Alors pour qui on vote ?

Plus qu’une semaine pour se décider. Je vais essayer de profiter de ces derniers jours pour ne plus poster, ne plus dessiner, ne plus diffuser d’articles, oublier les costumes et les casseroles, penser à autre chose qu’à la politique. C’est le but de ce billet qui se veut le dernier sur le sujet jusqu’à l’entre-deux tours de l’élection. L’électricité du moment commence à m’irriter franchement, j’ai l’impression de voir des fascistes, des racistes ou des imbéciles à tous les coins de rue et ça ne me fait pas de bien, car au fond, j’aime apprécier les gens1.
Cette profession de foi n’a malheureusement pas de valeur contractuelle, c’est le genre de résolution que je fais souvent mais que je n’arrive pas à tenir. C’est comme cesser de fumer : ce n’est pas parce qu’on n’y parvient pas que l’envie n’est pas sincère.

Procédons par élimination : Le Pen, impossible. Dupont-Aignan pas mieux. Cheminade ou Asselineau, je n’ai ni écouté ni envie de le faire. Lassalle est pittoresque, c’est un personnage un peu émouvant, mais je ne vois aucune raison de s’intéresser à ce qu’il propose.

Les trotskistes

Poutou et plus encore Arthaud sont sur une ligne virtuelle : tant que le système actuel existe, rien ne peut être fait, toute décision politique qui ne consiste pas à changer de régime politique n’est qu’un aménagement réformiste. C’est cette tournure d’esprit qui avait permis au fondateur de Lutte Ouvrière, le fameux « Hardy », qui était à la fois militant et chef d’entreprise dans le domaine pharmaceutique, de licencier des employées qui demandaient un mi-temps après leur maternité : au lieu d’appliquer, à son niveau, ses idées sociales, il réclamait au fond un « tout ou rien » qui peut difficilement mener à autre chose qu’à… rien.
Si cette intransigeance n’est pas une posture hypocrite, c’est pire encore, cela dit tout sur le traitement qui serait appliqué aux personnes qui refuseraient la révolution. Donc évidemment, non, même si j’ai sans aucun doute quelques idées communes avec ces gens.

L’abstention ?

C’est aussi parce que je me défie de l’approche théoricienne que je vote : j’ai pu constater que, malgré tout ce qu’on dit, un gouvernement n’en vaut pas un autre, il y a des différences tangibles. Un détail par exemple : sous Sarkozy, mes étudiants étrangers à l’Université semblaient passer leur vie à la préfecture, ils étaient traités comme des chiens par l’administration et cela leur faisait rater des cours, perdre des journées entières à faire la queue pour apprendre qu’il manquait un papier à leur dossier, je passais un temps important à signer des attestations de présence… Je me rappelle d’une excellente étudiante japonaise qui avait dû quitter le pays parce qu’un document administratif lui avait manqué : légaliste et sérieuse, elle se sentait victime d’une injustice mais n’a pas tenté de resquiller.
Je n’ai pas eu vent de situations de ce genre ni sous Chirac ni sous Hollande. Les électeurs ne se sentent pas concernés par ces questions (s’ils sont électeurs c’est qu’ils ne sont pas étrangers), mais ça suffit à me prouver, à moi, que tous les gouvernements n’ont pas les mêmes implications. Alors en attendant le sursaut humain qui permettra l’Anarchie, je vote, tant que j’en ai le droit, même si je n’ai pas décidé des règles du jeu, même si je sais qu’elles sont viciées.

Passons au « Cronchonyonmon » (Macron, Mélenchon, Fillon, Hamon. Étonnant tous ces candidats aux noms en « on », non ?)

Fillon

Fillon, le cas est facile à régler aussi. Je ne sais pas si cela correspond à sa vision personnelle, mais il a décidé de faire campagne sur des thèmes réactionnaires, anti-sociaux et identitaires, cherchant l’adhésion des pires scories de l’autoproclamée « Manif pour tous ». Son argument d’autorité a été de se faire passer pour un austère grippe-sou, un terne comptable qui pense qu’il faut être économe et responsable. Sa campagne pathétique et les révélations qui ont été faites, outre les problèmes juridiques, démocratiques et moraux, nous le montrent comme quelqu’un qui est obsédé par l’argent (il devient fou devant un billet comme DSK devant un jupon, aurait dit quelqu’un de son parti) et qui n’a rien contre les dépenses idiotes tant qu’elles sont à son profit : supprimer la sécurité sociale pour la sauver, résoudre la question du chômage en supprimant un demi-million d’emplois publics et en augmentant la durée de travail de ceux qui sont employés, tout ça lui semble logique. En revanche, s’il voyage, c’est en Falcon 50 (5000 euros de l’heure), s’il s’habille, c’est avec des vêtements de luxe qu’il exige de se faire offrir. Et lorsqu’il rend ces mêmes costumes, il triche et en rend d’autres !

