Profitez-en, après celui là c'est fini

Soyez punk !

mai 17th, 2010 Posted in Design, Études, indices, Les pros

Vendredi matin, à l’école d’art du Havre j’ai croisé quelques étudiants qui venaient d’apprendre  une nouvelle désagréable : le concours estudiantin du festival d’affiches de Chaumont est purement et simplement annulé. Le motif de cette annulation est le refus par le jury d’opérer une sélection parmi les mille-deux-cent affiches reçues, affiches qui, si l’on en croit le communiqué, « ne reflètent pas la qualité de la réflexion et de la création produites dans les écoles ». Le thème du concours était : « Le graphisme, qu’est-ce que c’est ? ». Il n’y aura donc pas de lauréat mais le festival conserve les affiches, qui seront exposées dans leur intégralité, notamment dans le but de débattre de ce fiasco avec les enseignants qui le souhaiteront.
Je peux comprendre la position du jury. Néanmoins en tant qu’enseignant, s’il m’arrive que douze étudiants répondent à côté du sujet, j’ai tendance à me dire que c’est moi qui ai mal formulé mes attentes. Alors que penser d’un concours qui a reçu mille deux cent réponses inappropriées ? De manière un peu voilée, le jury semble reprocher aux écoles d’art de ne pas être dignes de leur propre niveau. Est-ce une manière un peu agressive de répondre au thème du concours, sur l’essence du graphisme ?
Cela m’amène une question : qu’en pensent les principaux intéressés ? En vingt ans, le festival de Chaumont a pris une importance énorme, il est devenu une fête pour tous les étudiants en design graphique, une sorte de sommet de l’année comme le festival de Cannes dans le monde du cinéma, le salon du livre pour les éditeurs et les édités ou encore le festival d’Angoulême pour le monde de la bande dessinée : on y va pour dire du mal, pour se plaindre des expositions ou des évènements que l’on trouve, comme il se doit, de pire en pire, on y va pour croiser ses idoles, ses modèles, mais surtout, on y va pour sentir que l’on fait partie d’une grande famille professionnelle. Enfin c’est comme ça que je perçois Chaumont, que je ne connais que de loin en loin. Chaque année je vois mes étudiants trépigner à l’idée de leur séjour, puis je les vois rentrer ravis de l’expérience, ravis de s’être éclatés dans une auberge de jeunesse et ravis d’avoir croisé, de loin, une star internationale du graphisme.
L’importance de cette manifestation fait que le message envoyé par le jury de cette année aux étudiants risque d’être reçu d’une manière très éloignée des intentions qui l’animent. Ce qu’ils risquent d’entendre, ces étudiants, c’est que ce jubilé professionnel se fera sans eux, qu’ils n’y ont pas leur place, qu’ils constitueront à la rigueur un prétexte pour que les « grandes personnes » puissent débattre de l’état de la pédagogie du graphisme : « on parlera de nous, mais sans nous », me disait une étudiante.
À tous ces jeunes, j’ai envie de dire une chose : soyez punk ! Soyez aussi punk que la belle affiche du festival de l’an dernier (qui, ceci dit, était du punk 1985). Arrêtez d’essayer de faire plaisir à vos aînés, bossez pour vous, créez votre langage, créez votre public, et cessez de répondre sagement à des sujets banals ou consensuels. Envoyez paître Chaumont (Haute Marne). C’est le meilleur service que vous pouvez vous rendre à vous-mêmes, c’est le meilleur service que vous pouvez rendre à votre profession et c’est donc le meilleur service que vous pouvez rendre au festival.

Autre jour, autre lieu, autre problème, pas si éloigné que ça peut-être : un étudiant en arts plastiques à Paris 8 me soumet son projet dit « tutoré » — un petit mémoire à rendre en fin de premier cycle universitaire.
En parcourant le texte, au propos assez vague, je tombe sur des phrases un peu trop précises, des phrases pleines de grands mots lourds de sens mais agencés de manière un peu bancale. Évidemment, il s’agit d’un patchwork, d’une prose de Frankenstein, et c’est facile à vérifier : si quelques mots semblent se suivre un tout petit peu trop bien (« (…) nouvelle dénomination est un travail de création puisque il en ressort un jeu symbolique » ; « Arracher un produit industriel à sa fonction utilitaire classique pour l’exhiber (…) »), il suffit de les coller dans le champ de recherche de Google pour conclure au pillage. Enfin la plupart du temps, car il y a des exceptions. Une fois, un collègue qui devait juger un mémoire l’avait descendu en flammes en constatant que l’intégralité de son contenu se trouvait sur Internet… Mais en réalité, l’étudiante qui avait produit le mémoire n’était fautive de rien, bien au contraire car il s’agissait de son propre site web. Ce genre d’erreur judiciaire est malheureusement loin d’être la norme.
Faut-il s’affliger de la paresse de certains étudiants qui ne font même plus l’effort d’aller fouiller en bibliothèque et de recopier ce qu’ils lisent à la main ? Faut-il sourire de leur naïveté, lorsqu’ils croient leur méthode astucieuse et lorsqu’ils pensent qu’un brouet littéraire indigeste leur permettra de brouiller les pistes ? Faut-il se féliciter du fait que le plagiat de ce style soit aussi facile à démasquer qu’il a été facile à commettre ? (celui qui a pêché par le web sera puni par le web…)
Au fond ça me rend surtout un peu triste. Comment peut-on dépenser son énergie à voler les mots des autres sans même tenter de les comprendre, comment peut-on s’inscrire à l’université et considérer l’écriture comme une corvée ? À quoi bon ? Il y a mille autres choses à faire que des études, alors pourquoi se forcer ? Une licence d’arts plastiques n’est pas un diplôme intéressant en soi, ce n’est pas la garantie d’obtenir un emploi précis… En fait la seule chose que l’on en tire, c’est ce que l’on a appris, c’est le savoir-faire que l’on a acquis, c’est ce que l’on a produit, c’est ce que l’on a lu, c’est ce que l’on a écrit. Le bout de papier sur lequel est écrit « Licence » ne pèse pas lourd sur le marché du travail.
Pourquoi est-ce que les étudiants qui demandent « combien de pages il faut faire ? », ne comprennent pas qu’on leur réponde « le nombre de pages dont tu as besoin pour dire ce que tu as à dire », et finissent de toute façon par fournir des pages encombrées de mots qui ne sont pas à eux ? Pourquoi s’astreignent-ils à non-écrire des choses qu’ils ne pensent pas, avec des mots qui ne leur appartiennent pas, qui ne procureront ni intérêt ni plaisir chez leurs lecteurs ?

