Facéties et châtiment

Aujourd’hui, je découvre l’existence de Mehdi Meklat, journaliste au Bondy Blog, à France Inter, sur Arte, et auteur de deux livres publiés au éditions du Seuil. Je ne le découvre pas tout à fait, je me rends compte que j’ai sans doute déjà lu plusieurs de ses textes, sans prêter attention à sa signature — d’autant qu’il co-signe ce qu’il écrit avec un autre jeune homme, Badroudine Saïd Abdallah. En fait, je réalise que j’avais croisé des photos du duo dans Libération ou Télérama : deux jeunes gens très cosmétiques, portant avec gravité mais sans haine la conscience d’une jeunesse des cités frustrée, fière de ses racines et avide d’un futur positif.

Pour je ne sais quelle raison1, plusieurs personnes ont exhumé de vieux tweets qu’a commis Mehdi Meklat, et c’est devenu en très peu de temps un important sujet sur Twitter, et même l’objet d’une cabale assez violente si l’on considère qu’elle ne visait qu’une unique personne. Je dois dire que je n’ai pas tout compris à la chronologie et à la nature de l’œuvre incriminée : il y a des tweets qu’a publié Mehdi Meklat  sous le pseudonyme Marcelin Deschamps, personnage de composition raciste, sexiste, homophobe, mais il y a aussi les tweets qu’il a publié en son nom propre. Comme le compte Marcelin Deschamps est devenu Mehdi Meklat (si j’ai tout compris), qui ne faisait depuis longtemps plus mystère d’être l’auteur de ce « gag », il n’est pas facile de dire quelle identité est responsable de quels tweets. L’auteur a publié ces explications :

Je serais bien incapable de démêler l’affaire, puisque de nombreux messages ont été supprimés, mais on trouve effectivement dans ses propos beaucoup de sexisme, d’homophobie et d’antisémitisme. Si on prend chaque tweet isolément et dans son contexte (par exemple une réponse à la « une » franchement raciste2 de Charlie Hebdo sur Boko Haram, on peut lire de l’excès, un humour plus ou moins habile, généralement déplacé, une ironie sans grande maturité envers certains réflexes médiatiques, etc. Ironiser sur le concept de « racisme anti-blanc » est bien, mais si l’ironie n’est plus vraiment perceptible3, qu’est-ce qu’il reste ? Est-ce que les tweets s’adressaient à des personnes conscientes du gag ? Jusqu’à quand est on dans l’humour, dans le trolling par l’absurde ? Finit-on par être envahi par son personnage, grisé par la publication sous pseudonyme au point de perdre le contrôle ?

Grâce au cache de Google, on apprend qu’en une journée, Mehdi Meklat a supprimé 50 000 tweets. Et gagné près d’une centaine de followers.

Si on en lit des dizaines d’affilée, on a plutôt l’impression du catalogue des névroses de quelqu’un qui a un trop-plein d’agressivité à évacuer, pour qui toutes les femmes (et un certain nombre d’hommes) sont des « putes » à qui on souhaite le viol, qui présente Adolf Hitler, Mohammed Merah ou Ben Laden comme des héros, qui semble obsédé par les juifs, qui a des idées créatives sur ce qu’il aimerait insérer dans l’anus des personnes qu’il exècre, et qui a souhaité mille morts à l’équipe de Charlie Hebdo. On notera qu’après avoir été exaucé, l’auteur des tweets a co-signé une tribune compatissante où il était dit « Ces morts sont les nôtres », une affirmation que l’on peut lire de plusieurs manières si l’on se rappelle qu’elle fait suite à une série d’appels au meurtre. Par la suite, Mehdi Meklat citera régulièrement Charlie Hebdo de manière moins compatissante, pour fustiger le fameux « esprit Charlie », érigé en dogme par certains — personnellement j’ai aussi critiqué le « Êtes-vous Charlie ? », bien que longtemps lecteur du journal, admirateur de ses auteurs assassinés et profondément affecté par leur destin, mais c’est une position que l’on accepte plus facilement d’un vieux blanc que d’un jeune rebeu (comme on dit dans ma banlieue). Difficile de savoir ce qui est censé être de l’humour ou ce qui est censé être sérieux, car qu’il s’agisse de tweets outranciers ou de tweets « normaux », les cibles sont souvent les mêmes (Caroline Fourest, Charb, Sophia Aram,…). Je ne comprends pas bien ce qui a été posté sous quel nom, et la confusion à ce sujet semble assez générale — plutôt que d’avoir deux comptes distincts, Mehdi Meklat semble avoir renommé son compte parodique, attribuant les anciens tweets de son personnage à sa personne.

