Profitez-en, après celui là c'est fini

Le cinéma en relief fait-il mal à la tête ?

mai 24th, 2010 Posted in Au cinéma, Images

Étonné par la diversité et le caractère inattendu des réactions recueillies auprès du public du film Avatar1, j’ai mis en place un petit sondage en ligne destiné à vérifier si les conditions de projection pouvaient avoir eu un impact particulier sur l’expérience des spectateurs.
Ce sondage n’a qu’une valeur relative. Tout d’abord, il ne porte que sur trois-cent vingt-cinq spectateurs (ce qui n’est tout de même pas rien), qui ont été sollicités sur la base du volontariat. Il existe de grandes disparités en termes d’affluence entre les différentes salles : certaines n’ont eu qu’un seul spectateur tandis que d’autres en ont eu près de trente. Le questionnaire, que j’ai voulu très court, était un peu fruste ainsi que me l’ont fait remarquer plusieurs d’entre ceux qui y ont participé. Je ne pose aucune question sur les contingences extérieures à la qualité du film et à l’expérience du relief. Je ne demande pas s’il y avait des publicités avant le film, si le son était mal réglé, si la copie était en version originale sous-titrée, si le tarif de la place était raisonnable, si le public avoisinant mangeait des pop-corns bruyamment ou si les sièges étaient inconfortables, par exemple2.
Par ailleurs, je ne connais pas les particularités techniques des salles et j’ignore le genre de différences qui peuvent exister entre l’équipement d’une salle 3D numérique et une autre, je ne sais pas quelles salles proposent des lunettes « passives » et quelles salles proposent des lunettes « actives », et j’ignore s’il existe des différences qualitatives entre les différents modèles de lunettes. Je ne suis donc pas en mesure d’expliquer les raisons qui font qu’une salle a été préférée à une autre.

Les questions posées étaient :

  • Dans quel cinéma avez-vous visionné le film Avatar ? (seules les salles de Paris et de sa banlieue étaient listées)
  • Sur une échelle de 0 à 10, à quel point avez-vous apprécié le film ?
  • Comment avez-vous trouvé les couleurs film ?
    (cinq possibilités, de « trop ternes » à « trop vives »)
  • Avez-vous trouvé que la 3D apportait quelque chose au film ?
    (cinq possibilités, de « beaucoup » à « rien du tout »)
  • Le fait d’avoir vu le film en relief vous a-t-il fatigué ?
    (trois possibilités : « pas du tout », « un peu » et « beaucoup »)
  • Pour finir, un champ de texte permettait à ceux qui répondaient au sondage d’apporter un témoignage ou des réflexions complémentaires.

Ma méthodologie, éhontément empirique, a consisté à établir des pourcentages à partir des affirmations, puis à comparer la moyenne des appréciations de toutes les salles avec chaque salle séparément. J’ai souvent proposé peu de possibilités de réponse, en partant du principe que les sondages proposent toujours bien trop de choix dans des termes qui se veulent précis mais auxquels, finalement, on n’arrive pas à répondre très efficacement.

Le figuier blanc (Argenteuil), excellente salle municipale (d'après quatorze spectateurs en tout cas). Séance à 6 euros + 1,5 euros pour la location des lunettes 3D.

La première chose qui apparaît, c’est que seul un spectateur sur sept environ s’est déclaré fatigué par l’expérience du cinéma en relief. Il faut dire qu’Avatar traite le relief de façon assez fine, on est loin des films de drive-in qui utilisaient les lunettes bichromes pour en mettre « plein la vue » et créer un relief qui ait plus de profondeur que la vision naturelle. C’est un relief sage, et donc, assez peu dérangeant. Sur les forums de cinéphiles, certains se sont même dits déçus du caractère peu impressionnant de la 3D d’Avatar. Je supposerai, pour ma part, que c’est précisément ce refus du relief tape-à-l’œil qui fait d’Avatar un film regardable sans fatigue, malgré sa durée de plus de deux heures et demie.