Ce problème n’est pas seulement celui des étudiants.
Pourquoi est-ce que les gens ont si peur de parler pour eux-mêmes, de parler avec leur propre voix ? Pourquoi est-ce qu’il existe des rayonnages entiers de bouquins remplis de lettres-type pour savoir comment dire « je vous demande de ne pas appliquer la majoration car ma situation est exceptionnelle » ou « je t’aime de tout mon coeur » ?
Pourquoi vouloir penser par phrases toutes faites, par locutions journalistiques, par formules banales ? Comment peut-on dire que les choses doivent être comme ci ou comme ça quand on n’a soi-même aucune idée des raisons qui motivent les règles ?
Pourquoi chercher si désespérément le mode d’emploi de sa propre existence ? Je suis certain que la pire chose qui puisse arriver serait de le trouver, ce mode d’emploi.

(photogrammes évidemment piqués au Metropolis de Fritz Lang)

  1. 45 Responses to “Soyez punk !”

  2. By ben on Mai 17, 2010

    D’après le courrier reçu : « Dans leur majorité, les affiches reçues ne reflètent pas la qualité de la réflexion et de la création produites dans les écoles. ».
    Mon avis va être technique, le niveau n’a pas baissé mais les techniques d’impression augmentent le nombre de candidats ; il y a dix ans il fallait faire une sérigraphie ou être riche, maintenant les écoles ont des traceurs A1 ?

  3. By Géraldine on Mai 18, 2010

    Au sujet du « plagiat » ou disons du texte naïvement copié-collé dans les travaux des étudiants, je pense que c’est dans les consignes qu’il nous faut être plus clairs.
    Soyons honnêtes, au quotidien nous passons notre temps à copier-coller des choses, des noms, des liens pour les partager, les archiver, les utiliser. Pourquoi est-ce que les étudiants sauraient qu’à l’université ça ne se fait pas ?

    Un collègue de comité de rédaction proposait récemment de préciser, dans l’appel à communications, que toute situation de plagiat avéré serait rendue publique… sans aller jusque là, je crois qu’il nous faut expliquer aux étudiants que leurs devoirs doivent être entièrement écrits par eux sauf citation dûment signalée, que Google translation n’est pas un outil fiable et qu’en cas de copie avérée, c’est un zéro non négociable.

  4. By Laurent on Mai 18, 2010

    Étant étudiant j’aurais bien une réponse à la deuxième partie du billet.
    Écrire est une corvée pour certains car globalement ça l’a toujours été.

    Après des années de collèges et lycées à répondre à des sujets indigestes, grosse masturbation intellectuelle, en passant par des procédés stupide du type « thèse, antithèse, synthèse », mais attention, JAMAIS votre avis ! Restez distant face au sujet, contentez vous d’agencer des phrases toutes faites et des extraits de cours pour donner l’impression que vous écrivez un récit original.

    On a tous eu un(e) prof de français/philo/histoire/… qui nous a dit « si ça fait moins de 3 pages c’est naze » alors on étire, on étale et on déteste le résultat, il ne ressemble à rien, même pas à celui qui l’a écris à moins d’être schizophrène incapable d’utiliser le mot « je » ni d’affirmer son avis.

    Une fois le cap du bac passé les choses changent, mais difficile de retirer les vieilles habitudes, on garde un style scolaire et le conditionnement « dossier = rédaction fastidieuse » reste, peu importe le sujet.

    Au final on apprends jamais à mettre un peu de soi dans un écrit. Difficile de s’attaquer seul à une feuille blanche en se sentant jugé dans notre monde de formulaires et de procédures.

    J’ai l’impression que c’est une réponse super banale mais je renierais ce que je viens d’écrire si je la postait pas.

    J’ai un prof qui, en sujet de partiel, nous donne une phrase quelconque et nous demande d’en développer un sujet. Pas d’impératif sur la déduction logique qui mène au sujet (elle peut partir d’un mot, d’une virgule, d’un anagramme,…) ni sur le nombres de pages.
    Le but inavoué étant, je suppose, de nous faire écrire n’importe quoi issue de notre propre volonté sans nous poser face à une feuille blanche.
    Loin devant les maths, la physique et même si les notes sont toujours supérieures à la moyenne, c’est le sujet qui me parait le plus difficile quand on veut bien faire. Et je trouve ça bien triste.

