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Miroir noir

Le nom de la série Black Mirror fait référence aux écrans des appareils numériques, et notamment des smartphones, mais ce nom a aussi eu une autre signification. J’ignore totalement si le lien est conscient de la part de Charlie Brooker, le créateur de la série.

Le Miroir noir, aussi appelé Miroir de Claude (Claude glass, en anglais), est un instrument d’observation employé par des peintres paysagistes de la fin du XVIIIe siècle. Le prénom Claude fait référence à Claude Gellée, dit le Lorrain, peintre du XVIIe siècle, qui n’a pourtant sans doute jamais utilisé un tel appareil lui-même, mais dont l’œuvre a eu une influence décisive sur les paysagistes anglais des XVIII-XIXe siècles.

L’appareil est un miroir enchâssé dans un boitier. C’est un miroir légèrement convexe et teinté au noir de fumée. On l’utilise pour regarder le paysage auquel au tourne le dos. Il permet de définir un cadrage, et il modifie le contraste et les couleurs de la scène, aidant l’artiste à se concentrer sur l’essentiel.
Cet appareil n’a pas été seulement populaire auprès des peintres, c’était aussi un accessoire commun pour les touristes. À cette époque, le tourisme naissant ne concernait qu’un nombre très réduit de gens de la bonne société ayant le temps et les moyens de flâner, et dont le but était certes de profiter du « bon air », mais aussi de voir : voir les massifs des Pyrénées, les glaciers des Alpes, voir les ruines antiques, etc.

Les voyageurs étaient assistés de plusieurs dispositifs pour mieux observer et pour savoir quoi regarder. Ces dispositifs pouvaient être portables (lunettes, jumelles, miroir de Claude, mais aussi cartes et guides touristiques) ou fixés sur les lieux mêmes du paysage à contempler, ou à proximité (plans, tables d’orientation, télescopes fixes, tours d’observation, panoramas,…).

Aujourd’hui, à l’aide d’un scanner 3D pour la captation et d’une imprimante 3D ou d’une fraiseuse à trois axes à commande numérique (cnc) pour la fabrication, on peut reproduire un modèle tridimensionnel à une échelle voulue. Mais ce système a un précédent : la Photosculpture de François Willème (1830-1905).

Au musée du Second Empire, à Compiègne, j’avais été vivement intrigué par ces statuettes en biscuit qui étaient désignées comme « photosculptures ». Je ne connaissais pas le procédé, mais son nom était suffisamment parlant.

Vingt ans après sa naissance, la photographie voyait son développement et ses applications techniques progresser de jour en jour1. De nombreux artistes se sont intéressés à l’aide que pouvait leur apporter la photographie pour travailler plus efficacement2. C’est le cas par exemple de Pierre Louis Pierson et des frères Louis Frédéric et Ernest Léopold Mayer, qui, dès 1857, transposaient des photographies sur toile afin de préparer le travail pour des peintres. Eugène Disdéri les a imité quelques années plus tard.

En 1859, François Willème a eu l’idée d’un procédé assez sophistiqué pour reproduire des modèles en volume, la Photosculpture, brevetée en 1860.
Le modèle se tenait au centre exact d’une rotonde et était photographié simultanément par vingt-quatre appareils photographiques.

À partir des clichés projetés, et à l’aide d’un pantographe, Willème et ses assistants pouvaient tailler les cotes de chaque profil dans un cylindre de terre ou de cire découpé en vingt-quatre sections. Il fallait ensuite l’habileté d’un modeleur pour effectuer les finitions et toutes les opérations habituelles permettant de solidifier le résultat : cuisson ou moulage.

Brevetée en France et aux États-Unis, montrée lors de l’exposition universelle de 1867, la Photosculpture a fait sensation pendant une une dizaine d’années et semble avoir disparu après 1875.
Outre le scan/impression 3D, on rapprochera cette invention de la Chronophotographie de Muybridge mais aussi du Temps mort (aussi appelé Bullet-Time ou effet Matrix) de l’artiste Emmanuel Carlier (1995).

Photostérie

À la fin du XIXe siècle, le photographe Lernac, encouragé par le vétéran Nadar, a présenté une invention permettant d’obtenir des représentations en bosse à l’aide de la photographie, la Photostérie, qui consistait à prendre deux photographies du même sujet à un court intervalle, chacune éclairée à un angle différent. L’addition des deux clichés permettait de faire apparaître les reliefs3, qui étaient transformés en moule à l’aide d’une gélatine gonflante.

  1. Rappelons que 1839 est moins la date de l’invention de la photographie que la date de la « libération » de son brevet. Au nom de la France, le ministre et savant François Arago avait acheté le brevet de la photographie à Jacques Daguerre et aux héritiers de Nicéphore Niepce, afin d’offrir cette invention au monde entier. Ce beau geste a permis à l’invention d’évoluer sans frein tout au long du XIXe siècle. []
  2. Certains artistes s’insurgeaient contre les facilités offertes par la photographie, qu’ils voyaient comme un ennemi mortel de la peinture, tels Jean-Dominique Ingres, Puvis de Chavannes et Engène Isabey, co-auteurs en 1862 d’une pétition contre l’utilisation du procédé comme outil de création artistique. Certains pensent pourtant qu’Ingres a parfois eu recours à la photographie, mais sans le dire. []
  3. On peut rapprocher ce procédé de celui, bien différent, qui est à l’œuvre dans le capteur Kinect, qui utilise la lumière — une constellation de points infra-rouges — pour faire apparaître un semblant de relief tout à fait suffisant pour détacher la silhouette d’une personne. []

Entre les inventions de la règle et du compas, qui datent au moins de l’Antiquité, et les différents outils informatiques de création d’images (plotter et autres imprimantes, bras articulés, ou tout simplement écran d’affichage,…), il a existé et il continue d’exister de nombreux mécanismes d’automatisation du dessin, notamment géométrique.

