Profitez-en, après celui là c'est fini

Permission de sortie

août 4th, 2011 Posted in Parano, stationspotting

Je reviens à mes portillons automatiques.
J’avais déjà évoqué leur brutalité, j’avais raconté comment ils menaçaient de couper la ville d’Argenteuil en deux, et enfin, comment leur implantation dans ma ville avait totalement modifié le rapport des usagers à leur gare. J’ai aussi évoqué tous ces sujets dans un article paru le mois dernier dans le Monde Diplomatique1. Mais il y a du neuf. Je découvre que les portillons-automates peuvent être réglés différemment selon le niveau social des gens dont ils régulent le flux.

Lorsque la gare est fermée et qu'il est impossible d'acheter un billet, ou la nuit, les portillons sont enfermés dans une cage métallique. Personne ne se donne la peine de les éteindre et ils continuent à clignoter de toutes leurs diodes. Heureusement qu'on a des centrales nucléaires, hein !

Nathalie m’a signalé, et j’ai pu le vérifier, que ces portillons fonctionnaient de manière différente selon que l’on se trouve dans les gares de Cormeilles-en-Parisis, d’Argenteuil ou du Val-d’Argenteuil, qui se trouve dans la commune d’Argenteuil, entre les deux autres gares.

À Argenteuil, pour des raisons politiques, les portillons ne sont pas activés, ou presque pas, car s’ils sont constamment ouverts, ils sont tout de même alimentés en énergie et clignotent tant qu’ils peuvent2.
On peut donc entrer et sortir de la gare sans billet.

Automate en dérangement, merci de vous adresser au guichet. Guichet fermé, merci de vous adresser à l'automate.

À deux stations de là, à Cormeilles-en-Parisis, la gare où je descends, les portillons sont généralement allumés et actifs (mais parfois, si aucun moyen pour acheter les billets de train ne fonctionne, ils sont enfermés dans des cages métalliques où ils sont alimentés en énergie et clignotent inutilement de toutes leurs diodes) et fonctionnent à l’inverse d’une nasse : il faut un titre de transport pour passer le portillon et se rendre sur le quai de la gare. En revanche il n’en faut pas pour sortir.

La ligne J du réseau Transilien, avec Argenteuil, le Val et Cormeilles en rouge.

Je découvre avec stupéfaction qu’au Val-d’Argenteuil, gare qui se situe entre les deux autres, les règles diffèrent encore. Il faut un titre de transport ou un passe Navigo pour entrer dans la gare, mais aussi pour en sortir. C’est à dire que si l’on a pris le train sans billet, on ne pourra plus sortir de la gare autrement qu’en escaladant le portillon ou en passant derrière quelqu’un. Il s’agit bien évidemment de gêner les fraudeurs, et des contrôleurs et des policiers sont régulièrement postés derrière les portillons, prêts à prendre les contrevenants sur le fait.
Il est logique que l’on ne puisse pas entrer dans un lieu privé (puisque, manifestement, les quais de gares ne sont plus des espaces publics) mais je me demande s’il est tout à fait normal qu’on ne puisse plus quitter un lieu entièrement clos : n’est-ce pas une forme de séquestration ? Imaginons que nous entrions dans un cinéma sans ticket. C’est illégal, oui, mais serait-il admissible de nous bloquer à l’intérieur une fois que nous y sommes entrés ? On me dira que la même chose existe aussi dans le RER, où il faut un ticket pour entrer et un autre pour sortir. Néanmoins sur le réseau Transilien, c’est une nouveauté.