Dans une tribune intitulée Why I hate 3D (Pourquoi je hais la 3D), le critique Roger Ebert évoque les opinions convergentes de deux éminents chercheurs en ophtalmologie et en neurologie sur le sujet. L’un et l’autre évoquent le caractère artificiel de la vision en relief au cinéma, qui est bien différente de notre vision naturelle en trois dimensions, puisque la distance qui sépare les caméras de prise de vue de ces films n’est pas la distance qui sépare nos yeux.  Selon ces chercheurs, l’expérience du relief peut être exténuante, notamment pour les gens dont la vue est légèrement défaillante ou déséquilibrée. Le journal Consumer Reports, cité par l’article de Roger Ebert, estime que 15% des spectateurs sont victimes de fatigue oculaire ou de maux de tête à l’issue d’une séance de cinéma en 3D. C’est exactement le chiffre que j’atteins avec mon sondage : un niveau de fatigue de quinze pour cent.

Pour le reste, mon petit sondage indique que  neuf personnes sur dix ont aimé Avatar, que deux personnes sur trois ont trouvé que le relief apportait quelque chose à leur expérience de spectateurs, qu’une personne sur trois a trouvé les couleurs du film fades. En comparant les différentes salles, on remarque que les salles où le film a le moins plu, qui sont aussi celles où le visionnage s’est avéré le plus fatigant, sont les salles du réseau MK2 (Nation, Quai de Seine, Quai de Loire). Les cinémas MK2 Bibliothèque (qui projetait Avatar dans trois salles) et MK2 Odéon s’en tirent cependant nettement mieux. Les salles favorites du public ont été Le Grand Rex, les salles Pathé (Belle-Épine, Conflans) et  Gaumont (notamment le Gaumont Disney-Village). Enfin, le centre culturel Le Figuier Blanc, salle municipale d’Argenteuil où je suis allé voir le film, a reçu lui aussi une appréciation moyenne très élevée de ses quatorze spectateurs ayant répondu au sondage. Aucune salle du réseau UGC n’est mentionnée car cette chaîne ne s’était pas équipée pour la 3D stéréoscopique à la sortie d’Avatar.3

Parmi les réflexions qui m’ont été envoyées en complément au sondage, beaucoup en ont profité pour donner leur avis de spectateur sur le film : scénario pauvre ou manichéen pour les uns, message fort et efficace pour les autres. Beaucoup ont affirmé être allés voir le film plusieurs fois ou ont dit qu’ils comptaient le faire et/ou qu’ils étaient impatients à l’idée qu’une suite soit filmée. Même ceux qui n’ont pas aimé le scénario notent un univers visuellement séduisant. Quelqu’un ajoute même : « Je donnerais n’importe quoi pour vivre dans ce monde ».
Ces commentaires qualitatifs étaient souvent accompagnés de réflexions désobligeantes envers le cinéma américain ou envers le cinéma français : « un scénario manichéen typiquement américain » ou « ce n’est pas en France que l’on atteindra ce niveau de qualité », typiquement.

