Profitez-en, après celui là c'est fini

Person of interest

mars 7th, 2013 Posted in Ordinateur au cinéma, Série, Surveillance au cinéma

Cette série créée par Jonathan Nolan (le petit frère de Christopher Nolan), a été lancée en septembre 2011 et faisait ses débuts à la télévision française hier. Il s’agit d’une série à épisodes autonomes, c’est à dire qu’on peut les regarder par hasard ou dans le désordre, malgré quelques arcs narratifs qui se développent sans doute au fil de la saison — enfin je suppose que c’est le fonctionnement de la série, je n’en ai vu que trois épisodes pour l’instant.

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Le principe de départ est une variation sur le thème de C’est arrivé demain, petit film réalisé en 1944 par René Clair, alors en exil aux États-Unis, et qui me semble être le prototype de ce genre de fictions. Prévenu des évènements dramatiques qui vont advenir, le protagoniste doit faire en sorte de les empêcher. Bien sûr ses informations sont incomplètes et il ne sait pas comment il devra s’y prendre pour régler les problèmes dont il est averti, il ignore parfois qui sont les « bons » et qui sont les « méchants ». On trouve le principe, exprimé de manière plus ou moins fantastique, dans Code Quantum (1989), Demain à la une (1996), et bien sûr aussi dans Minority Report (1956 et 2002).
Le héros, John Reese (Jim Caviezel), est un ancien membre des forces spéciales de l’armée américaine. Doutant du bien-fondé de certaines des opérations auxquelles il a participé, et faisant le deuil de sa fiancée, il est devenu alcoolique et sans domicile fixe. Il retrouve un but dans la vie et se décide à se raser lorsqu’il est contacté puis employé par Harold Finch (Michael Emerson), homme d’affaire richissime et discret qui a mis au point un système informatique capable de prédire les tragédies1. Créé pour empêcher un nouveau 11 septembre 2001, ce système a une faille : il ne distingue pas les crimes terroristes des autres. Le gouvernement n’est pas intéressé par les meurtres de droit commun et en efface la liste chaque nuit. Finch, qui ne veut pas laisser un outil si puissant dans les mains du seul gouvernement, a prévu une « porte dérobé » dans son logiciel, et accède à la fameuse liste avant que celle-ci ne soit effacée. Seulement voilà, la liste ne contient que des numéros de sécurité sociale et n’indique pas si ces numéros concernent la future victime ou le futur coupable.

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La « machine » de Finch est constituée de serveurs (on voit un plan sur un data-center dont la localisation exacte nous est inconnue) et traite les données d’une infinité de dispositifs de surveillance. Elle est, dit Finch, « partout ». Le thème est très contemporain, on sait qu’il existe à présent une informatique de la prédictibilité, qui cherche à connaître d’avance des évènements futurs (mouvements économiques, mouvements de foules, comportement anormaux, émeutes, crimes,…) afin de les prévenir ou d’en tirer parti2. Malgré le caractère « rationnel » de l’explication fournie, la machine de Finch est un ordinateur-oracle tel que la science-fiction la plus fantaisiste en propose depuis l’après-guerre : son fonctionnement est plus ou moins magique et les informations qu’il fournit sont cryptiques. Afin de renforcer le caractère numérique de l’opération, les listes de personnes sont fournies sous forme de chiffres et sur papier-listing, imprimés à l’aide d’une imprimante matricielle — pas très high-tech. L’infinité de bases de données à laquelle accède Finch pourrait lui permettre d’établir automatiquement la correspondance entre les numéros de sécurité sociale des personnes et le reste de leur identité : nom et adresse, par exemple.

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Pour travailler, Reese et Finch ont recours à toutes les possibilités fournies par le réseau Internet ou la téléphonie mobile : ils accèdent aux bases de données avec facilité, les modifient (notamment pour protéger Reese qui, évidemment, est pourchassé par une policière ancien soldat elle-même que fascine cet homme dont elle ne sait rien,…), piratent les téléphones mobiles et s’en servent comme micros-espions, etc. Dans les trois épisodes que j’ai vu jusqu’ici, ils ne souffrent d’aucune limitation dans ces domaines et il n’arrive pas qu’une lenteur informatique soit utilisée pour créer du suspense, comme c’était encore le cas dans la série 24, par exemple. Il y a toujours du réseau et les photos sont toujours impeccables.
L’image qui est présentée au spectateur est souvent censée être issue de caméras de surveillance, mais elle est traitée de manière assez fallacieuse : « glitchs » analogiques (alors qu’une majorité de caméras, et surtout celles qui sont reliées au net, sont numériques et devraient souffrir d’effets de pixellisation), noir et blanc légèrement colorisé (pour varier), images sonorisées (alors que dans la plupart des pays, et, je pense, aux États-Unis, les dispositifs de surveillance ne sont pas prévus pour enregistrer du son et c’est même généralement fermement proscrit). Sur les images captées, on voit des inscriptions, des cadrages, etc. : c’est la machine de Finch qui réfléchit et qui classe les personnes selon qu’elles ont un rapport ou non avec l’affaire en cours. De temps en temps, on s’arrête sur des plans fixes de caméras muettes mais munies d’une diode rouge qui signale qu’elles sont actives et rappellent, au passage, l’ordinateur HAL 9000.

