Michel Onfray, philosophe de la normalité opprimée

J’ai toujours aimé la locution « Université populaire ». Parce qu’elle sonne comme une promesse de partage du savoir, de respect du public, d’amour de la connaissance, voire même, rêvons un peu, de bouleversement des hiérarchies culturelles. Et à cause de ce mot, j’ai toujours eu une petite estime pour Michel Onfray, avec qui je partage par ailleurs de gros doutes sur la psychanalyse (mais pas pour les mêmes raisons, j’en suis certain) et un athéisme radical.
Mais deux fois de suite, je me suis trouvé par hasard à assister à des sessions d’universités populaires, et j’y ai surtout vu une assemblée de personnes du troisième âge (ce qui est très bien, hein !) qui ne s’intéressaient pas plus à ce qu’on leur racontait que ne l’auraient fait des collégiens, puis se réveillaient ensuite pour se lancer dans une compétition de questions sans intérêt, aux relents souvent un peu réac’ et auxquelles le conférencier faisait semblant de répondre tout en guettant sa montre.
On m’a dit que cela se passait toujours ainsi, les « universités populaires », et si c’est vrai, je comprends mieux la dérive de Michel Onfray : tout show-man est amené à devenir ce que son public projette sur lui. Alors Onfray est devenu un philosophe pour retraités qui s’ennuient après le journal télévisé de Jean-Pierre Pernaut et avant celui du soir. C’est son créneau. Quant à son engagement libertaire revendiqué, il semble se réduire de plus en plus à une revendication d’hédonisme, entendu comme un droit très philosophique à l’égoïsme, ainsi qu’un moyen détourné pour étayer ses vues politiques : contre la religion, pour le capitalisme, contre l’écologie1,…
Comme tout réactionnaire de deux-mille-quinze, il fustige l’héritage post-soixante-huitard, dont il est, avec bien d’autres « résistants » à cet épisode de l’histoire politique et intellectuelle du pays, un bénéficiaire et un produit. C’est assez banal, mais il se distingue de ses confrères philosophes médiatiques2 par une méthode qui consiste, sous le masque du cours d’histoire des idées, à réduire des pensées complexes à quelques traits choisis (de préférence ceux qui nous semblent aujourd’hui ridicules ou excessifs), à des attaques ad hominem, à des anecdotes croustillantes, le tout emballé dans un storytelling à la louche, généralement anachronique et ignorant, où tous les pires procédés rhétoriques sont employés : si-ce-n’est-toi-c’est-donc-ton-frère, y’a-pas-de-fumée-sans-feu, qui-vole-un-œuf-vole-un-bœuf, etc.

Onfray1

Hier, sur France Culture, ce très petit monsieur a pris une heure pour dire du mal du centre universitaire expérimental de Vincennes, qui a déménagé à Saint-Denis un peu plus de dix ans après sa fondation, et que l’on nomme aujourd’hui Paris 8.
Paris 8, c’est l’université dont un ami de mes parents, qui y enseignait, m’a dit, le jour de mon mariage, je m’en souviens bien : « tu devrais venir voir, c’est fait pour les gens comme toi, qui ont un parcours atypique ». J’y suis allé, sans le moindre diplôme, ayant quitté un lycée professionnel sans mon CAP, a fortiori sans baccalauréat, et on a bien voulu de moi. J’y ai étudié, et aujourd’hui, depuis presque vingt ans, j’y enseigne. Là-bas, j’ai enfin découvert qu’on pouvait s’intéresser à ce qu’on étudiait. J’ai appris à déchiffrer et à interpréter des textes philosophiques Chinois, j’ai appris la scénographie au théâtre, les enjeux de l’urbanisme, le langage C, la sociologie de l’art, je me suis intéressé aux pratiques animistes en Afrique, et j’ai appris qu’on pouvait créer des œuvres d’art avec des idées, de la lumière, des photocopieurs, des ordinateurs et de la programmation3. Enfin, c’est là que j’ai compris, que j’ai décidé pour moi-même, que tout sujet était intéressant, et pas seulement ceux que l’on a mis sur un piédestal. L’université Paris 8 du début des années 1990 n’avait sans doute plus grand chose à voir avec le centre universitaire de Vincennes, mais j’ai fréquenté des gens qui avaient connu Vincennes dès sa création (à commencer par mes profs, progressivement partis à la retraite ces dernières années), j’ai fréquenté des gens qui avaient connu, voire été des proches de Lyotard, Deleuze, Popper, etc. J’ai connu les profs qui refusaient de donner des notes et ceux qui considéraient que faire ce qu’on veut était aussi respectable, sinon plus, que faire ce que le prof veut. J’ai connu des scories d’agitation politique, avec quelques stands dans le hall, et les panneaux d’affichage public saturés d’annonces de groupements internationalistes socialistes sans doute composés d’un seul membre chacun.
Je n’ai pas connu Vincennes4, mais j’en suis un produit indirect, je sais que mon existence serait extrêmement différente si je n’étais pas passé par Paris 8. Pour cette raison, et sans doute aussi par nostalgie pour une période dynamique et folklorique que je n’ai pas connue, je suis assez sensible à ce qu’on en dit à présent.
Michel-Onfray-UPC

Et ce que raconte Onfray dans son émission, ce n’est pas triste : après une introduction à la notion de « gauchisme culturel », il parle longuement de pédophilie (« consentante » et « sans violences »), qui fut effectivement considérée avec une indulgence aujourd’hui impensable par la presse de gauche de l’époque et partiellement défendue à coup de pétitions par des personnalités aussi importantes que Simone de Beauvoir, Bernard Kouchner, Louis Aragon, André Glucksman, Jean-Paul Sartre, Roland Barthes, Françoise Dolto, et bien d’autres. Parmi les défenseurs de la pédophilie s’en trouvait un qui était personnellement intéressé, René Schérer, philosophe (et accessoirement frère d’Éric Rohmer), qui enseignait à Paris 8, ce qui fait dire à Onfray : « à l’université de Vincennes, on enseignait la pédophilie ». Puisque cette question occupe un bon quart de l’exposé d’Onfray, on finirait par croire qu’on n’y enseignait rien d’autre, mais on apprend, plus loin, que Schérer s’opposait violemment à nombre de ses collègues, par exemple Jean-François Lyotard, et que ses propos effrayaient ses étudiants, lesquels se comptaient en fait sur les doigts d’une main.
La seconde cible d’Onfray est Foucault, dépeint ici comme un ambitieux, un opportuniste, qui a servi tous les pouvoirs dès lors que ceux-ci servaient sa carrière, qui avait une sexualité « problématique » et n’était pas un vrai gauchiste, la preuve étant que six ans après sa mort, son ancien assistant François Ewald a travaillé pour le Médef, tandis qu’un de ses amants en Pologne collaborait avec la police politique. Bref, un homme sans conviction dont l’œuvre n’a, nous dit toujours Onfray, pas grand intérêt. Avec un air entendu, il signale que Foucault, comme Schérer, portait un col roulé et un blouson de cuir. Tiens tiens, c’est louche. Onfray fait aussi remarquer que Foucault était contre la norme et trouvait très bien que les filles ressemblassent à des garçons et inversement, signalant au passage à l’auditoire de sa conférence que ça lui rappelle le contexte actuel. Il n’a pas peur de mettre le régime des mollahs sur le dos de Foucault, puisque ce dernier a soutenu l’ayatollah Khomeny en 1978 — un peu comme tout le monde, ceci dit : exilé alors que son pays était au mains d’une dictature, Khomeny passait pour une espèce de sage, voire un Gandhi persan. Au passage, Onfray affirme que l’Islam mène forcément à la théocratie, ce qui est, une fois de plus, une lecture à la fois anachronique et déterministe, qui acte sans états d’âme la confiscation des consciences musulmanes par l’Islam politique.
Onfray parle un peu d’antipsychiatrie, en en faisant une idéologie pour laquelle les fous sont sains et le reste du monde est fou, se gardant bien de parler des améliorations tangibles que ce mouvement a amené en refusant de faire de l’asile la réponse à tous les problèmes psychiatrique et en refusant la catégorisation de l’homosexualité comme pathologie — mais j’imagine que ce dernier point laisse froid Onfray, qui semble avoir un problème avec l’homosexualité.
Félix Guattari et Gilles Deleuze sont surtout cités comme traîtres à la gauche : ils ont soutenu Coluche (comme tout le monde) mais ont fêté l’élection de François Mitterrand le 10 mai 1981. Je ne sais pas si ce genre de révélation choc permettra à Onfray de revendiquer une importance comparable à celle de Deleuze dans l’histoire de la philosophie.
La mise en question des constructions sociales révolte Onfray, qui y voit la cause de la montée du Front National. Pour lui, la tradition du « gauchisme culturel », qui se cristallise à Vincennes et dont il ressent les effets délétères aujourd’hui encore s’intéresse trop aux marginaux et pas assez aux « normaux ». L’inventaire de ceux qu’il considère comme appartenant à la marge est intéressant : homosexuels, transsexuels, femmes, fous, immigrés.5
Je n’invente rien, Onfray nous explique que la norme doit être l’homme blanc hétérosexuel, et que ne pas donner suffisamment de place à cette norme, c’est faire du mal à la vraie gauche !
On croirait une blague, non ?