Tarzan, "viewmaster" de la fin des années 1960

Nombreux sont ceux qui ont trouvé l’expérience physiquement inconfortable : lunettes trop lourdes, douloureuses, pénibles à associer à une autre paire de lunettes. Beaucoup expliquent que les lunettes qu’on leur a donné étaient défectueuses ou usagées et que cela les forçaient à se tenir d’une manière inconfortable. La fatigue, le mal de tête, le mal aux yeux (ou à un seul œil) et la nausée sont évoquées par un nombre non négligeable des sondés.
Concernant l’apport du relief, les opinions sont très diverses, allant de « la 3D n’apporte rien » ou « la 3D n’est pas au point dans les scènes d’action » à « la 3D rend le film magique », « la 3D est l’avenir du cinéma » et « avec la 3D, l’immersion est totale ». Le « réalisme » est une notion souvent mise en avant par ceux qui ont apprécié l’effet de relief : « je n’ai jamais vu un film aussi réaliste ». D’autres, au contraire, n’y voient qu’un effet commercial tape-à-l’oeil et éminemment dispensable. Certains comparent l’effet de relief de Avatar à celui du Noël de Scrooge, sorti peu avant, et à une publicité pour les confiseries Haribo que de nombreuses salles semblent avoir programmé. Ces comparaisons sont unanimement faites en défaveur de Avatar : « La 3D de la pub Haribo était plus impressionnante ».
Sur l’aspect technique du cinéma en relief, plusieurs sondés évoquent l’idée que la place du spectateur dans la salle peut avoir une influence sur son expérience visuelle, et un spectateur qui s’est trouvé « une fois au premier rang » et « une fois au fond à gauche » pense pouvoir confirmer ce fait et précise que c’est au premier rang et en face de l’écran que l’expérience du relief est la meilleure.
Une réflexion émise plusieurs fois est que [plus que l’image en deux dimensions] « la 3D donne la liberté de regarder ce que l’on veut regarder ». Une telle idée (fausse) montre que le principe du cinéma en relief n’est pas toujours bien compris : la stéréoscopie donne une illusion de relief mais ne permet absolument pas de tourner autour des objets comme le permettent la réalité augmentée ou l’holographie. De même, avec un écran de format suffisant, il est peu probable que la position du spectateur change beaucoup l’expérience « 3D ». Le manque de compréhension de la technique stéréoscopique apparaît aussi dans la question d’un participant au sondage qui me demande, pour un ami qui a perdu un œil, s’il existe un moyen pour voir un film en relief (désolé, la réponse est non).

Comme je l’ai dit un peu plus haut, il est difficile de faire des généralités sur la qualité de chaque salle avec un échantillon aussi restreint, mais il apparaît en tout cas que l’appréciation générale du film n’est pas liée à l’appréciation des couleurs ou au sentiment que la 3D apporte quelque chose au film, mais se rapporte directement à la sensation de fatigue ressentie : plus les spectateurs ont trouvé la séance fatigante et moins le film les a enthousiasmé.
La conclusion provisoire que j’en tire est qu’avec le cinéma en relief, la qualité de la projection est une donnée particulièrement importante.

Mais nous n’en sommes déjà plus au cinéma : avec la coupe du monde de Football (qui provoque traditionnellement un violent renouvellement du parc télévisuel dans les foyers) arrivent les premières télévisions grand public équipées pour un effet de relief. Il en existe deux types très différents. D’une part les écrans « autostéréoscopiques » qui diffusent simultanément un certain nombre de vues (entre sept et seize, apparemment) de manière très directionnelle. Avec ces écrans, le spectateur n’a besoin d’aucun accessoire, l’impression de relief fonctionne sans lunettes. Le procédé est au point mais revient extrêmement cher (près de 10 000 euros pour un écran 42 pouces) et impose la production d’images réalisées avec autant de caméras qu’il y a de vues projetées. Cette contrainte rend le procédé viable pour les images de synthèse (où les caméras peuvent être virtuellement et très précisément multipliées) mais nettement moins pour tout autre type de programme, a priori. De plus, la transmissions d’un flux vidéo aussi riche implique une inévitable réduction de la résolution des images. Plus embêtant encore, les constructeurs d’écrans de ce type (Alioscopy et Philips notamment) ne se sont pour l’instant mis d’accord sur aucun procédé de prise de vue ni sur aucun standard de diffusion d’images autostéréoscopiques.

