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Ravage

juin 1st, 2009 Posted in Lecture

ravageDans un article intitulé S.f. pétainiste, l’ami Appollo faisait état de sa consternation après la lecture de Ravage, par René Barjavel. Bien que prof de français lui-même, il n’avait jusqu’ici jamais lu ce classique de la littérature collégienne. Son indignation m’a rappelé que moi aussi je n’avais jamais lu Ravage, ni rien de Barjavel d’ailleurs.
Quelques semaines plus tard, à Rennes (l’eldorado du livre d’occasion), je tombe sur une édition usagée du roman…

Pour commencer, je pense pouvoir dire que je suis complètement d’accord avec Appollo quand au caractère douteux de la philosophie qui sous-tend Ravage. Il y a bien ici quelque chose de furieusement maréchaliste. La ville corrompt, l’instruction corrompt, l’intelligence corrompt, la science corrompt,… Et tout celà doit être puni par un déluge de feu d’essence divine avant de pouvoir être soigné par le retour aux vrais valeurs (cultiver, procréer) et le meurtre de ceux qui auront la mauvaise idée d’y déroger. Bien sûr, une certaine ironie parcourt le livre, et l’on peut remarquer que l’appel à la destruction de la littérature est un projet pour le moins paradoxal lorsqu’il est exposé dans un livre. Pourtant on n’a pas de mal me semble-t-il à voir vers quels personnages et vers quelles solutions va la préférence de l’écrivain, et cela apparaîtrait même si l’on ne savait pas que Barjavel a écrit pour les feuilles collaborationnistes Gringoire et Je suis partout, ni que la première édition du roman s’ouvrait sur une citation de Louis-Ferdinand Céline, à l’époque où l’écrivain de L’école des cadavres, pamphlet justement édité par Denoël, l’employeur de Barjavel, était au sommet de son délire antisémite.

Je vois tout de même des qualités au livre. Pas celles que l’on dit : Ravage n’est ni l’invention de la science-fiction française, loin de là1, ni le premier roman post-apocalyptique, ni même le premier récit post-apocalyptique français2. En fait Ravage, publié en 1943, me semble sourtout répondre à deux œuvres cinématographiques sorties quelques années avant le livre : le Métropolis de Fritz Lang (et de Thea Von Harbou), sorti en 1926, et le Things to come de William Cameron Menzies et Herbert George Wells, sorti en 1936. Le début du roman évoque le Paris de 2052, une société injuste dans une ville toute en gratte-ciels (la ville radieuse, construite par un certain Le Cornemusier — humour, humour) et en engins volants — c’est ici que je suppose un possible rapport à Métropolis. Le héros, François Deschamps (le français des champs), est un jeune homme dynamique et gai, un peu artiste (mais sur son temps libre), un peu premier de la classe mais plein de santé, pauvre et méritant, fier enfant de laboureurs monté à Paris pour effectuer des études d’ingénieur en chimie agricole. Depuis toujours il aime Blanche Rouget, une belle jeune fille à qui les lumières de la ville ont tourné la tête, puisqu’elle s’est fiancée à un intrigant industriel des médias nommé Jérôme Seita3 qui lui a promis la fortune et une grande carrière de chanteuse. La société de 2052 est toute entière gouvernée par la science, la technologie et la vitesse, qui se sont substituées à la religion. Tout est artificiel, la viande est produite sans qu’on tue un animal et même le bon goût est délégué à des machines, comme on le voit dans cette évocation de l’audition de Blanche :

Elle avait dansé, chanté, souri, parlé, s’était déshabillée, étirée, acroupie, couchée, devant un jury composé d’yeux électriques, de microphones sélectionneurs, de planchers rythmographes et de vingt autres appareils incorruptibles. Ces juges intègres l’avaient estimée supérieure en tout point à une foule de concurrents. Seita l’avait engagée aussitôt.