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Après avoir visionné le troisième épisode, qui met en jeu des vétérans d’Irak et d’Afghanistan déboussolés et associés pour commettre des braquages, je suis étonné par le naturel avec lequel la série américaine absorbe, recycle et construit des mythologies. Ici, les soldats qui rentrent au pays — qui font écho à des fictions anciennes et bien connues (Voyage au bout de l’enfer, Rambo) —, invoquées pour tirer le trait de l’ère Bush tout en conservant une morale patriotique : les soldats sont souvent de braves types, ils ont obéi à des ordres qui n’étaient pas forcément les bons, on doit les respecter. Et ceux qui trouvent à y redire, dans cet épisode, sont d’arrogants banquiers venus chercher des noises à Reese et à un vétéran dans un bar. Nouvel ennemi, donc, l’arrogance du monde de la finance, qui remplace le terroriste arabe, l’écologiste radical ou le serial-killer. Cette façon d’utiliser la fiction pour créer et consolider le récit national, en flux tendu, m’épate.

Je suis assez curieux de voir comment cette série va évoluer, on m’a dit qu’elle se bonifiait.

  1. Finch est vaguement handicapé — il boitille —, tandis que Reese est un soldat d’élite. Cette association têtes/jambes rappelle fortement la série Dark Angel. []
  2. Lire à ce sujet La société de l’anticipation, par Éric Sadin, éd. Inculte 2011. Signalons au passage qu’un nouveau livre d’Éric Sadin sort dans quelques semaines, L’humanité augmentée, éd. L’Échappée. Il en sera question ici. []
  1. 34 Responses to “Person of interest”

  2. By Raphaële on Mar 7, 2013

    Bonjour,

    Merci pour cette analyse référencée de la série. Pour en être déjà à la seconde saison, je confirme qu’elle va en se bonifiant au fil des épisodes. Les personnages, initialement un peu caricaturaux, se complexifient voir échangent leurs rôles, ce qui donne lieu à des dialogues plutôt savoureux. Le rôle assigné à la « machine » lui même évolue, et les « bugs » arrivent, mais ils sont autant humains que technologiques. Bref, cette série reprend allègrement, comme tu le notes, nombre de références télévisuelles et cinématographiques tout en proposant un récit moins linéaire qu’on pourrait le penser au premier abord.La morale reste néanmoins que le bonheur est dans l’anonymat, un luxe que tout le monde ne peut plus se payer :)

  3. By bobig on Mar 7, 2013

    hou que non !! j’en suis déjà à la saison 2. il vaut mieux suivre tous les épisodes dans le bon ordre car il y a de fréquents retours arrière et des personnages secondaires qui ont toutes leurs importances…plusieurs intrigues se croisent et se décroisent
    et effectivement elle se bonifie ! je conseille à tous de bien s’accrocher et dans le bon ordre :) (et là TF1 peut faire peur)

  4. By Julie on Mar 7, 2013

     » Cette façon d’utiliser la fiction pour créer et consolider le récit national, en flux tendu, m’épate ».
    Que voilà une conclusion rapide. Après une étude approfondie.

    N’avons nous pas en France les mêmes efforts pour créer et consolider le récit national?
    en 36, Indochine, Algérie etc…C’est vrai que c’était plus souvent Antinational de la part des bien pensants.
    L’attitude Américaine doit beaucoup les surprendre!

  5. By JaK on Mar 7, 2013

    Je confirme le sentiment exprimé par bobig: la série s’améliore et mérite d’être regardée dans l’ordre.
    Entre autre le fonctionnement de la machine (non, cela n’arrive pas sur une imprimante matricielle), sa conception, le parcours des personnages principaux… s’explique petit à petit.
    Avoir toujours du réseau n’est pas vraiment étonnant quand la totalité de l’action se déroule à New-York, qui ne doit pas connaitre beaucoup de trous dans son réseau, même si le réalisme n’est pas vraiment le point marquant de cette série post 9/11 qui comme d’autres ces dernières années s’interrogent sur la parano générée par ce drame (je pense à Rubicon par exemple).