  5. By Laure Colmant on Mai 18, 2010

    très intéressante réflexion. La première, déjà. Et la seconde à laquelle il arrive que je sois confrontée. Ancienne journalisme reconvertie dans l’enseignement du journalisme, il m’arrive de voir des plagiats reconstitués. Mais je l’ai dit à mes étudiants : à ce jeu-là, je suis plus forte qu’eux.
    Je crois que penser, parfois, surtout quand on est jeune, fait peur. Parce que rares sont les enseignants qui y forment, à la pensée. Et rares sont les parents qui y poussent. Penser par soi-même, c’est aussi remettre en cause. Et c’est souvent insupportable

  6. By Jean-no on Mai 18, 2010

    Merci de vos réflexions et compléments. Il est effectivement clair que le rapport à l’écriture est le fruit d’un passif scolaire, très bien décrit par Laurent. Il est vrai aussi que ce qui peut sembler évident au commanditaire du texte que je suis ne l’est pas forcément pour l’étudiant et qu’il faut clairement énoncer les consignes. Peut-être que penser pour soi et par soi-même fait peur, mais pour ma part c’est plutôt de penser pour et par les autres qui m’angoisse :-)

  7. By jyrille on Mai 18, 2010

    Si ce n’est déjà fait, Jean-no, il faut que tu lises Asterios Polyp.

  8. By Jean-no on Mai 18, 2010

    @Jyrille : Je ne l’ai pas lu non, et à vrai dire j’ignorais complètement ce comme-back de l’immense David Mazzuchelli ! (qui m’a fait vibrer avec son Daredevil et son Batman et dont, surtout, Big man est un de mes albums préférés de tous les temps).

  9. By jyrille on Mai 18, 2010

    Ah oui, Big Man est très très beau. Par contre je ne connais pas ses travaux sur DareDevil. Je remédierai à ça…

    Quant au sujet de ton article, il m’inquiète également, et Laurent a raison : l’école tue la réflexion personnelle. Soyons des punks, je suis d’accord.

  10. By Jean-Michel on Mai 18, 2010

    Dur de faire croire que sur 1200 propositions reçues qu’aucune n’a trouvé grâce aux yeux du jury, mais le monde du graphisme c’est aussi cela des annulations sans réels fondements.
    Les dernières éditions du concours étudiants ont fait paraître dans les attendus des jurys des critiques quant au concours même; dans la dénomination, dans ses incitations. Peut-être est-ce une manière de couper l’herbe sous le pied d’hypothétiques détracteurs en revoyant la balle aux écoles et à leur présupposée faiblesse.

  11. By Tony on Mai 18, 2010

    Je trouve assez incroyable que « penser par soi-même » semble déconcertant pour les étudiants d’art pla. Compréhensible à l’écrit (parce que ça peut paraître enquiquinant d’écrire), c’est beaucoup plus étonnant dans leurs travaux pratiques… Et pourtant! En début de semestre, j’ai dit à mes L1 ceci (formulé avec les mêmes mots): « A travers vos images, je veux que ouvriez vos gueules! » Ca leur a semblé… même pas inconcevable, je crois que c’est la première fois (ou quasiment, je connais d’autres profs qui ont dû dire peu ou prou la même chose…) qu’ils entendaient ça!!!!
    L’essentiel de la notation passe par les entretiens que l’on a avec eux: leur faire parler de leur images, leur faire formuler et reformuler les enjeux de leurs travaux…
    C’est un exercice terriblement difficile (surtout en L1!), car on n’y voit pas d’intérêt tant qu’on n’a pas eu un déclic et qu’on comprend alors ce qu’il apporte… ce qui ne peut pas s’expliquer avec des mots…
    La poignée d’étudiant qui a ce déclic passe clairement à un stade supérieur et dans sa pensée sur l’art (donc potentiellement à l’écrit) et dans sa production plastique.

  12. By Audrey Leblanc on Mai 18, 2010

    Je ne suis pas tout à fait d’accord avec Laurent et l’argument de l’assèchement par le milieu scolaire. Des consignes d’écriture – même résumées à un « thèse, antithèse, synthèse » un peu sec – demandent une formulation d’un avis personnel mais tout en réclamant un effort de construction de cet avis. C’est bien ce qui est si difficile à appréhender aussi bien dans la formulation des consignes et de l’accompagnement pédagogique de l’écriture pour l’enseignant que dans la réalisation de ces textes par l’élève ou l’étudiant.

  13. By Tom Roud on Mai 18, 2010

    Je crois aussi qu’il y a quelque chose de culturel specifiquement français : par définition, dans toute sa scolarité, l’étudiant est un sous-homme ignare qui doit reproduire les meilleures pratiques pour réussir. On ne laisse jamais les gens s’exprimer avant, et surtout, en France, on n’a pas le droit à l’erreur, tout échec est fatal, alors qu’échouer, parfois, c’est un moyen d’apprendre et de progresser. Donc comme on est une merde et comme on n’a pas le droit d’échouer, on copie/plagie ce qu’on estime bien.

  14. By Laurent on Mai 18, 2010

    @Audrey Leblanc : Je suis d’accord sur l’importance de la construction de l’avis mais l’imposition du modèle « Thèse Antithèse Synthèse » nous empêche justement d’affirmer un avis personnel le but étant de rester dans le juste milieu pour pouvoir se renvoyer la balle pendant les deux premières parties avant d’écrire une « non-conclusion ».