Un échantillon…

L’histoire ne s’arrête pas là. Des centaines de personnes, sur Twitter, ont pris fait et cause contre Mehdi Meklat, et si on ne peut pas leur reprocher de s’indigner des tweets de ce dernier, leur unanimité produit un effrayant effet de meute. De nombreux tweets réclament aux éditions du Seuil, aux Inrockuptibles, à Arte, et bien sûr au Bondy Blog, de rompre toute forme de collaboration avec Mehdi Meklat, de le licencier sur le champ4, et c’est jusqu’à Christiane Taubira qui se fait reprocher d’avoir posé en couverture des Inrockuptibles aux côtés de Badroudine Saïd Abdallah et de Mehdi Meklat.

Le personnage de « facho » Marcelin Deschamps (espérons que personne ne s’appelle réellement ainsi) est antisémite, homophobe, misogyne, mais n’était pas obsédé par la critique de l’Islam, contrairement aux authentiques militants d’extrême-droite. L’auteur du personnage, lui aussi, défend cette religion et le fait même avec un certain lyrisme républicain.

Puisqu’il est très difficile d’enquêter, c’est à dire de recenser tous les tweets publiés pendant cinq ans (cinquante mille d’entre eux ont été effacés) mais surtout de les interpréter dans leur contexte, de savoir à quel public ils s’adressaient au moment où ils ont été émis chacun réagit avec ses tripes et avec ses préjugés, et notamment ses préjugés sur les gens issus des cités. Chacun réagit aussi avec un recul que je juge pour ma part anachronique : on ne peut pas, sans examen sérieux de ses intentions, accuser quelqu’un d’avoir effectivement voulu le meurtre de quelqu’un d’autre s’il a eu une phrase légère sur le sujet. Imaginons que demain Jean-Marie Le Pen soit assassiné, pourra-t-on reprocher son meurtre à chaque personne qui a dit avec légèreté un « celui-là, s’il pouvait crever… » ? Si oui, ça risque de faire du monde, parce que je l’ai souvent entendu. Lorsque Charlie Hebdo a connu des difficultés financières, Mehdi Meklat a tweeté « Je vous souhaite la mort », il me semble que cette phrase certes très violente s’adressait au journal plus qu’aux membres de sa rédaction, et je ne pense pas (à son auteur de le dire) qu’elle constituait un projet, une prescription ou une fatwa.

Parmi les gens qui reprochent le racisme de ses tweets à « Marcellin Deschamps », on trouve toutes sortes de gens, et sans doute pas que des promoteurs du « vivre ensemble » et de la paix entre les communautés religieuses.

Les sites Fdesouche, Boulevard Voltaire ou Europe-Israël ainsi que toute la « fachosphère » exultent, voyant là une confirmation de l’aveuglement des « bobos » qui ont soutenu le jeune journaliste au cours de sa carrière fulgurante, et qui interprètent l’affaire comme une révélation de la duplicité du Bondy Blog, de la vigueur de son « racisme anti-blanc » et d’une mentalité homophobe, sexiste et antisémite des français issus de l’immigration maghrébine. Ces voix de crécelle rouillée dont on se réjouira au moins qu’elles s’engagent contre différentes formes d’exclusion (même si ce n’est souvent qu’une posture opportuniste pour en promouvoir d’autres) jouxtent celles de toutes sortes de braves gens à juste titre heurtés par le contenu des tweets incriminés qu’ils découvrent. Quelques voix défendent le jeune homme, comme son ancienne employeuse Pascale Clark qui écrit : À l’antenne @mehdi_meklat ne fut que poésie, intelligence et humanité. Son personnage odieux, fictif, ne servait qu’à dénoncer. La journaliste Laura-Maï Gaveriaux quant à elle s’étonne que tant de gens soient si catégoriques quant aux intentions de l’auteur des tweets — qu’elle juge blessants puisqu’ils visaient des personnes, refusant en revanche de s’associer à ce qu’elle qualifie de lynchage. Son confrère Claude Askolovitch, quant à lui, s’interdit de surinterpréter « une immense connerie ». Il s’embête à « arracher à la meute un type qui s’est cru assez malin pour twitter des immondices » dont les blagues sont « absolument laides, impardonnables, perverses, dans un jeu périlleux » mais où il refuse d’y voir « des messages ni de vraies prises de position »… Ce qui correspond à peu près à ma propre humeur sur le sujet.