  6. By Jean-no on Mar 8, 2013

    @JaK : sur l’imprimante matricielle, je me fie à ce qui est montré dans le premier épisode : du papier listing (cf. mes illustrations). Je veux bien croire qu’il y a une évolution au fil des épisodes, mais est-ce comme dans House MD où l’évolution consiste à savoir si le héros va embrasser la chef de service, où bien est-ce un vrai grand récit découpé sous forme de feuilleton, comme dans Six Feet Under ou The Wire ?
    Je ne suis pas étonné qu’il y ait toujours du réseau, je note juste un progrès avec d’autres époques où les pannes étaient beaucoup utilisées pour créer du suspens, par exemple dans 24.

  7. By Jean-no on Mar 8, 2013

    Que voilà une conclusion rapide. Après une étude approfondie

    Ce n’est pas une conclusion, c’est une remarque en passant. Vous allez me donner une note, en plus du corrigé ?
    Je pense qu’on ne peut pas comparer la manière dont les fictions populaires américaines construisent le récit national de la manière dont ça se fait en France. Mais bien entendu, la France a une histoire et celle-ci apparaît dans les fictions, mais d’une manière à mon avis moins efficace et plus diverse.

  8. By JaK on Mar 8, 2013

    Le côté feuilletonnant évolue avec le temps (plus la série avance plus l’histoire devient linéaire).
    Je ne me souvient plus parfaitement des tous premiers épisodes, mais je crois qu’assez rapidement, les flashbacks, sur la conception de la machine commencent à installer ce récit sur le long terme, ainsi que l’utilisation des liens entre les deux héros et la police.
    On ne tombe pas dans le « pur feuilleton » mais plus la série avance (cela devient encore plus vrai en saison deux), plus l’intérêt que je porte à la série passe du divertissement sympathique à l’envie de voir se résoudre les différentes intrigues ouvertes par les scénaristes.

  9. By Julie on Mar 8, 2013

    Pourquoi ne pourrais-je pas faire de commentaires sur tes écrits? ( Donner des notes en plus du corrigé; Comme tu écris).

    Tu pourrais développer un peu ton affirmation que  » En France c’est moins efficace et plus diverse ».
    Quand on sait à quel point la Culture Haute est en France entretenue par la République! Et à quel point les indigènes de la République sont demandeurs.

  10. By Jean-no on Mar 8, 2013

    @Julie : il existe une histoire officielle dans chaque pays, mais le rôle joué (plus ou moins) spontanément par les créateurs de séries américaines me semble tout à fait singulier. Si vous avez des exemples qui démontrent le contraire, ça m’intéresse.

  11. By @sylasp on Mar 8, 2013

    petit erratum : tu écris « ce système a une faille : il ne distingue pas les crimes terroristes des autres »
    alors que si, au contraire, la machine fait la différence et c’est une des raison qui fait que Finch récupère les numéros.
    Dans le générique en vo, Finch dit « … it sees everything, violent crimes involving ordinary people, the government considers these people irrelevant, we don’t »

  12. By Jean-no on Mar 8, 2013

    @sylasp : en fait si tu écoutes le premier épisode tu verras qu’il dit exactement ce que j’ai dit, puis il ajoute qu’il a du inventer un système pour faire la distinction. En l’occurrence ce n’est pas très clair.

  13. By @sylasp on Mar 8, 2013

    je ne me souviens pas du pilote à vrai dire.
    plus tard, on voit bien que la machine fait forcément la distinction puisqu’elle ne communique à Finch que les crimes de personnes « ordinaires » ; si ce n’était pas le cas, il faudrait qu’il fasse le tri des infos lui-même. Cela nous montre l’intelligence de la machine à mon avis. Elle a été programmée pour s’auto-gérer, se défendre etc. lui-même ne pouvant pas y accèder d’ailleurs.
    mais bon, ce n’était pas ton propos initial de toutes façons

  14. By Jean-no on Mar 8, 2013

    @sylasp : la machine gagne en autonomie tu veux dire ? C’est ce que j’imaginais un peu en voyant les plans qui font référence à 2001 et le fait qu’on voie le monde en vision « subjective » par les caméra.

  15. By @sylasp on Mar 8, 2013

    Non, la machine est autonome, il l’a créée ainsi pour qu’elle soit inviolable. Ni lui ni personne ne peut y accèder via un prog informatique. Pour en prendre possession il faut se rendre physiquement à l’endroit où elle est (et c’est une autre intrigue de la série). Tout ça on l’apprend au fur et à mesure.
    Finch a uniquement installé une backdoor permettant à la machine de lui communiquer les numéros des personnes ordinaires (qui n’intéressent pas l’état) ; la machine étant programmée pour détruire ces numéros « irrelevant » chaque soir (ce qu’elle ne fait que partiellement donc dans les faits, sans que le gouvernement ne s’en rende compte).
    La machine peut reconnaitre quelqu’un, communiquer avec cette personne. Mais on ne sait pas tout encore, tu t’en doutes. (L’épisode 2×17 vient d’être diffusé)

  16. By Julie on Mar 8, 2013

    @Jean-no;
    Tu me demandes des exemples? Oui: toutes les séries que tu ne connais pas et que je ne connais pas. Car non faites pour l’exportation ni pour ton regard.
    Que penses-tu de toutes les séries Françaises corporatives. Les flics, les juges, les policiers, les brocanteurs, les avocats,les instituteurs…Tous bien franchouillards!