michel-onfray-5

Voici comment Onfray résume la chronologie de Vincennes : le pouvoir gaulliste a généreusement offert aux gauchistes une université de luxe (moquette épaisse, meubles design, lignes de transport expressément aménagées) et leur a donné une liberté pédagogique totale, histoire de voir s’ils seraient capables d’en faire quelque chose, mais, constatant que les enseignants étaient contre l’idée de notation, lui a retiré le droit à délivrer des diplômes puis, face aux excès en tous genres6, a fini par interrompre cette expérience de « subversion subventionnée » et démolir les bâtiments. L’autonomie, c’est le foutoir, fin de l’histoire7.
Le public de la deux-cent-cinquantième conférence de la Contre-histoire de la philosophie à l’Université populaire de Caen et les auditeurs de France Culture qui en ont écouté l’enregistrement hier ne conserveront pour la plupart, j’en ai peur, qu’une idée très parcellaire de l’héritage de Vincennes. Ils croiront sans doute que cette université n’existe plus (alors qu’elle a surtout déménagé) et ignoreront que c’est la première université à avoir eu un département de cinéma, la première université à avoir eu un département d’arts plastiques, de pratique de la musique, la première université à avoir eu un département d’informatique8, à s’être penchée sur l’Intelligence artificielle et sur la création artistique sur ordinateur9. Curieusement, c’est aussi l’université qui est à l’origine du système de validation par unités de valeur, qui à désormais cours dans toutes les autres.
Même si je n’ai cessé de voir Paris 8 se normaliser, au fil des années que j’y ai passé, et au fur et à mesure que les anciens partaient à la retraite, cela reste une université où les hiérarchies et les oppositions traditionnelles sont contestées : pratique/théorie, mandarins/assistants, enseignants/étudiants, étudiants/travailleurs, bacheliers/non-bacheliers.

Le réquisitoire fait par Onfray est malhonnête et augmente l’ignorance de l’auditeur tout en lui faisant croire qu’on l’instruit. Voilà bien le genre de pratiques qui étendent le domaine de l’imbécillité ambiante et — à mon tour de le dire —, font le lit du Front National.

  1. Lire (ou pas) Le Manifeste hédoniste, éd. Autrement 2011. []
  2. Je préfère mille fois un Alain Finkielkraut, tout aussi réactionnaire, qui au moins n’essaie pas de se faire passer pour autre chose et conserve une certaine honnêteté dans ses raisonnements et ses arguments. En tant qu’horloge arrêtée, il a l’utilité appréciable de donner l’heure juste deux fois par jour. []
  3. Dans son exposé, Onfray voit comme une énième « dérive » de Vincennes que l’on y considérait que tout peut être de l’art. []
  4. Mais j’y ai suivi quelques anciens, en pèlerinage, même si le mot leur déplaît.
    À voir, le site Vincennes 70’s, qui récapitule cette période. []
  5. Sur le script de la conférence, disponible en pdf, il est écrit :
    Lente descente des masses oubliées vers le désespoir
    • Des masses jamais prises en compte par le gauchisme culturel
    • Qui ne se soucie que des marges :
    L’homosexuel, le transsexuel, les femmes, l’immigré, l’hermaphrodite, le prisonnier, le criminel
    . []
  6. Onfray parle notamment d’une poubelle qui aurait été renversée sur la tête de Paul Ricœur… Je ne connais pas cette histoire, personnellement, et à ma connaissance, Ricœur enseignait à Nanterre. []
  7. Il y a beaucoup d’imprécisions ici, mais Vincennes a surtout pâti de la fin du bail du terrain qui abritait l’université, événement qui a permis à la ville de Paris de se débarrasser de cette université devenue énorme (plus de 30 000 étudiants, soit quatre fois plus que sa capacité d’accueil) et dont les locaux n’étaient pas entretenus et les abords, marqués par une ambiance assez sordide du fait du deal d’héroïne. De nombreux cours avaient lieu le soir, et il fallait marcher un temps certain dans les bois pour atteindre l’université ! []
  8. mise à jour du 6/6/2019 : cette affirmation de ma part est semble-t-il erronée, cf. commentaires. []
  9. Groupe art et informatique de Vincennes, puis département Arts et technologies de l’image, notamment. Arts, cinéma, musique ou informatique s’enseignaient dans des écoles spécialisées, mais pas à l’université. []

119 réflexions sur « Michel Onfray, philosophe de la normalité opprimée »

  1. Sylvette

    On peut reprocher sans doute bien des choses à Vincennes et aussi (surtout?) à Paris 8, mais (sans doute un côté Cyrano) je préfère que la critique vienne des gens qui y ont été ou qui y sont et pas de ceux qui en parlent sur un ton péremptoire sans y avoir mis les pieds. Onfray fait partie de l’école des philosophes à tignasse. Il confond manifestement le capillaire et l’épidermique. S’il avait un peu de couilles il viendrait dégoiser dans l’amphi X.

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  2. DM

    « la première université à avoir eu un département d’informatique »

    Je m’interroge sur cette affirmation. Il y avait par exemple à Grenoble de l’informatique dès les années 1950, sous l’impulsion de Jean Kuntzmann. Il est vrai que l’informatique était alors vue comme une annexe des mathématiques appliquées: un moyen technique de mener à bien les calculs que les physiciens et mathématiciens appliqués avaient conçus. Il est possible que Vincennes ait eu le premier département d’informatique qui ne soit pas subordonné, ou du moins associé, aux mathématiques…

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    1. Jean-no

      J’ai toujours lu que Paris 8 avait la primeur d’un département d’informatique, mais je ne l’ai jamais vérifié. Effectivement, j’imagine que d’autres universités ont eu des ordinateurs (à une époque où avoir un ordinateur signifiait quelque chose d’assez lourd, bien sûr) et enseigné l’informatique ne serait-ce que par la théorie (mon père, à Supélec début 1960s a eu un cours sur l’informatique, par exemple, purement théorique), mais dans les années 1950, j’imagine mal un département entièrement consacré au domaine. À vérifier, en tout cas.

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    2. Pierre Mounier-Kuhn

      « la première université à avoir eu un département d’informatique »
      Dans ce genre de domaine nouveau, chacun croit sincèrement avoir été « le premier ». Mais Vincennes en était loin ! Les premier départements d’informatique universitaires ont été fondés en 1963 à Paris et à Grenoble, en lien avec le CNRS, sous le nom d' »Instituts de Programmation ». L’informatique y était enseignée dès les années 1950, ainsi qu’à Toulouse et dès 1960 à Nancy et à Lille. L’informatique commençait alors à prendre son autonomie des mathématiques appliquées. En 1966 les premiers IUT se sont dotés rapidement d’un département d’informatique. La réforme universitaire de l’été 1968 a permis aux départements ou UER d’informatique de se détacher plus nettement des mathématiques. C’est alors qu’apparaissent les universités expérimentales de Vincennes et de Dauphine, comprenant chacune un département d’informatique. Ayant consacré quelques publications à ce sujet, je me permets d’apporter cette rectification à un article par ailleurs intéressant… et mordant !