Le Bondy Blog a émis un communiqué assez clair. Mon sentiment à la suite de cette histoire me rappelle celui que j’ai eu lorsque Charlie Hebdo a fait valoir son droit d’expression, après l’affaire des caricatures : j’ai défendu leur droit à s’exprimer mais je n’en ai plus acheté qu’un ou deux numéros depuis. De la même manière, si je laisse le bénéfice du doute à Mehdi Meklat et si je suis certain de l’utilité et de l’honnêteté du Bondy Blog, j’éprouve depuis hier un petit dégoût à leur endroit et je ne me vois pour l’instant pas plus aller lire leurs articles que je ne vais lire ceux de Valeurs Actuelles, Causeur, Atlantico et autres Fdesouche. La confiance dans le projet est émoussée, parce que j’ai l’impression, sans doute à tort, d’avoir eu un aperçu désagréable de pensées inconscientes que j’aurais préféré ignorer.

Avec cette affaire assez navrante, on revient aux critiques faites (y compris par Mehdi Meklat) à Charlie Hebdo : l’humour peut-il être « libre » au point d’ignorer le contexte dans lequel il s’exprime, et les mutations de ce contexte ? L’humour peut-il être « libre », « insolent », « politiquement incorrect » au point de se mettre à défendre des positions réactionnaires et à servir de caisse de résonance aux opinions les plus rances ? Lorsqu’il a systématiquement les mêmes cibles, l’humour en est-il vraiment, ou bien trahit-il la mentalité ou au moins les obsessions de la personne ? Selon un article du Monde, Mouloud Achour aurait dit à Mehdi Meklat « Arrête ces Tweets! Tu n’es pas dans une cour de récréation! Les écrits restent, un jour on te les ressortira. ». Le jeune homme répondait à cela que les tweets n’émanaient pas de lui mais du personnage qu’il avait inventé et, plus trouble, qu’il s’agissait de ses « pulsions ».
L’humour qui joue sur l’absurdité, sur l’outrance et sur le petit frisson de l’indécision (est-ce vraiment ce qu’il pense ? Est-ce un pastiche ?) est assez délicat à manier et peut, comme on le voit ici, avoir des conséquences assez lourdes.