Les œuvres d’art les plus admirées, exécutées par des artistes-fonctionnaires, sont des œuvres technologiques et scienfiques. Il est notamment décrit une sculpture allégorique géante représentant l’intelligence, figure féminine réalisée en «plastec» translucide dont on peut suivre le cycle de la digestion, à la manière du canard de Vaucanson ou du Cloaca de Wim Delvoye. Chaque jour, des agents d’entretien doivent nettoyer la production excrémentielle de l’intelligence… Ce genre de description voltairienne parcourt le roman mais l’ironie de l’auteur tombe ici un peu à plat, car elle semble généralement inspirée par des idées auxquelles on n’a pas nécéssairement envie d’adhérer.

Sans qu’on sache trop pourquoi (on soupçonne un rapport avec une guerre déclenchée contre l’Amérique du nord par l’empereur noir de l’Amérique du sud), tout cesse : l’électricité ne fonctionne plus et le fer devient cassant, les avions tombent du ciel, le monde tel qu’il fonctionnait jusqu’ici s’écroule sans que les puissants, les politiques et les savants ne puissent rien faire d’autre que se ridiculiser. C’est la partie de livre qui m’a intéressé, car j’y vois une évocation directe de la débâcle de 1940 et du sentiment de stupéfaction qui s’est emparé du pays au moment de sa capitulation.
François organise une bande dont il s’auto-proclame chef et dont le but est de survivre. La petite troupe se défend et n’hésite pas à affronter une autre bande, celle des petits commerçants (le tailleur, le boucher,…) qui pratiquent la rapine et accumulent la nourriture alors que plus personne ne parvient à manger à sa faim. Là encore je vois une allusion à la période de l’occupation, tout comme la fuite vers la zone méridionale du pays, en partie épargnée par le désastre.

things_to_come

C’est ici que je vois une réponse  au Things to come d’H.G. Wells. Dans ce récit positiviste (auquel je consacrerai un article en temps voulu), le monde est plongé dans le chaos par la guerre et des pouvoirs féodaux s’organisent avant d’être balayés par l’avènement d’une république de savants qui s’étaient réfugiés au pôle nord et qui rendent au monde le progrès et la raison. Dans un essai intitulé Wells, Hitler et l’état mondial, George Orwell (qui avait profondément aimé Wells) s’était affligé de la naïveté de l’écrivain vis à vis de la montée de l’hitlérisme : pour celui qui allait écrire 1984 et La ferme des animaux, il était déjà évident en 1936 que le progrès scientifique et le progrès humain n’étaient pas liés, et il était aussi évident que la barbarie n’était pas un accident de l’histoire. Barjavel va plus loin qu’Orwell puisque pour lui, le progrès scientifique non seulement ne garantit rien mais il est la cause même de la ruine morale de l’humanité.

François et sa bande (les gentils) zigouillent sans pitié ceux qui possèdent ce qui leur manque et fuient un gigantesque incendie qui ravage la France entière — le feu eschatologique qui purifie. Enfin, ils parviennent dans le village natal de François et de Blanche4, en Provence, région plutôt épargnée et d’où ils peuvent rebâtir le monde. Chaque homme devient polygamme puisque les femmes sont en trop grand nombre. Loin de s’offusquer d’être comparées à des terres riches qui attendent le soc de la charrue du laboureur (charmant), les femmes, notamment les laides, sont trop heureuses d’être organisées en harems, et celles que cette existence ne satisfait pas réellement s’y astreignent par sens du devoir. François devient une sorte de patriarche biblique âgé de plus de cent-vingt ans, doté de sept femmes et d’une descendance pléthorique. Il proscrit les livres et la science, et lorsqu’un de ses sujets vient avec enthousiasme lui présenter un véhicule à vapeur de son invention, François réclame la destruction de la machine et le meurtre de son inventeur dont le cerveau, dit-il, doit disparaître.

travail_famille_patrie

Certains ont vu ici une dénonciation humoristique de la bêtise pétainiste, mais la dédicace, en première page de l’ouvrage, ne me semble pas équivoque : « à la mémoire de mes grands-pères, paysans ».