Ce que l’on commence à voir apparaître dans les boutiques grand public en ce moment, ce sont des téléviseurs en stéréoscopie alternée : l’image, rafraîchie soixante fois par seconde, alterne la vue destinée à l’œil droit et celle de l’œil gauche. Pour que l’effet fonctionne, le spectateur doit porter des lunettes à cristaux liquides qui occultent ou laissent passer la lumière, à la même fréquence. Cela fonctionne plutôt bien et l’on ne pâtit pas d’une perte de luminosité aussi importante qu’avec les lunettes polarisées. Par contre, le procédé implique que chaque spectateur dispose de lunettes dont il faut régulièrement changer les piles et qui valent pour l’instant quatre-vingt euros pièce. Et pour les spectateurs qui ne porteront pas de lunettes, le visionnage d’images en relief alterné a un aspect flou et assez pénible et doit être désactivé. Par contre, l’arrivée de téléviseurs capables d’afficher soixante images par seconde est une bonne nouvelle en soi car elle permet la diffusion de programmes en deux dimensions mais tournée à cette fréquence, ce qui donne, dit-on, une image particulièrement agréable à regarder.

(lire ailleurs : La 3D chez soi, on attendra, par André Gunthert)

  1. Des amateurs de films d’action ou de cinéma de genre qui n’ont pas aimé ou des amateurs de films d’auteur qui ont adoré, par exemple. Avatar est un bon sujet d’étude car si ce n’est pas le premier film en relief, c’est celui qui a eu le plus de spectateurs et dont la plupart des spectateurs l’ont précisément vu en relief, contrairement à Volt, Monstres contre aliens, Voyage au centre de la terre ou encore Up. []
  2. Personne ne m’a signalé avoir été sorti de force d’une salle de cinéma pour avoir osé y boire une canette de boisson achetée ailleurs, comme ça se fait à présent si l’on en croit ces deux articles de Rue89 : 12. []
  3. Après avoir longtemps éconduit l’idée, le groupe UGC a commencé à projeter des films en reliefs avec la sortie du Alice aux pays des merveilles de Tim Burton, en mars 2010. []
  1. 15 Responses to “Le cinéma en relief fait-il mal à la tête ?”

  2. By jerome on Mai 24, 2010

    effectivement, j’ai pas encore vu de film en 3D, car portant des lunettes de vues, je pense que celles ci sont deja assez penibles (viser des zones sans rayures) pour ne pas a avoir a rajouter encore autre chose, sans parler du poids….
    Par contre j’ai vu l’an passé le ruban blanc (un autre type de spectacle !!!) et ça ete mon premier film vu en salle en digital, c’est a dire sans pellicule, et je dois dire que c’etait parfait sauf pour les 2 ou 3 plan fixes qui paraissaient « gelés ». il manquait la « vie de la pellicule, surtout qu’il sagissait d’un film en noir et blanc.

  3. By Kfadelk on Mai 25, 2010

    Pour moi l’expérience Avatar en 3D n’a pas été concluante. L’immersion est effectivement plus forte au début, mais rapidement je me suis habitué au relief au point de l’oublier complètement. Seuls quelques plans et incohérences (par exemple le sous-titrage imprimé au dessus des objets mais placé derrière eux dans le plan) me rappelait la présence du relief.
    Il faut dire que la pauvreté du film ne m’a pas aidé a me plonger dedans : scénario simpliste et souvent incohérent, bestiaire peu original, aucun background (le peuple Na’vi ne semble avoir ni histoire, ni art, ni meubles, ni vie sociale, etc…).
    D’où vient l’eau de la cascade dans les rochers volants, hein ? « wizard did it ». C’est ce genre de questions que je me suis posé tout au long du film :(

  4. By Jean-no on Mai 25, 2010

    @Kfadelk : Ah oui quand on commence à se demander d’où vient l’eau c’est qu’on n’est pas dans le film. En fait ces paysages aérolithes sont inspirés d’illustrations de SF classique dont la vraisemblances comptait moins que l’aspect féérique. Je ne pense pas qu’on puisse reprocher aux Na’avi de ne pas avoir de meubles, les meubles ne sont pas le propre des peuples aborigènes sur terre ni sans doute sur Pandora. L’art et l’histoire sont, même pour l’espèce humaine, du moins jusqu’à l’inventions de diverses technologies (écriture, reproduction mécanique) une chose rare, et là aussi, je ne trouve pas le choix incohérent, toutes les espèces intelligentes n’ont pas vocation à finir dans une voiture à manger du fast food en attendant le diabète :-)
    Pour ma part j’ai plutôt marché.

