Le chef de bord pas commode

L’opération est banale : échanger un billet. Je paie chaque année une carte dite « liberté » qui me permet de modifier sans frais l’heure de mes trajets et j’en use régulièrement. Ça fonctionne bien : je montre le QRcode de mon billet à l’automate et sans grande formalités, il procède à l’échange.

On s’entend généralement très bien, cet automate et moi, même s’il lui arrive de tenter de m’entourlouper, comme ici : il sait que j’ai droit au billet à 50% modifiable, mais il me propose en priorité des billets non-modifiables ou coûteusement modifiables (voir ma seconde histoire, en bas de la page), c’est à dire plus cher et moins souple. Aucun humain n’aurait l’idée de faire une telle proposition. Dans une perspective commerciale cynique, c’est une raison de faire disparaître les guichetiers, bien évidemment : on ne peut espérer leur faire commettre des horreurs sans résistance, tandis que les automates, eux, ne connaissent ni scrupules ni remords ni attendrissement d’aucune sorte.

En décembre dernier, j’ai pu être à la gare une heure plus tôt que prévu et j’ai voulu changer mon billet. Le premier automate de la gare avait les entrailles à l’air : une agente de la SNCF y était affairée, je ne sais pas si elle y remettait du papier d’impression ou si elle redémarrait l’appareil mais il était en tout cas impraticable. Le second automate fonctionnait. Je scanne mon billet, je dis que je veux finalement partir maintenant et pas dans une heure, l’appareil me répond qu’il accepte l’échange et que celui-ci ne me coûtera rien, comme prévu. Et puis un écran, comme d’habitude, m’informe que l’impression se prépare.

Des instants qui durèrent des heures

J’attends une minute, trois minutes, hmmm, pas normal. Je tente de vérifier avec ma tablette si la transaction s’est bien déroulée (le cas échéant j’aurais reçu un e-mail le confirmant), mais impossible d’accrocher le wifi de la gare, qui semble attendre depuis des mois que quelqu’un se charge de le redémarrer : on le voit, mais il rejette les connexions. Je n’ai pas d’autre moyen de me connecter au réseau.

Je vois passer l’agente qui s’occupait de l’autre automate, je lui explique mes malheurs. Elle pense qu’il suffit d’attendre, mais après deux minutes à regarder un écran gelé, elle doute. Subitement l’écran affiche que le service est désormais indisponible. Nous testons un second automate, qui réagit pareil, puis le troisième, celui qu’elle avait ouvert, et celui-ci aussi se met au chômage.

(oui ce sont les anciens automates, ceci est une image d’archive, enfin vous voyez l’idée)

Mais bon, j’ai le droit légitime de l’échanger, et c’est le système de la SNCF qui est défaillant, pas moi. Il y a la queue aux guichets, et l’heure du train approche, alors l’agente prend une décision logique et accommodante : elle m’accompagne jusqu’au quai pour expliquer au chef de bord (contrôleur) dans quelle situation je me trouve. Elle est jeune et menue. Le contrôleur est un grand, baraqué au visage un peu violacé. Sous son masque, on perçoit un autre masque, particulièrement peu souriant.

« — Alors le monsieur (elle me désigne) ne peut pas changer son billet, la machine bloque. Les trois machines sont bloquées, il n’y a rien à faire, c’est impossible de changer. Son billet est pour le train suivant, alors est-ce que vous pouvez l’autoriser à monter dans celui-ci malgré tout ?
— Non. Enfin si il veut, il sera sans billet et je serai obligé de le verbaliser.
— Mais il ne peut pas changer le billet, toutes nos machines ont planté !
— C’est pas mon problème.
C’est pas moi qui fais les règles.
— Mais qu’est-ce qu’on peut faire ?
— C’est pas
(pause) mon (pause) problème. »