Enfin, son refus de prendre en compte l’écologie — sans doute en considérant que ça n’est pas le cœur des préoccupations de son électorat naturel — l’envoie à contre-courant de l’histoire.
Triste personnage, soutenu par la pire droite, et prenant en otage l’ensemble d’un parti dont il n’est sans doute pas si représentatif mais qui, comme il le dit lui-même, n’a pas d’alternative.

Hamon

On dit d’Hamon qu’il n’est pas représentatif du Parti Socialiste non plus, mais de mon point de vue et de celui de ceux qui se sont déplacés pour voter aux primaires de « la belle alliance » (ha ha !) c’est plutôt une qualité. Le personnage est sympathique, il est maltraité par son propre parti, régulièrement diffamé sous l’accusation de collusions avec les promoteurs du communautarisme, et très généralement, présenté comme un gentil naïf. Ses propos sur la laïcité et la loi de 1905 (qui lui convient) ou sur le communautarisme ne sont pourtant pas ambigus : entre le refus de faire du muslim-bashing et le soutien à Daech, il y a un abysse, la chose vraiment inquiétante aujourd’hui à mon avis est le nombre extravagant de gens qui ne sont plus capables de faire cette distinction. J’ai peur de toute cette peur qu’exprime, notamment, l’obsession du voile. La peur rend bête et mauvais, et quand on est bête, on a souvent des actions qui vont contre ses propres buts. Et j’ai peur aussi du réflexe qui consiste à penser qu’on soutient tout ce qu’on ne veut pas interdire ou qu’on doit interdire tout ce que l’on n’aime pas : on peut tout à fait juger que le voile pose des problèmes philosophiques sans vouloir le proscrire pour autant.
Sur la naïveté des propositions (emploi, économie, écologie), nous entrons dans les questions de fond, les vraies questions politiques. Benoît Hamon pense que l’emploi est destiné à se raréfier et a fait le choix du revenu universel et de la taxation des robots. L’économiste suisse Sismondi parlait de tout ça il y a deux cent ans et il avait raison (et ce sont à ses idées que nous devons la retraite, les allocations, le chômage et la sécurité sociale, qui ne sont jamais que des variantes du revenue de base), le sens de l’histoire et les progrès techniques lui donneront toujours plus raison, il me semble que c’est une évidence, mais une autre évidence est qu’il est délicat de mettre en place des dispositifs progressistes dans un monde qui n’est pas prêt à les épouser. Sur la taxation des robots, la question en amène d’autres : qu’est-ce qu’un robot ? À partir de quand est-ce qu’on considère qu’il prend la place d’une personne ?
Que l’on considère qu’il apporte ou non de meilleures réponses, il me semble que Benoît Hamon pose les bonnes questions.

