Nous les petits, les sans-grade

Je dois voter pour quelqu’un que j’aime pas afin de faire barrage à quelqu’un qui ne va pas passer. Donc je me dis bon okay cette élection c’est vraiment de la drouille, alors dimanche, oui, je vote comme on m’oblige, pour le bien de la démocratie, mais je noie mon chagrin dans l’alcool. Je précise que je suis un alcoolique léger, je ne bois jamais d’alcools forts. Enfin cette semaine j’ai trempé mes lèvres dans de la vodka à cause d’un concours de circonstances. On m’avait dit « goûte ! », alors j’ai goûté, pour la convivialité, pour avoir l’air cool, pour faire genre le mec qui a déjà bu de l’alcool fort, que ça fait pas tousser. Mais bon hein normalement je m’arrête au Porto ou au Martini. Et généralement c’est Martini (Rosso), plutôt, mais le Porto est très bien aussi, enfin certains sont un peu forts, faut dire ce qui est. Beaucoup de gens me disent : « le Martini, okay, mais le blanc ». Mais moi pas du tout. Je ne déteste pas le blanc, attention (sans vodka, par contre) mais je préfère nettement le rouge.
Alors l’autre jour je passe à Simply, et en prévision de dimanche, donc, je me dis : « Tiens je vais acheter une bouteille ». Seulement ils n’avaient que des bouteilles de 50 centilitres, apparemment tout le monde avait eu la même idée que moi. Forcément. C’est aussi ça la démocratie, tout le monde pense le même truc en même temps. Ébranlé par cette situation inattendue, et de peur que le lendemain j’aie encore moins le choix, je prends ce qu’on m’a laissé (on ne peut pas dire qu’on ait le choix de grand chose ces temps-ci, dis-donc), c’est à dire la petite bouteille. Ça me coûte six euros et quelques.

Cette image n’a aucun rapport. Ce sont les bulles produites par le lavabo du premier wagon du du train Intercités 3101 que je prends tous les mardis matin. Si vous cliquez vous verrez la vidéo.

Trois jours plus tard, c’est à dire aujourd’hui, je retourne à Simply mais pour complètement autre chose. Je ne vais pas rentrer dans les détails car ça a très peu d’intérêt dans mon récit, mais bon je passe souvent à Simply (chez Simply ? au Simply ?) quand je remonte de la gare car c’est sur le chemin. Ce n’est pas que je milite pour cette chaîne, j’y vais parce que c’est sur ma route, j’y allais déjà quand ça s’appelait Atac, et, il y a encore plus longtemps, à l’époque où ça s’appelait Unimag. Par curiosité, espérant voir qu’il n’y avait plus de bouteilles du tout (j’aurais pu me dire « j’ai été bien avisé d’être prévoyant » et sourire intérieurement en pensant aux autres qui n’auront pas eu ma sagesse), je passe quand même inspecter le rayonnage des apéritifs et là je vois qu’ils ont fait du réassort en Martini Rosso, et conditionné au litre, s’il vous plait ! Et au prix de huit euros et quelque, pour couronner le tout ! Si le prix au litre avait été le même quel que soit le conditionnement, la petite bouteille aurait dû être vendue quatre euros, ou la grande douze euros, mais là c’est n’importe quoi c’est pas cohérent, enfin c’est pas le même prix au litre, quoi. Inutile d’avoir fait polytechnique pour constater que je me suis bien fait avoir. Tout ça parce que j’avais cru à une pénurie, que je m’étais montré prévoyant. Puni d’avoir voulu trop bien faire.
« Trop bon trop con », comme disait le Mahatma Gandhi.

C’est vraiment horrible ce qu’on subit, nous les gens normaux. Et tout ça, les froids technocrates de Bruxelles qui nous voient comme des chiffres, comme du chômage, comme du PIB, comme de la confiance des ménages, ils s’en moquent bien de ce qu’on vit ! Ah ça, si elle passe, Le Pen, faudra peut-être pas s’étonner ! Je vous le dis ! Bon et d’ailleurs faut que je rachète une bouteille parce que là je viens de la terminer.

7 réflexions au sujet de « Nous les petits, les sans-grade »

    1. @Fred voilà bien un commentaire de gauchiste bisounours bobo écolo qui préfère les gentils aux méchants même quand les gentils ne font rien pour lui !

  1. Franchement, je te conseille le whisky ! (moi, j’aime le Knockando). À cause d’un grave excès à 16 ans, il m’a fallu 30 ans de plus pour en découvrir les joies. Parce que je dirais que la vodka peut dégoûter à jamais des alcools un peu forts. Le whisky, il ne faut pas en boire pas beaucoup et en choisir un assez bon, je dirais autour de 30 euros, sinon tu perds tous les dirac aromatiques observables au spectrographe, qui démontrent scientifiquement qu’un bon whisky, c’est bon. Moi qui finirai par devenir vieux, à force, j’ai déjà adopté une habitude de vieux : tremper un sablé dans mon whisky. Tout ça pour dire que je déconseille trop de Martini, pour l’estomac. Alors qu’un bon whisky… Cette campagne m’a épuisé et sidéré. Je travaille encore vraiment mal, et donc ça craint.

  2. À par ça, et tout aussi « franchement », je ne crois pas que les gens qui travaillent à Bruxelles, les fonctionnaires européens quoi, soient de froids technocrates. Les (quelques) gens qui j’ai pu connaître ayant travaillé là, de près ou de loin, sont plutôt en général passionnés par leur travail et soucieux du « bien public ». Ainsi, je m’efforce de ne pas confondre un fonctionnaire européen et Wolfgang Schaüble (qui ne l’est pas, fonctionnaire européen). Idem avec les parlementaires européens. De temps en temps, une opération militante vise à discréditer telle mesure soutenue par le Parlement, dans un sens qui ne me semble pas clair. Si j’ai du temps, je me fade quelques heures de débat d’une commission du Parlement (la transparence en est parfaite) et je vois quoi ? des gens qui travaillent, qui se soucient de la portée de leurs choix, qui tentent d’arbitrer entre des contraires. Perdre du temps comme ça rend plutôt plus europhile que le contraire, à mon avis. Mais c’est vrai que je suis « européiste » comme disent ceux qui ne le sont pas, sans cependant être DU TOUT satisfait de l’évolution de l’Europe (dont les choix sont surtout faits par les exécutifs des états qui la composent).

      1. Merci. T’as raison, je suis trop à cran, et je retrouve un peu d’humour seulement pour parler de whisky ou de Roquefort…

        (Je tombe encore sur des trucs insensés. Genre : les commentaires en réponse à une tribune d’Alter Éco. Faut que j’arrête de lire ce qui s’écrit. J’en peux plus.)

        1. @Foucauld Pérotin : je voulais trouver une formule complètement abusive, genre « leurs monstrueux yeux d’acier ne brillent qu’en songeant à l’ubérisation et aux délocalisations » ou un truc comme ça 🙂
          Vu qu’on est tous à cran, il faut rigoler, c’est vital !

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