La jeune femme est complètement déconfite, on se met à sa place, elle vient de se faire rembarrer grossièrement par un collègue, devant un usager à qui elle avait promis assistance. Nous n’insistons pas, elle me demande de la suivre vers les guichets. Elle est visiblement émue, et sans se tourner vers moi, elle me dit :

« — Dites donc, il est pas commode, celui-là. »

Je fais comme si je ne savais pas à quel point elle doit se sentir humiliée, cherchant vaguement des excuses à son collègue déplaisant, en rappelant notamment que je suis conscient que la dématérialisation des billets rend tout moins souple (impossible de raturer un billet, tout bêtement, même un billet physique, comme le mien, car c’est la version virtuelle qui compte). Elle acquiesce mollement et ajoute sans plus de conviction qu’« il y a eu des instructions car il y a beaucoup de fraude ». Elle me fait doubler tout le monde au guichet, car mon train part incessamment, et sa collègue parvient à faire l’échange en un temps record. J’embarque juste avant le départ, en règle.

Mais ce n’est pas ce qui est arrivé à mon amie A*, hier, toujours sur la même ligne. Son histoire est un peu différente dans le détail, car son billet était « modifiable sous conditions » et ce ne sont pas les automates qui ont posé problème, mais ce qu’on lui réclamait pour changer d’horaire. Il fallait qu’elle complète le tarif d’origine par une somme qui, en faisant le calcul, dépassait le prix d’un billet au tarif fort ! Le remboursement « sous conditions » s’avère indécemment coûteux. Elle en parle à un contrôleur, qui comprend mais dit qu’il n’y peut rien, avant de se raviser et de promettre un « geste commercial » : il ne facturera qu’un surcoût de dix euros. Elle trouve ça abusif, hésite, mais finit par capituler, et monte dans le train, dans la voiture cinq — où je lui avais justement dit que je me trouverais. Il y avait malheureusement deux trains collés l’un à l’autre, avec deux voitures cinq et surtout, deux contrôleurs. Je suis monté dans le premier train (dont la voiture 5 est devenue une voiture 15 après le départ — j’ai profité d’un arrêt pour sauter du train de queue au train de tête et rejoindre A*) et elle, dans le second. Second train où ne se trouvait pas le contrôleur qui lui avait proposé un « geste commercial ». Passé Rouen, un contrôleur est passé vérifier les billets. A* lui explique son histoire, raconte ce qu’a proposé le collègue.
Le contrôleur prend sa mine la plus fermée : c’est pas son problème ; il n’est pas responsable des promesses de son collègue ; il n’a pas que ça à faire alors si A* ne se décide pas rapidement à payer le complément abusif, il la verbalisera comme fraudeuse ; et si elle n’est pas contente, elle n’a qu’à faire une réclamation auprès du service du même nom.
A* est une personne calme mais j’ai senti, et elle me l’a confirmé, qu’elle bouillait intérieurement. Elle a fini par payer sans faire de scandale mais la mort dans l’âme.

Reconstitution. A* n’est pas spécialement ressemblante, et le contrôleur non plus, il est physiquement plus imposant.

Je crois bien que c’est le même contrôleur que celui que j’avais vu en décembre, enfin il a le même ton, les mêmes manières, la même satisfaction froide à annoncer qu’il ne fera rien pour aider et que ça ne lui fait aucun mal, la même jouissance manifeste à exercer un pouvoir négatif lorsqu’il est justement le seul qui pourrait fluidifier une situation. Sur les grandes lignes, les contrôleurs sont rarement comme ça, ils savent, au moins, avoir l’air compatissants.

Fraudeur sans le savoir

J’ai du mal à garder le fil des changements (presque exclusivement négatifs) du fonctionnement commercial de la ligne qui m’emmène chaque semaine au Havre depuis quatorze ans. Je remarque une tendance discrète mais constante au verrouillage. Autrefois, un billet pouvait être utilisé pendant trois semaines et ce temps a été régulièrement raccourci. Tout semble fait pour imposer aux usagers l’emploi de billets numériques.