  5. By Alexis Hyaumet on Mai 25, 2010

    J’aimerais apporter quelques précisions sur l’inconfort ou problèmes liés à la diffusion de longs métrages en 3D dans les salles conventionnelles.
    Tout d’abord, il faut rappeler que ces salles n’ont pas été conçues, à l’origine, pour diffuser des films en 3D. Si l’on y prête attention, on remarque une sorte « d’image fantôme » sur les côtés de l’écran. Lorsque l’on utilisait deux projecteurs, une diaphonie de l’image était perceptible et cette « image fantôme » apparaissait. Aujourd’hui, un seul projecteur (numérique) est utilisé, mais le problème persiste. La réponse à cela résulte de la forme de l’écran. La plupart des écrans son courbés afin de répartir la lumière projetée de façon homogène. Cependant, cela engendre sur une projection 3D un décalage permanent entre les deux images projetées. Les films étant travaillés sur des écrans plats et seule une partie verticale de l’image, celle vers laquelle les yeux se concentrent, est nette, le reste laissant apparaître cette diaphonie.
    Concernant les téléviseurs, je suis allé au dernier SATIS, salon présentant les nouvelles technologies de l’image, et les premières télévisions offrant la 3D y étaient à l’honneur. Ce n’est pas le problème du prix qui fera chuter les écrans dits « autostéréoscopiques », mais bien les migraines qu’ils provoqueront. L’effet donné est similaire aux hologrammes qui existent déjà dans le monde de impression, mais sur un écran. Il est difficile de tenir une minute entière devant un tel écran sans avoir un mal de tête épouvantable. Seuls les écrans proposant des lunettes ont une réelle perspective d’avenir.

  6. By Jean-no on Mai 25, 2010

    @Alexis : Merci pour ces précisions sur la question de la projection.
    L’image autostéréoscopique n’est pas viable sur la durée d’un programme, je pense que tu as raison. Ceci dit je trouve ça assez fascinant à regarder malgré tout. Les téléviseurs avec lunettes, c’est bien, mais si j’invite des voisins à regarder un truc (peut-être que ça ne se fait plus ? Je n’ai pas vraiment de voisins), il faudrait, disons, dix paires de lunettes (800 euros) dont les piles (autonomie 50 heures) devront être chargées… ça me semble être une toute autre approche de la télé.

  7. By Pull on Mai 25, 2010

    Pour la télé, il faudrait aussi imaginer des programmes adaptés à la mise en valeur de la 3D. Parce que beaucoup d’émissions sont du type : de deux à douze types autour d’une table.
    Verra t-on notre personnel politique s’envoyer des balles de couleur, en courant, suivis par de longs travelings dans tous les sens lors d’un prochain France-Europe Express 3D?

  8. By Obsolescence on Mai 25, 2010

    Je me rends compte que, est-ce à cause de la « dématérialisation » des « contenus », qu’on va passer d’une rareté d’un format matériel (vinyle, CD, etc.) à une rareté d’un format d’images (en relief ou pas, etc.).