Mélenchon

Le programme de la « France insoumise » est séduisant à plus d’un égard, notamment des points de vue sociaux et écologiques — c’est celui qui insiste le plus sur le fait que notre modèle actuel n’est pas soutenable. Le projet d’une refondation constitutionnelle est à mon avis bon, même si je comprends les réserves de ceux qui se souviennent que plus d’un régime autoritaire a assis un pouvoir illégitime sur le changement des règles du jeu2.
En général, quand j’écoute les propositions de Mélenchon, rien de ce qu’il dit ne me heurte et je suis admiratif de sa conscience des enjeux de l’avenir3. Je suis plus dubitatif quant à ses choix rhétoriques. Tout d’abord, il considère (selon une vieille tradition socialiste justifiée par bientôt deux siècles d’expérience) que la société ne peut progresser sans rapport de force, et donc, il renonce à tenter de rallier l’ensemble de la société à ses vues. Cette rhétorique de l’affrontement se retrouve, sous une forme dégénérée et outrée, dans l’agressivité de certains des militants les plus actifs de la « France insoumise » sur les réseaux sociaux. Ensuite, et cela va avec, il est encombré par les sentimentalismes traditionnels de son camp politique, Son anti-atlantisme l’amène régulièrement à s’interdire de condamner clairement des régimes ou des expériences politiques qui ont tourné à la catastrophe (avec l’aide active de la CIA, en Amérique du Sud notamment, c’est évident, mais le résultat n’en est pas moins indéfendable). Je comprends que l’on refuse d’accepter les injonctions pujadistes4 à épouser naïvement certains clichés géopolitiques, mais je vois un peu d’hypocrisie dans son propos quand Mélenchon dit que c’est à l’ONU de régler la question syrienne, alors même que la Russie appose régulièrement son veto contre toute résolution sur le sujet, rendant l’ONU impuissante à régler le problème. Mais si je peux faire ce genre de reproches à Mélenchon, je ne vois pas plus de pertinence dans le fait d’épouser la vision géopolitique véhiculée par les blockbusters étasuniens : elle nous est plus familière mais n’en est pas meilleure pour autant. Les États-Unis ont le plus gros budget militaire du monde (et je ne compte pas Hollywood dans le calcul), la plus grande armée, ils s’engagent en permanence dans des guerres à l’extérieur de leurs frontières et à leur seul bénéfice, ce ne sont pas les gentils, c’est un empire qui défend ses intérêts en profitant de tous les moyens qui sont à sa disposition pour le faire, et ils sont grands. Et à présent, ce pays est dirigé par quelqu’un qui confond Syrie et Irak, élu par des gens dont 30% considèrent pertinent de bombarder Agrabah… la ville imaginaire où se déroulent les aventures d’Alladin dans le film Disney du même nom.
Si j’aimerais que Mélenchon évite de donner son opinion sur la souveraineté de la Crimée ou sur la légitimité des opposants à Bachar el Assad, je pense que la France a tort de rester membre de l’OTAN.
Un point qui effraie avec Mélenchon est sa personnalité : « grande gueule », comme on dit, on le soupçonne d’être capable d’autoritarisme. Je ne saurais me déterminer sur ce point, ou plutôt, je pense qu’il y a du vrai et du faux. Il engueule les cadreurs énervants du Petit Journal, il ne respecte pas la règle du jeu des médias (qui détestent que l’on fasse remarquer leur absence de neutralité ou qu’on déconstruise leur fonctionnement), mais est-ce que cela suffit pour jurer qu’il limiterait le droit de la presse ? Aucune de ses propositions ne va dans ce sens à ma connaissance, et son programme a par exemple recueilli les faveurs d’ONGs telles qu’Amnesty International contrairement à bien d’autres qui sous prétexte d’État d’urgence proposent de limiter toujours plus les libertés individuelles.

Macron

J’ai eu du mal à croire qu’il existait réellement des électeurs de Macron : je ne voyais en lui qu’une créature médiatique aux propos évasifs et il me semblait impossible que de véritables personnes votent effectivement pour lui. Mais en discutant avec des amis, je constate que, si, les En-marchistes existent bel et bien — et ils ont l’avantage sur les Mélenchonistes et les Fillonnistes de ne pas être trop agressifs. En creusant le sujet, je comprends les qualités qu’ils lui voient : sa tête est neuve (évidemment, vu son âge) et son élection romprait avec un équilibre des forces politiques bien fatigué et ringard. Libéral économiquement mais pas seulement, il n’est pas obsédé par les questions d’identité, il n’est pas facho, pas homophobe. Loin de représenter une politique de gestion résignée de la crise économique, comme celle proposée par Fillon ou appliquée par Hollande, il promeut l’idée d’un avenir positif, ouvert, et je comprends que ça séduise. Enfin, il incarne un centre-droit qui manque à l’offre politique actuelle.

Pour autant, le personnage ne me convainc pas. Il a construit son programme non en s’intéressant à ce que les gens veulent ni à ce qui est bon pour eux, mais à ce qu’ils veulent entendre5. J’ai l’impression que sa rupture est portée par l’envie (la sienne mais aussi celle de ses électeurs) de quitter la politique traditionnelle et même, de quitter la politique tout court, de laisser des multinationales gérer nos vies, sans doute assez bien tant que c’est leur intérêt, mais en effaçant les derniers restes de démocratie. Ce n’est que l’aboutissement d’un processus déjà ancien de troc de notre souveraineté contre un certain confort. C’est à mon avis ce qui explique son attachement unilatéral à l’Union européenne6 telle qu’elle fonctionne actuellement, qui tend à déléguer à des instances technocratiques des compétences autrefois politiques. Mais ça ne marche pas comme ça : tout est politique, rien n’est neutre, pas même la disparition du politique.