    Pour moi donner son avis c’est commencer par affirmer ses idées, les étayer et ensuite répondre aux objections possibles. Le schéma classique consiste juste à aligner des arguments en s’arrangeant pour en mettre un peu plus de son coté de la balance en tout cas c’est comme ça que je l’ai vécu.

    Mon impression c’est qu’on apprends et on travaille une démarche qui n’est pas applicable et même quasiment aliénante hors du cadre scolaire.

  15. By Benoit on Mai 18, 2010

    Soyez Punk ? Le punk n’est pas justement lié au recyclage provoquant de ce qui existe déjà (images et mots) ? Je trouve que l’étudiant au mémoire copier-coller est assez punk… Je n’ai pas encore lu tout le texte, ni les commentaires, mais on pourrait se demander aussi pourquoi réécrire ce que d’autres ont déjà si bien écrit ? Rassembler et agencer des textes peut être plus pertinent qu’essayer de réécrire une pensée qui n’est pas notre de toute façon. Maintenant, sans doute que cet étudiant a non seulement copié, mais bâclé les rapprochements… Comment parler d’un mémoire (ou d’autre chose) quand on (nous) ne l’a pas sous les yeux…

  16. By Benoit on Mai 18, 2010

    L’école tue l’élève ? Cela me fait penser aux épreuves du BTS Communication visuelle, en France. Pour avoir le diplôme, il faut subir deux épreuves (graphisme et publicité) de 8h chacune, celles qui rapportent le plus de point et qui mettent forcément l’élève en échec s’il ne les réussit pas. Strictement enfermé dans une salle avec d’autres étudiants mais sans communication possible, avec pour seule compagnie votre boite de crayons. Pendant 8h, vous devez obligatoirement pondre une dizaine de propositions à partir d’un sujet donné et étayer celle qui vous semble la meilleure. Ce travail s’opère uniquement à la main, sur un format de feuilles définies et ne supporte que les techniques possibles pendant l’épreuve (exit sérigraphie, photographie, vidéo, ordinateur, etc). Quelqu’un peut me dire quel graphiste aujourd’hui, en bossant sur un projet, ne s’inspire de rien, ne sort jamais, ne rencontre personne, pas même le client, n’utilise aucun outil autre que son crayon, ne tente aucun effet autre que ceux de ses feutres, pond obligatoirement une dizaine d’idées, uniquement sur des feuilles canson, … ?

  17. By Jean-no on Mai 18, 2010

    Mais non, le punk ce n’est pas le recyclage, c’est le non-respect des règles, c’est d’oser se lancer sans savoir, aussi. En musique, le résultat n’a pas été que bon, mais quelle énergie… Enfin punk, c’est une manière de dire… ma femme a écrit à propos de cet article : Un message d’espoir pour la jeunesse :-) J’aurais plutôt dit « soyez vous même » mais ma vision des punks date du milieu des années 80 où la plupart d’entre eux n’était plus guère qu’un ramassis de fils à papa soucieux de leur look….

    Je pense que réécrire ce que d’autres ont dit est extrêmement important, même si on croit qu’on ne fera pas mieux. Ce qui compte, ce n’est pas d’avoir trouvé (ailleurs) la chose juste et de la juger indépassable, c’est de penser par soi et pour soi. Rassembler une documentation, oui, mais se comporter en spectateur qui sélectionne ce qui lui semble bien, quelle horreur !
    Le mémoire était bâclé, mais pour moi ce n’est pas tant le problème.

    Sur les pros de la communication, oui, dans la vie professionnelle, toutes les inspirations sont utiles. Mais je ne trouve pas inappropriée le genre d’épreuve que tu décris, dans un contexte scolaire : pour donner un diplôme, il faut à un moment savoir ce que l’étudiant a vraiment dans le ventre.
    Ceci dit on est clairement en train de changer de modèle et la valeur d’un travail est peut-être appelée à être moins importante que la capacité à établir des liens (entre les personnes, les compétences) et à prendre son pourcentage dessus. La grande distribution et la finance montrent la voie depuis longtemps. Pour ma part, ça me déprime.

  18. By Neovov on Mai 18, 2010

    Arg, je voulais commenter, mais Laurent a exprimé la plupart de mes idées.

    Par contre, à ce que tu dis Jean-no, j’étais un punk. J’ai rarement suivi à la lettre les consignes, j’ai toujours préféré y apporter une touche personnelle, qu’importe si ça ne plaît pas.

    Et justement, ça ne réussi pas d’être anti-conformiste à l’école :). Les élèves se plient à la corvée, et essayent d’y échapper au plus vite en recopiant pour ne pas avoir une mauvaise note.

    C’est un peu le serpent que se mort la queue…

    Au fur et à mesure, j’ai commencé à apprécier l’écriture, à jouer avec les mots. Et mes tentatives de détournement des exercices n’ont jamais fonctionné :).

    Pour citer un exemple : J’ai rendu il y a peu de temps mon mémoire de fin de cursus. Volontairement très personnel, avec un style que j’ai essayé de travailler. J’ai essayé de rendre le document plaisant à lire, pas une bête note de stage. La forme était volontairement épurée, mais stricte typographiquement parlant (je n’y connais pas grand chose, mais j’ai tout de même essayé de l’appliquer).

