Coming-out : Peut-on vraiment apprécier Mariah Carey ?

(un texte que j’ai publié fin 1999 sur mon site, à l’époque hébergé par Mygale/Multimania. Je me rends compte que je n’écrirais plus comme ça aujourd’hui, et j’ai même été tenté de modifier le texte, mais non, soyons fort et conservons l’objet sans rien y changer. J’ai aussi conservé la mise en page très serrée, puisqu’à l’époque, il n’était pas rare que les gens n’aient qu’un écran de 640×480 pixels : cette colonne de texte occupait la moitié d’un écran !)

Généralement, une passion honteuse s’excuse parce que l’on est tombé dedans tout petit. C’est ainsi que le trentenaire de 1999 a le droit de dire qu’il aime ABBA, Village People ou le Rock’n’Roll : J’étais petit, je savais pas, et puis si c’est vieux et ridicule, c’est drôle.
Si c’est tout récent et ridicule, ce n’est plus drôle,  juste ridicule. Songez que je parle ici d’une chanteuse qui reprend des chansons de Phil Collins (le chanteur le plus ennuyeux du monde à ma connaissance) et qui remercie le petit jésus au dos d’une photographie digne d’un calendrier de PlayBoy : affligeant (quoique appelé à devenir délicieusement kitsh, bien entendu).

J’ai longtemps trouvé la demoiselle sans intérêt : fabriquée, l’air pas bien maligne, coupable de reprises sacrilège (Tom tom club), exposant son corps , secoué de clip en clip, comme principal argument de vente, enfin c’est ce qu’il m’avait d’abord semblé comprendre.
Ca m’a pris devant « le prince d’Egypte » : deux chanteuses françaises y font une adaptation calamiteuse de « there could be miracles » (M.Carey et W.Houston); C’est si pénible à écouter que l’original en devient un véritable chef d’oeuvre. Toujours par comparaison, on s’apperçoit que les duétistes de la première version n’ont pas la même classe : tandis que Whitney Houston flotte bovinément sur la mélasse de Babyface (1), sa collègue saute du parlé au chanté, du rauque au sifflement suraigu, du chuchottement au cri, du raclement de gorge mélodieux (euh… ben si) à l’essoufflement feint, faisant craindre la fausse note par de savants contrepoints et l’évitant avec brio au dernier moment… Bon, la tradition de la chanson française étant assez peu portée sur le chant vocal et sur la justesse harmonique, je dois parler un peu pour rien (2)…

Un beau jour, assez récent en fait, j’ai compris en voyant Mariah Carey agiter sa localisation graisseuse péri-ombilicale (excessivement charmante) sur son dernier tube (heartbraker) que je n’allais pas résister longtemps à l’achat. Vous pouvez constater preuve à l’appui que j’ai sauté le pas. J’ai appris que je n’étais pas le seul, rien ne se vend mieux en ce moment (comment ai-je pu me croire original ? ;-))
La couverture est du pire goût, à la caisse de la fnac, le vendeur me regardait d’un air hilare.

Hier, le chat est entré dans ma chambre. Mariah Carey hurlait à tue-tête un truc stupide (après la pluie l’arc en ciel… wouhouhouuuu), l’animal a posé sa patte sur le poste et le CD s’est arrété.
Même les chats sont contre moi !Tant pis, I am ringard and I am proud.

(1) Babyface est un compositeur américain assez naze.
(2) Eh oui, en France, on tolère les fausses notes dans les chansons tant que le texte est joli. Ca donne des choses intéressantes aussi.