Il n’y a pas que les billets de train qui changent. Depuis cet été, gare Saint-Lazare, les voyageurs sont entravés dans leur circulation par un absurde dédale souterrain et aérien de portillons destinés à réguler le flux des passagers en autorisant ou non l’accès à tel quai, ou à telle zone de la gare, en fonction du titre de transport dont on dispose. Ces portillons ne servent pas à valider l’embarquement. Pour espérer être en règle, il faut en sus trouver un des (rares) automates composteurs. Ici encore, on supposera que tout est fait pour aboutir à la dématérialisation définitive des titres de transport. Je plains les touristes et autres usagers occasionnels de la gare Saint-Lazare, celle-ci est devenue une véritable usine à gaz.
Il faudra que j’y consacre un article un jour.

Un billet d’octobre 2019

Je viens de découvrir une autre nouveauté qui m’avait échappé. Depuis 2020, les billets « ouverts » (ne correspondant pas à un horaire précis) que j’achète habituellement, en plus d’avoir vu leur prix augmenter légèrement, ne peuvent désormais plus être utilisés que pendant une même journée y compris lorsqu’il s’agit d’aller-retours. Autrefois, leur période de validité courait sur une semaine complète. C’est encore un peu de souplesse d’utilisation en moins.

Puisque je passe toujours deux voire trois journées d’affilée au Havre, et que j’avais pourtant continué à acheter les mêmes billets, n’ayant pas remarqué de différence, je crois bien que ça fait un mois que je fraude sans le savoir ! Les contrôleurs ne m’ont pas fait de remarque, sans doute n’ont-ils pas non plus intégré cette nouveauté.

Tout ce qu’on pourrait faire dans une gare

Un jeune homme m’accoste dans la gare du Havre, il mène une étude pour le compte de la SNCF. De mon côté, je venais d’apprendre que mon train était retardé de vingt minutes et, ma foi, je pouvais bien en offrir cinq, j’ai donc accepté de répondre.
Muni d’une tablette, l’enquêteur m’a d’abord posé quelques questions sur ma situation : mon âge, la raison de ma présence dans la gare du Havre, si j’y venais régulièrement ou non.

Il m’a ensuite demandé si j’étais content des services présents en gare. Je lui ai répondu que, juste là, j’étais un peu malheureux que mon train ne fut pas présent en gare, puisque la raison de ma présence en gare était que je voulais prendre ledit train pour rentrer à Paris. Mais l’application de la tablette ne proposait la possibilité de dire ça. J’ai insisté : ce que j’attends d’une gare, c’était qu’on puisse y prendre son train.
Mais il n’y avait pas la possibilité d’écrire ça.
En fait, ce qu’on voulait me faire dire, je l’ai vite compris, c’était que je rêvais qu’on installe dans la gare une boutique de vêtements, une gaufrerie, une boutique de chaussures, enfin toute espèce de commerce sans rapport avec le fait de prendre son train.

« — Écoutez, ce que j’attends d’une gare, c’est de pouvoir prendre mon train dans de bonnes conditions et d’être correctement informé.
— Ah. On va devoir s’arrêter là, alors. »

Et il m’a laissé.
Le questionnaire ne prévoyait pas qu’on puisse venir dans une gare juste pour prendre son train. Ou plutôt, ce n’est pas ce que les concepteurs de l’enquête ont envie d’entendre.

Guerres de régions

Gare du Nord.