Il est tout de même curieux qu’un livre idéologiquement si suspect et véhiculant une vision de la femme si rétrograde (j’en ai à peine parlé mais on pourrait consacrer une thèse au sujet) soit donné à lire chaque année à des centaines de milliers de collégiens. On peut en revanche l’apprécier comme évocation fantasmée de l’état d’esprit de son temps.
Du point de vue de l’histoire des idées, il n’est sans doute pas indifférent d’apprendre que Barjavel a écrit le livre, ainsi qu’il l’a dit lui-même, sous l’influence de son passage par le groupe sectaire dirigé par Georges Gurdjieff, le Raspoutine mondain de l’entre deux guerres. C’est notamment en lien avec les cercles Gurdjieff qu’il a fréquenté Lanza del Vasto (publié lui aussi chez Denoël) sorte de gourou d’inspiration chrétienne marqué par ses contacts avec l’orient et par le système des ashrams, pacifiste, misogyne, qui considérait le progrès technique comme un péril pour l’humanité et le retour à la nature comme seule forme de salut. On peut tout à voir en ce personnage une influence majeure pour celui de François Deschamps.

  1. Parmi les dizaines d’auteurs précoces de science-fiction, on peut citer Cyrano de Bergerac, Voltaire, Villiers de l’Isle Adam, Jules Verne, Didier de Chousy, Camille Flammarion, Albert Robida,… []
  2. Le premier récit de fin du monde en langue française est peut-être Le Dernier homme, par Jean-Baptiste François Xavier Cousin de Grainville, publié en 1806 []
  3. Seita était depuis 1935 le nom de la compagnie nationale de tabac, la Société d’exploitation industrielle des tabacs et des allumettes. Le nom Seita signifie « secte » en galicien et en portugais. C’est aussi un patronyme d’origine italienne, semble-t-il. J’ignore si le choix du nom du personnage Jérôme Seita est une allusion à un de ces faits. []
  4. On pense à la chanson pétainiste de Lucien Boyer La terre ne ment pas : « Pour oublier le mauvais songe — Mon gars rentre chez tes parents  — Sans toi vois-tu, l’ennui nous ronge  — Viens chez nous cultiver les champs » []
  1. 18 Responses to “Ravage”

  2. By Wood on Juin 1, 2009

    C’est amusant, car la conclusion que j’avais tiré du bouquin à l’époque (j’ai dû lire ça au collège) c’est que tout ce retour à la nature s’ést fait en vain car le progrès technique est inéluctable. Et le patriarche est tué par l’inventeur de la machine à vapeur.

  3. By Wood on Juin 1, 2009

    (a vrai dire ce que j’en avais surtout retenu – j’avais 14 ans et mon corps était composé d’hormones à 95% + 5% de boutons d’acné – c’est qu’il y avait nettement moins de sexe que dans « La Nuit des Temps » du même auteur

  4. By Jean-no on Juin 1, 2009

    Le patriarche est tué mais c’est juste pour ne pas apparaître pour un salopard. S’il se contentait de tuer le gamin en question, il deviendrait le méchant, tandis qu’ici il est le martyr.
    Barjavel était aussi inspiré par le docteur Carton, un médecin intéressant dans un sens mais aussi fondateur de certains délires écolo-mystiques, du genre « la cause de la maladie c’est le malade » (si j’attrape la tuberculose c’est parce que je vis contrairement à ce que la nature attend de moi).

  5. By Appollo on Juin 1, 2009

    Je ne l’avais pas lu au collège (j’avais lu L’Echanteur, qui m’avait plu) et je ne l’avais pas lu comme prof, parce que j’ai eu très peu de classes de collège dans ma carrière.
    En dehors de la question idéologique (qui montre d’ailleurs que même les fachos peuvent avoir une sorte de sens de l’humour), ce qui m’a consterné, c’est quand même que c’est très mal écrit et très mal construit : le début est ultra laborieux, des tas d’épisodes n’ont strictement aucun intérêt dramaturgique et l’histoire d’amour est d’une niaiserie affligeante.

  6. By Jean-no on Juin 1, 2009

    C’est vrai que pour un petit conte, il y a une espèce de manque d’efficacité étonnant. Je vois là la double influence de Voltaire (pour tout ce qui est relou dans certains de ses contes – les blagues sur les allemands etc.) et de Jules Verne (oeuvres complètes). D’ailleurs le début de Ravage ressemble furieusement à Paris au 20e siècle de Jules Verne, que Barjavel n’a pas pu lire puisqu’on n’a découvert de manuscrit non publié que très récemment.
    L’histoire d’amour est niaise si on cherche une histoire d’amour, mais je vois surtout une histoire de propriété privée. Les influences de Barjavel, Gurdjieff et Lanza del Vasto avaient une vision de la femme abominable. Le premier les appelait des « génisses pas encore vaches » et le second ne leur voyait que deux utilités : reproductrices et femmes de ménage.