Les photographies ne sont pas très parlantes, mais celle de gauche montre la sortie de la gare de Cormeilles-en-Parisis, qui s'effectue librement, et celle de droite montre la sortie de la gare du Val-d'Argenteuil, qui est conditionnée au fait de disposer d'un titre de transport valide (photos prises par Nathalie, la seconde étant prise depuis l'intérieur du train)

La grande différence entre les gares de Cormeilles et du Val, même si elles ne sont distantes que de deux kilomètres, c’est que ceux qui résident à leurs alentours n’ont pas tout à fait le même niveau de vie. En me fiant aux statistiques fournies par Linternaute j’apprends que le revenu moyen des ménages de Cormeilles est de 23 000 euros annuels et que celui des habitants d’Argenteuil est de 14 500 euros. Les Cormeillais sont 9% à être au chômage tandis que les Argenteuillais sont 16%. Les Cormeillais sont 65% à être propriétaires de leur logement tandis que les Argenteuillais ne sont que 44% à être dans ce cas. La seule chose qui diffère peu, c’est le tarif des loyers : 17€/m² à Cormeilles contre 16€ à Argenteuil. Mais le Val d’Argenteuil n’est pas n’importe quel quartier d’Argenteuil, c’est une zone d’urbanisme prioritaire, dont le niveau social est nettement inférieur à celui des autres quartiers de la ville. C’est dans le quartier du Val d’Argent que, en 2005, le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy avait qualifié un groupe de jeunes de « racailles » mot abondamment relayé qui a, disent certains, participé au déclenchement des émeutes des banlieues dix jours plus tard et a achevé de faire la mauvaise réputation du quartier3

Rien de surprenant, finalement, le niveau de liberté de circulation de l’individu est ici relatif à ses conditions d’existence et à la méfiance qu’il inspire. Cette entrave absolument intentionnelle à ses déplacements ajoute une couche de violence symbolique à une population qui a toutes les raisons de se sentir enfermée dans un quartier où les commerces sont rares et où malgré de grands plans de rénovation, la situation sociale et économique ne semble pas changer énormément. Nous ne sommes pas encore tout à fait dans Escape from New York (John Carpenter, 1981) où Manhattan est une prison géante entourée de murs immenses, ni dans Banlieue 13 (Pierre Morel, 2004), où les habitants des cités de Seine-Saint-Denis sont eux aussi circonscrits à une enceinte de béton.
Nous n’y sommes pas encore, du moins pas aussi franchement.

  1. à lire ailleurs : Il y a quelque chose de pourri au royaume des gares, par Philippe Gargov / Pop-up urbain []
  2. Le problème des portes mécaniques, des escaliers roulants, etc., c’est que lorsqu’ils sont complètement éteints, sans activité et sans lumière, ils laissent une très forte impression d’abandon, comme si subitement la modernité ne fonctionnait plus. C’est pareil avec les néons : un supermarché sans électricité ou dont les rayons ne débordent pas change complètement de forme et ressemble subitement à un entrepôt lugubre. Je pense que c’est pour cela qu’on dépense autant d’électricité inutilement, pour donner l’impression que tout va bien, que tout fonctionne.   []
  3. L’an dernier, le lycée d’Argenteuil est devenu le lycée de secteur des habitants de Cormeilles, à la place du lycée Montesquieu, situé à Herblay, plus à l’Ouest, d’excellente réputation — c’était plus ou moins le meilleur lycée du Val-d’Oise. Les habitants de ma ville, effrayés à l’idée d’envoyer leurs enfants dans la « zone » ont massivement migré vers le lycée privé « Jean-Paul II », ouvert précisément au même moment. On aurait voulu le faire exprès qu’on ne s’y serait pas pris autrement. []
  1. 37 Responses to “Permission de sortie”

  2. By Shadows44 on Août 4, 2011

    Pour la sortie impossible sans titre de transport, il y a même une situation pire que celle du fraudeur : le voyageur lambda qui découvre le système. J’avais vécu la situation il y a quelques années, en voulant sortir à la Défense, venant de Paris (sans doute en RER, je crois que les sorties du métro sont toutes en zone 1) : titre obligatoire, mais mon billet « Métro, rer dans Paris » ne passait évidemment pas. Pire, il est techniquement impossible de régulariser sa situation si l’on s’est trompé : machines à tickets et guichets sont à l’extérieur du « sas »… Je suppose qu’en théorie, la seule solution aurait été de faire demi-tour vers Paris, sortir, prendre un nouveau ticket mais zone 2, re-rentrer et revenir à la défense.
    Je me demande combien se font avoir chaque année par ce genre de système…

    Pour le reste de l’article, c’est assez édifiant, je dois dire.