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    1. morin

      Lucas, je ne partage pas votre avis sur Onfray , cet été j’ai lu ‘Cosmos’ et attendu de l’avoir fini pour lire l’article du ‘Diplo’. On peut être d’accord avec cet article qui n’est d’ailleurs , il me semble , pas complètement à charge contre le livre et son auteur. Pour moi , la seule proposition d’Onfray c »est comment devient on philosophe et globalement il s’en sort bien. Pour Paris 8, j’ai eu l’opportunité d y être inscrit sans le bac il y a 25 ans, j’ en ai des souvenirs extra-ordinaires . Vous voyez, j’aime Onfray, J’ai aimé loa fac à Saint Denis et je pense être de gauche. A l’occasion si vous avez l’occasion d’écouter ce que F Lordon pense de la gauche grecque et espagnole, de lire Balargeon ( j’espère ne pas écorcher son nom!).
      Quant à moi j’ écoutrai des que possible ses propos sur P8, je n’ai pas tout podcasté et le moment que j’ai entendu ne me semble pas être sujet à ces polémiques.
      Bien à Vous

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  3. Une parisienne

    Bonjour,
    Je voudrais juste apporter une petite contribution : j’ai écouté cette conférence diffusée lundi dernier. Je n’ai pas ressenti un « réquisitoire fait par Onfray » qui serait « malhonnête » et augmenterait « l’ignorance de l’auditeur tout en lui faisant croire qu’on l’instruit ». Au contraire, je ne suis personnellement pas marquée politiquement. Je vis en France, j’aime comprendre ce qui « fait » notre société française, notre culture, les courants, ce qui la compose. La contre-histoire proposée par Onfray n’est pas agressive. Elle est factuelle. Ce n’est pas lui qui juge. Il éclaire des faits réels selon une lumière qui n’est pas celle qui est habituellement utilisée. Cela dérange. Il me semble qu’il propose une présentation sans chercher à instrumentaliser l’auditoire qu’il laisse libre de réfléchir à partir de ce qu’il fournit. Si vous n’acceptez pas cette approche, c’est que (il me semble) vous sous-estimez la capacité d’un auditoire à réfléchir ensuite par lui-même. Pourquoi cette crainte? Le public n’apprend pas par cœur ce qui lui est « donné » par Onfray. C’est une conférence. Chacun peut poser une question sur place, s’il est sur place à Caen et s’il a déjà une analyse, sinon il rentre chez lui avec des idées nouvelles en tête qu’il peut s’approprier ou pas. Il n’y a pas d’instrumentalisation mais une proposition à « évaluer » les faits avec une lumière différente. Pourquoi ne pas accepter cet éclairage? C’est important de respecter l’auditoire. De croire en l’intelligence des individus au sens large. Tout le monde n’aura d’ailleurs pas le même entendement. Ce n’est pas à reprocher à Onfray. Pourquoi voudriez-vous que ça conduise « étendre le domaine de l’imbécillité ambiante » et « faire le lit du Front National »?… Franchement ? Personnellement, ce serait bien la dernière chose que je souhaite. Ce lit se fait mais certainement pas de la faute d’Onfray. C’est mon avis mais vous pouvez penser que je suis convertie à sa cause. Non, je suis libre, enfin je l’espère bien ! Ne trouvez-vous pas qu’il y aurait, à aller dans votre sens, une certaine façon à ne pas accepter la liberté d’expression, la liberté de penser?
    Pour finir, je précise que je ne suis pas à la retraite. J’ai d’ailleurs moins de 50 ans. J’ai étudié à l’université (pas en philo, ni à Caen) et je m’intéresse à ce qui m’entoure. Mais je n’ai pas une grande culture. J’aime l’information fournie de manière bienveillante et ouverte. J’aime l’idée de pouvoir faire confiance à l’intelligence de chacun, celle-ci n’étant pas uniquement le produit de ‘immense culture qui caractérise certains, dont vous êtes sans doute et dont Michel Onfray est également. On peut réfléchir à partir de nos yeux, nos oreilles sans devenir des adhérents politiques à l’un ou l’autre parti. Tout n’est pas affaire de politique politicienne et donc de conquête de pouvoir. Ou ne devrait pas l’être! Bonne journée…

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      @Une Parisienne : Onfray répond aux questions, à Caen ? Je me demandais s’il le faisait car il esquive généralement les débats, comme avec Michael Paraire, empêché de participer à un débat sur Camus, sous la pression d’Onfray, qui reprochait à l’autre de l’avoir traité d’imposteur. Sur Twitter, il n’a jamais répondu à personne, non plus.
      Je suis très pour la culture partagée, et je trouve vraiment bien que des philosophes aillent au devant d’un public profane. Je trouve légitime et utile aussi de s’en prendre aux vaches sacrées, même avec un peu de mauvaise foi. Mais ayant une petite connaissance des personnes et institutions dont il a parlé cette fois, je maintiens que son approche est malhonnêtement à charge, et qu’il fait passer pour des imbéciles suspects de tous les crimes un ensemble d’intellectuels dont l’apport à l’histoire de la philosophie est assez considérable.

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      1. Une parisienne

        Je ne suis allée voir Onfray à Caen que trois ou quatre fois. Il répond aux questions. Je dirais même que plus il est interrogé, questionné, discuté, PLUS il aime. Il aime le débat- à mon humble avis. Il se trouve que j’ai écouté sur France culture, la conférence d’aujourd’hui. Il évoque le mépris qu’ont eu à un moment les intellectuels pour la TV. Il souligne qu’en réalité ce n’est pas le média TV qui les gênait. C’était bien plutôt le débat qui les gênait ou le format de réaction rapide qu’un plateau TV peut engendrer. Comme je ne connais pas assez bien les intellectuels qu’il évoque, je ne peux pas dire si c’est juste ou non. Mais pour avoir lu Onfray, pour l’avoir écouté dans certaines conférences, débats, je peux être sûre d’une chose, il apprécie le débat. Il ne recule pas devant un débat d’idées, jamais. Je ne le connais pas personnellement. C’est donc ma conviction. Je fais le pari qu’il préfère débattre, quitte, éventuellement à se planter, que de monologuer. Son véritable problème, c’est son originalité, son jusqu’au-boutisme hors norme, singulier, étayé. On peut ne pas être d’accord avec lui (à mon avis, ce n’est as son souci). Il peut ne pas être d’accord avec celui/celle qui exprime un point de vue mais au moins il écoute, apporte une contribution et se soumet volontiers à la contradiction. Il ne censure pas. Il ne s’autocensure pas. Ce n’est déjà pas si mal. De fait, il est certain que celui/celle qui accepte le débat avec lui a intérêt à être assez solide. Mais attention Onfray n’est pas indéboulonnable. D’ailleurs il ne le prétend pas. Je dis tout ça comme je le crois. Ce n’est pas une vérité. C’est ma conception.
        A propos du débat avorté, refusé avec Michael Paraire, j’ai aperçu ça sur internet. On peut toujours faire une mayonnaise à partir d’un prétendu refus de débat mais c’était surtout une provocation de Paraire. Voire une imposture. Il ne faut pas non plus exagérer. Onfray supporte pas mal d’attaques, si ce n’est carrément des insultes, et il a un certain courage qu’on ne peut pas lui retirer. Même vous serez certainement d’accord. Je vais peut-être vous surprendre, mais je ne vous connais pas non plus (je vous l’avoue sans intention maligne). Juste en recherchant tout à l’heure, si vous aviez écrit autre chose sur Onfray, j’ai eu comme résultat, votre article de novembre 2010 dans lequel vous écrivez : « Peut-être doit-on féliciter ce dernier d’être allé à contre-courant de l’opinion générale, qui se montre jusqu’ici dégoulinante de bienveillance ». Reconnaissez que ce n’est pas entièrement faux… quelque fois dans les medias !.. Enfin, c’est comme ça mais le discernement c’est salutaire! Ce qui m’importe c’est donc de trouver des possibilités de remonter le courant. C’est ce que je trouve chez Michel Onfray. Et ça fait du bien. Ca me fait du bien si vous préférez !
        Donc pour en revenir aux débats, je suis convaincue qu’il n’en fuit aucun. C’est peut-être l’inverse qui se produit, …
        Je ne sais pas si mes propos peuvent vous avoir un peu convaincu. Sinon, bien sûr, la lecture de ces livres est intéressante si on n’en reste pas aux guéguerres littéraires portant sur les soi-disant des brûlots qu’il aurait écrits et qui n’en sont pas.
        Quand je pense qu’il pourrait couler des jours paisibles en écrivant des romans ;))
        Sourire.
        A bientôt!

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        1. Cheval

          Il est clair qu’Onfray s’agissant de Freud ou de Sartre par exemple , sélectionne les faits qui nourrissent ses détestations, les montent en épingle au détriment des apports de fond de ces penseurs, un peu comme le fait un valet de chambre d’un grand homme, et c’est ainsi qu’on passe à côté de l’essentiel : Rousseau abandonnait ses enfants ,est ce cela que l’on retient de ce qu’il nous a apporté ? Onfray est partial, partiel, partisan, il n’a pas fini de se dévoiler , comme Houellbeck(?)

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          1. Jean-no Auteur de l’article

            @Cheval : effectivement, pour Rousseau, ça me surprend toujours que les gens l’attaquent là dessus alors qu’il a fait une chose incroyablement moderne à l’époque : il en a parlé ! On n’a jamais mis autant d’enfants à l’assistance publique qu’à cette époque, ou on les envoyait grandir (et parfois mourir) chez des nourrices à la campagne, mais c’était un tabou social. Et Rousseau en a parlé, et ça, c’était nouveau.