  7. By jukurpa on Juin 3, 2009

    C’est marrant, je l’ai lu de mon plein gré étant jeune (au collège ou au lycée, me rappelle plus) et je n’avais pas noté le coté pétainiste d’ailleurs j’ignore plus ou moins ce que cela signifie hormis travail/famille/patrie. Ce que j’avais le plus apprécié, c’était l’ambiance survivaliste qui en ressort, ce petit coté déchéance de l’humanité et retour aux instincts tribaux de la meute.
    Du coup je lis cet article avec un légère déception, étant resté sur ma bonne impression du bouquin et n’ayant naïvement jamais entendu le rapprochement avec Pétain, c’est un classique de ma littérature de jeunesse qui en prend un coup.
    Pour moi, ce livre a toujours été l’illustration de la citation (d’Albert Einstein il me semble mais je n’arrive pas à retrouver) :
    « ce qui sépare l’humanité de la barbarie c’est deux jours sans électricité. »

  8. By Jean-no on Juin 3, 2009

    La citation d’Einstein est jolie mais elle doit être apocryphe voire fausse comme beaucoup de citations d’Einstein (notamment celles qui laissent entendre que le bonhomme s’intéressait à l’astrologie ou qu’il était déiste).
    J’aime beaucoup les récits post-apocalyptiques car il posent des questions importantes : de quoi peut-on se passer, quelle humanité reconstruire en faisant table-rase, etc. Et puis la survie, aussi, c’est assez stimulant comme état, même fictionnel.
    Je pense en tout cas que la lecture qu’on a de Ravage dépend de la conscience qu’on a du contexte de l’écriture du livre et je doute que les profs de français fassent tous l’accompagnement approprié.

  9. By Jean-no on Juin 3, 2009

    Note qu’il est normal de ne rien connaître à la Révolution nationale pétainiste, que les cours d’histoire scolaires présentent comme une parenthèse honteuse imposée par les nazis. Or c’est bien plus complexe, il y avait derrière ça une véritable idéologie née à la fois de l’extrême-droite anti-républicaine mais aussi d’une certaine partie de la gauche républicaine ou non (la résistance est née du même genre d’alliances gauche-droite, du reste)…

    Un documentaire très intéressant sur la milice (l’auxiliaire français des nazis) : Milice française, film noir

  10. By Stan Gros on Juin 3, 2009

    Alors pour avoir eu l’occasion de feuilleter un ou deux de ses bouquins, il y a longtemps que je savais quoi penser de Barjavel (pas Ravage, d’ailleurs, d’autres, dont je ne me rappelle même plus l’intrigue… Il n’y en aurait pas un où l’humanité a vaincu la mort, ou quelque chose comme ça?). En revanche je suis vraiment stupéfait d’apprendre qu’on le fait lire au collège, je ne vois pas très bien comment on peut justifier ça.

  11. By Jean-no on Juin 3, 2009

    Je connais un nombre incroyable de gens qui l’ont lu au collège. C’est le livre de SF le plus courant dans ce cadre avec Les Chroniques martiennes de Bradbury je pense.
    Bon, il va falloir l’adapter en bd :-)
    (très belles images possibles à mon avis)

  12. By Wood on Juin 3, 2009

    -> Stan : je crois que c’est « le Grand Secret » que j’avais également lu au collège. Dans ma naïveté de l’époque je n’y avais pas décelé d’idéologie suspecte mais comme je l’ai dit, j’avais 14 ans. (il y avait plus de sexe que dans « Ravage » mais moins que dans « La Nuit des Temps », ça je m’en souviens)

    Je précise qu’on ne me les a pas fait lire. Ils étaient juste dans la bibliothèque du collège.