  3. By Jean-no on Août 5, 2011

    @Shadows44 : on peut être assez perdu à La Défense. Il faudrait analyser complètement cette gare très étrange, conçue pour accueillir un flux de passagers immense mais qui semble pourtant passablement mal pensée et dont les règles non-écrites sont différentes d’autres endroits du réseau, enfin pour moi qui remarque que je n’y vais jamais au hasard, pour traîner ou pour le plaisir (malgré les choses à voir où le nombre important de commerces), mais uniquement quand j’y ai un impératif précis. Toujours eu une vague impression que « La Défense » porte assez bien son nom et sait se défendre justement. Mais pour le coup je n’ai pas d’arguments précis ou de données factuelles à produire, et peut-être est-ce juste le fait que je ne m’y rends que très rarement qui me donne cette impression.

    @A_ : voilà.

  4. By A_ on Août 4, 2011

    Il n’y pas besoin de murs, un RMI coûte moins cher qu’un gardien de prison et l’inertie est suffisante pour empêcher les gens de bouger.

    Quand la gare du Val était libre d’accès, les gens pouvaient aller zoner au centre d’Argenteuil en 3 min, à St Lazare en 15. Maintenant pour voyager librement il faut prendre le bus, 20 à 30 minutes selon la ligne, chargés de poussettes.

  5. By Ardalia on Août 4, 2011

    Me suis laissée dire qu’il coûtait moins cher de laisser un néon allumé que de devoir le rallumer.
    Par ailleurs, si toutes les grandes surfaces rallumaient à la même heure, les centrales pourraient ne pas apprécier…

  6. By Jean-no on Août 4, 2011

    @Ardalia : pour les néons, il s’agit d’une légende urbaine assez tenace malheureusement. Il est sûr que beaucoup d’appareils (une ampoule à incandescence typiquement) meurent au moment où on les allume. Certains appareils pompent un peu plus d’énergie au démarrage qu’ensuite, mais si l’énergie supplémentaire était aussi importante que ça (équivalait à une nuit de consommation), tout disjoncterait dès l’allumage !
    Pour les centrales, je ne pense pas que ça se passe comme ça même si la gestion de l’approvisionnement est assez complexe.

  7. By Johann on Août 5, 2011

    Puisqu’on débat sur la « violence » infligée par les transports urbains à leurs usagers, permettez-moi d’apporter ma pierre : quand on achète un ticket à une borne dans le métro ou rer parisien, il n’est pas possible de choisir sa gare de départ.

    Je suis titulaire d’un pass 3 zones : si je veux payer le prix juste pour aller de paris (zone 1) à noisy le grand (zone 4), soit j’achète un tiket paris => noisy (et donc je paye deux fois un titre de transport, puisque déjà titulaire d’un pass 3 zones), soit je descends à bry sur marne (zone 3), pour acheter un billet bry sur marne => noisy. De mémoire la différence de coût est de l’ordre de 80 centimes.

  8. By Jean-no on Août 5, 2011

    @Johann : 80 centimes, c’est cinq francs, c’est loin d’être négligeable. Effectivement, le genre de possibilité que vous évoquez est refusée aux utilisateurs alors même que les conditions techniques le permettraient tout à fait.

  9. By Grommeleur on Août 5, 2011

    Le premier billet sur les gares m’avait bien marqué et en lisant l’article dans le Diplo il y a quelques jours, j’avais été frappé par la similitude du thème. C’était donc bien vous …
    L’enfermement à l’intérieur ne pose t’il pas des questions relativement à la sécurité des personnes en cas d’incendie par exemple ?