Je profite de cette histoire pour faire une confession.
Au début du quinquennat de François Hollande, je trouvais ridicules les tweets à succès d’une personne qui revendiquait un fort engagement à droite et reprochait tout et rien au nouveau président élu dès le jour de sa prise de fonctions : chômage, dette, et autres indicateurs qu’on pouvait pourtant plus légitimement reprocher au président sortant sorti. Avec malice, j’ai créé un compte avec un nom quasi identique, en intervertissant deux lettres. J’ai même utilisé la même photographie, en me contentant de la retourner. Et j’ai commencé à tweeter des pastiches des tweets de mon modèle, à qui je faisais dire des choses telles que « trois jours de pluie, ça suffit, Hollande démission ! ». J’avais recours à des raccourcis complètement illogiques, des arguments et des formules mélangeant sentimentalisme et politique d’une manière totalement absurde, accusant les victimes de racisme d’être racistes et parlant des racistes comme de victimes. C’était assez drôle, je suppose, car j’ai eu rapidement un grand nombre d’abonnés. Je pastichais assez bien le ton de mon modèle pour que plusieurs fois des gens s’y laissent prendre et se montrent consternés de l’entendre qualifier François Hollande de bolchevik tout en prenant la défense de Pinochet, Franco, Pétain ou les prêtres pédophiles (ce que n’aurait pas fait l’original qui, m’a-t-on dit, était fort affligée de mes facéties).
Peu à peu, mon personnage a nettement dérivé de son prototype et pris son indépendance, tweetant des choses toujours plus odieuses (quoique dans un langage plus feutré que ce lui de « Marcelin Deschamps », forçant souvent le lecteur à lire entre les lignes), mais j’ai vite été rattrapé par l’histoire : c’était l’époque de la « manif pour tous », où toute une partie de la droite française a glissé de la déjà insupportable surexcitation sarkozyste à un néo-conservatisme proche de celui des groupes de pression politico-religieux américains (qui, pensent certains, l’ont financé !) qui promeuvent une multitude d’exclusions au nom d’un sympathique rabbin d’il y a deux mille ans. La droite conservatrice et identitaire faisait son mai 1968, et mon personnage au départ stupide commençait à être un peu trop à sa place, au point que je m’en suis dégoûté. J’espère ne pas avoir participé à l’la promotion de l’imbécillité crasse d’une partie de mes compatriotes, et ne pas avoir créé du bruit et de la confusion là où je cherchais à provoquer de la réflexion, mais c’est une bonne illustration de la loi de Poe : passé un certain stade, on ne peut plus distinguer le pastiche de l’outrance.

Un beau jour, j’ai supprimé le compte en question, rendant la paix d’esprit à la personne qui lui avait servi de modèle au départ. Je sais que beaucoup de gens l’ont regretté, mais pas moi car je ne voyais plus comment faire rire, ni même comment me faire rire moi-même.
Quelque part, en tout cas, je peux me mettre à la place de Mehdi Meklat, il m’arrive d’être facétieux. Ce jeune homme a été malhabile, au minimum, mais il me semble non seulement excessif mais aussi injuste de vouloir en faire le frère Kouachi caché ou de projeter sur lui tous les fantasmes médiatiques liés à la mentalité des jeunes habitants des cités5. Le torrent de haine qui s’est déversé en quelques heures sur le jeune homme en dit long sur les arrières-pensées ou les peurs de ceux qui se sont lancés dans ce dérangeant hallali — car à mille contre un, on ne peut pas vraiment parler de débat d’idées ni même de justice.

  1. La sortie du second livre du duo il y a quelques semaines, peut-être, ou l’humiliation subie par Philippe Val, ridiculisé paraît-il par Mehdi Meklat sur le plateau de La Grande Librairie. []
  2. La « une » de Riss sur Boko Haram (#1166 du 22 octobre 2014), régulièrement montrée comme preuve d’un racisme ordinaire chez Charlie Hebdo, était raciste. Je ne pense pas que son auteur se considère comme tel, mais en faisant des esclaves sexuelles de Boko Haram d’antipathiques femmes voilées qui demandent à ce que l’on ne touche pas à leurs allocations familiales, Riss soutient plusieurs des clichés véhiculés par l’extrême-droite. []
  3. Quelqu’un qui l’a suivi sur Twitter à l’époque me disait : « Je pense qu’aucun de ses followers ne prenait ça au 1er degré. Pour moi, c’était juste une parodie de troll Twitter ». []
  4. Je suis toujours stupéfait de la facilité avec laquelle certains réclament que certains aient l’interdiction d’exercer leur profession dès lors que celle-ci est publique. Jusqu’ici, pourtant, l’œuvre de Mehdi Meklat et de Badroudine Saïd Abdallah dans les médias grand public n’a rien de scandaleux et doit son succès à un esprit positif. []
  5. Quand Charlie Hebdo écrit à un politicien « crève salope », se moque de sa mort, etc., on trouve ça drôle ou pas, insultant, excessif, etc., mais personne ne fait semblant de croire à une authentique incitation au meurtre. Pourquoi appliquer une telle grille de lecture à Mehdi Meklat si ce n’est par préjugé sur ce qu’il représente ? []

18 réflexions sur « Facéties et châtiment »

  1. Tino

    Et pourquoi simplement un bon nombre des gens ne seraient tout simplement outré par l’hypocrisie de ce donneur des leçons qui fait la campagne du CCIF, qui taxe charlie hebdo d’islamophobe, qui s’en prend à Bedos pour avoir fait une caricature d’un salafiste, et puis arrêtons avec le succès populaire de ces personnages. On leur a payer un voyage aux USA pour apprendre les codes américains et les importer en France, le bondy blog est financé par Soros hein … Sans compter la campagne de haine des inrocks contre Caroline Fourest là ça ne vous pose aucun problème hein.