  17. By Jean-no on Mar 8, 2013

    @Julie : je connais les séries françaises. Elle donnent une image de la France mais jamais sous l’angle de l’actualité. On n’a pas vu de vétéran des troupes françaises en Afghanistan débarquer chez Julie Lescault ou Louis la Brocante a priori (je dis a priori parce que je ne regarde pas tout). Et on évite particulièrement de nommer les choses. Par exemple je me souviens de l’histoire d’une série française dont un épisode s’en prenait assez directement à l’Église de scientologie… Le scénario a du être réécrit pour remplacer la secte de Ron Hubbard par un vague groupuscule skinhead. Les séries franchouillardes travaillent plutôt par omission : il ne faut pas fâcher, tout le monde est beau, tout le monde est gentil…

  18. By Julie on Mar 8, 2013

    Pour toi les films américains créent et consolident le récit nationale en flux tendu. Et les films Français donnent seulement « une image de la France ».
    Comme toujours ta lecture des faits est orientée.
    Non, en France, dans les séries tout le monde n’est pas gentil: les héros de nos guerres, les Patrons, les riches, ceux qui votent mal….ne sont pas gentils. Il ne faut pas facher ceux qui pourraient casser le film.

    Les films Français créent et consolident le récit national en flux tendu. Il y a tellement d’omission qu’ils emmerdent et qu’il faut les subventionner. Tout cela pour faire de nous des Franchouillards!
    Heureusement que nous avons des séries américaines pour pouvoir continuer à respirer !

  19. By Jean-no on Mar 8, 2013

    @Julie : je pense qu’on ne se comprend pas très bien. Tu devrais faire attention aux détails : « en flux tendu » a un sens précis qui exclut quasi totalement le cinéma français et peut-être plus encore les séries, qui ne sont pas produites comme les séries américaines où le scénario est parfois modifié quelques semaines avant la diffusion. Par ailleurs, le « récit national », en France, me semble traité par le cinéma mais assez peu par la série, sauf séries historiques justement. Je ne dis pas que les fictions françaises ne contiennent pas de propagande, je dis tout le contraire. Mais de toute façon on ne se comprendra pas car tu ne donnes pas le même sens aux mots que moi.
    Autre chose : je t’ai envoyé un e-mail à heimdal (chez) wanadoo (point) fr, l’adresse que tu donnes pour poster, et tu n’as pas répondu. Dois-je en déduire qu’il s’agit d’une adresse qui n’est pas à toi ? Serais-tu, par le plus grand des hasard, mon troll habituel ?

  20. By Julie on Mar 9, 2013

    Bon, on va jouer sur les mots!
    Tu es certainement un expert par ta pratique dans le monde du film pour donner des leçons sur le sens des mots.
    Et pouvoir affirmer que, en France, le scénario ne peut pas être modifié quelques semaines avant la diffusion. Et que l’on reste dans le manuel.
    Tu peux me dire à quelles séries tu as participé activement?
    Mais tu n’es pas complètement dans l’erreur.
    « Le flux tendu » en France et aux Etats Unis ne doit pas avoir le même sens. Quand on voit la mentalité à la Maison des Artistes et quand on voit la mentalité d’assistés de nombre artistes Français!

    Autre chose: tu ne penses quand même pas que je me serais permis de te critiquer au dessus de la norme agréée en donnant les coordonnées de mon entreprise? Il est évident que tu contacterai mon entreprise « pour comprendre ». Dans l’intérêt de valeurs. C’est vos pratiques!
    Il est évident que je ne suis pas de ta bergerie. Je suis donc un troll. Les vacances se terminant je vais rejoindre tous ceux qui sont passés par ton blog et ont laissé tomber faute de pouvoir communiquer avec toi au dessus de la posture.

