Blog mode

Ma fille cadette me conseille de lancer un blog « mode » avec tous mes tee-shirts. Ce serait avec plaisir si j’avais un élégant buste de κοuρος, mais j’ai peur que ce ne soit plus du tout le cas.
Dans le doute, j’ai pris en photo le tee-shirt que je porte pour ce dernier jour de 2014, réalisé par le studio Førtifem.

tee_shirt_death

Un peu plus sobre que les trucs-qui-piquent-les-yeux que porte ma fille, justement, qu’elle expose ensuite sur son nouveau blog, Couleur Saumon*. Derrière mon coude, vous apercevez son pyjama.

* Avertissement : évitez une trop longue exposition. Ne cliquez pas sans avis médical, ne cliquez pas en cas d'épilepsie, ne cliquez pas sans avoir chaussé au préalable des lunettes pour soudure à l'arc. Fuyez.

L’administration des originaux

La France est ce pays où, pour que puissent être mis en paiement quelques centimes qui nous sont dus, nous nous voyons réclamer non pas un, mais deux relevés d’identité bancaire, documents qui, la phrase est soulignée, devront obligatoirement être des originaux. C’est aussi ce pays où, ensuite, le paiement nous arrive sous la forme d’un chèque.

Félix Fénéon

Le grand Félix Fénéon entre dans le domaine public en 2015. Je ne pense pas que ses œuvres aient beaucoup pâti de l’avidité de ses ayant-droits, un compte Twitter a par exemple impunément publié l’intégralité de ses Nouvelles en trois lignes, des faits-divers racontés avec une concision parfaitement adaptée à Twitter. Les critiques de Fénéon sont à lire, aussi, le bonhomme a accompagné les Nabis et surtout les néo-impressionnistes. Ici, son très beau portrait par Félix Vallotton :

Félix_Fénéon_Editing_La_Revue_Blanche_1896

Ce qui me rappelle une anecdote familiale : mes arrière-grands parents connaissaient Fénéon, et se sont un jour rendus chez lui avec mon grand-père. Fénéon lui a offert une esquisse par Seurat (qui, dans mon imagination, est devenue une esquisse pour le Dimanche après-midi à la Grande Jatte, mais il est probable que j’aie inventé ça). Mon grand-père a accepté avec joie, mais ses parents l’ont regardé avec un air sévère : c’était un trop beau cadeau, il convenait de le refuser poliment.
Ce qu’il a dû faire.
Il faut que je lui demande, à l’occasion, de me re-raconter cette histoire.

 

Premières connexions

Nous arrivons en 2015, donc 1995, c’était il y a vingt ans.
En 1995, j’ai découvert Internet. On en parlait beaucoup, mais c’était mystérieux. Pour découvrir ce monde nouveau, plusieurs revues, d’informatique mais pas seulement, diffusaient des kits de connexion, sur disquette ou, plus rarement, sur cd-rom. Il y avait des kits sans abonnement chez Compuserve et AOL, avec quelques heures gratuites : on ne payait que le téléphone. Car tout ça passait par le téléphone.

kits

C’était terriblement lent, ça fonctionnait assez mal, il fallait se familiariser avec plein de termes barbares, et la presse spécialisée tentait de nous expliquer le « web », Gopher, le FTP, l’e-mail, Usenet.

Tout ça était très excitant.

Strange 71

On arrive en 2015 et j’ai lu mon premier Strange en 1975. Cela fait donc quarante ans. Je triche un peu en disant ça : novembre 1975, c’était il y a plutôt trente-neuf ans et onze mois.
Mais tout de même, ça commence à dater.
Je venais d’entrer en CE1. À l’époque je lisais Superman, Batman et Tarzan. Par des bons auteurs, souvent : Neal Adams ou Joe Kubert, notamment. Mais toutes ces lectures m’ont semblé incroyablement niaises quand, dans ma maison de presse favorite, j’ai découvert la couverture du Strange #71.