  10. By Jean-no on Août 5, 2011

    @Grommeleur : dans le cas du quai de la gare du Val d’Argenteuil, puisqu’il est certes hermétiquement ceint, mais à l’air libre, je suppose que l’incendie n’est pas un problème vraiment envisageable. Par contre dans des tas de stations RER je me demande comment se passeraient les choses dans ce cas. Enfin, l’incendie est une chose mais il peut y avoir d’autres menaces, comme un chien dangereux lâché sur le quai par exemple – j’y pense parce que j’ai déjà vu un chien fou sur un quai, pas dangereux mais extrêmement inquiétant, ce n’était pas un Yorkshire :-)

  11. By Wood on Août 5, 2011

    En cas d’alarme incendie, j’imagine que les tourniquets se déverrouillent pour laisser sortir les gens.

  12. By Jean-no on Août 5, 2011

    @Wood : en cas d’incendie, les appareils électriques sont souvent désactivés, surtout, et je ne suis pas sûr que ça signifie que les portes sont ouvertes, mais peut-être ?
    @troiscarres : je vois assez les choses de cette manière, le fonctionnement des transports est un triste symptôme du rapport qu’entretient Paris à sa banlieue, et le fait que ce rapport semble se raidir (il y a bien d’autres exemples) est plutôt inquiétant.

  13. By troiscarres on Août 5, 2011

    Le RER est souvent vécu comme un piège, inconfort, vétusté, saleté, irrégularité, dimension inhumaine. On comprend rapidement que les schéma centralisé des transports urbains parisiens sature. Le plan choisi par nos élus et les institutions publiques d’aménagement ne tient que sur des limites.
    Nous tolérons encore des lieux inadmissibles de concentration publique tels que les Halles ou la Défense. La vision centralisée du pouvoir jacobin de Paris s’effondre dans l’inefficacité potentielle. Un seul évènement bloquant ces axes perturbe la migration quotidienne de millions de gens.
    Le modèle ne fonctionne plus, de nombreux indices le montre. La centralisation millénaire de Paris ne permet plus de répondre aux exigences économiques et sociales d’une mégalopôle du XXIe siècle.
    Il est difficile maintenant de détourner cet atavisme. Nous vivons sur les traces du passé. La mort intellectuelle du quartier latin est un des symptômes, les universités devaient partir en banlieue tout comme on aurait du le faire pour les instances du pouvoir. Pourquoi le ministère des finances auraient été moins bien installé à Créteil ou Cergy-Pontoise, Pourquoi le ministère d’Intérieur ne pourrait il pas être installé à Versailles ou Chartres ? Les habitudes du pouvoir central sont anciennes et perdurent, le symptôme le plus violent fut l’impossible déménagement de l’ENA à Strasbourg. Nos élites ne veulent pas sortir des centres de gravité symbolique de la France… et cela a des conséquences sur notre organisation économique et notre vision du monde. La France s’effondre sur un héritage qui n’est plus d’actualité. Cette nostalgie bloque les possibilités d’évoluer, de s’ouvrir finalement à l’Europe mais aussi s’exprime sous la forme d’une pseudo démocratie cynique et technocratique qui contrôle de façon différentielle le déplacement des citoyens. Le RER en est qu’un des tristes symptômes. L’Etat Français méprise la démocratie locale et la décentralisation à ses différentes échelles reste une expérience difficile. Notre RER est un projet des années 1960 qui n’a pas sur imaginer les années 2000… Cela ressemble un peu aux octrois des fermiers généraux…
    C’est pour cela qu’il y des barrières.

  14. By Wood on Août 5, 2011

    Ayant déjà eu affaire à des commissions de sécurité dans un établissement recevant du public (ERP) je connais leur façon de penser : ils auront sûrement exigé que les tourniquets soient asservis au système de sécurité incendie (SSI).

  15. By Jean-no on Août 5, 2011

    @Wood : ça semblerait effectivement logique. Quand on voit les exigences des pompiers rien que pour organiser une exposition dans une école d’art…

  16. By Simpicissimus on Août 5, 2011

    bonjour,

    quelques échanges avec l’institution sur des sujets proches de ceux que vous évoquez ici :
    malignej.transilien.com – une idée pour vous aider lorsque vous êtes coincé à la sortie d’un contrôleur automatique banlieue
    (certains sont croquignolets, comme celui où l’équipe SNCF n’arrive pas à localiser l’interphone mis à disposition pour demander le débloquage du tourniquet…)

    Où l’on apprend aussi que c’est le STIF qui pousse à l’installation de CAB.