    Et, est-ce que le cinéma en relief (un format d’images) ne va pas suivre la même trajectoire que des formats matériels qui n’ont jamais réussi à s’imposer et qui ont disparu ? Imaginez un appareil avec très peu de « contenus » disponibles pour lui. Pas d’avenir, un gadget de plus…

    Et, est-ce que le but ce n’est pas d’organiser la rareté ? Et aussi de nous faire racheter ce qu’on a déjà ? Il ne faudrait pas sous-estimer ce sentiment…

  9. By Jean-no on Mai 25, 2010

    @Obsolescence : Il faut noter c’est qu’une salle qui s’équipe pour la 3D c’est aussi et surtout une salle qui s’équipe pour la projection numérique, c’est à dire une dématérialisation effective puisque l’on abandonne la projection traditionnelle, la pellicule, et sans doute à terme le projectionniste (qui n’est plus là que pour changer les lampes). Et cette révolution du cinéma numérique va avoir pour effet de faire réaliser des économies énormes aux cinémas. Le succès d’Avatar a fait de la 3D une évidence, et même UGC, qui a le plus gros réseau de salles, a fini par y venir, après avoir longtemps crié au gadget (la 3D au cinéma, ça n’a rien de neuf même si c’est de plus en plus au point). En même temps il est évident que tous les films n’ont pas vocation à être diffusés en 3D (ce sont avant tous les films en images de synthèse qu’il est facile de réaliser en relief stéréoscopique) et il est possible que l’effet lasse le public, comme ça a déjà été le cas il y a quelques décennies (avec une technologie nettement moins bonne ceci dit). Pour les producteurs et les exploitants, le but est effectivement de dire que l’expérience de la salle obscure, c’est le grand spectacle, opposé au simple « visionnage » sur un téléviseur ou un ordinateur. Le cinéma a connu des mutations diverses, je ne pense pas que celle-ci s’imposera de manière aussi générale que le cinéma parlant (qui a annulé le muet en deux ans), ça sera seulement une option, et uniquement pour les salles très rentables car l’investissement est important (~70 000 euros/écran disait Jérôme Seydoux dans une interview).

  10. By Jérémy Vey on Mai 26, 2010

    Et bientôt il faudra aller dans les cinémas d’arts et d’essais pour voir des films qui ne sont pas en 3D…

    Je ne suis pas contre la 3D mais je souhaiterai qu’on en modère son utilisation pour plusieurs raisons.

    D’abord parce que, comme démontré dans cet excellent article de Jean-no, les procédés techniques ne sont pas tout à fait au point, ils apparaissent couteux, mauvais pour la santé, etc…

    Ensuite parce que je trouve que pour l’instant les réalisateurs continuent de faire des films 2D mais ADAPTES à la 3D, donc pour moi il n’y a pour le moment aucunes prise de conscience que c’est un NOUVEAU médium qui s’offre aux réalisateurs (je dis bien nouveau, l’ajout d’une dimension change complètement — pour moi — la nature d’un film…).

    Et puis, ce dernier point est surement lié aux deux précédents, à chaque séance de 3D où je suis allé, je ne me suis pas senti libre de ma vision. Je m’explique, lors d’un film normal, on peut tout à fait courir ses yeux sur tout l’écran que ce soit net ou pas. Or dans une séance 3D le système faisait que j’étais obligé de visionner uniquement le point net du film, à moins de ressentir des douleurs oculaires et des maux de têtes.

    Mais à coté de tout ceci je me pose cette ultime question quant à la notion de 3D et à sa place dans la société. On s’aperçoit que la frontière de l’image entre le réel et le virtuel s’amoindrit. Internet, télé-réalité, effets-spéciaux spectaculaires,… Tout cela change le comportement de notre société, à un point que les notions de sphère privé/ sphère publique n’ont plus de sens, sur Facebook on dévoile volontier sa vie croyant que l’internet n’est que virtuel et ça peut donner à des dérives où comme sur chatroulette.com on se retrouve nez à nez avec un suicidé, un pervers pédophile, etc… (je raccourci volontairement sur des idées arrêtées). Bref aujourd’hui la définition d’une image qui n’est que le reflet d’une certaine réalité s’en trouve quelque peu changé. Alors avec cette 3D, n’y a-t-il pas un risque que les générations à venir finissent pas complètement fondre le virtuel avec le réel, au risque qu’elles perdent leurs valeurs morales (celles qui conduisent à une vie en société j’entends bien) ?