« — Bonjour, j’aimerais un aller pour Compiègne par le prochain train, et un billet ouvert pour le retour.
– Ce que vous appelez « billet ouvert », ça n’existe pas.
– Mais si !
– Mais non. Vous voulez un billet valable pendant sept jours et utilisable à n’importe quelle heure.
– Oui, voilà, c’est ce que je veux
– En bien ça existe en Intercités, mais pas en TER.
– Et qu’est ce que ça change ?
– Ce ne sont pas les mêmes trains.
– Mais c’est la même ligne, non ?
– Oui.
– Ben alors ?
– Alors les Intercités c’est la SNCF, tandis que les TER c’est privé. Enfin c’est financé par la région. Ce ne sont pas les mêmes horaires.
– Mais pour la Normandie je peux prendre un billet ouvert !
– Non monsieur, ce que je vous explique c’est que ça n’existe pas.
– J’en ai pris un la semaine dernière !
– C’était un Intercités.
– Ah.
– Vous êtes en Normandie sur Deauville ?
– Non, le Havre.
– Ah, tant mieux pour vous, parce que sur Deauville ils font n’importe quoi. Il y a des travaux mais ils savent jamais à l’avance alors une fois sur deux c’est fermé à la réservation. »

Je tends ma carte Grand voyageur

« — Ah, désolé, ça n’est pas comptabilisé pour les billets TER. Pareil avec une carte senior, la région n’est pas tenue de respecter les mêmes règles que la SNCF. »

Je paie

« — Je vous ai peut être expliqué trop de choses.
– Non non, c’est intéressant.»

Billet ouvert

Après mon histoire de e-billet, je me suis dit que j’allais acheter mon prochain aller-retour au guichet en spécifiant bien que je voulais, pour le retour, un billet dit « ouvert », c’est à dire un billet au tarif plein mais pouvant être validé dans n’importe quel train, ce qui était jusque récemment le billet standard. En faisant la queue, j’ai vu une affiche qui vantait le caractère pratique du « e-billet », pourtant si contraignant pour les usagers. La SNCF fait souvent croire que la régression d’une offre est une bonne nouvelle pour l’usager, ce qui est passablement malhonnête. Je me souviens, dans le registre, qu’on m’avait une fois envoyé une toute nouvelle carte « Grand voyageur » accompagnée d’une lettre qui me félicitait d’avoir vu mon offre évoluer de « Grand voyageur plus » à « Grand voyageur ». Ça signifiait juste que je rétrogradais, mais tel que c’était écrit, j’avais gagné le gros lot. Plusieurs grandes entreprises publiques d’autrefois (La Poste, la SNCF, EDF, GDF, France Télécom) me donnent cette déplaisante et triste impression de tenter de piéger leurs usagers à coup de nouveaux contrats à astérisques et mentions en corps 8 grâce auxquels ils s’extraient des réglementations politiques qui en faisaient jusqu’ici des services publics.
Le guichetier à qui j’ai demandé mon billet était bien de cet avis.

« — [appelant sa voisine :] Rhalala, je me rappelle plus, c’est quoi le code pour les billets ouvert maintenant ?
— En « Grand voyageur » tu veux dire ? 
— Oui c’est ça
— Euh, attends voir, il faut que tu tapes F46 [j’invente, je me souviens juste que ça commençait par F]
— Ils sont chiants ! [puis s’adressant à moi :] Non parce qu’ils veulent plus des billets ouverts, ils font tout pour que ça soit dur à faire, ils changent les codes tout le temps ! Et ça n’a rien à voir avec la concurrence, hein, faut pas croire ce qu’ils disent, en fait c’est les régions et la SNCF qui se tirent la bourre, parce que c’est des lignes pas rentables. Enfin pas rentables en termes d’argent, ça fait pas de bénéfices, mais c’est pour ça qu’on paie nos impôts, non ? Ça sert à quelque chose, c’est rentable autrement, c’est rentable parce que ça rend un service, les gens prennent le train. Non ? 
—  Si si !
— Avant on prenait le billet à l’avance, il était valable deux mois ! Ça a beaucoup changé tout ça.