  21. By Jean-no on Mar 9, 2013

    @Julie : Je ne suis pas un expert du cinéma, ceci dit je connais un peu ce monde, ainsi que celui de la série TV, pour fréquenter des gens qui y travaillent, à commencer par mon petit frère qui a longtemps été dans ce domaine et qui y a encore de nombreux amis. Je connais aussi plusieurs scénaristes, de qui je tiens des anecdotes intéressantes sur ce qui gène et ce qui ne gène pas dans les fictions produites en France. Qu’entends-tu par « et que l’on reste dans le manuel » ?
    Puisque tu ne réponds pas à la question « es-tu mon troll habituel ? », et que comme lui tu donnes un faux e-mail, que comme lui tu prétextes une espèce de devoir de confidentialité, que tu as nombre de ses tics, je déduis que c’est à nouveau toi. Je ne comprends toujours pas ce que tu cherches, mais je ne peux rien pour toi. Personnellement je n’ai jamais contacté l’entreprise de quelqu’un avec qui je discute (« c’est vos pratiques » -> nos ? Je suis un groupe maintenant ?), je m’adresse à des personnes, pas à des employés d’ici ou d’ailleurs même si bien entendu je suis curieux de connaître la source de ton aigreur. Note que je n’ai rien contre l’anonymat, je discute avec beaucoup de gens dont je ne connaîtrai jamais l’identité, mais enfin ils s’en tiennent à un seul pseudonyme, pas à cinquante. Donc tous ces gens « qui sont passés par ton[mon] blog et ont laissé tomber » sont sans doute une seule personne, avec les mêmes automatismes, les mêmes intuitions bourdieusiennes (mais tellement confusément exprimées, et tellement empruntes de préjugés vis à vis de l’interlocuteur qu’il est difficile de causer sérieusement), la même aigreur générale (ahhh… les « artistes assistés ! »)… Je n’ai rien contre les discussions contradictoires, mais encore faut-il parvenir à se comprendre et à se faire comprendre. Je dirais : laisse tomber, oublie ce blog, tu détestes tout ce qui y es dit, tu insultes ceux qui y commentent (qui deviennent « ma bergerie », juste parce qu’ils savent un peu s’expliquer… charmant), et je ne peux rien pour toi. J’aime bien ton « tu n’es pas complètement dans l’erreur » qui t’amène à déblatérer des idioties sur les artistes français… J’ai raison, la preuve, tu trouves que les artistes sont des assistés. Encore un raisonnement bizarre, tu pars de faits pour t’embarquer dans une considération pour le coup injuste et ignorante (trouve-les moi, les artistes « assistés » !) dans un registre visiblement émotionnel : pas besoin d’être médium pour sentir la frustration derrière tes mots. Mais je ne peux rien pour toi.

  22. By Julie on Mar 9, 2013

    Tu n’as pas de concept. Tu n’as pas de pensée.
    Tu n’as que des mots avec lesquels tu joues pour tes postures.
    Tu devrais te contenter de produire pour wikipédia.

    Si tu ne comprends pas  » artistes assistés Français ». Je ne peux rien pour toi.
    Quand je prétends qu’il y a en France des artistes assistés cela te permets d’affirmer que je suis frustré. Donc que ce que j’écris n’a pas de valeur. Assez méprisable comme technique!

  23. By Jean-no on Mar 9, 2013

    @julie : Je n’ai pas de concept -> je ne sais pas ce que c’est d’avoir un concept. Je connais des concepts, comme tout le monde, mais je ne suis pas philosophe, je n’en invente pas. Je n’ai pas de pensée -> je suis, donc je pense. Me semble. Est-ce que j’ai une espèce de grand projet intellectuel, comme un philosophe, là encore ? Sans doute pas. Et alors ?
    Les mots sont importants pour moi, c’est certain. Mais je ne pense pas avoir de « postures », puisque je pense tout ce que je dis. Une « posture » signifierait que j’ai des avis qui correspondent à un milieu, à une famille, un courant, et qui seraient insincères. Je te mets au défi de nommer un tel courant auquel je me rattacherais. Bien sûr, je suis le produit de mon milieu socio-professionnel, qui y échapperait ? Mais j’essaie surtout d’être non pas « moi-même » (ce qui ne signifie pas grand chose pour un animal social), mais de me faire ma propre idée sur les choses.
    « Tu devrais te contenter de produire pour Wikipédia » -> tu devrais te contenter d’aller lire Wikipédia. Je n’écris pas ici pour ceux qui pensent que je ne devrais pas y écrire (est-ce que tu comprends l’absurdité de ta situation ?).
    « artistes assistés » -> environ une centaine de personnes gagnent suffisamment bien leur vie avec leur seule production artistique pour en tirer un revenu suffisamment important pour être imposable. Enfin c’est la proportion que je tiens de cours de sociologie de l’art quand j’étais moi-même étudiant il y a une vingtaine d’années. Cela ne fait pas énormément « d’assistés », il me semble. Les artistes que je connais se débrouillent : ils vendent des œuvres, ils sont invités pour assurer des ateliers scolaires, ils participent à des résidences, ils ont souvent un métier à côté, par exemple graphiste, et ils tirent souvent un peu le diable par la queue. Beaucoup de raconteraient aussi qu’ils sont régulièrement rémunérés en « c’est pas payé mais ça te fera de la pub ». S’il existe des « artistes assistés », je n’en connais pas. Bien sûr, l’État dépense de l’argent pour la création depuis François 1er, mais il ne faut pas imaginer que tout aboutit dans la poche des seuls créateurs.
    Tu suintes la frustration. Peut-être pas professionnelle, je n’en sais rien puisque je ne te connais pas, mais tu reviens souvent sur ce terrain alors ça y ressemble. Est-ce que ça te défoule, au moins ? On ne dirait pas tellement.

