Une arnaque bien fichue

Huit heures et demi du matin, téléphone. C’est Nathalie qui décroche. Grésillement pénible de call-center mal insonorisé, et interlocuteur à l’accent indien à couper au couteau, qui explique en anglais que son ordinateur Windows a un problème. Elle répond qu’elle est sur Macintosh et raccroche. Mais comme mon Windows a mis une heure à s’éteindre la nuit précédente, car il effectuait une de ses pénibles mises-à-jour, je ne peux pas m’empêcher de me demander si il n’aurait pas fallu écouter quand même.
Deux heures plus tard, nouveau coup de fil, mêmes conditions sonores désagréables, à la limite de l’audible. C’est moi qui ai décroché, cette fois. Un type m’explique qu’il faut d’urgence régler au plus tôt un problème sur mon ordinateur, que Microsoft UK reçoit des alertes… Je lui pose des questions auxquelles il ne répond pas : feinte ou incompétence, son anglais est vraiment très mauvais. Je finis par raccrocher.
Aussitôt, une femme me rappelle. Même son de ruche, même accent, mais son anglais est bien meilleur. Je me méfie toujours, mais elle connait mon nom et prétend pouvoir épeler mon numéro de licence : 888DCA60-FC0A-11CF-8F0F-00C04FD7D062. Elle me dit où le trouver sur mon ordinateur, et effectivement, ça s’y trouve. C’est le B.A.-BA de la prestidigitation : dire aux gens qu’on sait où se trouve quelque chose et les laisser vérifier. Ces interminables séries de chiffres, c’est crédible. Ceci étant, je me méfie toujours, et je teste la séquence de manipulations proposée (cmd, assoceventvwr) sur Google, ce qui m’amène aussitôt à des forums et des pages officielles de Microsoft qui m’expliquent qu’il s’agit d’une arnaque. Le numéro de série n’en est pas un, c’est juste une bête variable de la base de registre, tous les utilisateurs de Windows ont la même valeur au même endroit — je la reproduis dans l’article pour aider les prochains.
Victorieux, j’annonce à la dame que je l’ai confondue : « it’s a scam! ». C’est une arnaque. Une seconde voix féminine, suraiguë, se saisit du combiné et me crie : « Who told you this is a scam? ».  Qui vous a dit que c’était une arnaque ?
Je réponds que c’est Microsoft, et on me raccroche au nez.

Est-ce qu’on a essayé de me faire installer un programme qui transformerait mon ordinateur en ferme de spam ? En service pirate zombie ? Est-ce qu’on en voulait juste à mon numéro de carte-bleue ?
Je ne saurai pas. En tout cas, l’arnaque est bien fichue, assez professionnelle, même si elle ne doit pas avoir beaucoup de succès en France, puisque tout se passe en anglais (voilà qui aurait dû, plus que tout, me mettre en garde). J’ai signalé l’appel et son déroulement sur le site de Microsoft, qui ne prévoyait même pas, dans sa liste, qu’une victime de ce genre d’arnaque puisse toucher un non-anglo-saxon : la France n’était pas dans la liste des pays proposée.

Une réflexion sur « Une arnaque bien fichue »

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