    Voilà sinon il y a un phénomène 3D qui me fait souvent sourire, on vend volontiers tout pourvu qu’il y ai le slogan « 3D », le nouvel écran 3D, le prochain film 3D, la prochaine voiture 3D et pourquoi pas les prochains produits Auchan 3D !

    Allez ! Vive Matrix et son monde de connectés ! ;)
    A bonne entendeur, salut !

  11. By ShadowS on Mai 27, 2010

    Personnellement, j’ai été voir Avatar en 3D mais j’avais pris mes propres lunettes (et donc je n’ai pas eu mal à la tête) pour éviter les désagréments causés par celles fournies dans les salles, souvent endommagées et peu confortables. Dans ce film en tout cas (Je l’ai vu par la suite sans 3D), je trouve que cette technique permet d’accroitre légèrement les sensations visuelles et de s’immerger plus avant dans l’histoire contée.
    Sinon, mdr le commentaire de Kfadelk… Ouais c’est tout pourri le monde des Na’vi… Y’a ni twitter ni Facebook et en plus y’a même pas une télé pour regarder la coupe du monde… Beurk ! :)

  12. By Kfadelk on Mai 27, 2010

    Houla je n’ai jamais parlé de modernité chez les Na’vi…
    Les Na’vi sont très ouvertement inspirés des indiens d’amériques (même trop, cf. la scène de far west lorsque les Na’vi capturent le héro), qui n’avaient pas une culture aussi dépouillée.
    On peut toujours argumenter en soulignant qu’ils vivent dans une végétation luxuriante maîtrisée et qu’ils n’ont probablement pas eu besoin de passer par les mêmes étapes que les humains : élevage, agriculture, habitation…
    N’empêche que l’absence quasi absolue de culture chez les Na’vi (à part les vêtements, les armes et les… hamacs) me semble être de la flemmardise de la part des scénaristes.

    Petite réflexion au passage…
    J’ai récemment vu une télévision 3D à la fnac : l’éclairage étant à base de néon, l’effet stroboscopique était très fort au point de me filer un mal de crâne en quelques secondes.
    Les ampoules basses consommations actuelles font-elles également cet effet (pas les LED, celles au mercure) ? Je ne sais pas s’il s’agit de la même technologie que les tubes néons…

  13. By Jean-no on Mai 27, 2010

    @Kfadelk: l’éclairage des tv LCD n’est pas toujours un néon, ça peut être des leds. Les néons font des éclairs à intervalle régulier, et l’intervalle est de plus en plus lent à mesure que le néon vieillit(à la fin, la fréquence des éclairs est tellement faible que ça donne un clignotement. Les lampes basse consommation ne fonctionnent pas comme ça, elles éclairent en continu.

  14. By Panix on Mai 31, 2010

    « Cette contrainte rend le procédé viable pour les images de synthèse (où les caméras peuvent être virtuellement et très précisément multipliées) »
    J’aime assez cette idée que le cinéma de demain pourra se passer de comédiens et de décors réels. L’irruption d’une technique de projection nécessitant plusieurs caméras au tournage, dont le coût est prohibitif dans le monde réel, donne du crédit à cette hypothèse…

  15. By TeD on Juin 4, 2010

    erreur :
    « Par contre, l’arrivée de téléviseurs capables d’afficher soixante images par seconde est une bonne nouvelle en soi »

    Il s’agit de l’arrivée de téléviseurs 120 Hz, qui affichent 120 images par secondes, non pas 60.

    De plus, les écrans pour ordinateurs à 120 Hz arrivent aussi, équipé d’une carte graphique et de lunette spécial, ils permettent le jeux vidéo en 3D.

  16. By Jean-no on Juin 4, 2010

    Au temps pour moi : 120 hz, pour afficher 120 images/seconde ou 60 images 3D/seconde

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