple, aux épisodes de séries justifiant la torture par exemple), quels nouveaux personnages sont apparus, et bien sûr, quelles séries ont disparu et quelles séries sont nées à ce moment-là. »
Deux écrivains de théâtre se sont aussi posés cette question « écrire après le 11 septembre 2011 » -> Michel Vinaver et Israël Horovitz.
Tous deux ont très vite exposé la thèse qu’après l’effondrement des tours, ils ne pouvaient plus écrire de fiction comme avant.
By david on Sep 6, 2011
Après Tintin au Congo, nous avons Jean No à washington.
Et pourtant nombreux sont ceux qui ont entendu parlé de Obama, Berkeley, les contre pouvoirs et dans contre pouvoirs il y a, aux USA, des lettrés puissants.
Alors pourquoi cette reprise de Tintin au Congo?
Peut-être que la pensée colonialiste et jacobiniste est toujours là?
Que les savoirs, les nouveaux moyens de communication qui mettent la connaissance à votre portée ne servent à rien pour ceux qui n’ont pas les aptitudes à accepter ce qu’ils voient et lisent. Ils ont appris à ne pas voir ou est-ce naturel?
Ils voient les USA comme Tintin voit le Congo!
Cela est bien pratique et peu fatiguant! En infériorisant l’autre on peut s’élever. Pour prétendre « civiliser » les autres il faut dans un premier temps affirmer leur manque de civilisation.
C’est bien connu que chacun pourrait faire mieux que les pauvres Congolais et les pauvres Américains.
By Jean-no on Sep 6, 2011
@david : en fait il y a un Tintin en Amérique, qui est aussi emprunt de préjugés que Tintin au Congo (bizarrement, Hergé préférait ces albums à Tintin chez les Soviets qui était pourtant, quoique très orienté, plus proche d’une certaine réalité). Aux US il y a des contre-pouvoirs, je ne dis rien d’autre et je parle de l’Université. Je ne range pas Obama dans les contre-pouvoirs, sa politique extérieure n’est pas franchement en rupture avec l’impérialisme, même s’il est bien plus diplomate que George Bush.
Je ne pense pas « inférioriser » les Américains. Je rappelle au contraire que c’est un pays puissant, et je souligne, dominateur. Je ne pense pas, cette fois, que « david » (retour de mon vieux troll Marc, Georges, Geoffrey, Frédéric, etc. ?) que tu puisses vraiment me contredire sans proposer d’autres arguments que de me renvoyer à Tintin.
By Valéry on Sep 6, 2011
« J’aimerais bien revoir l’ensemble de ces images, disons les deux premiers jours, pour me rappeler dans quel ordre tout ça nous est parvenu » : c’est possible ici : http://www.archive.org/details/911/day/20010911
By Jean-no on Sep 6, 2011
@Valéry : merci
By Emeline B on Sep 6, 2011
Justement un article (certes court) sur la façon dont le 11 septembre a changé la science-fiction au travers de plusieurs thématiques : http://io9.com/5837443/how-911-changed-science-fiction
By Jean-no on Sep 6, 2011
@Audrey : je n’étais pas tout à fait dans cette optique. Les artistes (au sens de personnes responsables de leur œvre) peuvent avoir des positions de ce genre, ça me rappelle les gens qui disaient « après l’holocauste (on ne disait pas encore Shoah) on ne pourra plus jamais écrire comme avant », etc.
C’est intéressant, mais ce qui m’intéresse plus pour l’instant c’est de voir ce que les scénaristes hollywoodiens, qui sont bien plus des artisans, à la fois des éponges de la mentalité ambiante et des créateurs de cette mentalité, ont fait, ce que ça a changé à leur travail. Et sur des points précis de propagande : la représentation des moyen-orientaux, des européens, les justifications de la torture, etc.
By audrey gourd on Sep 6, 2011
@Jean-no : heureusement les deux approches ne s’excluent pas.
Il me semble que les deux auteurs se réfèrent aux auteurs de l’après l’holocauste (à vérifier). On pourrait dire aussi qu’aucun auteur de théâtre ne peut écrire après Brecht, qui voulait transformer le monde par la pratique du théâtre…
En ce qui concerne la fiction littéraire (moins consciente de son rôle politique), Edward Saïd dans culture de l’impérialisme, a lui même « traqué » les représentations sous-jacente dans le genre romanesque par une méthode de lecture en contrepoint avec l’actualité de l’expansion coloniale britannique. Il fait référence et s’inspire d’ailleurs assez largement de la « théorie du roman » de Georg Lukács, qui est le premier à avoir tenté de montrer que le réel s’imbriquent dans la fiction romanesque.