Conclusion

Si benoît Hamon avait la moindre chance de peser dans l’élection, c’est peut-être bien pour lui que je voterais. C’est horrible de dire ça, bien sûr, mais comment faire abstraction de ce genre de considérations ? Si on était dans le jeu Koh-Lanta, c’est pour Fillon que je voterais (puisqu’à Koh-Lanta, c’est pour virer les gens que l’on vote, pas pour les garder). Je ne souffre pas à l’idée de voter pour Macron dans le cadre d’un second tour contre Marine Le Pen ou Fillon, mais pour le premier tour, le « business as usual » néo-giscardien qu’il propose ne m’intéresse pas du tout.
C’est donc vraisemblablement pour Mélenchon que je voterai, mais pas spécialement par passion, certainement pas en défendant l’intégralité de son programme, et malgré l’acharnement très rédhibitoire de certains de ses soutiens7. L’idée de faire enrager tous ceux qui s’attaquent à lui en ce moment, qui paniquent à l’idée de son succès au premier tour et promettent les chars soviétiques sur la place de la Concorde s’il était président me donne, à vrai dire, ma plus forte motivation8.

  1. Mon animal est le chat : jaloux de sa liberté, mais aimant, malgré tout, un peu de compagnie. []
  2. Reste que Mélenchon propose un changement constitutionnel qui diminue les pouvoirs du président, il est tout de même étrange de comparer ce projet à des expériences passées qui ont étendu les pouvoirs de ce même président ! []
  3. Quel autre candidat que lui pourrait donner une conférence du niveau de celle-ci ? []
  4. Pujadiste : de David Poujadas. Ne pas confondre avec Poujadiste : de Pierre Poujade. []
  5. Lire : Comment Emmanuel Macron a fait son diagnostic. []
  6. Pour ma part, je suis très attaché à l’UE aussi, mais assez dubitatif quant à la direction que prend cette structure, car au delà (ou du fait) du « c’est la faute de Bruxelles » qu’aiment brandir les politiciens nationaux, l’Union me semble régresser démocratiquement et perdre de ses ambitions passées. []
  7. Sur Twitter, certains soutiens de « la France insoumise » sont presque indiscernables de ceux de Marine Le Pen, au point que je me suis parfois demandé s’il ne s’agissait pas d’agents provocateurs. Inversement je connais beaucoup de gens qui militent pour les mêmes idées et qui sont raisonnables et intelligents. []
  8. Mise à jour, quelques heures plus tard : cette phrase finale en a choqué plus d’un, on m’a dit qu’une telle motivation était bien puérile. Certes, et à vrai dire, je plaisantais à moitié, car s’il me fait plaisir d’embêter ceux qui voient en Mélenchon l’homme au couteau entre les dents (et pire : depuis quelques heures j’ai vu aussi passer des accusations d’arrières-pensées antisémites – la dernière cartouche du chantage intellectuel en France) mon choix n’est pas motivé par une revanche mais bien par les propositions — auxquelles je n’adhère pas à 100%, mais plus que les autres en tout cas. []

8 réflexions sur « Alors pour qui on vote ? »

  1. Olivier Lecointe

    Outre sa fascination pour les régimes autoritaires d’obédience plus ou moins marxiste, ce qui me gêne beaucoup chez Melenchon, c’est l’irréalisme de son programme économique et de sa stratégie européenne : son plan A n’a strictement aucune chance de marcher et donc deviendra un plan B chaotique. Après une période d’euphorie, on en viendra à la sortie de l’UE et de l’euro, à la dévaluation, l’inflation massive, la forte hausse des taux d’intérêt et finalement une récession carabinée. Ce sont les plus modestes et les classes moyennes qui en pâtiront le plus, les plus riches trouveront des solutions (notamment en partant).

    Voilà ! C’était le 1er commentaire que je faisais sur ce blog…

    Répondre
    1. Jean-no Auteur de l’article

      @Olivier : je me méfie pas mal, pour ma part, du « réalisme » politique, qui ressemble plutôt à un manque d’imagination : la réalité s’impose toujours assez vite. L’UE a mis au point des normes comptables dans un contexte qui a changé et qui varie beaucoup selon les pays, il faut évidemment en tenir compte. De plus, il y a un volet psychologique à cette question : le fait d’imposer un traité qui avait été refusé par référendum a induit dans les esprit un (légitime) doute envers la réalité de la démocratie. Revenir dessus est important.