  13. By Stan Gros on Juin 3, 2009

    Oui, je pense que celui que j’ai survolé était le Grand Secret, et je me rends compte que j’ai lu La Nuit des Temps au collège, il était dans une sélection de bouquins où on devait choisir ceux qu’on lirait dans l’année, quelque part entre « la Cicatrice » et « E=MC2 mon amour », mes pires souvenirs de lectures de l’époque.
    Il devait y avoir une sorte de compte-rendu à faire après, mais qui devait juste servir à vérifier qu’on avait lu le livre ; on devait aussi donner son avis, mais je crois bien que je n’ai jamais osé dire quand je n’aimais pas. En tout cas, malgré les scènes de sexe, ça m’avait vraiment rasé (et bien sûr moi aussi je suis passé complètement à côté du contenu idéologique), à vrai dire je crois qu’il m’a totalement dégoûté de la s-f, après ça j’ai toujours supposé qu’un bouquin de s-f était forcément stupide et mal écrit. Bref, c’était une riche idée de me faire lire ça.

  14. By Eric on Juin 6, 2009

    Analyse intéressante. Je me souviens avoir lu le livre étant ado. Je n’avais rien perçu de cette dimension. Forcément, sans doute! Je le relirai autrement.

  15. By pull on Juin 12, 2009

    Dans mes bras! Barjavel est un raseur impossible d’un naïveté confondante.
    C’est là on se rend compte que l’indignation prête-à-éructer concernant Céline sert surtout à faire l’économie d’un vrai travail de réflexion sur les autres auteurs.

    Si tu aimes la survie post-apocalyptique, je te conseille « la route » de Cormack McCarty qui n’est pas mauvais.

  16. By Jules on Jan 26, 2011

    Analyse intéressante. Le livre n’étant pas un essai mais un roman, je le lis comme tel. Ce qui m’a plu c’est le récit de la situation dans laquelle se trouve les humains quand la société tombe, car la science et la technique tombe. Je n’y ai vu ni Pétain ni débâcle de 1940. Tant mieux.

  17. By Panjidrama on Fév 14, 2014

    Je sors du Tardis à l’instant, et cet article étant un point fixe dans le temps, je ne peux pas revenir à l’époque pour poster mon commentaire.
    J’ai découvert la SF francophone avec Pierre Boulle au collège. Du coup, je me suis offert un gros pavé réunissant la plupart des textes de Barjavel. Ça m’a bien plu, sur le moment, jusqu’à ce passage de La Nuit des temps, où le narrateur décrit l’humanité pré-permienne (faute d’un meilleur terme) comme plus jeune, donc plus belle. Ça m’a un peu énervé, sur le coup, d’apprendre que l’humanité présente, celle de l’auteur, lui apparaissait comme corrompue, gâtée par on ne sait quel péché. Sur le moment, j’ai raté le lien avec l’époque de l’écriture, mais la dimension moralisante de tout ce que j’avais lu auparavant (Ravage, Le Grand Secret, et aussi cette histoire de milliardaire qui construit une sorte d’Arche de Noé et qui fait de la socio à deux balles avec ses cobayes) m’a sauté au visage. Et puis finalement, c’est pas si bien écrit que ça…

  18. By AlexM on Oct 16, 2016

    ‘Ravage’ est un roman intéressant – en effet surtout dans sa vision de la technique (la panne d’électricité géante) et de retour à la campagne – en relation avec l’air du temps, certes, mais assez prémonitoire aussi (le retour à la Nature).
    Il est intéressant d’ailleurs de noter l’évolution de Barjavel, assez cohérente : en 1978 il publie un livre (il y en avait peu à l’époque) s’opposant au nucléaire civil alors embryonnaire : Lettre ouverte aux vivants et qui veulent le rester.

  19. By Jean-no on Oct 16, 2016

    @AlexM : Oui, mais cet intérêt pour la nature se double d’une nostalgie pour un « âge d’or » (présenté tel par l’auteur en tout cas) bucolique où chacun reste à se place, et particulièrement les femmes. Je suis curieux de voir dans quelle mesure le volet « écolo » de Barjavel était dans l’air du temps. Alors que les fascistes italiens s’inscrivent dans la modernité industrielle (en point dans l’urbanisme, le design,…), la France de Vichy, dans sa communication en tout cas, fait surtout référence à l’agriculture.

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