    Enfin, je ne crois pas que les quais de gare aient jamais été des espaces publics. Ils sont ouverts au public, mais l’accès peut être (et est) subordonné à la détention d’un titre particulier (titre de transport ou ticket de quai). Pour ces derniers, je ne sais pas quand ils ont été supprimés.
    (après avoir (un peu) cherché, je n’ai pas trouvé la règlementation de la police des chemins de fer qui traite des accès au quai).

  17. By Koms on Août 5, 2011

    A la gare de la Garenne de la Colombes on ne peut sortir si l’on a pas de ticket ou de pass navigo. Pourtant, on est loin d’être dans une ville pauvre !

  18. By Jean-no on Août 5, 2011

    @Koms : La Garenne-Colombes vous voulez dire ? Cela ne m’étonne pas tellement car La Garenne-Colombes fait partie de la Défense (la gare est à quelques minutes à pied du CNIT), qui me semble être une zone très fermée justement. Mais je n’ai pas de théorie générale, je constate la différence, qui me semble extrême, entre mon village plutôt bourgeois et le quartier plutôt défavorisé qui se trouve à côté.

  19. By Jean-no on Août 5, 2011

    @Simpicissimus (Simplicissimus, non ?) : merci de ces informations, je n’ai jamais trop pensé à aller voir le blog de la ligne – du reste je n’ai pas trop envie d’en devenir spécialiste, j’essaie d’en comprendre les mutations en tant que simple usager, depuis mon petit bout de lorgnette. C’est vrai, les quais de gare ne sont pas des lieux publics, mais en banlieue, même lorsqu’il existait des tickets de quai ailleurs, il me semble qu’on n’a jamais interdit aux gens de s’asseoir sur un banc pour attendre quelqu’un ou pour attendre le départ de quelqu’un.

  20. By Simpicissimus on Août 5, 2011

    … dans mon commentaire précédent, le lien s’étant arrêté au nom du site, le revoilà en version plus courte :
    http://malignej.transilien.com/2011/03/25/
    (billet du 25/3/2011)

  21. By Jean-no on Août 5, 2011

    @Simpicissimus : en fait c’est moi qui avais édité le lien, qui était bon (cliquez dessus, vous verrez :-)), je fais ça parce que les trop longues URL cassent la mise en page.

  22. By Koms on Août 5, 2011

    la Garenne Colombes est plutot à une demie heure à pied du CNIT !
    Sinon, c’est pas juste une question de travaux ? les gares refaites intégrant ce système ?

    Exemple à Evry : on pouvait sortir comme bon nous semblait jusqu’à le réfection de la gare et la pose de portique. Idem à Ris Orangis.

  23. By Jean-no on Août 5, 2011

    @Koms : une demi-heure si on marche vraiment lentement alors !
    Sinon, non, ce n’est pas qu’une question de travaux, les trois gares dont je parle ont été refaites contemporainement et sont équipées du même matériel – des mêmes « contrôleurs automatiques banlieue » puisque c’est, je l’apprends, leur nom.
    La réfection a été l’occasion d’un changement (comme c’est fréquemment le cas) mais pas le même changement pour tout le monde.

  24. By Simplicissimus on Août 5, 2011

    @jean-no
    ben, justement, j’avais essayé ;-) …

    (et, oui, c’est bien Simplicissimus. Merci !)

  25. By Jean-no on Août 5, 2011

    @Simplicissimus : ah oui, je vois ça . Très étrange car dans mon interface de gestion des commentaires le lien est complet et fonctionne bien.
    J’ai compris le défaut, c’est réglé.
    À part ça, Simplicissimus : superbe journal ! J’en ai un exemplaire, daté de 1913.

