Les béta-carotènes sont cuites

Panique mondiale : l’agent orange1 submerge l’Amérique. On s’est moqué de Donald Trump, on a dit que ses électeurs étaient arriérés et ignorants, mais voilà, on n’a jamais durablement rallié quelqu’un à l’opinion qu’il est un âne, même et surtout quand il en est un, puisqu’au mépris s’ajoute la vexation d’une vérité blessante.
Depuis ce matin, en France, les pires tocards de la classe politique sont unanimes à se considérer eux-mêmes comme le vote « utile » qui permettra de faire barrage aux barbares fascistes.
Ce chantage fonctionnera-t-il une fois de plus ?
Trump veut cesser de financer l’Otan, veut limiter ses interventions dans le monde à la seule lutte contre le terrorisme, veut revenir sur l’accord contre le réchauffement climatique qu’a signé son pays, dit régulièrement le mal qu’il pense de la France ou de l’Europe.
Espérons que son élection sera une occasion de redéfinir nos rapports à l’Empire américain.

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Je me dis que cette élection marque la défaite unilatérale du mythe de la vertu intrinsèque de l’information2. Jamais dans l’histoire humaine on n’a eu autant de moyens de vérifier et de discuter des faits et des arguments, tout est à portée de clavier. Et pourtant, c’est le candidat qui a proféré les affirmations les plus absurdes et les plus mensongères qui l’a emporté. Peut-être la sur-information l’a-t-elle indirectement servi, du reste : contre le bombardement anxiogène et paralysant de chiffres et de dépêches émanant d’un monde toujours plus complexe, Trump a promis la simplicité, l’impulsivité,voire l’idiotie, et affirme que pour retrouver une grandeur qu’il estime perdue, son pays doit oublier l’existence du reste du monde.
Peut-être aussi qu’Internet a favorisé Trump, non parce que c’est un lieu de désinformation, mais parce que le fonctionnement de services tels que Facebook, Twitter, et même Google, permet à chacun de vivre avec l’illusion que le monde entier partage ses références culturelles et ses opinions, ce qui mène donc à rester dans une bulle confortable et familière, dans l’ignorance des autres. Lorsque la confrontation se produit, elle est trop violente, il est trop tard pour dialoguer et réfléchir.

  1. Qui comme chacun le sait est plutôt brun. []
  2. Je suis conscient que cette phrase est un peu lourde. []