  24. By Julie on Mar 9, 2013

    Oui, les mots sont importants pour toi. Il n’y a que les mots. Tu n’es pas que le produit de ton milieu socio-professionnel. Tu es a la recherche, par les mots seulement, de la posture d’un milieu socio-professionnel. Mais sans vraiment savoir de quel milieu socio-professionnel.

    Tu ne veux pas voir ces artistes assistés!

    La maison des artistes, les 1%, les petits boulots de copinage avec les administrations,
    Les films subventionnés, les expositions des copains, les renvois d’ascenseurs, les commandes d’Etat, les achats de bonnes relations, l’enseignement sans vrai besoin….
    Tout un système qui maintient l’artiste dans une dépendance intellectuelle en échange d’un assistanat…

    Je suinte la frustration tu écris? Parce que je reviens sur le sujet? Quelle logique.
    Alors toi question frustration! Tu as même créé un blog pour revenir sur les mêmes sujets qui te frustrent. ( Par exemple les films)
    Toi, ton boulot, c’est les petites chinoises. Alors tu crées un blog par besoin. Par frustration?
    Et moi, si mon boulot c’était les Jean Nono?

    PS; tu as lu dernièrement ton ami Birgé? Tu sais celui qui se dit anarchiste et révolutionnaire et voulait tout casser avec Mélanchon. Et bien il vient de nous faire un caca nerveux parce que l’Etat n’était pas assez carré et rigoureux quand il s’agit de lui verser son assistance financière!
    Encore un poseur fromage/poire.

  25. By Jean-no on Mar 9, 2013

    @Julie : Les mots sont importants parce qu’on ne peut pas se comprendre l’un l’autre si on ne les utilise pas dans le même sens ni avec précision. Mon milieu socio-professionnel est totalement flou, on est d’accord, et mon métier est relativement inexplicable, d’autant que j’en ai plusieurs.
    La maison des artistes n’assiste personne, renseigne-toi, c’est un organisme qui perçoit les cotisations des artistes. Autrefois l’avantage de la maison des artistes vis à vis du régime général c’était de ne pas payer de taxe professionnelle (qui n’existe plus), il ne reste que deux avantages à ma connaissance : la gratuité dans les musées nationaux et la possibilité de prendre sa retraite dans la maison nationale des artistes à Nogent-sur-Marne, dont le nombre de places ne doit pas être infini. C’est un régime plus coûteux que le régime auto-entrepreneur, et il est assez inadapté aux gens qui ne gagnent pas grand chose, ce qui explique que depuis une vingtaine d’années il concerne plus les professionnels du graphisme que les artistes proprement dit. Ce n’est donc pas spécialement un privilège, adhérer à la maison des artistes ou aux agessa (auteurs) n’apporte pas une rente, si c’est ce que tu imagines.
    Le 1%, je connais, j’ai réalisé leur site à une époque et j’ai été intégré à des appels à projets. Effectivement, l’État, sur certains travaux, est contraint à investir 1% du budget final dans une création artistique. Mais il ne s’agit pas d’un cadeau de 1% du budget à un artiste : ce dernier doit participer à un concours, et il doit prévoir un budget très précis dont le gros part dans les nombreux prestataires qui s’occupent de réaliser l’œuvre. Si le budget est très précisément rédigé, c’est l’artiste qui doit encaisser toute la somme et la redistribuer, ce qui implique une comptabilité complexe et beaucoup d’efforts – mais aussi un honoraire tout à fait digne, mais ponctuel, ce n’est pas une rente non plus. Je connais des artistes extrêmement célèbres dont les dossiers ne sont pas acceptés, d’autres qui ne sont pas célèbres mais qui ont eu cette chance, parce que ça se passe projet par projet, en commission, et pour ce que j’en sais, plutôt sérieusement.
    Qu’entends-tu par « l’enseignement sans vrai besoin » ? Tu veux dire que l’enseignement supérieur d’art est un domaine artificiel ? Si c’est cela, explique-moi pourquoi l’enseignement public ne perd pas d’effectifs estudiantins (alors que les villes cherchent à réduire ce genre de budgets) et pourquoi l’enseignement privé progresse. Il y a bien une demande. Et figure-toi qu’enseigner est un métier, un poste de prof n’est pas un cadeau.