strange71

Ce type en rouge, qui était-il ? Cet autre, qui sort d’un miroir ? Comment est-ce que j’avais pu rater 70 numéros de cette revue où il se passait des choses si fantastiques ?
À l’intérieur, tout me semblait adulte : les « méchants » avaient parfois un destin pathétique et, au fond, bien des raisons d’être devenus ce qu’ils étaient ; l’Homme araignée (John Romita) avait des problèmes de tous les jours ; Daredevil (Gene Colan) était aveugle ; Iron Man était crédible (mais oui, rien de surnaturel à un exo-squelette !) ; et quant au gringalet Rick Jones qui, en frappant ses poignets, devenait Captain Mar-Vell (Jim Starlin), j’aurais donné cher pour être lui, et j’ai longtemps frappé mes poignets l’un contre l’autre pour tenter d’y parvenir.
De ce jour, toutes les autres histoires de super-héros m’ont paru puériles.

Parce que

La science explique « comment », la religion explique « pourquoi », aime-t-on à dire. Pourtant, la science explique souvent « pourquoi ? », puisque la plupart des « comment ? » induisent un « pourquoi ? ».
Évidemment, comme les enfants, on peut continuer à demander « pourquoi ? » à l’infini : « pourquoi l’oiseau chante ? » — « pour séduire » — « pourquoi séduire ? »« pour rencontrer l’âme sœur » — « pourquoi rencontre l’âme sœur ? »« pour se reproduire »« pourquoi se reproduire ? »« pour perpétuer ses gènes »,… À un moment, fatalement, on n’a plus rien à répondre.
Les religieux arrivent à ce moment-là, ils forgent des réponses simplettes destinées à donner une dernière réponse à toutes les questions, destinées ce qu’on arrête de se poser des questions. Ils ne cherchent aucunement le « pourquoi ? », ils cherchent juste à imposer leur « parce que », un « parce que » auquel ils ne croient pas forcément eux-mêmes, qui n’est pas spécialement crédible, qui est même, de préférence, absurde, car plus ce qu’on s’impose de croire est idiot et plus il est psychologiquement coûteux, et donc difficile, d’y renoncer. Ils ne sont pas forcément dupes de leur « parce que », mais ils en sont les propriétaires et les défenseurs, et cela leur servira de réponse universelle à toutes les questions de pouvoir qu’on se pose : « pourquoi je suis né pauvre et toi riche ? »« pourquoi la richesse des uns se fonde sur le travail des pauvres ? » — « pourquoi il faudrait se sacrifier pour sa patrie ? » — « pourquoi il faudrait aller tuer le voisin ? »« pourquoi les femmes doivent être moins bien traitées que les hommes ? » — « pourquoi il y a un roi ? » — « pourquoi je devrais avoir honte d’aimer x ou y ? » — « pourquoi je ne devrais pas avoir le droit de lire ce livre ? », etc.
Leur « pourquoi », ou plutôt leur « parce que », n’est donc qu’un outil de pouvoir, un moyen, un « comment », destiné à justifier l’organisation sociale. Et pas grand chose d’autre. Et quant aux mystères plein de poésie (la vie, la mort, la grandeur de l’univers) et aux principes moraux de bon sens (tuer c’est mal…), dont ils saupoudrent la foi, ils sont comme les îles paradisiaques des publicités de gels douche : un simple produit d’appel sans valeur contractuelle.

Spoiler : Flashdance

Alex (Jennifer Beals) est une jeune femme qui rêve d’être danseuse-étoile mais qui, comme tout le monde à Pittsburgh, est forcée d’être soudeuse le jour et de danser dans des cabarets la nuit. Elle finit par céder à son employeur, Nick (acteur oublié) après des semaines de harcèlement, mais lui rend à son tour une vie impossible lorsqu’elle découvre que son « prince charmant » continue de voir son ex-épouse. Enfin, Nick joue de ses relations pour qu’Alex puisse passer l’audition qui lui permettrait d’entrer au conservatoire bien qu’elle ne connaisse rien à la danse classique, ce qu’elle finit par réussir à faire, malgré une prestation assez douteuse.