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  2. Euquinimod Uthagey

    Cronchonyonmon … Très drôle ! 🙂

    On pourrait presque y voir aussi un écho avec le vocabulaire en politique.
    Le « on », article indéfini, s’impose au détriment du « nous », qui est certes plus restrictif mais qui qui a l’avantage de pouvoir être utilisé comme nom commun. Alors que nommer un « on » n’est jamais qu’un oxymore.

    Je partage ton hésitation pour décider d’un vote à gauche, et la conclusion qui tend à s’imposer. Tout en me disant que, de mon coté, j’ai bien envie de donner aussi sa chance à Mélenchon, pour reconstruire quelque chose de plus large incluant ce qui restera du Ps. S’il en reste quelque chose ..

    Je discutais avec un militant PS avant hier qui, comme beaucoup je crois, admettait qu’un désistement ou un ralliement de Hamon était juste impossible, s’il voulait rester crédible et conserver un poids au sein du PS après l’élection. Mais il le regrettait. Comme bien d’autres encore.

    Reste que l’avantage de cette campagne est peut-être d’avoir contraint partis comme électeurs – et probablement les citoyens quels qu’ils soient dans le temps proche – à réaffirmer leurs fondamentaux après bien trop de campagnes construites sur une triangulation de l’adversaire n’ayant guère d’autre effet que d’ouvrir toujours plus de triangulaires aux Le Pen and Co .. A partir de là, il ne me déplait pas de penser que la participation sera donc plus forte que ne le disent les sondeurs, et que c’est donc plutôt une mauvaise nouvelle le FN [et sous le clavier, je touche 1m2 de bureau Ikea tout en bois … pour aider].

    Quand à l’extrême centre , je remarque qu’il n’a même pas de couleur.
    Corps sans saveur ni odeur, qui prend la forme de son contenant. Et rien n’empêche qu’une eau apparemment limpide s’avère en fait non potable. Voire même empoisonnée.

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  3. Elias

    « L’idée de faire enrager tous ceux qui s’attaquent à lui en ce moment, qui paniquent à l’idée de son succès au premier tour et promettent les chars soviétiques sur la place de la Concorde s’il était président me donne, à vrai dire, ma plus forte motivation. »

    Avec toute l’estime que j’ai pour vous (et Dieu sait que je suis souvent d’accord avec vous) je trouve cette motivation limite puérile …
    Un certain nombre d’électeurs de Trump voulaient faire enrager tous ces « liberals » donneurs de leçon … beau résultat. A mon avis le même genre de motivation a joué contre Juppé aux primaires de la droite … on allait quand même pas choisir un candidat « acceptable » pour une partie du camp adverse.
    Le vrai rôle du vote ce n’est pas de faire savoir aux autres qu’on les emmerde, c’est de désigner un type qui exercera des pouvoirs définis (désolé pour le côté sentencieux).
    Ce qui m’intéresse ce n’est pas ce que me promet la FI, c’est ce qu’il est vraisemblable que fera Méluche s’il est élu.
    Je passe sur son programme économique auquel je ne crois pas, mais même la réforme des institutions je doute qu’elle se fasse. Le referendum pour lancer le processus et les élections pour la constituante seront une occasion rêvée de revanche pour tous les anti-Mélenchons. Je doute qu’il en sorte quelque chose. A ce sujet je suis également très gêné par la contradiction entre le contenu des propositions de Mélenchon (en finir avec la monarchie républicaine) et sa propre démarche politique (créer un parti ou personne ne lui contestera le leadership, tout miser sur la présidentielle et refuser des accords en amont pour les législatives au nom du refus de la politique politicienne). Comme l’a dit quelque part Lordon qui pourtant le soutient, le style de Mélenchon ne s’accommode que trop bien des institutions de la Ve.

    Pour ce qui de la réforme des traités, ne trouvez vous pas que le plan A est la caricature de l’arrogance française ? Quelle confiance peut-on placer dans les talents de diplomate de Mélenchon au vu de sa carrière politique (voyez comme il a traité ses propres alliés communistes).

    désolé pour la longueur.