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      @Tino : J’ignorais que le Bondy Blog était financé par Soros, mais bon c’est aussi le cas de la Quadrature du Net, peut-être d’Avaaz,… Et s’il semble qu’il ne finance pas du tout les organisations au hasard, je ne saurais dire au bénéfice de quelle idéologie précise si ce n’est qu’il est anti-Bush et anti-Trump. Et vous ?
      Je ne suis pas au courant d’une campagne des Inrocks contre Caroline Fourest.
      Sur l’hypocrisie (ou en tout cas l’iniquité des luttes), c’est vrai, mais c’est valable de tout le monde, non ? Quand les « Manif pour tous » disaient que la police était devenue très violente, ça ne me faisait ni chaud ni froid, mais après Sivens, Notre-dame des Landes ou Nuit Debout, je commence à voir de quoi ils parlaient et j’admets, même si leurs idées sont bien loin des miennes, qu’ils disaient vrai et que je me suis montré assez insensible en jugeant tout à fait démocratique qu’on leur envoie des gaz lacrymogènes. La neurologie a montré que lorsqu’on a choisi un « camp » (par exemple OM contre PSG), on est en phase avec la douleur de ceux du même camp et insensible à celle du camp d’en face, ou pire, on peut même en tirer du plaisir !

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      1. Tino

        L’objectif de Soros en finançant le CCIF et Bondy blog est celui révélé par wikileaks détourner la haine anti USA vers une haine anti-française, et cela a très bien marché jusqu’à l’élection de Trump et imposer un modèle plus proche des USA, pour le reste je suis totalement d’accord avec vous il est clair que l’hypocrisie est dans chaque camp.

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  2. Wood

    Mais enfin à quoi il pensait, ce type, en passant du jour au lendemain sous son vrai nom un compte qui appelait (entre autres) à tuer les juifs ? Il est con ou quoi ? Il pouvait pas juste créer un nouveau compte ?

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      @Wood : my guess : puisqu’il avait lui-même dit être l’auteur des tweets, et s’était expliqué, il s’est dit qu’il n’y avait pas lieu d’abandonner son compte et, surtout, d’abandonner ses milliers de followers. Mais c’est sûr, c’est con, à tel point que j’ai eu un mal fou à comprendre l’histoire.

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      1. Tino

        Il a quand même été arrogant quand en 2014 Yagg qui est pourtant open bar pour le CCIF et le PIR s’en est pris à ses propos sérophobes. Il a dit pas question que je m’excuse je ne sais même pas ce que ça veut dire sérophobie.

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  3. Irfan

    Je dois faire partie de « la meute » et de l’hallali puisque j’ai retweeté quelques messages à son sujet (mais uniquement des messages dignes de confiance : Alain Mabanckou, Nils Wilcke…). Je partage cependant aussi ta position : il s’agissait sans doute de « second degré » permanent, et, en tout cas, il est évident qu’on ne peut pas en faire un soutien du terrorisme, un apologiste du meurtre de juifs en masse ou du viol d’homosexuelles ; et certains à l’extrême-droite essaient de le faire, en lui associant le BB, Mouloud Achour, les Inrocks, France Inter, Christiane Taubira, et j’en passe.
    Mais c’est le problème des minorités ultra-politisées sur les réseaux sociaux : la fachosphère qui se lit, s’entoure, et déborde vers les autres, est persuadé de voir partout ses thèses. Réciproquement, semble-t-il, Mehdi Meklat, Widad Kefti, Sihame Assbague et d’autres voient partout, et blaguent sur les thèmes de l’extrême-droite. Mais si ces « blagues » (sur les mythes du grand remplacement, du pouvoir juif, de la collusion gauche-islamisme…) sont un bon moyen de soulager la pression ou de renforcer la cohésion d’un groupe en privé, elles ne sonnent pas de la même manière en public.