Rêve de rentrée

Pendant chaque période de vacances, je fais des rêves de rentrée. Des rêves où j’anticipe les problèmes à venir de manière plus ou moins réaliste.
Cette fois, au Havre, j’organisais un workshop — un atelier intensif — dont le thème m’échappe. Le quatrième jour, il a fallu que je rentre à Paris pendant la journée, pour revenir terminer l’atelier, mais chez moi, j’ai été retenu par des parents d’amis de mes enfants venus chercher les leurs, et j’ai raté mon train, j’ai décidé de prendre celui du lendemain matin. Dans la salle de conférences, quelqu’un avait organisé une crèche avec quelques tables et quelques chaises.

Vous avez le droit de fêter Noël, car…

  • Vous êtes chrétien et vous acceptez l’idée de fêter la naissance de Jésus le vingt-cinq décembre même si ce n’est sans doute pas sa vraie date d’anniversaire.
  • Vous êtes juif et vous trouvez sympathique de fêter l’anniversaire d’un des juifs les plus populaires du monde après Elvis Presley et Albert Einstein : Jésus de Nazareth.
  • Vous êtes musulman et vous trouvez naturel de fêter l’anniversaire d’un des prophètes majeurs de l’Islam, le messie ‘Īsā/Jésus.
  • Vous vous sentez héritier de l’Empire Romain, où l’on fêtait le retour du soleil après le solstice d’hiver, le vingt-cinq décembre, lors des Saturnales.
  • Vous vous sentez proches des Mithraïques, qui vouaient un culte au soleil invaincu (Sol Invictus), toujours dans l’Empire romain, justement à la même date.
  • Vous savez que l’Empire romain a disparu il y a des siècles, mais vous fêtez les fêtes romaines afin de protester contre la manière dont l’Église catholique s’est approprié des dates, des rites et des notions qui lui préexistaient.
  • Vous êtes druide, sataniste, wiccan, descendant ou sympathisant des amérindiens, ou membre de toute autre communauté new-age ou néo-paganiste, et, en conséquence, vous fêtez le retour du soleil après le solstice.
  • Vous êtes athée et vous trouvez qu’il n’y a aucune raison que seuls les gens qui affirment croire en ceci ou cela fêtent Noël mais vous disent que vous n’avez pas le droit de le faire vous-même.
  • Vous êtes d’origine hindie, bengalie, tamoule, chinoise, vietnamienne, cambodgienne, japonaise, coréenne, etc., et vous vous associez aux rites festifs qui ont du succès dans le pays où vous vivez (et qui parfois sont même fériés dans votre pays d’origine).
  • Vous avez longtemps vécu dans un pays où on fête Noël et vous avez ramené cette tradition avec vous.
  • Vous n’êtes dans aucun cas mentionné ci-dessus, mais les jours les plus courts de l’hiver constituent une période spéciale à laquelle vous appréciez de ralentir votre activité pour vivre un bon moment entouré de votre famille.
  • Vous vivez dans l’hémisphère austral, et pour vous, c’est le début des vacances d’été, ça se fête !
  • Vous trouvez qu’une fête est toujours bonne à prendre.
  • Vous aimez offrir et recevoir des cadeaux, et Noël est un moment traditionnel tout indiqué pour le faire.
  • Vous pensez que Noël est une fête commerciale et que, dans le but d’encourager l’économie, il faut saisir cette occasion de faire et de susciter des dépenses.
  • Vous êtes sadomasochiste bien gratiné et par conséquent vous savourez la cohue lors des achats de cadeaux de dernière minute dans la Fnac Saint-Lazare.
  • Vous appréciez de manger la bouillie de riz au lait, le småmat, la dinde aux marrons, le christstollen, le chapon, les boukètes et les cougnolles, la pašticada, la boudin, le turron, le gourounopoulo psito, les spéculoos, la bûche, le civet de lièvre, le Christmas pudding, le glögg (ou autre vin chaud), le panettone, ou tout autre plat ou boisson traditionnellement associés à Noël.
  • Vous adorez les décorations de Noël, comme le sapin, les guirlandes, les couronnes de houx, et les machins qui clignotent.
  • Vous avez une autre raison de le faire.
  • Vous n’avez pas de comptes à rendre, vous fêtez ce que vous voulez comme vous l’entendez, par exemple Noël.