(L’autre question qui vient alors à l’esprit : est ce que la fiction a le pouvoir de changer le réel ?)
Je suis d’autant plus intéressée par votre approche (influence moins consciente sur l’imaginaire fictif) que j’ai vécu aussi ces événements par la petite lucarne.
By audrey gourd on Sep 6, 2011
En tout cas Saïd part du postulat que le genre romanesques fut un des ciments de la culture impérialiste et son analyse comparative est très convaincante en ce qui concerne les ressorts narratifs de la « pensée unique » impérialiste. Selon lui, le roman encode des structures d’attitudes et de références et représente une vision fantasmée de la réalité sociale. Autant directement le citer :
« « La base essentielle de cette « consolidation de l’autorité par le roman », ce n’est pas le simple rapport aux mécanismes
de pouvoir qui régissent la société. On fait en sorte que ce fondement apparaisse normatif et souverain, c’est-à-dire qu’il
s’autovalide au cours du récit. Ce n’est paradoxal que si l’on oublie que la constitution d’un objet narratif, si anormal ou
original soit-il, reste un acte éminemment social, donc a derrière lui, ou en lui, l’autorité de l’histoire et de la société. Il y
a d’abord l’autorité de l’auteur – personne qui couche par écrit les processus sociaux d’une manière institutionnalisée,
acceptable, en respectant les conventions, en suivant des modèles, etc. Puis il y a celle du narrateur, dont le discours
ancre le récit dans des circonstances reconnaissables, donc dotées de référents existentiels. Enfin, il y a ce qu’on pourrait
nommer l’autorité de la communauté, dont le représentant est le plus souvent la famille, mais aussi la nation, la localité
précise et le moment historique concret. Ces autorités ont fonctionné conjointement de la façon la plus puissante et la
plus claire au début du XIX siècle, quand le roman s’est ouvert à l’histoire comme jamais auparavant. » [Said, 2000 :
132] »
By david on Sep 6, 2011
Obama? Pas un contre pouvoir? Pour certain si.
Obama? Une contre culture? Pour certains si.
C’est peut-être un wasp? J’ai du mal regarder. Et combien d’autre ont mal « regardé » Obama.
Ils sont puissants et dominateurs? Oui! Le scoop?
Et cela sert à quoi d’écrire de telles choses. Sans aucun contexte! Sans échelle. Sans comparaison. Sans situation.
Tu devrais sortir pour « regarder » les Chinois. Les japonais. Les Allemands. Les Islamique. Tes amis les talibans. Les Français. Et mêmes les Congolais. Quand ils ont les moyens d’être puissants et dominateurs.
Les Américains sont très réglés, policés…nous perdons au change.
Je travaille avec les Américains. Oui, ils sont dominateurs dans nos relations. Mais je gère et m’adapte.Et marques plus que des points. Sans préjugés donc sans complexes.
Et sincèrement ils pourraient être pires. Les USA pourraient être pires POUR MOI et POUR LA FRANCE.
Si ils ne sont pas La puissance dans 20 ans cela pourra être pire. Et ta fille que tu as formée dira « Ils sont puissants et dominateurs » et tu la feras rire tristement avec tes petits états d’âme sur les Américains dans ses comparaisons.
By Jean-no on Sep 6, 2011
@david : ah c’est encore mon troll ! Je n’ai pas vu venir. Profite de ton prochain message, je ne passerai pas les prochains, je n’ai pas le temps pour le trollage en ce moment, mais pas du tout. Obama n’est pas Bush, mais il est dans la continuité au niveau international (il essaie de terminer l’Irak et l’Afghanistan parce qu’il a été élu précisément pour ça) et certaines fuites de Wikileaks ont même montré à quel point. Le regard prédateur sur le Venezuela et l’Iran, ou encore le refus (comme une bonne partie de l’Otan, dont la France) de reconnaître l’État Palestinien ou même d’en discuter, sont d’assez mauvais signes.