    2. Wataya

      « La contre-histoire proposée par Onfray n’est pas agressive. Elle est factuelle. Ce n’est pas lui qui juge.  »

      Vous n’avez pas dû écouter attentivement. Il n’est pas besoin d’aller plus loin que la 7ème minute pour l’entendre agressivement attaquer le féministe actuel en prétendant qu’il n’aide pas, par exemple, les femme victime de viol conjugal. Alors que justement, ce sont les luttes féministes des 30 dernières années qui ont permis de faire enfin reconnaître et criminaliser par la loi le viol conjugal. « Laisser réfléchir l’auditoire » en déformants les faits, ce n’est pas le respecter

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      1. Jean-no Auteur de l’article

        @Wataya : oui, et j’ajouterais que faire semblant d’être objectif et factuel est même un procédé particulièrement déloyal ! Je remarque en discutant avec les gens qui défendent Onfray, à la lecture de cet article, qu’il y a, outre une difficulté à abandonner ses anciennes amours (si Onfray est la première personne à vous avoir bien parlé de Nietszche, vous lui en êtes reconnaissant, c’est naturel), une question de sensibilité : quand les pro-psychanalyse (que je ne suis absolument pas) me disaient que le livre d’Onfray sur Freud s’attaquait à la personnalité de Sigmund, à des détails biographiques, j’avoue que je m’en moquais un peu. Là, je comprends mieux !

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    3. bibliographe érotomane

      En tant qu’auditeur masochiste de ce moment grotesque, je tiens à apporter des nuances à votre propos.
      À propose de la notion de factuel : de quoi parlons-nous, exactement ? Les « faits » dont vous parlez, ce sont d’abord des anecdotes biographiques un peu scabreuses – Althusser l’assassin, Foucault la folle tordue -, des raccourcis, et une prise de liberté avec la rigueur scientifique qui frôle la correctionnelle.

      Ses procédés rhétoriques sont abjects. Quand Onfray égrenne la liste des luttes auxquelles s’associaient, souvent par plus par principe (politique, éthique, moral) que par conviction, certains des intellectuels de Vincennes, et qu’il bricole une énumération qui met sur le même plan « défense des immigrés », « des femmes battues par leur mari » (au passage, je crois qu’on pourrait essayer d’évaluer la condescendance qui est peut-être dans cette tournure-là), « des homosexuels en lutte » et « des hommes qui veulent faire l’amour avec des enfants », que croyez-vous donc que produit cet effet rhétorique, à part une équivalence entre anti-impérialisme, féminisme, luttes gaies et pédophilie ??
      Factuel, le pouvoir que se donne ce pédant à distribuer des bons et des mauvais points ? Le normal et le pathologique « intéressant mais pas transcendant » ? Et où sont-ils les arguments, pour avancer ça ? Je ne sais pas, peut-être que ne serait-ce que donner le squelette conceptuel de cet ouvrage « pas transcendant », qui a quand même contribué à métamorphoser la médecine et la pasychiatrie contemporaines ?

      Enfin, à l’écoute de l’émission suivante (ouais, en bon foucaldien, je ne crache pas sur une bonne séance de torture gratos, rhââââ lovely…), Onfray a démontré comme un nigaud son incompréhension fondamentale du travail de Foucault, parce qu’il faut quand même être un benêt (ou un menteur) pour prétendre que Foucault aurait passé les premières années de ses recherches à démolir le concept de sujet pour retourner sa veste ensuite. Au contraire, même. Foucault aura passé l’essentiel de sa vie à interroger cette notion, à la déconstruire pour en ausculter les conditions d’apparitions, les conditions d’existence, les modalités, etc. Et à reformuler, sans cesse, à mettre ce concept au contact d’autres concepts, le Sujet et le Pouvoir, le Sujet et l’Ethique, le Sujet et le Corps, l’Auteur et le Sujet, etc.

      Et je passe sur les âneries dites sur Mille Plateaux, hein. Normalement, dans la vraie vie des gens rigoureux, avec des méthodes et de la probité, quand on ne sait pas, on se tait. Et si on a envie de savoir, ben on fait le boulot sérieusement.

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    4. Rom

      Il dit des choses qui parfois (souvent en fait) s’apparentent à du mensonge, de la médisance. Avec lui les personnes sont toutes noires ou toutes blanches…Sartre et Simone ont pris le métro du temps de l’occupation…donc…c’est des Nazis….Et puis pensez-vous qu’on puisse lire tout Freud en quelques mois ? et dire des faits « bienveillants et ouverts » comme vous dites ? qu’on puisse dire des choses bien sur Vincennes et ses profs, ses étudiants ses personnes de service en pensant que c’est le gentil De Gaulle qui a créé Vincennes….et que tous les profs étaient des gens-foutres ? bref je vous épargne des tonnes et des tonnes de mensonges à sa gloire qu’il a pu sortir. Et puis Onfray on le laisse pas s’exprimer…le pôvre !

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  4. Pompougnac

    Qui est l’auteur de cet article? Il reproche à M. Onfray les attaques ad hominem, mais il commence son article à peu près sur le même mode: les universités populaires c’est pour un 3ème âge ensommeillé qui digère le journal de J.P. Pernault. Un peu fastoche non? Discréditons celui qui émet la critique et surtout son auditoire et le tour est joué. D’ailleurs les questions posées en fin d’émission sont sans intérêt et démontrent bien que ce dit auditoire ne peut entrer dans le débat sérieux: celui de la philosophie de ses bienfaits, de ses illustres promoteurs ceux de Vincennes puis de Paris 8. Mais dommage, les auditeurs de France Culture ont l’ouïe fine et font la part des choses entre quelques facilités oratoires que se permet de ci de là M. Onfray, et une critique en règle du structuralisme, en partant d’un corpus de textes que les auteurs de ces années là ne peuvent renier, même si certains d’entre eux ce sont éloignés de cette théorie. J’étais à l’université dans ces années là, et de la complexité du discours structuraliste j’ai pu faire l’expérience. Avoir un peu de recul sur cette période, sur ce qui a fondé notre pensée, notre action, nos engagements, et donc nécessairement nos erreurs, nos errements, voire nos égarements n’est pas une faute, mais bien au contraire ouvre un débat pour les générations futures qui ne soit pas basé sur l’anathème ou le travestissement de l’histoire des idées… l’histoire tout court.
    Je l’affirme et je signe, et aimerai connaître le nom du signataire de l’article initial, s’il a quelque courage intellectuel.
    D. POMPOUGANC

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      @Pompougnac : vous avez raison, le nom de l’auteur n’apparaît pas sur la page. Ce n’est pas par dissimulation ou manque de courage, c’est ainsi que le thème de blog utilisé affiche les choses, et à vrai dire je ne l’avais jamais remarqué jusqu’ici ! Mais rien n’est caché, ce blog contient plein de liens vers d’autres blogs du même auteur, à savoir moi-même, Jean-Noël Lafargue, enseignant en arts et auteur de dix fois moins de livres que Michel Onfray.
      Il est vrai que je me moque gentiment des universités populaires en introduction, mais ce n’est pas vraiment le cœur du propos, et je trouve le principe plutôt sympathique, de même que je trouve admirable qu’Onfray soit parvenu à faire sortir la philo de l’amphithéâtre. Notez que je ne suis pas philosophe moi-même et que je ne fais pas la promotion de la philosophie, je trouve juste indigne de laisser entendre que Vincennes n’a rien donné si ce n’est un prof pédophile ! Je ne dis pas ça pour défendre ma crèmerie, je dis ça parce que c’est faux, c’est tout.

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  5. Denys

    Quand on voit l’influence mondiale et toujours vive de ce qui est devenu la french theory, en particulier dans le monde anglophone via un détour par les cultural studies de l’université de Birmingham, on comprend que cela suscite quelques jalousies. ici, par exemple, et même si j’ai déjà fourni le lien : http://motorcyclestudies.org/volume-11-issue-1-spring-2015/deleuzian-motorcycle-towards-a-theory-of-motorcycles-and-the-other/
    Un détail, à ce propos : Lyotard, Deleuze, Popper ? Plutôt Foucault que Popper, non ?