    Comme tu l’as dit, il faut faire attention au contexte politique dans lequel on tient jouer un rôle public, et au contexte de réception (ici, public large, élargi par les succès et les tribunes de Mehdi Meklat). Et quand on tient un rôle de commentateur de ce contexte politique et de réception médiatique, on est d’autant moins excusable. Quand on entend jouer un rôle de porte-voix, idem.

    Ses premières réactions après les « révélations » ont été très mauvaises : « je m’excuse » (ça ne marche pas comme ça) ; « c’était un personnage » (ça n’excuse rien / c’est bien facile). Et plusieurs de ses ami(e)s ont tendance à rester sur une position dure type « vous n’avez rien compris et vous êtes racistes de penser qu’il est antisémite ou excuse le terrorisme ». Quand des gens leur signalent qu’il a continué après l’arrêt de son « personnage », et a joué le « personnage » même en privé en insultant de la même façon, ils ignorent. De même que les lubies récurrentes et le fait qu’il en parle comme de ses pulsions, ou de ses tweets, s’identifiant à son personnage comme à une part sombre de lui-même.
    Comme sa défense vient de personnes qui pratiquent (et on les soutient quand c’est le cas !) le même « harcèlement » face à des propos indignes, c’est perçu comme d’autant plus hypocrite. (on en avait beaucoup ri des « blagues » de Brice Hortefeux ou d’autres ?)

    Pour le coup, Mehdi Meklat (et pas Badroudine Saïd Abdallah) me paraît chercher la lumière et le luxe tout en jouant le rôle de quelqu’un qui ferait œuvre utile ; il tombe un peu de son nouveau piédestal avec cette affaire, et sa réaction n’est pas cohérente avec l’impression qu’il essayait de donner. J’espère que ça ne fera pas trop de tort à Badrou, ou au Bondy Blog – même si des textes sont maintenant effectivement bizarres à relire, et le BB n’a pas bien géré non plus la chose en prenant acte, sans présenter d’excuses ou réfléchir à ce sujet.

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      @Irfan : la « meute » est un truc qui se constate après coup, chacun retweete, donne son avis, et ça peut créer un résultat gênant. Je ne peux reprocher à personne d’avoir été indigné par ce qu’il a lu. Je suis bien d’accord sur le problème de positionnement : si on est le porte voix d’une vision militante et positive des cités, il ne faut pas prêter le flanc à la critique en ayant à côté de ça une activité irresponsable (qu’excuse un peu la jeunesse, j’espère ?). Cette histoire risque de faire beaucoup de mal à beaucoup de monde.

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      1. Irfan

        Pas si jeune que cela non plus, il n’a que trois ans de moins que moi si je ne m’abuse, avait entre 19 et 23 ans lorsqu’il a écrit, et était déjà médiatisé à ce moment… Bon, il semblerait qu’il prépare un mea culpa plus détaillé. La seule façon de limiter vraiment les dégâts c’est de reconnaître à quel point c’était une vraie bêtise (parce que même pour un personnage de troll, c’était ordurier) et de vraiment demander qu’on accepte ses excuses les plus plates. Et prendre le temps de réfléchir à pourquoi il a fait ça, de cette façon, avec ces cibles-là.

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  4. Jean-Louis Benhamou

    Je ne comprends pas du tout la blague. Je veux dire, je n’ai rien contre les blagues pas drôles, violentes, gores etc. Mais je ne comprends pas la logique. C’est censé être le compte de Marcelin. Donc a priori, un vieux Français un peu raciste, avec tout ce qui va avec.
    Et pourtant, il n’insulte pas les jeunes de banlieue, mais Charlie Hebdo, les Juifs, les homos. C’est-à-dire tout ce qu’abhorrent certains jeunes de banlieue fanatisés. Ca jette une ombre sur cette blague : est-ce vraiment Marcelin qui était censé parler, ou était-ce Mehdi, avec juste un pseudo ?

