La réussite

Je me suis dit que le journalisme devait parfois être un bien triste métier en entendant un type de BFMTV dire quelque chose comme : « Et on se retrouve toute la matinée en direct du salon de l’agriculture pour suivre la visite de Nicolas Sarkozy ». J’ai éteint le poste, me disant que je pouvais bien vivre sans suivre de trop près cet événement majeur de l’actualité de mon pays.

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Le soir, j’ai vu quelques images. On voyait notamment l’ancien président s’adresser à des visiteurs du salon sur un ton populaire : « Ah oui, qu’est-ce qu’on s’prend avec c’te gouvernement, ah la la oui ma bonne dame ». Et les visiteurs d’acquiescer devant tant de clairvoyance.

C’est là que toute la vérité du personnage apparaît : il n’a jamais été l’héritier de De Gaulle ou de Jaurès, il s’inscrit dans une toute autre tradition : celle des représentants de commerce des comédies franchouillardes de la meilleure époque. Il est Jean Carmet fourguant son toxique alcool Vulcani (et ses pendules-cadeaux) dans Comment réussir quand on est con et pleurnichard (1974). Il est Jean-Pierre Marielle vendant des encyclopédies dans L’Entourloupe (1980).

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Un marchand d’aspirateurs à qui on ne cède que par pitié pour son œil triste, parce qu’il est un peu pathétique dans son entêtement, parce qu’il est un loser flamboyant. Parce que non seulement il est du genre à essayer de vendre un réfrigérateur à des eskimos, mais qu’en plus, il finit, à l’usure, par y parvenir.

Une réflexion sur « La réussite »

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