    Par ailleurs, je ne sais pas si le département cinéma de Paris 8 a été le premier du genre : c’était peut-être le DERC de Paris 3, qui existait au minimum au milieu des années 1970. Ce qui est sûr en tout cas, c’est que Paris 8 avait la propriété unique d’être aussi une école de cinéma, avec du matériel cher (fin des années 1970 deux Eclair 16, deux Nagra III, de quoi reporter la bande son en 16 mm, des tables de montage. Plus tard, à partir de 1981 et grâce aux cadeaux du pouvoir socialiste, deux Aaton, et la fabuleuse Eclair 16 récupérée chez Raymond Depardon pour une bouchée de pain, ma préférée) Évidemment, il n’y avait pas un centime pour acheter de la pellicule, mais on se débrouillait.
    C’était ça, Vincennes : des trucs qui n’existaient dans aucune autre université, des enseignants plutôt précaires et qui ne venaient pas d’un cursus universitaire classique, et de la pratique : pas question, au département cinéma, de faire comme les autres, uniquement de l’histoire de l’art et de la théorie. Le grand marqueur, c’était la biographie : l’Ontologie du cinéma d’André Bazin, Hitchcock par Truffaut, et c’était tout. Et en tout cas, il semble sûr que trouver dans la même université un département informatique dur, qui existe toujours, voir avec @palpatine42, un département cinéma, et un département psychanalyse, ça devait pas être fréquent.

    Dernier point : tu es sans doute dans l’erreur quant aux raisons du transfert de Vincennes à Saint-Denis. A Vincennes, le bail était en effet précaire mais, sauf erreur de ma part, le terrain appartient à l’armée. Vincennes a surtout été victime de la vindicte d’Alice Saunier-Seité, ministre des universités du dernier gouvernement Raymond Barre. C’est elle qui se vantait d’y avoir fait inscrire un cheval qui aurait obtenu une licence, anecdote à laquelle je crois comprendre que Michel Onfray fait allusion.

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      @Denys : oui, Onfray fait allusion à cette histoire de cheval (dont j’ignore absolument la réalité), c’est le titre de la conf’.
      Pour cette histoire de bail, disons que ça a été l’occasion pour se débarrasser de Vincennes, mais il est certain qu’un peu de bonne volonté aurait suffi à régler la question.
      Note que le Popper que je mentionne est Frank Popper, l’inventeur de la discipline « arts plastiques », dont mes profs étaient les premiers étudiants. Je ne connais personne qui ait été proche de Foucault, en revanche – il faut dire que ce dernier n’a enseigné que quelques mois à Vincennes, avant d’intégrer le Collège de France.
      (et merci de ton témoignage)

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  6. Thierry

    « se gardant bien de parler des améliorations tangibles que ce mouvement a amené en refusant de faire de l’asile la réponse à tous les problèmes psychiatrique »
    Ca n’a rien à voir avec Onfray, mais aujourd’hui j’ai l’impression que c’est surtout utilisé par la sécu pour faire des économies en réduisant les lits et les infirmiers en psychiatrie.

    Et en ce qui concerne Freud, la question me semble-t-il (sans avoir lu le livre de Onfray faut pas pousser quand même), c’est est-ce que c’est un nouveau prophète comme le pensent ses thuriféraire ou un mec génial mais souffrant des préjugés des hommes appartenant à la bourgeoisie à son époque?
    En ce qui concerne les femmes, la réponse me semble évidente.

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      @Thierry : mais justement, sur Freud, Onfray passe apparemment (pas lu non plus) un temps considérable à démolir la personne, par sa vie privée, et ne fait pas vraiment de théorie qui apporte quoi que ce soit à ce que disent les détracteurs de la psychanalyse depuis des années (note : je suis moi-même critique vis à vis de la psychanalyse, que je juge a-scientifique, puisqu’elle repose sur l’autorité quasi religieuse du fondateur et de ses textes)

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  7. ramzi

    Il a commencé par un bouquin sur les goûts culinaires des philosophes, il se prend maintenant pour le chef étoilé. Camus était méchant, Sartre était méchant , Freud était méchant, heureusement qu’Onfray est arrivé, l’anecdtotiste……Quoi de commun entre ce fanfaron et Deleuze, misère de la philosophie

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  8. Alain Rousseau

    Merci pour cet excellent article. J‘ai écouté hier (mercredi 29 juillet) la conférence d’Onfray sur « la dématérialisation structuraliste », et j’ai été sidéré par la bassesse intellectuelle et morale de ce petit monsieur. À un moment donné, je n’ai pas pu en supporter davantage et j’ai changé de station : je suis tombé sur de l’accordéon musette et ça m’a fait un bien fou.

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  9. Marcel

    Je peux faire un semi-HS ? Boh, disons que oui et puis si c’est pas le cas, vous effacerez le message. 😉

    Je voudrais revenir sur la notion de « gauchisme culturel » et ce qu’en dit Onfray, notamment sur la montée du Front National.

    Je pense que, sur ce point, il a raison.

    Ça fait quelques années que la gauche, sous l’impulsion de la gauche américaine, fait ce que les américains appellent de « l’identity politics ». Ça fait un petit temps qu’on dirait que la gauche ne s’adresse plus qu’aux femmes et aux minorités au sens large. Et je pense qu’il a raison de dire que c’est une des grandes causes de la montée du Front National.

    Ce n’est pas que l’homme blanc hétérosexuel cisgenre soit plus mal lotti que la femme noire lesbienne transgenre, évidemment. C’est que la gauche ne s’adresse plus du tout au premier. Là où la gauche devrait proposer des solutions pour les noirs, les homos et les femmes aussi, il se met à proposer des solutions pour les noirs, les homos et les femmes seulement. Pire, l’homme blanc hétéro se retrouve vite accusé d’être un terrible oppresseur s’il a le mauvais goût de n’être pas suffisamment progressiste aux yeux de la gauche.

    Et le problème, c’est que l’homme blanc hétérosexuel et cisgenre, tout mieux lotti qu’il soit que son homologue noire homosexuelle transgenre, il n’est pas forcément à un stade de bien-être et de privilège suffisant pour ne plus avoir besoin de la gauche. Nous sommes en période de crise, des régions sont sinistrées depuis des décennies, des régions où l’on est souvent bien blond (je pense au Nord Pas de Calais), et où on en chie quand-même. Et la gauche a cessé de vouloir le représenter.

    Au motif que Dassault et Séguéla sont des hommes blancs hétéros, on a tendance à considérer que l’homme blanc hétéro a du pouvoir. Mais nombre d’hommes blancs hétéros sont aussi chômeurs ou précaires, endettés, sous-éduqués, sans capital social, exploités dans leurs quelques emplois précaires, bref malheureux, et tout blanc, mâle et hétéro qu’ils soient, Dassault, Séguéla ou Antoine De Caunes ne les représentent aucunement. Pas la même classe sociale, pas la même culture, pas le même monde. Le gouffre entre les deux populations est bien plus important qu’entre un blanc pauvre et un noir pauvre.

    Et le soucis c’est que ces gens là, la gauche n’a plus rien à leur proposer. Aujourd’hui, la gauche leur dis « désolé messieurs, mais vous n’êtes plus assez à plaindre, on préfère garder notre énergie pour ceux qui sont vraiment à plaindre : les femmes et les minorités. Merci de votre visite, veuillez refermer la porte derrière vous. Ah au fait : si vous êtes pas content de la réponse, EN PLUS ça fait de vous un raciste doublé d’un misogyne. Au revoir. »

    Ça ne peut pas passer. Parce que ces gens sont légitimement malheureux pour des tas de raisons et qu’ils ont BESOIN de politiques qui leurs promettent de s’intéresser à eux et d’améliorer leur quotidien. Et évidemment que le Front National, qui a flairé le bon filon, s’est empressé de récupérer ces malheureux dont la gauche ne veut plus, en bons opportunistes qu’ils sont. Somme toute c’est dans l’ADN de l’extrême droite.

    Aux États-Unis on viens de voir la même chose, au travers d’un domaine un peu inattendu : le jeu vidéo. Ça a pris le nom de « Gamergate » – ah les américains et leurs gates… Pour la faire courte : à la suite d’un N-ème drama à la con sur internet (une histoire d’accusation de coucheries contre une couverture favorable d’un jeu dans la presse spécialisée), la presse vidéoludique américaine, très ancrée gauche culturelle justement, s’est mise à accuser le milieu gamer d’être une bande de réacs’ misogynes doublés d’une bande d’enfants gâtés. Ceux-ci en ont été indignés, parce que le milieu gamer s’est au contraire toujours considéré comme de gauche, progressiste… c’est un milieu traditionnellement ouvert aux droits des homos, antiraciste etc. – même si c’est vrai que c’est un milieu excessivement masculin qui sent un peu la chambre d’ado mâle qui se néglige…
    S’en est suivi une escalade des accusations et une fâcherie générale… que la droite et l’extrême droite américaine se sont empressés de récupérer ! Les gamers, boudés voire bannis par leur propre famille politique, sont allés se réfugier dans les bras des libertariens républicains qui les ont accueilli à bras ouverts, certains white supremacists essayant même de tirer leur épingle du jeu.