  26. By Shadows44 on Août 5, 2011

    Et si le choix du mode de fonctionnement des portails se faisait en fonction du nombre de voyageurs (et donc de fraudeurs) ?
    D’après wikipédia :
    Cormeilles en Parisis : 22 403 hab, 2 689 hab./km²
    Argenteuil : 103 250 hab., 5 996 hab./km²
    Val d’argenteuil : concentration des grands ensembles d’Argenteuil.
    Autrement dit, on devrait logiquement (l’avez-vous constaté ?) avoir bien plus de voyageurs, et donc de fraudeurs (à taux de fraude constant) du côté de la station le Val, puisque la densité est très élevé autour.
    Le but serait donc peut-être de frapper là où il y a le plus grand nombre de fraudeurs potentiels, donc de manque à gagner ?

  27. By Jean-no on Août 5, 2011

    @Shadows44 : c’est une hypothèse assez valide, il y a près de deux fois plus d’habitants au Val d’Argenteuil qu’à Cormeilles, et comme ils sont nettement plus pauvres (j’insiste), il y a de bonnes chances pour qu’ils soient encore plus nombreux que ça à frauder. Si je comprends l’intérêt tactique pour ce qui est de l’interception des fraudeurs, il n’empêche qu’il y a une différence de traitement. dont il faut un peu de hasard (les deux gares sont proches mais leurs résidents ont peu de raisons d’aller les uns chez les autres) pour se rendre compte.

  28. By Elise on Août 5, 2011

    l’expression en droit est « permission de sortir »

  29. By Jean-no on Août 5, 2011

    @Élise : je ne suis pas juriste :-)
    Et je pense que la locution permission de sortie n’est pas spécialement fausse.

  30. By Adrien on Août 6, 2011

    Bonjour !

    Jean-no, vous évoquez la difficulté d’arriver au CNIT… Un simple coup d’oeil à gogole map permet de constater que le quartier de La Défense est cerné d’un périphérique routier et que peu de passerelles (en comparaison de la superficie et de la foule drainée) permettent d’y accéder. Si les transports publics n’y accède plus, La défense peut devenir un camp retranché.
    La ‘sécurité’ a envahie toute la reflexion urbanistique. On ne concoit plus un square sans que la prefecture ne soit consultée et n’impose ses vues même aux architectes. Pour exemple, je vous propose d’observer les remaniements d’espaces publics effectués dans vos quartier en ce mois d’aout. On ne peut plus y jouer à cache cache, tout le lieu est visible de la rue…

    Mike Davis parle très bien de ces changements sécuritaires qui se traduisent directement dans la facon dont les espaces publics et leurs modalités d’utilisations sont pensés. Je vous conseille « Au-delà de Blade-Runner; Los Angeles et l’imagination du désastre »… si je puis me permettre…

  31. By Jean-no on Août 6, 2011

    @Adrien : j’ai ce joli petit livre, acheté complètement par hasard chez un bouquiniste (mais neuf) et il est sur le haut de ma pile de lectures depuis longtemps. Vous me faites penser à l’emmener en vacances.

  32. By troiscarres on Août 6, 2011

    Il est clair comme le montre Mike Davis dans ce formidable essai que l’urbanisme est au coeur des enjeux démocratiques contemporains. Et ceci pour tout l’Occident. Sachant que la tendance lourde est la gentrification du centre ville, voir sa « muséification » (Rome, Paris, Londres et la mise en parcelle de l’habitat, organisé sur la séparation des classes sociales. Alors que le prolétatariat a disparu comme classe sociale organisé, atomisé par les promesses de la consommation et les nouvelles organisations du travail. On constitue un tissus urbain éparse et sociologiquement filtré. La mixité sociale disparaissant, la possibilité de la démocratie s’efface au profit de la dictature des logiques technocratiques. C’est amusant Hebert Marcuse l’avait décrit, Jurgen Habermas en a étudié les logiques, Fredric Jameson et Mike Davis on prolongé et actualisé l’analyse. JG Ballard en a fait des récits. Et rien ne se fait. Comme si cette fragmentation du corps social était inéductable et qu’Euro Disney reste le modèle à venir. Aucun politique n’ose s’aventurer dans l’urbanisme, probablement que le sujet reste trop compliqué, ou que toute décision est bien trop dangereuse pour un avenir électoral favorable. Notre débat est né à partir des difficultés du transport francilien, s’intéressant aux limites, frontières et inéquités… Tout cela est de la violence sociale et cela oblitère toute énergie sincérement démocratique. Et je ne crois pas que cela puisse s’arranger à court terme. Les pouvoirs locaux sont trop isolés et les villes les plus pauvres sont abandonnés à leurs sorts.