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      @Jean-Louis Benhamou : c’était clairement un personnage de composition (qui comme tout personnage défoule sans doute son auteur de la crasse qu’il a dans la tête), mais il faut admettre qu’il n’était pas très bien écrit. Henri de Lesquen fonctionne mieux (mais lui n’est pas un personnage).

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      1. Christophe D.

        Justement non. Ça aurait été un rôle de composition s’il avait tapé sur les jeunes de banlieue, les personnes d’origine arabe ou les musulmans (en supposant qu’il soit musulman). Hors, il a tapé sur plusieurs minorités mais jamais sur celles-ci. À la rigueur, s’il avait pris Mohammed Merah comme pseudo, j’aurais pu croire à un début d’alibi de caricature mais là, ça ne révèle finalement rien d’autre qu’un troll ordinaire qui deverse sa frustration à visage caché.

        Également d’accord avec les commentaires de Irfan : pourquoi devrait-on chercher plus d’excuses à Mehdi Meklat qu’à n’importe quel autre raciste ? Le moins que l’on puisse faire pour limiter la banalisation croissante de ce genre de propos, c’est de les dénoncer clairement et sans ambiguïté. Les excuses, c’est à lui de les trouver (bon courage), ce n’est surtout pas à ceux qui prétendent combattre le racisme.

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        1. Jean-no Auteur de l’article

          @Christophe D. : il ne s’agit pas de lui trouver des excuses (et oui, son personnage n’était pas très cohérent), mais l’œuvre de ce jeune homme a, en dehors de ça, l’air très bien. Tu ne peux pas en dire autant d’Henri de Lesquen (qui assume ses tweets). Et maintenant, que va-t-il se passer ? Les Fdesouche et autres rêvent que le jeune homme devienne fou à la manière de Dieudonné, c’est à dire se transforme en son troll. D’autres voudraient qu’il n’ait plus le droit au moindre emploi qui touche le public et bombardent le Seuil, les Inrocks, etc., de d’injonctions à rompre toute collaboration. D’autres encore le voudraient en prison. Que lui souhaiter ? Voilà la conclusion de Christiane Taubira : J’ai rencontré Mehdi Meklat pour cet entretien, j’avais lu leurs deux livres. Je maintiens qu’ils sont bien écrits. Il y a quelque chose à purger. Il ne peut résider dans un même esprit la beauté et la profondeur d’une telle littérature et la hideur de telles pensées. Il faut purger, curer, cureter. Cela se fait plus aisément lorsqu’on n’est qu’au début d’une vie où il y a tant à faire.

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  5. Christophe D.

    Ah mais je ne souhaites rien de spécial à Meklat. Que l’on constate tout simplement que son comportement est raciste, un parmi tant d’autres, de Fdesouche à Soral. Puisqu’il s’identifie lui-même comme « jeune de banlieue », on ne va quand même pas faire semblant de découvrir que l’antisémitisme, le sexisme et l’homophobie existent aussi chez ces jeunes, non ? Et que ce type de propos explose ces dernières années sur les réseaux sociaux, y compris sous pseudos. Je ne vois pas en quel honneur, au moment ou quelqu’un d’un peu médiatique se trouve impliqué, on devrait déclencher un grand débat national pour savoir si c’est du 2e degré ou non.
    À la rigueur, il faudrait chercher dans ses articles et livres s’il a déjà écrit (trop facile de l’écrire après) des choses sur la défense des minorités incriminées, histoire de vérifier que Mehdi a quelques points de désaccords avec Marcelin — sachant que si c’était le cas, ça aurait probablement déjà été relevé.