    Je pense qu’on assiste réellement à la même chose en France avec la gauche culturelle. Je pense qu’Onfray a raison là-dessus. Je pense qu’en se concentrant quasi-exclusivement sur les minorités, les communautés et les questions de genre, la gauche a abandonné des populations qui ont toujours besoin d’elle parce qu’ils ne sont pas si bien lotis qu’il n’y paraît, et qu’au contraire même, la gauche est désormais devenue leur principal tourmenteur, en affichant vis-à-vis d’eux un mépris qui confine d’ailleurs parfois au mépris de classe (« ha ces andouilles de beaufs sexistes, ils ont jamais fait de sociologie et ils parlent, qu’ils sont pitoyables… » – ben oui ils ont pas fait de sociologie parce qu’ils se sont arrêtés au CAP, ces gosses de pauvres issus de régions sinistrées) et une floppée d’injure permanente (« racistes », « sexistes », « misogynes », « réacs »…).

    Et je pense que parce que ces gens ont toujours besoin de politiques qui les aide et leur promette des lendemains meilleurs, et parce que la gauche les a totalement abandonné à ce sort, ils se sont jetés dans les bras du parti qui s’est fait une joie de les accueillir, le Front National. Par pure opportunisme et avec la ferme intention de les trahir à la première occasion, entendons-nous bien. Je ne crois pas un seul instant que le Front National puisse apporter une réponse à leurs préoccupations. Mais eux le croient. Parce que de toute façon ils n’ont plus que ça, maintenant qu’ils ont plus la gauche. Et que les temps sont durs.

    Sur ce point précis, je rejoint Onfray. Sur le reste… moins. Ça reste un type de très mauvaise foi (je me rappelle d’un article de lui sur la supposée « théorie du genre » – du grand n’importe quoi), et à mon sens sans doute plus un polémiste qu’un philosophe. Pour moi, c’est plus un Zemmour de gauche qu’un Nietzsche français. Par contre je pense que c’est plus à mettre en lien avec son statut de philosophe « télé » qu’avec son université populaire. Il a adopté cet exercice télévisuel de la démonstration à la serpe, « telle idée est associée à tel type qui était pote avec un connard, ergo c’est une mauvaise idée ».

    Enfin moi c’que j’en dis…

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    1. hebe1983

      Alors oui mais non.

      Concernant le GamerGate, d’abord. Déjà, je ne vois pas ce qui permet de dire que le milieu vidéoludique était « traditionnellement ouvert aux droits des homos, antiraciste etc. » Je n’ai jamais vu de topics pour les droits des homos ou antiracistes sur les forums consacrés aux jeux vidéos. J’ai toujours connu les gamers comme se voulant « apolitiques », notamment parce qu’ils ont subi des attaques très dures de la part des politiques dans les années 80 et 90. Comme souvent, cet apolitisme revendiqué était en réalité un conservatisme mou : « on est entre mecs, on joue, on parle pas politique et on va pas commencer à se prendre la tête avec le respect des homosexuels, des femmes, des racialisés… de toute façon, ces gens ne sont pas des gamers ». Et ce conservatisme était largement entretenu par l’industrie qui prenait soin de ne pas contrarier ce qu’elle pensait être son public de base : d’où des salons du jeu vidéo encore plus beauf qu’un salon de l’auto, le harcèlement largement toléré des gameuses, des jeux designés pour plaire à l’ado pubère attardé au point que ça en devenait génant, etc.

      Ce qu’il s’est passé, c’est que suite à l’affaire Zoe Quinn, une partie de la presse vidéoludique a décidé d’appeler un chat un chat et de dire que l’identité de gamer est une identité toxique et intolérante. Les gamers ont alors réagi de la même façon qu’ils avaient réagi aux attaques par le passé (attaques qui étaient alors plutôt en provenance de la droite et de l’extrême droite) : ils ont contre-attaqué… et ce d’autant plus violemment que ces attaques provenaient du milieu vidéoludique. Je ne vais pas continuer sur ce qu’est devenu le GamerGate par la suite (comme vous le pointez un mouvement complètement récupéré par l’extrême droite, il suffit de voir d’où vient le vocabulaire qu’ils emploient), les excellents articles de Shane Fenton l’évoquent très bien.

      Concernant l’homme blanc hétérosexuel et cisgenre qui serait délaissé par la gauche, la question est complexe et il n’est pas question de nier la souffrance et la frustration d’un homme blanc hétérosexuel et cisgenre au RSA ou qui se retrouve sous-payé avec un boulot de merde. Néanmoins, l’impression que j’ai, c’est que les hommes blancs hétérosexuels et cisgenres qui se rapprochent du FN parce qu’ils trouvent qu’ils n’y en a plus que pour les femmes, les homosexuels et les étrangers ressemblent un peu à des enfants gâtés qui font un caprice dès qu’on essaie de s’occuper de leur petite soeur.

      Quand je lis « Là où la gauche devrait proposer des solutions pour les noirs, les homos et les femmes aussi, il se met à proposer des solutions pour les noirs, les homos et les femmes seulement. », je pense à un texte lu récemment sur reddit où un internaute réagissait au slogan du mouvement afro-américain « Black lifes matter » (les vies noirs sont importantes) en disant que le slogan devrait être « les vies noirs sont importantes aussi ». Un autre internaute lui répondait en disant que la situation était similaire à un repas de famille où un des enfants a une part plus petite que les autres. Il dit alors qu’il veut une part égale aux autres. On lui répond que « tout le monde veut une part égale aux autres »… et il ne se passe rien de plus. Parce que tout le monde est d’accord pour dire que l’égalité est un bon principe. Mais c’est un principe très facile à déclarer quand on bénéficie de certains privilèges mais très difficile à obtenir quand on ne bénéficie pas de ces privilèges.

      Cela dit, je suis bien conscient que la situation est un peu plus complexe que cela et qu’il est outrancier de parler d’enfants gâtés. Mais il me semble que dans l’idée, le problème est là : comment convaincre des électeurs que leurs problèmes ne sont pas forcément les seuls à traiter. Dans l’idéal, il faudrait faire converger les luttes féministes, antiracistes, LGBT et prolétaires… ce qui nécessite d’intégrer des représentants de ces luttes dans les syndicats et les partis politiques pour pouvoir construire des stratégies plus globales. Mais là encore, les résistances sont féroces.

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  10. Livchine

    Onfray déboulonne les statues à partir de petites anecdotes. J’aime bien apprendre que tout ce qui est sanctifié ne le mérite jamais complètement. Il n’y a guère que Camus qui reste pour lui un saint absolu.
    Onfray n’ a pas peur de se faire détester par toute la gente philosophique et même au delà. Quand il dit : Valls est un crétin. C’est simple et définitif. On s’ennuie tellement dans les journaux qui ne disent quasiment plus rien, qu’on a besoin de ce genre de personnages. Moi je fais pareil avec les grands du théâtre d’aujourd’hui, Py et cie. J’ai sur chacun des histoires qui les rapetissent.

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  11. JC

    bonjour,
    Je m’attendais à une saine critique… c’est manqué.
    Vous êtes aussi de mauvaise foi en sélectionnant des morceaux de phrase sortis de leur contexte.
    JC

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      @JC : il me semble au contraire que je contextualise pas mal ! En fait, je ne cite pas tellement, je résume et j’interprète, ce qui est bien plus honnête (car attaquable) que la citation tronquée.
      Dites-moi donc ce qu’est une saine critique, dans votre idée, ça m’intéresse.

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  12. Asphan

    Le problème avec Onfray, c’est que sa pensée est si indigente et si pétrie de mauvaise foi (il n’y a qu’à écouter sa Contre histoire de la philosophie diffusée sur France Culture) que personne n’a le coeur d’engager un véritable débat avec lui. Son projet de déboulonner certains monuments et figures de la philosophie traduit avant tout l’intention de n’y rien comprendre.
    Par exemple, sa critique de Kant, de Sartre, de Freud, de Heidegger, de Deleuze, etc. se résume à un étiquetage niant toute leur pensée, et fondé sur une logique binaire invraisemblablement grossière (pulsion de vie / pulsion de mort, etc). Il faut évidemment critiquer ces auteurs, mais au moins en tâchant de se mettre au niveau de leur pensée.