    Le résultat n’a pas vraiment payé. J’ai pu lire le mémoire de certains collègues, qui n’avait aucun style, aucune personnalité. Des phrases vides, qui veulent sonner. Ça a marché pour eux :).

    Quel choix doit-on faire ?
    Se plier à ce que le professeur veut, ou essayer de détourner la réponse pour exprimer son avis.

    C’est bête à dire, mais beaucoup d’élèves sont attachés à leurs notes. Ils y voient une quantification absolue de ce qu’ils ont voulu faire. S’il ont une mauvaise note, c’est qu’ils échoueront dans leur vie.

    Bref, il se fait tard et je n’ai plus les idées en face des trous…

  19. By Jean-no on Mai 19, 2010

    @Neovov : l’anti-conformisme est un problème scolaire pour les enfants, mais une fois dans le supérieur il me semble que c’est le manque de personnalité qui est un problème. Il est cependant vrai qu’il n’est pas facile de remettre en cause les habitudes : dans un petit monde où on est habitué aux mémoires de x pages, faits pour ne pas être vraiment lus, celui qui se démarque peut être mal compris ou même mal vu.
    Quand à la question d’échouer ou de réussir sa vie, il me semble qu’elle est réglée d’avance : tout le monde meurt à la fin. En attendant, il faut s’occuper :-)

  20. By David Sin Piel on Mai 18, 2010

    article et reflexion interessante et posée…
    je vous invite a en faire part sur le « Salon des Refusés » du festival de Chaumont…

    http://www.facebook.com/home.php#!/group.php?gid=125744597438790

    les étudiants, enseignants y réagissent en image…

  21. By Jean-no on Mai 18, 2010

    @David Sin Piel : j’ai cliqué sur « rejoindre » (le groupe) mais je n’arrive pas à poster quoi que ce soit.

  22. By Benoit on Mai 18, 2010

    Le Punk ce n’est pas le recyclage ? Le punk ce n’est certes pas que le recyclage mais le recyclage en fait partie. Ou alors on a pas lu les mêmes choses…

    Sinon, si vous trouvez qu’être spectateur est triste, alors être commissaire d’une exposition est un métier triste ?

  23. By Jean-no on Mai 19, 2010

    @Benoit : je n’ai rien lu sur le punk je crois bien, par contre j’y étais – même si je n’étais à vrai dire pas très punk moi-même, je n’avais aucune révolte. Dans le fait de tout se permettre, le recyclage est une option mais une option qui n’a à mon sens rien de typique.

    Je ne trouve pas qu’être un spectateur soit triste : nous le sommes souvent. Mais produire des choses en spectateur, oui, je trouve ça étrange.
    Je ne pense pas que le commissaire d’exposition soit une bonne métaphore ou un bon exemple : un commissaire qui reprendrait le catalogue d’une exposition passée en disant « c’était très bien, je vais faire exactement pareil » ne serait pas un très bon commissaire. Du reste, le « curator », comme l’éditeur, n’est pas censé être qu’un sélectionneur d’oeuvres et d’artistes : il suscite des oeuvres et il crée parfois même des artistes… ça peut être un métier très sérieux.

  24. By Benjamin on Mai 19, 2010

    Super article, quoique un peu trop engagé à mon goût. Pardonnez mon impertinence de jeune étudiant, mais j’ai l’impression d’entendre des hommes politiques parler du peuple français. Vous croyez dire ce que vous pensez être le mieux (et ce n’est que tout à votre honneur) mais bon le monde à changé depuis les punks si je puis me permettre. Nous, les étudiants, avons accès à pleins de nouvelles technologies qui nous permettent d’accéder à tout plein de savoir, tout de suite (et je suis sûr que vous nous jalousez en plus !). Alors forcement, on s’en fout un peu, on va sur nos sites préférés, on pompe, et après on dit que c’est peut-être un problème des enseignants… mouais, admettons, mais tant qu’à être punk, autant l’être jusqu’au bout et mettre le doigt sur la tournure de l’évolution de la société (digitalisation) ces dernières années et on aura un bout de réponse un peu plus concret, car rien n’est aussi simple qu’il n’y parait.
    PS : je suis conscient que ça n’élargit que trop le sujet, mais commme il touche les étudiants, je me suis permis.

  25. By Jean-no on Mai 19, 2010

    @Benjamin : c’est certain, le monde a changé, et pas que pour vous les étudiants. Se documenter, faire de l’iconographie,… tout a été bouleversé en quinze ans. Mais en même temps il faut savoir refuser d’être efficace parfois, parce que le jour où tout le monde ne saura plus rien faire que recycler sans comprendre, ça sera le déclin, ça sera Idiocracy, quoi.
    Dans le recyclage, pour faire une métaphore musicale, tu as Daft Punk et Air d’un côté, qui créent à partir de la matière à laquelle ils ont accès, et puis tu as des producteurs qui prennent un bon morceau des années 1980 (Fade to grey, au hasard), qui ajoutent un rap merdique dessus, et ça fait un disque qui ne se vend que parce que les gens qui l’écoutent ignorent l’existence du morceau d’origine qui est meilleur. La culture du mix, j’y crois, mais pas n’importe comment. Et concernant le texte, je dirais que c’est encore autre chose : rien n’est plus important que de parvenir à dire ce qu’on a à dire, oralement ou littérairement, et pour moi c’est une chose que l’on ne peut faire que par et pour soi-même. L’utilisation des travaux des autres doit donc se faire avec des précautions, non pas pour protéger les gens dont on s’inspire mais pour protéger sa propre individualité.