Pantographe

Le pantographe, qu’on appelait aussi « singe », inventé par le scientifique et prêtre Christoph Scheiner en 1603, permet de reporter un dessin à une autre échelle que celle d’origine, mais en conservant son rapport homothétique. On change l’échelle en modifiant la position du stylet qui sert à établir le relevé. C’est une version perfectionnée du pantographe qu’a employé François Willème pour mettre au point la Photosculpture, en 1859, procédé qui permettait de créer des reproductions en trois dimensions de sujets photographiés sous tous les angles.

Coordinatographe

Le Coordinatographe, un instrument permettant de tracer des coordonnées avec une grande exactitude. Il a été utilisé en cartographie, en architecture, mais aussi pour la gravure de microprocesseurs. Il permet de dessiner, de graver, mais aussi de découper, avec une précision qui dépasse celle de l’œil ou l’habileté de la main. Le modèle ci-dessus, actionné manuellement, est celui de la société Coradi, de Zurich, en 1909.

Télécran

Taj Mahal drawing on an Etch-A-Sketch.jpg

Etch a sketch, ou Ardoise magique, ou encore Télécran, a été inventé en 1959 par André Cassagnes. L’opérateur actionne deux molettes, qui permettent de faire coulisser des tiges, l’une horizontalement, l’autre verticalement.
À leur intersection se trouve un stylet, qui touche la face interne de l’appareil et trace un dessin un grattant la poudre qui y est fixée. Ces dessins sont éphémères car la poudre reprend sa place chaque fois que l’on secoue l’appareil. Cet objet simple et ingénieux est un des plus grands succès de l’Histoire du jouet.

Spirographe

Le principe du Spirographe remonte à Albrecht Dürer, qui avait étudié les motifs géométriques que produit une roue à tournant à l’intérieur d’une autre. En 1752, le mathématicien Giambattista Suardi a confectionné un outil de dessin spirographique, et on commercialise des jouets qui reposent sur ce principe, avec des roues crantées, depuis le début du XXe siècle. Le nom « spirographe » (désormais une marque déposée par Hasbro) est un peu trompeur car le système ne sert pas à dessiner des spirales mais des cycloïdes, épicycloïdes, et autres courbes.

Harmonographe/Pendulographe

Les harmonographes (ou pendulographes) constituent une famille d’appareils à dessiner qui recourent au principe du pendule pour tracer des courbes de Lissajoux dont les formes dépendent de la direction et de la force de l’impulsion de départ. Il en existe de nombreuses variantes, plus ou moins complexes, avec un plus ou moins grand nombre de pendules. On crédite parfois le mathématicien écossais Hugh Blackburn (1823-1909) de l’invention de l’Harmonographe.

Spin art

Le principe du Spin Art, proche du Dripping de Jackson Pollock, est exploité par des artistes depuis les années 1960 (Alfons Schilling, Annick Gendron, et plus récemment Damien Hirst). On le commercialise sous forme de jouet créatif motorisé depuis (au moins) les années 1970. En faisant tourner une roue sur laquelle on projette de l’encre ou de la peinture, la force centrifuge éloigne la matière colorée du centre de la surface de dessin. L’accumulation et la viscosité de l’encre, la vitesse de rotation et la durée de l’opération produisent des accidents plus ou moins heureux.

Cette modeste liste pourrait être augmentée d’outils d’observation tels que la camera obscura et la camera lucida, les dispositifs d’analyse de la perspective, de relevés de captation (sismographie,…) et bien sûr, de la photographie et des outils qui en découlent (Marey, Muybridge, ou encore la spectrographie,…).

Un certain nombre des images contenues sur cette page sont issues du site Drawingmachines.org, qui recense de nombreux dispositifs de dessin.

Voir aussi l’article consacré aux machines à dessiner de Desmond Paul Henry, pionnier de l’art à l’ordinateur.

Signalé par Geoffrey Dorne sur son blog, une typographie créée par le designer/typographe Mark Simonson à destination des programmeurs, Anonymous Pro.
Elle existe en quatre graisses (normal, italique, gras, gras italique).
On peut la télécharger gratuitement en cliquant sur ce lien.
L’exemple de programme qui suit est rédigé avec Anonymous Pro (en haut) et avec la typo monospace par défaut de Windows (bas).

On appréciera la lisibilité des caractères malgré des lignes moins hautes, et l’effort qui est fait pour distinguer les chiffres des lettres.

TVPaint est un bon outil d’animation bitmap, particulièrement adapté aux rendus traditionnels.

Je lui ai consacré un article sur mon blog, pas besoin de tout répéter ici.

http://mrdoob.com/lab/javascript/harmony/