    En ce qui me concerne, je trouve un certain mérite involontaire à Onfray : quand il cite un auteur (même quand il a pris soin de sélectionner une déclaration compromettante), il n’y a pas photo : la citation est toujours plus intéressante, plus stimulante que le commentaire qui l’accompagne ; et le contraste est souvent saisissant entre une pensée exigeante, par conséquent exposée aux contradictions (celle du philosophe cité), et les lieux communs que brasse Onfray.
    Par exemple, écoutez son réquisitoire contre le structuralisme (récente diffusion sur FC) : construit à partir de l’opuscule de Deleuze (« A quoi reconnaît-on le structuralisme? »), il est une preuve à lui tout seul de la nullité d’Onfray (nullité car Onfray ne pense strictement rien : il se borne à répéter que la présentation de Deleuze, pourtant si lumineuse, ne veut rien dire).

    A la lecture et à l’audition d’Onfray, une chose est sûre : il sert admirablement les auteurs qu’il prétend flétrir. Parfois, je soupçonne la direction de France Culture d’en être parfaitement consciente…

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  13. Kim

    Je pense qu’Onfray a fait quelque chose d’essentiel : le populisme en philosophie. Sa finkielkrautisation récente (ou pas si récente, Onfray est plein de duplicité) masque le fait qu’il opère de façon opposée à celle de Finkielkraut.
    Ce dernier est toujours adversarial et se pose au-dessus du débat (il représente la Culture, Hannah Arendt-Milan Kundera blabla), une sorte de caricature grandguignolesque de l’intellectuel viennois des années 1930 (la Grande Conscience à la Thomas Mann), et au final surcompense ses nombreuses déficiences intellectuelles en surjouant la complexité de la pensée (alors qu’il répète exactement toujours la même chose).
    Onfray lui est TOUJOURS dans le clin d’oeil complice avec l’auditoire (écoutez les rires odieux du public – odieux lui aussi à n’en pas douter – dans ses conférences de l’UPC sur France Culture), à qui il récite le texte de Deleuze sans leur donner AUCUNE clé pour essayer de l’aborder ou de le comprendre, se moquant des formulations – complexe il est vrai – de Deleuze – il aborde la philosophie de l’extérieur, ce qui serait compréhensible s’il se définissait comme polémiste, mais plus problématique si on prétend enseigner la philosophie. La suprême ironie est sa posture de « moi je sais lire les textes, je ne suis pas comme ces autres imposteurs », alors qu’il ne fait toujours que survoler les textes qu’il présente (exactement comme BHL, ce sont les deux faces d’une même pièce, comme le montrait l’article dans la revue Le Crieur de Mediapart). Regardez les bibliographies qu’il donne à la fin : ce sont toujours soit des biographies, soit les textes les plus bêtes des auteurs qu’il étudie (entretiens vidéo ou écrits), etc. Le pompon est sa leçon introductive sur la « dialectique de mai 68 » (en passant il dit que faire l’histoire dialectique de mai 68 c’est faire de l’anti-hégélianisme, HUM) : la bibliographie est quasiment entièrement faite de livres et articles de Jean-Pierre Le Goff, intellectuel sans intérêt, les autres cités ne sont pas Kristin Ross mais Bérénice Levet (publiée chez Grasset comme lui – et BHL).
    Je pense que le point de comparaison utile serait Bourdieu, qui lui aussi mettait beaucoup d’importance sur le fait qu’il venait d’un milieu populaire, qui lui aussi a été accusé d’anti-intellectualisme : il comprenait que parler du champ intellectuel dans une position extérieure n’est pas intéressant si on n’utilise que la dérision, mais beaucoup plus productif si on fait concrètement son TRAVAIL d’intellectuel. Onfray ne fait aucun travail, il ne sait pas lire, et cela chagrine de penser que le seul accès aux textes de Deleuze, Foucault ou Butler que le public de l’UPC aura est par l’intermédiaire de commentaires même pas dignes d’une recension journalistique. L’Université Populaire de Caen me semble faire plus de mal que de bien à la pensée (et elle est subventionnée elle aussi, comme Paris 8 – alors que selon lui on ne peut pas être un vrai « rebelle » avec l’argent de l’Etat), et c’est assez drôle qu’il se moque du Collège de France, institution populaire elle aussi, mais pour qui « populaire » ne signifie pas « pour crétins ».
    Comment en est-on arrivé là ? Des cours bondés de Deleuze à Vincennes aux amphis bondés d’Onfray à Caen, délivrant des cours plus proches des vidéos YouTube d’Alain Soral (pas sur le contenu mais sur la tendance à généraliser, à ne jamais parler d’idées mais à seulement utiliser l’attaque ad hominem, la généralisation, à penser par gros groupes – LE structuralisme, etc.) que d’un vrai travail collectif ? Et c’est diffusé sur France Culture, CA ? Quelqu’un pour qui le « meilleur de Gilles Deleuze » est l’abécédaire ? J’ai déjà trop perdu de temps sur lui, mais c’est un désastre…

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  14. Asphan

    @kim
    Je vous suis dans votre idée qu’Onfray refuse de penser en philosophe, à une réserve d’importance susceptible de déplaire : souvent en désaccord avec Finkielkraut, je l’estime infiniment plus qu’Onfray, d’une part parce qu’il aborde les philosophes en s’efforçant de prendre leur pensée au sérieux (avec une vraie volonté de les comprendre, ce que ne fait pas Onfray), d’autre part part parce que je le crois intègre. Malheureusement, incapable de se contenir, il se laisse parfois aller à des déclarations très au-dessous du niveau où il voudrait placer sa pensée, et il est captif, comme beaucoup de nos intellectuels « néoréactionnaires » (appellation délicate que je préfère placer entre guillemets) de fixations obsessionnelles livrant la pensée à l’imaginaire et à ses ressassements.

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    1. Kim

      Il est plus honnête j’en conviens. Mais il reste que son corpus est le même depuis le milieu des années 80 (un article de Kundera dans le Nouvel Obs (un Occident kidnappé) ; quelques pages soigneusement sélectionnées de la Condition de l’homme moderne d’Hannah Arendt ; quelques pages soigneusement sélectionnées du Premier Homme et de l’Homme Révolté de Camus ; quelques citations d’Orwell ; quelques citations de Chesterton ; ce n’est pas exhaustif mais ce sont les principaux) auquel on ajoute les réguliers rapports d’Etat islamophobes qui s’écrivent depuis 2003 et l’interdiction du voile et l’oeuvre complète du nouveau Lévi-Strauss qu’est Christophe Guilluy. Son émission sur France Culture est infiniment plus plaisante que les cours d’Onfray mais il reste qu’il répète TOUJOURS la même chose : c’est un discours pré-packagé, on le lance sur n’importe lequel de ses sujets favoris (l’immigration, l’islam, le féminisme, le genre, etc) et on sait exactement ce qu’il va dire, la référence qu’il va sortir, etc. Au moins il est cohérent, mais sa pensée est tout de même très pauvre.

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      1. Asphan

        Oui, la pensée de Finkie est pauvre ; il faut lire ses livres pour s’en convaincre, qui n’apportent rien à sa pensée en terme d’élaboration ou d’approfondissement ; par ailleurs une pensée obnubilée par des fantasmes sur l’école, sur l’état de la société française… D’où les inévitables couplets sur le « désastre » qu’il place dans son émission.
        Mais pourriez-vous expliquer votre remarque : Guilluy, le « nouveau Lévi-Strauss »? Serait-ce en raison des déclarations anti-modernes de L-S (déplorant l’acculturation mondiale par ex) ou de sa méthode, jugée peu fiable par certains?

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        1. Asphan

          Par ailleurs, autre sujet d’interrogation : « les réguliers rapports d’Etat islamophobes »? … je ne cherche pas la polémique (je suis loin d’avoir les certitudes requises), juste un éclaircissement, éventuellement des références.

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        2. Lucas

          Je pense que « le nouveau Lévi-Strauss » était une remarque ironique, enfin j’espère.
          Je relis en ce moment Lévi-Strauss et c’était quand même infiniment brillant et visionnaire à maints points de vue.
          Malheureusement, on ne peut qu’employer le terme de désastre quand on se rend compte que nos philosophes-stars étaient des génies jusqu’à il y a peu et que maintenant ce sont des benêts. Finkielkraut et Onfray nous rendent aussi aigris qu’eux, à cause d’eux. Quelle époque opaque, comme dirait l’autre…

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          1. Kim

            Oui, le nouveau Lévi-Strauss c’est ironique : je voulais pointer le fait que ses sources ne sont jamais scientifiques mais toujours purement idéologiques… Pour les rapports d’Etat islamophobe je veux dire rapport Stasi (sur le voile), rapport Obin (sur l’enseignement dans les quartiers populaires) qu’il cite à tout bout de champ et dont les méthodes sont très contestables (la commission Stasi n’a pas interrogé UNE SEULE femme voilée ; rapport Obin qui s’avoue lui-même pas représentatif).