  26. By Nathalie on Mai 19, 2010

    Une digression au sujet de la vision de Tom Roud sur le système scolaire français avec laquelle je suis assez d’accord hélàs (je dis hélàs car j’y suis malgré ses défauts très attachée). J’ai une anecdote, à ce sujet, qui m’a beaucoup troublée. Jusqu’à l’an dernier, où j’ai fini par trouver cet exercice totalement déprimant, j’ai été déléguée des parents au conseil de classe. Une fois, dans un contexte qui s’y prêtait et sans agressivité aucune, j’ai énoncé le fait – c’était d’ailleurs pour moi un lieu commun – que l’échec était tout de même nécessaire à l’apprentissage : j’ai senti une gêne horrible et on m’a regardé comme si je venais de dire une obscénité avant de changer de sujet. Aujourd’hui encore, je m’explique mal cette réaction étrange… Mais par ailleurs, j’ai pu constater à ma petite échelle que les encouragements étaient rarement donnés tandis qu’on n’hésite pas à récompenser les bons élèves à coup de félicitations ou de compliments (dont on sait d’ailleurs les priver avec le même entrain pour la moindre broutille) et encore moins à sanctionner par des avertissements. Cette formalisation de la carotte et du bâton est si typique de notre système que je serais bien curieuse de connaitre les chiffres des récompenses et des sanctions à l’échelle nationale pour savoir quelle part est consacrée aux encouragements.

  27. By bazin on Mai 19, 2010

    Bonjour,
    je suis étudiante en design graphique, je n’ai pas participer au concours de Chaumont mais il me semble qu’effectivement si 1200 élèves se trompent cela fait un peu beaucoup … J’ai fais le sujet moi aussi en cours, le résultat n’était pas satisfaisant pour l’ensemble de la classe alors que d’habitude cela marche es ce le sujet ? nous ?

    Pour le plagiat … Cela devient « affreux », dans ma classe on se permet de plagier des illustrateurs sans avoir honte … alors si on commence à ne plus se sentir coupable de prendre le travail d’autres personnes cela en devient inquiétant !

  28. By Flx on Mai 19, 2010

    « si 1200 élèves se trompent cela fait un peu beaucoup »
    Cela ne m’étonne pas, il n’y a pas beaucoup de bon graphisme en France, pourquoi les étudiants seront mieux ?

  29. By Bobby on Mai 20, 2010

    être étudiant en art (ou design graphique) et faire du sampling, ne pas avoir plaisir à créer ses propres images, ça me fait flipper…
    Faudrait voir à injecter des formes de temps en temps, sinon le serpent se mort la queue et la rivière s’assèche.

  30. By Jean-no on Mai 20, 2010

    @Bobby : du pur point de vue de l’écologie de la création, injecter des formes, comme tu dis, semble assez indispensable. Mais il est vrai que nous sommes confrontés à un problème sans précédent dans l’histoire : la documentation accessible est tellement immense qu’on ne peut plus ignorer son propre manque d’originalité, on est constamment forcé d’admettre qu’on n’est pas seul à avoir eu une idée…

  31. By Nicolas MCE on Mai 20, 2010

    Salut tous !

    si vous ne voulez pas avoir bosser pour rien, vous pouvez nous envoyer les photos, nous, on les veux : http://petitlien.fr/2om

  32. By Bobby on Mai 20, 2010

    @Jean-No : oui, je comprends bien ce que tu dis, et ça me parle d’autant plus lorsque je me place dans mon rôle de créateur (d’artiste). Le poids du Passé, de l’Art, des Collègues, et surtout pouvoir le constater et s’y confronter à tout moment. C’est d’ailleurs pour « échapper » à un certain poids historique que j’avais quitté l’image fixe pour choisir cette terre vierge qu’était le « la création multimédia » (terme d’époque).
    La bonne blague ! (comme j’étais frais et décomplexé à l’époque. Nostalgie).

  33. By Pull on Mai 20, 2010

    Je suis partagé quant à l’injonction « soyez punk », il me semble que comme « soyez vous-mêmes » ou « soyez rebelles » elle ressemble à la question « réponds par oui ou non, vas-tu répondre non? ». Obéir à l’injonction de ne pas obéir, ça me semble compliqué. On appelle ça ne injonction paradoxale en psycho.

    Pour l’histoire des phrases en copié-collé, je crois que l’idée de l’interdire est absurde parce que la rédaction d’un mémoire tout original contredit tout simplement nos pratiques textuelles quotidiennes. On passe nos journées à transmettre des liens, à copier-coller, on a la possibilité technique de le faire, l’élève de mémoire est sensé revenir à une forme de rédaction d’il y a vingt ans? C’est extrêmement hypocrite. Hypocrisie qui implique souvent un pénible travail de reformulation, effort qui n’a rien de méritoire en soi.
    Il faudrait pouvoir écrire des mémoires en hypertexte en collant tout ce que tu veux et où tout pourrait être recontextualisé au besoin. Une pensée originale, ou même juste utile et cohérente est-elle forcément formulée dans des termes originaux?
    La conception d’un mémoire me semble liée à notre conception du livre emprunte de la pensée de l’auteur unique. Mais tes étudiants ont peut-être une autre pratique de l’écrit.