  33. By troiscarres on Août 6, 2011

    Un autre symptôme…
    Si vous en avez le courage, traînez au Champs Elysés au mois d’Août le soir… le quartier n’est plus parisien, il est devenu une ville orientale. Les mégalopoles ont aussi cette propriété étrange que la sociologie de certains de leurs quartiers peuvent varier en fonction de la saison. Il est difficile d’y voir les vertus d’un Paris révolutionnaire et démocratique sur cette avenue qui devient la vitrine de la grande consommation du luxe. Alors comme dans un écosystème viennent les populations qui vivent sur cet épandage d’argent. Du mendiant au personnel de service, du curieux au touriste… C’est un spectacle qui ne concerne plus les habitants de la ville.
    D’une certaine manière il y a une dépossession de l’espace urbain comme il y a dépossession de l’immobilier. L’argent devenant la frontière pour toute chose.
    Cette dépossession opère aussi avec le pouvoir. Quand j’étais jeune homme, je pouvais encore marcher sur le trottoir de l’ambassade des Etats Unis au Palais de l’Elysée… Cela n’est plus possible. Le trottoir devient privé. Le pouvoir tend à mettre à distance le public.

  34. By troiscarres on Août 6, 2011

    Finalement, on circule mal et on est constamment assujetti. Limites, inéquités, rien qui puisse nous renvoyer à nos responsabilités de citoyen. On nous préserve des autres comme l’on nous préserve de nous mêmes, comme si la démocratie de masse n’est que la promesse d’un confort global sans la nécessité d’une action individuelle.
    C’est une démocratie qui se méfie de l’individu, je continue sur mon raisonnement… Malgré tout ce n’est pas une démocratie populaire… Alors pourrait on imaginer la démocratie capitaliste, celle qui permet d’accéder au confort… Une journée par an chez IKEA et une autre à Euro Disney… Un traitement de masse du chômage comme variable d’ajustement social… Et un confort minimal. La vraie démocratie existant dans le corps social des actions citoyennes, associations et sociétés civiles et non pas dans le politique et la technocratie…

  35. By Jean-no on Août 6, 2011

    @troiscarres : un autre symptôme de la réduction intentionnelle de mobilité, le prix. Sur ma ligne, l’abonnement aux transports n’est intéressant que si on fait plus au moins cinq aller-retours par semaine, pendant toute l’année. Chez moi c’est 100 euros par mois ou 1000 euros par an. Ce n’est pas une petite somme tout de même. Ce tarif baisse beaucoup si on a un employeur qui prend en charge la moitié de l’abonnement : la mobilité est accessible aux gens qui travaillent, à ceux qui ont quelque chose à faire là, quoi. Les amendes ont augmenté, aussi, elles sont devenues forfaitaires et ne prennent plus en compte la distance parcourue.

  36. By Neea on Août 18, 2011

    Un peu tard, mais je ne peux pas m’empêcher d’ajouter mon grain de sel.

    J’habite une station avant Argenteuil (Le Stade) et là il n’y a pas de portillon. On débarque sur les quais comme on veut, tranquillement.

    Et dans la catégorie « gare où on est un peu obligé de frauder quand on n’a pas le pass navigo correspondant » il y a aussi Plaisir Les Claies, où il est rigoureusement impossible d’acheter un titre de transport après 20h (alors qu’il y a des trains jusqu’après minuit) vu que la gare ferme et que tous les automates sont à l’intérieur. Gloire.

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  2. Sep 9, 2011: OkO · Val d’Argenteuil en travaux
  3. Fév 25, 2012: Les portillons à Argenteuil, un véritable mur d’Israel ? « Triton95's Blog

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