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      @Elias : ce n’est, bien évidemment, pas mon unique motivation. La prise de conscience écologique de Mélenchon est de loin la plus crédible (cf. la conférence que j’ai mis en note et qui mérite vraiment d’être écoutée). On ne peut pas comparer Mélenchon à Trump, et surtout pas les motivations de leurs deux électorats ! Je ne sais pas si le programme économique est crédible mais je me demande en quoi les autres le sont. Ils disent juste pour la plupart qu’ils sont résignés à la situation, mais à part ça ?
      La contradiction entre Mélenchon-le-tribun et son envie d’en finir avec la monarchie présidentielle est effectivement étrange, ou amusante, ou je ne sais pas trop ce qu’elle est, mais c’est vrai, c’est une contradiction. Comme celle entre le Fillon qui veut faire faire des économies à l’État et qui… Enfin bref.
      Pour les questions de renégociations des traités, la manière dont tout le monde en parle me gène sur un point très précis : on fait comme si l’UE était une entité distincte de la France. Mais ce n’est pas le cas, la France en fait partie, y a un pouvoir de décision et un poids, il ne s’agit donc pas de diplomatie mais bien de démocratie !

      Répondre
      1. Elias

        « On ne peut pas comparer Mélenchon à Trump, et surtout pas les motivations de leurs deux électorats ! »
        Je ne dis pas que Trump et Mélenchon sont comparables mais, sur les motivations d’une partie de leurs électeurs, je ne serai pas aussi affirmatif que vous. Je suis des mélenchonistes sur Twitter depuis un certain temps : le vote sur le Brexit et de l’élection de Trump ont donné des lieux à des poussées inquiétantes de Schadenfreude : ces résultats étaient vus comme une bonne punition pour les européistes qui avaient humilié la Grèce / les Clintoniens qui avaient torpillé Sanders. Une étudiante qui s’inquiétait du Brexit pour Erasmus s’est plus ou moins vu répondre que c’était un truc de bobos … Le ressentiment contre les insiders est à mon avis un trait commun entre une partie de l’électorat de Mélenchon et des votes d’un bord opposé. D’ailleurs vous-mêmes vous notez une parenté de comportement entre certains militants FI et ceux de l’extrême droite (mais on doit au moins reconnaître aux insoumis qu’eux ne font pas de fake). Après si votre point est juste de dire qu’il n’y a pas de motivation raciste dans le vote Mélenchon, je suis évidemment d’accord.
        « on fait comme si l’UE était une entité distincte de la France. Mais ce n’est pas le cas, la France en fait partie, y a un pouvoir de décision et un poids, il ne s’agit donc pas de diplomatie mais bien de démocratie ! »
        Je ne suis pas sûr de bien comprendre votre point. Dans la mesure où la redéfinition du contenu des traités est censée passer (si j’ai bien compris) par la négociation entre chefs d’états et de gouvernements et non par les délibérations du parlement européen, on est bien dans la diplomatie, non ?. Je note que les mélenchonistes se gardent bien de nous dire qui pourraient être nos alliés dans cette négociation. Au moins , quand Hollande eut quelques vagues velléités d’infléchir la position allemande on nous expliquait qu’on allait s’appuyer sur l’Espagne et l’Italie … A mes yeux le problème ce n’est pas de proposer une renégociation (Hamon en fait autant), ce n’est même pas d’agiter la menace d’un plan B, c’est le fait d’arriver avec un plan A qui ne tient aucun compte de ce qui est acceptable par les autres. Mélenchon est tellement dans l’idée que c’est une affaire de rapport de force (ce qui est vrai) qu’il en oublie l’effort minimal d’essayer de se voir avec les yeux des autres.
        Franchement j’aimerai bien croire que le programme de Mélenchon peut marcher, mais ce que je sens de wishfull thinking et de narcissisme national à l’arrière plan de cette croyance m’empêche de la partager.

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        1. Jean-no Auteur de l’article

           » vous-mêmes vous notez une parenté de comportement entre certains militants FI et ceux de l’extrême droite  »

          C’est un vrai problème, mais je note une différence énorme entre les fans excités que je croise sur les réseaux sociaux et les authentiques militants ou sympathisants que je connais. Je me demande donc à quel point les plus excités sont représentatifs.

          Sur la renégociation, je pense que les choses ne se passeront pas comme l’annonce Mélenchon, et je pense qu’il le sait très bien, mais qu’il part du principe (d’où l’analogie à la dissuasion) qu’on n’obtient rien si on ne commence pas par dire qu’on est sérieux. Mais ça, évidemment, c’est un pari.

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