    Tu suintes la frustration parce que tu passes ton temps à dire que les autres ont trop, qu’ils sont assistés, etc.
    Les films ne me frustrent pas, c’est un de mes sujets d’étude, je m’intéresse à la fiction comme moyen de représenter et de construire la conscience du public. Et je pense que les gens qui viennent me lire le font parce que mon approche les intéresse. J’ai créé ce blog comme complément à mes cours, et puis il évolue comme il évolue, au gré de mes centres d’intérêt du moment. C’est un blog, quoi. Je ne pense pas qu’il soit le produit d’une frustration particulière, je ne passe pas mon temps à m’y plaindre des autres.
    Sur l’argent et l’État, tu es bien gentil, mais quand on effectue un travail, il est normal qu’on soit rémunéré conformément à ce qui est prévu. De nombreux services de l’État prennent des libertés scandaleuses avec leurs employés contractuels ou leurs prestataires, artistes ou pas. Souvent les gens ne disent rien parce qu’ils savent qu’un jour il seront payés, mais en attendant, ça n’est pas confortable. Il est légitime de râler à ce sujet.
    Le fait que tu mentionnes Jean-Jacques Birgé me confirme que tu es le troll qui va pourrir les blogs des uns et des autres (Birgé, Mineur, moi,…). Tu n’arriveras pas à me faire fermer mes commentaires, je dois te prévenir. J’imagine que tu reviens à la charge chaque fois que tu es allocataire du chômage (je devine bien ?) et que tu as besoin de défouler ta haine. Ben très bien pour toi, mais je ne peux rien faire pour t’aider. Je suis assez anti-psychanalyse mais j’ai quand même envie de te conseiller de consulter. Et au passage, essaie de sortir de ton histoire de poire et de fromage (dans cet ordre), car on a compris, mais surtout, il n’a jamais été écrit nulle part que les commentaires de blog ou les blogs eux-mêmes doivent servir à autre chose qu’à badiner : ce n’est pas l’académie des sciences, ce n’est pas l’assemblée nationale, ce n’est pas un ministère, aucune décision ayant une incidence juridique sur nos vies n’est prise ici.
    Je te laisse poster un dernier commentaire, ce sera l’ultime. Note que s’il n’est composé que d’insultes je ne le publierais pas – et rien ne m’oblige à publier quoi que ce soit d’ailleurs, de même que rien ne m’oblige à inviter chez moi quelqu’un qui ne cherche qu’à m’insulter. Enfin ça sera l’ultime jusqu’à ce que tu reviennes avec un nouveau pseudo, fourbement, jusqu’à être reconnu par l’espèce de haine que tu portes en toi, et le fait que tu ne t’intéresse jamais au contenu des articles (tu n’as même pas vu que le dernier parlait de toi !) mais juste à essayer de placer des généralités sur ce que tu crois être mon environnement professionnel. Je ne sais pas que ce que t’ont fait les artistes, les profs, les fonctionnaires (que je ne suis pas), la maison des artistes (à laquelle je ne suis pas affilié)… Je n’y peux rien, je n’étais pas là, tu ne me connais pas et tu n’existe que par ton envie de nuire… Un peu nul, non ?

  26. By Julie on Mar 9, 2013

    Comme d’habitude tu coupes les cheveux en quatre pour évacuer la globalité de l’argument.
    Comme le critique de film qui écrit que le film est mauvais parce que le noir danse.
    Tout ce que tu écris est superficiel, sans profondeur.
    La maison des artistes est un régime tellement spécial que ce n’est que de l’assistanat. C’est à qui se fera passer pour un artiste pour pouvoir en profiter (graphiste par exemple)

    L’enseignement? Dans les dernières années, il a été crée sans aucune rigueur plus de 10 000 masters! Juste une astuce pour qu’une bande de quelques profs créent un circuit financier à leur avantage. Le ministre ( socialiste!!!!) veut en supprimer 50%. ‘ Ce n’est qu’un exemple)
    La loi des 1% a été créée pour assister les artistes. Oui, c’est légal et il y a du travail fait. Mais cela a été créé artificiellement pour assister les artistes.
    Pour ton complice Birgé, tu ne veux encore pas comprendre. Je ne lui reproche pas de réclamer son du. Mais de jouer l’anarchiste/révolutionnaire seulement entre la poire et le fromage mais crier pour un Etat stricte quand il s’agit de son argent.