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  6. Muadib

    Sur l’effet de meute : C’est un peu comme le politiquement correct. Fillon également, se plaint, à juste titre, de l’effet de meute. Les réseaux sociaux fonctionnent beaucoup comme des machines à produire de la bonne conscience à peu de frais. En dénonçant les turpitudes des autres. C’est parfois un peu angoissant sur ce que cela nous dit de la personne humaine, un peu comme lorsque l’on brûlait les sorcières, lynchait les noirs ou tondait les femmes, même si cela reste heureusement virtuel. D’un autre coté, si une telle quantité de tweets antisémites, misogynes et homophobes n’avaient pas suscités de réaction, cela aurait été encore plus angoissant.
    Enculer Charb avec des Laguioles ou enfoncer un violon dans le cul de Madame Valls ne me semble guère comparable avec l’idée de dire avec « légèreté » dans une discussion « Celui-là s’il pouvait crever ».
    Critiquer un journal voir même l’injurier c’est une chose. Injurier et menacer de mort ces journalistes, c’e est une autre.
    La comparaison avec l’humour de Charlie ne me semble pas recevable. Ce n’est pas de l’humour, c’est un torrent d’injures. Il ne suffit pas de d’ajouter LOL après « Faites entrer Hitler pour tuer les Juifs » pour que ça devienne de l’humour. Et comme tout torrent d’injures, contrairement à l’humour, ça ne nous dit rien sur l’objet des injures, ça ne nous renseigne que sur celui qui les prononce.
    Pour revenir à l’exemple des esclaves sexuelles de Boko Haram qui ne veulent pas que l’on touche à leurs allocations familiales, c’est plus ou moins un runing gag à Charlie. Tu aurais acheté le dernier numéro, tu aurais vu la même gag sur Pénélope Fillon et ses enfants. Dans ce cas, l’humour était politique, en établissant en parallèle entre les familles pauvres supposées procréer pour toucher les allocs et les familles riches supposées procréer pour toucher des emplois fictifs. Dans le cas des esclaves sexuelles de Boko Haram, on est plus dans l’humour du désespoir. Mais même le militant d’extrême droite le plus taré n’y verra pas la reprise de ses slogans préférés mais au contraire une présentation caricaturale de ses idées.

    Parler de facétie me semble énorme !
    Si je devais faire une analyse de coin de zinc, (et ce d’autant plus que je ne l’ai ni lu ni entendu 🙂 ), je dirai plutôt qu’il était écartelé entre son personnage du Bondy blog où il joue le rôle exemplaire et modèle que la société englobante attend de lui, et le sentiment qu’il trahit en même temps tous ces potes, parce qu’eux ne pourront jamais jouer le rôle qu’on lui a assigné et qui lui permet de s’en sortir.
    Soit on est optimiste, et il en rajoutait dans l’autre sens en raison de son malaise, soit on est pessimiste et ses potes trouvent que le personnage raciste misogyne et homophobe est super.

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  7. Lemoine

    Pour avoir un peu suivi le bonhomme et son comparse, je trouve l’excuse du compte parodique bien hypocrite. Tout en étant plus posé, Badrou a écrit aussi des tweets homophobes, anti-Charlie, etc. qui font le plus grand plaisir de la fachosphère aujourd’hui (il suffit de voir comme fdesouche s’en régale)
    L’article de Claude Askolovitch est très bon. Il n’y voit pas que des blagues de jeune homme, il explique bien que c’est clairement Mehdi qui s’exprimait. Et même s’il est depuis devenu copain avec des figures comme Edouard Louis et cie, il faisait encore récemment preuve de cette agressivité en insultant à tout va sur Twitter.
    Ça me franchement chier de le reconnaître, mais je suis assez d’accord avec certains tweets de la fachosphère qui disent que c’est la « racaille proprette » de la gauche intello et médiatique qui vient de lui péter entre les mains.
    On ne peut pas faire deux poids deux mesures en condamnant les immondices des jeunes fachos et en excusant celles des jeunes du camp d’en face.
    Comme l’a dit un twitto antifa : « On ne dessine pas des croix gammées dans le RER pour questionner la liberté d’expression »
    La facétie a bon dos.

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      @Lemoine : (parenthèse) Marrant de parler des antifas, je me disais l’autre jour devant un de leurs autocollants qu’ils pouvaient être sacrément fascinés par la violence, ils ne sont pas le contraire des fachos (le contraire, ça serait Bayrou, disons), ils vivent dans le même monde émotionnel, ils veulent juste, en plus (le beurre et l’argent du beurre) croire qu’ils sont les gentils.
      Je ne sais pas s’il a supprimé des tweets, mais la TL de Badroudine ne contient pas de tweets homophobes (et anti-Charlie, faut s’entendre sur le sens exact). Du reste, s’il avait un cadavre dans le placard, je pense qu’on en entendrait parler !

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