[je paie, il glisse le retour « ouvert » et l’aller imminent dans une pochette qu’il me tend]
—  Voie dix-neuf, vous avez cinq minutes ! »

S’habituer à la concurrence

Le Havre. J’avais un billet pour rejoindre Paris par le train de 18 heures, mais je pouvais embarquer dès 17 heures. Mon billet n’est pas un billet à tarif spécial, c’est un billet normal, que je peux à tout moment échanger. Mais encore faut-il en avoir le temps. Voyant les contrôleurs à l’entrée du quai, j’ai couru leur demander si je pouvais monter dans le train avec un billet pour le train d’après (que j’avais déjà composté).
« — Nous sommes encore un service public, je n’ai pas le droit de vous empêcher de montrer dans le train.
— D’accord… ?
— Mais une fois en route, je serais en droit de vous demander de régler un supplément de quinze euros.
— Ah. Mais pourtant c’est un billet normal, pas un billet « preum’s », hein, regardez… C’est exactement pareil, finalement.
— Ah non, ce n’est pas pareil, c’est e-billet.
— Mais pas du tout, je l’ai acheté en gare !
— Mais si, mais si, regardez, c’est un e-billet.

— Ah oui. C’est marqué. Mais qu’est-ce que ça veut dire ?
— En fait c’est pour vous habituer à la concurrence. Parce que là c’est la SNCF, mais un jour, selon les horaires, ça sera peut-être un train allemand, ou italien. »

J’ai eu le temps de changer mon billet et de prendre ce train. Mais je me rappelle de l’époque où un billet « Intercités » était valable trois semaines après sa date de départ prévu, puis une semaine seulement. Et il y a encore quelques mois les contrôleurs disaient (règlement ou tolérance de leur part, je ne sais pas) qu’on pouvait sans problème prendre le train d’avant ou d’après.
Et à présent, puisqu’il est « e-« , quoique ça veuille dire1, le billet n’est valable que pour l’horaire prévu, même dans un train vide. Tout ça pour nous préparer à l’usine à gaz que promet d’être train ouvert à la concurrence.

  1. Selon le Wiktionnaire, e- signifie (Électronique) Lié à l’électronique et en particulier à Internet. []

BlockAd

Le Wifi de la Gare Saint-Lazare m’annonce que je vais devoir regarder une publicité avant de m’autoriser à profiter de sa connexion. Cette connexion est mise à ma disposition par la SNCF, société dont je suis actionnaire comme tous les français, auprès de laquelle je souscris un abonnement grandes lignes annuel, un abonnement banlieue mensuel, chez qui j’ai une carte dite « Grand Voyageur », et à qui j’achète chaque année une cinquantaine d’allers-retours grande ligne.

Bref, je suis un client de la SNCF, mais non, il faut encore qu’on essaie de me rentabiliser jusqu’au bout, qu’on exploite jusqu’aux dernières miettes de mon attention : pendant que le site « cherche les prix disponibles » il me demande de patienter, et pour agrémenter mon attente, il me montre une publicité. Et ce n’est pas juste pour me distraire, car il ne me demande pas mon avis.
Ce temps d’attente n’est pas déterminé par la durée nécessaire pour interroger la base de données (on peut remarquer à d’autres moment que cette opération ne dure qu’une ou deux seconde), mais est calibré pour que j’aie le temps de lire le contenu de la publicité. Combien ça rapporte ? Sans doute une infime fraction de centime à chaque fois.

Avec la publicité qui autorise à accéder gratuitement au Wifi, ce matin, je suis tombé sur un cas plus consternant encore, mais certainement pas rare : la publicité qui empêche d’accéder à un contenu. Cette fois, la publicité est annoncée, promise, mais il ne se passe rien. J’ai éteint le wifi, je me suis reconnecté, j’ai attendu, mais rien, une page vide : tant que la publicité n’est pas passée, on m’interdit d’accéder au service, alors si pour une raison quelconque (par exemple un script codé un peu vite) la publicité ne se lance pas, je n’accède à rien ! Belle métaphore du caractère nuisible et ridicule de l’avidité.