    Pour ton blog je te souhaite bonne continuation et qu’il te serve à quelque chose. Tu en as certainement plus besoin que moi pour te positionner.

  27. By Jean-no on Mar 9, 2013

    @Julie : comme convenu, ce sera ton dernier post (ne te fatigue pas à répondre, donc), je ne vais donc pas relancer l’argumentation, mais juste te signaler que ta vision de la maison des artistes ne peut que faire rire tous ceux qui connaissent ce statut. Je connais beaucoup de gens qui l’ont abandonné pour le statut auto-entrepreneur. Renseigne-toi sur ses avantages et ses inconvénients, tu verras que tu te trompes du tout au tout.
    Sur le nombre de masters, la mesure proposée ne coûte pas très cher : supprimer des Masters en gardant les profs et leurs cours, ça signifie juste qu’il y aura des intitulés moins spécialisés, pas qu’il y aura des fermetures de diplômes. L’idée est juste d’augmenter la lisibilité des diplômes. Je ne suis pas sûr que la mesure soit utile mais elle m’indiffère pas mal.
    Sur l’art « artificiel », eh bien art et artifice ont la même racine. Rien n’obligeait Louis XIV à faire décorer ses salons, rien n’obligeait François 1er à « acheter » tous les grands peintres italiens, rien n’oblige les pays à avoir des musées,… Effectivement, la création artistique n’est pas une question de survie, elle ne se mange pas, on peut vivre sans. Chaque État fait ses choix dans le domaine. La France est un grand/vieux pays centralisateur dont le rapport à la création artistique n’a pas forcément beaucoup varié sur les cinq derniers siècles.
    Sur JJB, je ne pense pas que vouloir changer le fonctionnement de l’économie ou de la politique rende absurde de réclamer d’être rémunéré quand on doit l’être. De même que ce n’est pas parce qu’on est anarchiste qu’on est dispensé de payer des impôts.

  28. By frth on Mar 11, 2013

    Pas évident de rajouter quelques chose après un tel échange, mais pour revenir au sujet, sans avoir vu la série, le descriptif des différentes caméra et leur traitement me fait penser au film sorti il y a quelques mois (un an?) Aux yeux de tous, au tirage malheureusement confidentiel, car intéressant dans l’idée et dans la réalisation.

  29. By Jean-no on Mar 11, 2013

    @frth : j’ai raté ce film ! Il y a une britannique qui a fait un film comme ça, en profitant du fait que toute personne filmée par une caméra peut exiger d’avoir une copie de son passage devant…

  30. By frth on Mar 11, 2013

    Ah, intéressant en effet. Mais j’imagine donc que c’est plutôt un documentaire ou une vidéo d’art, alors que Aux yeux de tous est une fiction pure. Tu n’aurais pas le nom de la britannique en question par hasard ?

  31. By Jean-no on Mar 11, 2013

    @frth : non non, c’était bien une fiction. J’ai retrouvé l’artiste, elle s’appelle Manu Luksch et elle travaille à Londres mais en fait elle est autrichienne.

  32. By jmm on Mar 20, 2013

    Ce qui m’inquiète, et plus qu’un peu, c’est le côté big brother justifié…

    Après le scénar est pas trop mal ficelé… le tout manque un peu de charisme…

  33. By @Gaspard01 on Mar 29, 2013

    Bonjour Jean-No,

    Quelques remarques sur cette série :
    Les 6-7 premiers épisodes m’ont laissé plutôt de marbre. Le concept « un épisode, une intrigue », je le trouve assez dépassé depuis des séries comme Lost ou 24 et d’autres. Heureusement, il semble qu’une intrigue plus générale se dessine autour de la machine et des personnes impliquées dans ce projet.

    Il y a un autre problème, cette série me fait penser à la série Tonnerre mécanique. Il y a celui qui reste derrière son ordinateur et qui communique avec le gars qui agit sur le terrain. La structure de Person of interest est exactement la même, remise au goût du jour mais finalement c’est la même chose. De ce fait, Person of interest me semble nettement moins novatrice que ce qu’elle laissait présager.

    A plus.

    @gaspard01

  34. By Sylvia on Mai 13, 2013

    petit point à l’issue de la saison 2 : l’histoire se complique, les épisodes standoff ont disparu et on est entré dans l’ère Rise of The Machine, dans le vif du sujet quoi.
    Ajoutons à cela la présence de nouveaux persos récurrents (féminins qui plus est), j’aime la tournure que prend la série, même si je n’ai pas la moindre idée de là où va nous mener la saison3 à venir.

  35. By Jean-no on Mai 13, 2013

    @Sylvia : j’avoue que j’ai décroché, j’attends une édition DVD pour reprendre tout ça.

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