    Aussi je ne connais pas les conditions de rédaction du mémoire de cet élève mais on peut aussi se demander si l’évaluation permet ou non la liberté. Par exemple le thème « qu’est ce que le graphisme? » me paraît totalement vide et con.

    Enfin une autre réflexion sur le plagiat, quel est le rôle de la critique? qui peut mettre en valeur les démarches originales? à ce titre, la démission du jury de Chaumont peut aussi être comprise comme une défaite du jury. On en débat disent-ils? c’est une tarte à la crème impossible cette invitation. On peut appeler au débat sur tout mais on ne débat qu’à partir de l’émission d’une opinion clairement énoncée. L’échec de « grand débats nationaux » récents l’a bien prouvé. En quoi les attentes du jury ont-elles été déçues ? Comment peut-on être punk face à une institution molle, sans avis, qui appelle à entendre les opinions de tous, faute de savoir énoncer la sienne?

  34. By Jean-no on Mai 20, 2010

    @Pull : Ce que j’aimais bien dans « punk » c’est qu’on y met un peu ce qu’on veut. Pour le reste, même si mon injonction est restreinte (soyez punks vis à vis du festival), on est dans une problématique typique des profs d’école d’art figure-toi : on doit susciter l’originalité et la créativité, tout en la cadrant, qu’on doit aider l’étudiant à trouver sa personnalité… on marche sur des œufs d’autant que l’étudiant vraiment original est parfois celui que tout le monde veut virer. Ceci dit je viens de Paris 8 dont la tradition est très particulière : j’ai déjà entendu que « rater son examen c’est réussir ses études » ou que « ne pas aller en cours c’est aussi une manière d’aller en cours », opinions auxquelles je souscris d’ailleurs.
    L’enseignement artistique est basé sur l’injonction paradoxale, donc, mais ça ne me trouble pas beaucoup de le savoir, parce que l’expérience prouve que ça fonctionne autant que faire se peut.
    Je ne suis pas sûr que la reformulation soit inutile, mais entre citer et faire croire qu’on est l’auteur, il y a un pas quand même : si Barthes a mieux dit, alors on peut écrire « Barthes a dit… », pas la peine de mélanger des bouts de phrase sans les piger.
    Ceci dit on pourrait imaginer de donner le copier coller comme matière obligatoire pour certains devoirs (ne pas utiliser une phrase à soi), je suis sûr que le résultat serait moins piteux.
    Pour le thème « qu’est ce que le graphisme », c’était con parce que ça s’adressait à des étudiants : eux en sont à expliquer ce que c’est à leurs parents, ils ont répondu au premier degré qui n’était visiblement pas ce qu’attendait le jury.

  35. By Brigitte on Mai 24, 2010

    À propos de Chaumont, je ne comprends décidément pas cette décision, … j’ai pensé que c’était peut-être là un « geste politique » (?). Si c’est le cas c’est de la mauvaise politique, et il est bien dommage que les étudiants et ceux qui travaillent avec eux c’est à dire leurs enseignants/graphistes en fassent les frais.
    Comment les nouveaux dirigeants du Festival de Chaumont, qui sont des personnes de valeur, ont-ils pu concevoir de ne pas récompenser ne serait-ce que 5 à 10 affiches parmi les 1200 ? Sont-ils si fatigués ? Par ailleurs, chacun sait aujourd’hui que le design graphique est en évolution constante et que sa définition est un chantier permanent. Pourquoi avoir posé précipitamment un thème aussi complexe et fondamental ? En tous cas, les étudiants se sentent certainement niés et risquent de se détourner d’un festival qui était jusqu’à présent un rendez-vous « festif » précisément, ou chacun avait sa chance aux côtés des grands.
    Je pense aussi à cette profession, frappée de plein fouet par la contrainte des marchés publics, qui fait de la concurrence une incontournable loi, et qui décide selon des critères parfois plus que douteux, de celui qui gagne.
    Je formule le souhait que Chaumont reste un pur espace de liberté et ne préfigure pas ces situations de contraintes qui sont les stigmates actuels de notre profession (contre lesquels nous luttons), qu’il laisse aux étudiants la possibilité d’être nombreux à penser pouvoir gagner, et à avoir un droit d’expression sur ses productions. Un jury qui qui s’érige en juge, docte détenteur du savoir, et qui ne propose pas aux auteurs des affiches d’être partie-prenante d’un débat sur leur propre production, se met dans une insupportable situation de pouvoir et fait fausse route.
    Autrement dit, après cette maladresse, Chaumont risque fort de se retrouver sans public autre qu’une petite équipe d’initiés débattant entre eux. La fameuse formule « Étudiants, tous à Chaumont » ne renverrait plus alors à aucune réalité.

  36. By Jean-no on Mai 24, 2010

    @Brigitte : tu parles de la contrainte des marchés publics et il est vrai que la méthode inventée par le jury du concours rappelle les pratiques parfois insupportables qui ont cours lors de certains appels d’offre, qui sont annulés de manière franchement douteuse et avec des termes similaires.

  37. By delfine on Mai 27, 2010

    J’étudie le graphisme aux Beaux-Arts, et je pars demain à Chaumont au festival de l’affiche… Alors je trouve ça marrant de laisser un petit post avant, et un après… pour voir.