Que les US profitent aux pays vassaux comme la France depuis 2007, c’est un fait discutable : quand Laurence Parisot accuse les US de chercher à saboter économiquement la zone euro, je suppose qu’elle a des arguments. Les US sont en crise, leur modèle repose sur la croissance, l’expansion, mais il n’y a plus grand chose à étendre, et pas mal de pays (Amérique du Sud notamment) ne veulent plus se laisser faire. Je ne vois pas trop pourquoi il faudrait choisir son maître, personnellement je pense qu’on a juste intérêt à ne pas avoir de maîtres, mais ça repose surtout sur les épaules de gens comme toi finalement : ce sont les collabos qui font les défaites !
Au fait, quand tu dis « je travaille avec les Américains », tu veux dire que tu connais _des_ Américains ? (moi aussi hein) ou que tu traites avec l’État Américain ? Parce que c’est un peu différent.
By Jean-no on Sep 6, 2011
@audrey : j’ai aussi entendu « on ne peut plus faire de films après Godard », mais je ne me souviens plus de l’argument.
Sur la question de la fiction qui change le réel, je peux dire oui, sans aucune hésitation, ou en tout cas, c’est mon hypothèse de travail, cf. cet article et celui-ci.
By Shadows44 on Sep 6, 2011
« Tes amis les talibans. »
troll spotted !
By Jean-no on Sep 6, 2011
@Shadows44 : troll spotted !
Oui, et aussi une manière de reprendre le « vous êtes avec nous on contre nous » de Bush : soit on accepte tout des États-Unis, soit ça veut dire qu’on leur préfère les Talibans.
By Jean-no on Sep 6, 2011
@Emmeline : merci pour le lien. Je suis très curieux du Dune qui était déjà chez Frank Herbert une allusion à Lawrence « d’Arabie » et à Nasser : je me demande ce que donne une adaptation récente de cette saga.
By david on Sep 7, 2011
Juste pour voir si certains sont puissants et dominateurs.
Je traite avec des privés et « l’Etat Américain ».
Assez en tout cas pour savoir ne pas dire comme toi l' »Etat Americain ». C’est à dire au niveau FEDERALE et au niveau ETAT de NEW YORK.
Aller tu peux user de ton pouvoir et de ta domination sur ton blog en m’éliminant. Dans tes pratiques tu n’as rien à envier aux pires des Américains. Sauf le courage.
By Jean-no on Sep 7, 2011
@david : l’État Américain, c’est l’État fédéral, pas un État Américain. Le seul abus de langage ici (que je commets, mea culpa) c’est d’écrire « l’Amérique », car l’Amérique ce n’est pas que les États-Unis.
Effectivement, je vais désormais ne plus diffuser tes posts, non pas pour user de mon pouvoir mais pour la tranquillité de mes commentaires, ainsi que je l’ai fait bien des fois avec toi – qui reviens chaque fois avec un nouveau nom, il faut deviner… -, et on ne peut pas m’accuser d’avoir refusé la discussion et je ne te prends pas en traître, au contraire de toi qui as toujours refusé de jouer le jeu de la conversation civilisée (où l’interlocuteur ne change pas régulièrement d’identité par exemple, et où il répond aux réponses qu’il suscite plutôt que de se lancer dans des critiques ad hominem).
C’est très flatteur que tu fasses une fixation sur ma personne, comme ça, mais bon : Get a life, comme disent nos amis Américains.
By Zok on Sep 27, 2011
J’aime beaucoup comme d’habitude…
Je suis assez d’accord avec Renaud sur le principe. Les américains pour moi ont été victimes d’un complexe de supériorité, et sont vexés. D’autant que visiblement ils avaient eu des renseignements convergents sur des menaces très sérieuses.
Entre autre, je mets à part que je ne crois pas au complot pour beaucoup de bonnes raisons évoquées ici, mais ce que je crois n’a aucun impact sur quoi que ce soit, et c’est heureux :), je me demande bien pourquoi ils auraient fait sauter, et s’écrouler donc, en premier la tour qui a été touché en deuxième. Vu le point d’impact, ça semble bien être le résultat fragilisation+poids du dessus, m’enfin bon, je m’égare c’est pas le sujet.
J’ajoute finalement que le grand absent, dix ans après, de ce feu d’artifice de l’audimat est le Commandant Massoud, assassiné le 9 septembre 2001. Ce même Massoud qui attirait l’attention sur le danger Ben Laden.
Le complot l’oublie également, la logique voulant si on va par là, pour qui ne croit pas aux coïncidences, que les USA aient aussi assassiné Massoud… mais vu le crédit qu’ils lui portaient, je n’y crois pas.