    Parce que quand j’ai eu la réponse du festival – en fait, je l’ai pas eu, mon affiche ne mérite même pas un petit mail de «on n’aime pas» ou un simple «c’est pas joli» …
    Donc reprenons
    Quand j’ai vu le mail qui circule sur facebook, j’ai trouvé ça plutôt marrant et assez logique. Comment répondre à une pareille question en 3 semaines???
    En fait, leur pseudo excuse de «oui, mais nous on sait que ça reflète pas la réflexion dans les écoles d’art blablabla» prouve en quelque sorte qu’ils avaient bel et bien des attentes assez précises non?
    Et j’aimerais bien savoir ce qu’ils attendent comme réponse de la part d’une ribambelle de joyeux étudiants qui dans le meilleur des cas ont répondu à 4 concours ou réalisé le faire-part de mariage de leur cousine!
    Chaumont n’est pas un appel d’offre!
    Je suis d’accord avec Brigitte, et j’ai du mal à croire qu’il n’y ait pas eu une petite poignée d’étudiants qui ont su être pertinent, ou impertinent… C’est quoi cette drôle de censure? Double censure qui plus est, puisque visiblement, nous ne sommes même pas à la hauteur du débat, les affiches seront TOUTES exposées, mais SEULEMENT pour le corps enseignant
    Et alors là, je dis bravo. Oui, cher jury, je dis bravo et j’applaudis des deux mains, parce que tant de courage politique mérite un petit paragraphe..
    Quel courage face à leur propre concours, face à leur propre question.. Belle pirouette les gars!
    Eriger un vaste procès des enseignants sur leur enseignement et leur pédagogie est vraiment novateur et je me demande où ils ont pêché une idée aussi intéressante

    «Qu’est-ce-que le graphisme?»
    Question essentielle il me semble, oui oui, essentielle, capitale, décisive, incontournable surtout aujourd’hui, et encore plus demain.
    Qui, si l’on veut y répondre au travers d’une affiche mérite au moins de s’y pencher plus de trois semaines. Cette question ouvre les possibles réflexions, demande à être digérée, recrachée, pratiquée… L’histoire du graphisme est si récente, n’a pas autant de théoricien(ne), de praticien(ne), de gens en général qui ont écrit de manière philosophique et théorique sur cet Art.
    Nous poser cette question, c’était un peu nous demander d’ajouter notre petite pierre avec très peu de recul historique, et quasiment aucun sur notre époque. C’était un peu nous demander à nous d’écrire cette page de l’histoire du design graphique.
    SUPER!! Tant mieux dirai-je, belle initiative!
    Mais on dirait que le jury de cette année l’avait déjà rédigée, la réponse, et qu’on est tombé à côté…
    En fait, on le saura peut-être pas, parce qu’on n’est pas invité à en débattre, et c’est bien le plus navrant… Bien plus navrant que de constater la «soi-disant» médiocrité de nos travaux.

    Bon, j’espère bien passer un bon week end et voir plein de choses… Débattre ou pas avec ceux qui en ont envie ou pas…
    à la semaine prochaine pour le deuxième épisode!!

  38. By delfine on Mai 27, 2010

    Quant au plagiat, j’aurai aussi un petit mot à dire… au fait

  39. By Benoit on Mai 27, 2010

    J’ai envie de préciser quelque chose qui est assez récurrent et totalement faux… Beaucoup disent, comme Delfine ci-dessus, que le jury a posé une question en sachant que personne ne pourra y répondre. Sauf que… le jury n’a rien à voir avec l’intitulé du concours. Le sujet du concours a été concocté par la nouvelle direction du festival (en l’occurrence Étienne Hervy et d’autres sans doute), et cette même direction a ensuite composé le jury, qui est bien entendu extérieur à Chaumont et extérieur à l’organisation. Donc ce jury tant blâmé d’avoir donné un faux sujet, ne s’est en fait limité qu’à y répondre lui même, et à ne pas comprendre tout ce qu’il lui a été soumis. En annulant le concours, il interroge aussi la faisabilité d’une réponse à une telle question. Chaumont et le jury sont deux entités séparées.

  40. By Jean-no on Mai 27, 2010

    @Benoit : effectivement, c’est une réduction de considérer « Chaumont » comme une entité unique qui comprendrait les jurys, etc. Néanmoins le délégué général du festival, dans le mail qu’il a envoyé aux étudiants, s’affirme solidaire du jury dans son choix de ne pas faire de lauréats et dit en son nom propre que la réponse faite au sujet ne lui a pas plu.

  41. By ben on Mai 30, 2010

    ah ?
    http://www.etapes.com/actus/actu-laffiche-question
    oh !
    http://www.chaumont-graphisme.com/concours-etudiant-palmares.php
    uh ?
    http://www.graphicdesignquestcequecest.com/

  42. By Jean-no on Mai 30, 2010

    @ben : hmmm… donc ils ont remis un prix quand même ?

  43. By ben on Mai 30, 2010

    Il faut croire que oui – (un balise img est même déjà incluse !) je n’ai que ça comme information :)

  44. By Benoit on Mai 31, 2010

    Moi j’ai une autre information… Le dénommé Geoffroy Pithon, apparemment heureux gagnant du concours, est aussi participant à un projet de journal lancé et sollicité pour le festival. Mais l’un n’a rien à voir avec l’autre, sans ironie.

  45. By Flx on Juin 1, 2010

    Si c’est ça (chaumont-graphisme.com/concours-etudiant-palmares.php) le niveau, ils auront mieux fait de rester sur leur position !
    C’est très très mauvais !

    Quelle honte…

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  2. Mai 19, 2010: The death of graphic design | I love graphics!

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