  15. BlackSun

    Je conçois que l’auteur de l’article ait une autre conception de la vie que celle qui consiste à tenter de vivre en cohérence avec ses idées déclarées et principes défendus.
    Personnellement, et comme Onfray, cela me semble le minimum – et ceci explique en partie notamment ce que certains appellent » l’anecdotisme », dont ils l’accusent, pourquoi certains considèrent qu’il ne sait pas lire, pourquoi certains prennent simplicité et clareté pour du simplisme.
    Onfray n’est pas parfait. Mais le critiquer en utilisant ce dont on l’accuse l’est encore moins.
    Pour moi cette incohérence disqualifie le reste du discours, et les critiques pertinentes et rapports d’expérience que vous pouvez faire en deviennent … anecdotiques.

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      @BlackSun : d’innombrables scientifiques étaient des personnes imbuvables. Est-ce que ça signifie qu’il faut jeter leurs découvertes ? En religion, évidemment, si on donne des conseils généraux d’existence sans les suivre, on passe pour un faussaire. Mais en philosophie ? Et puis une vie, c’est long, on passe son temps à trahir, amender ses principes, à mentir, à se mentir,… Rousseau, qu’Onfray n’aime pas trop, je crois, a assez bien montré ce qu’était un homme dans toute son incohérence. On ne peut pas décider de sa vie à l’avance, on est confronté à des expériences diverses mais on ne vit qu’une fois, on fait ce qu’on peut. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faille pas avoir de principes, mais ça semble facile et ça ne l’est pas tant que ça.
      Je vous conseille mon article suivant, j’y fais effectivement du Onfray, puisque je me penche sur la biographie du bonhomme.
      La position qui consiste à dire « j’ai identifié tel truc qui ne me semble pas cohérent donc je me mets des œillères pour tout le reste mais je commente quand même » me semble un peu pleutre !

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      1. Kim

        Sutout quand l’illusion biographique est non seulement rétrospective mais prospective : je l’ai vu disqualifier Kant car Eichmann le citait, et récemment il nous prouvait que Foucault était un affreux ultralibéral en dénichant l’information (que l’on trouve dans toutes les biographies de Foucault, même les plus sympathiques) que François Ewald, qui a été son assistant au Collège de France, était devenu conseiller du MEDEF plus de dix ans après la mort du philosophe ! Il y aurait beaucoup à dire sur les rapports de Foucault au néolibéralisme (qui n’était pas encore une idéologie d’Etat en 1978, l’année de son cours sur la biopolitique où il commente les idées néolibérales – Thatcher est arrivé au pouvoir en mai 1979 et Reagan en novembre 1980) mais les commentaires intéressants se trouveront chez De Lamaserie, chez Dardot & Laval, chez Serge Audier, plutôt que chez Onfray…

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          1. Taggle

            Un peu facile cette dérobade du style « on a le droit de se tromper » « la pensée philosophique n’est pas incarnée », « je suis pas coupable » etc. On est en droit de réclamer le droit d’inventaire pour chaque philosophe, surtout ceux qui ont donné des leçons de morale à la terre entière, ou ont prétendu avoir la clef pour ouvrir le paradis de la fin de l’histoire.

            « Et puis une vie, c’est long, on passe son temps à trahir, amender ses principes, à mentir, à se mentir […] mais on ne vit qu’une fois, on fait ce qu’on peut. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faille pas avoir de principes, mais ça semble facile et ça ne l’est pas tant que ça. »

            Pas vraiment d’accord, beaucoup de philosophes et même pas forcément ceux que j’apprécie, ont su être en accord avec eux-mêmes et incarner leur pensée. Pascal méprisait les hommes, il les a fuis pour aller se planquer à Port-Royal. Socrate s’est suicidé alors même qu’il aurait pu échapper à sa condamnation. Sade était le roi des salauds, il a vécu en salaud etc. etc.

            Simplement dire la vérité, rien que la vérité, sur Sartre, Freud ou Foucault. Ça vous fait peut-être mal, mais elle dit bien des choses la vérité. La biographie parle souvent mieux que l’hagiographie.

          2. Jean-no Auteur de l’article

            @Taggle : Pour incarner sa pensée du début à la fin de sa vie, il faut s’être arrêté de penser ou de vivre tôt, ou bien être doué pour réécrire sa vie à la lumière de ses idées 🙂
            Après, un tempérament éclaire parfois une œuvre : savoir que Vélasquez a abandonné la peinture pour les honneurs et Vermeer pour l’argent sont des faits intrigants, décevants, mais les tableaux sont-ils pour autant laids ?
            La biographie est un éclairage, donc, mais ne résume pas une œuvre. Je pense qu’Onfray brasse beaucoup trop large, il essaie d’être partout, mais Foucault ou Deleuze, ce sont de sacrés morceaux, quand même, il est périlleux d’essayer de les résumer. Et moi qui déteste la psychanalyse, je trouve qu’il y a beaucoup plus à dire sur les problèmes que pose cette discipline aux franges entre science, dogme et pratique, que de casser du sucre sur sa figure fondatrice.

      2. Kim

        @BlackSun : Quelle vérité sur Foucault ? Qu’il était homosexuel et aimait le « sexe violent » et avait une « sexualité problématique » (dixit Onfray) ? Qu’il a siégé une fois dans une commission d’un gouvernement gaulliste sur la réforme de l’emploi ? Qu’il a eu un ami en Pologne dans les années 1950 qui travaillait pour la police politique ? A moins d’être homophobe (ce qu’Onfray est, de façon même pas latente, même s’il le nie) ou de ne rien comprendre à la façon dont le système universitaire marche, il n’y a strictement rien à apprendre ici. Toutes ces informations se trouvent dans les biographies de Foucault (il y a même des interviews de Foucault sur ses pratiques SM, et le livre d’Hervé Guibert), mais elles sont quand même relativement sans intérêt. Qu’un philosophe universitaire ait une carrière et cherche des postes qui sont à la hauteur de son talent n’est pas un vice, c’est comme ça que le système marche : un meilleur poste permet d’avoir plus de contrôle sur son enseignement, des facilités de recherche, etc. Que Deleuze soit allé à la cérémonie du Panthéon de Mitterrand, pareil : l’espoir que les intellectuels de gauche avaient en 1981 était réel, mais Deleuze ne se privera pas d’écrire des textes critiques sur le gouvernement par la suite. Donc sortir des informations décontextualisées, sans intérêt (Guattari a eu une correspondance avec Jack Lang car il voulait travailler sur des projets : c’est le cas de BEAUCOUP d’intellectuels ! mais il suffit de lire ses « Années d’hiver » pour voir qu’il n’était pas mitterandolâtre, et sa relation avec Jack Lang sera stoppée assez vite, Guattari voyant que cela ne mène nulle part) et faire comme si cela impactait l’oeuvre, c’est nuisible. Les gens vivent, respirent, doivent gagner leur vie, ont envie de faire des projets, ont des relations stratégiques afin d’arriver à faire ce qu’ils ont envie de faire (comme Onfray et Franz-Olivier Giesbert) : Onfray mieux que personne devrait savoir que pour faire ce que l’on a envie de faire il faut bien être dans le système, au moins un minimum.

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        1. Taggle

          Non. Mais savoir que Foucault a été un néolibéral de gauche, qu’il a soutenu le régime des mollah (un visionnaire quoi), qu’il trouvait que les massacres de Septembre était un modèle de « justice populaire », et qu’il a été du côté des staliniens dans l’affaire de Bruay-en-Artois permet déjà de situer les engagements concrets du bonhomme. Peu importe la qualité d’une oeuvre ou son importance.
          Quant à l’accusation d’homophobie latente et non avouée, ce genre de procès d’intention ça me rappelle les zeures les plus sombres de notre histoire.

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          1. Kim

            @Taggle : Soutenu le régime des mollahs ? Non, il a écrit des reportages en Iran en 1979, au moment où cela se produisait, et a été enthousiaste (comme tout mouvement révolutionnaire, le juger a posteriori est assez arrogant : l’Iran se débarrassait d’un régime fasciste soutenu par les pays occidentaux). De plus, s’il a pu faire erreur, c’est justement dans la naïveté de croire que les mollahs n’arriveraient jamais au pouvoir, que Khomeini n’était qu’un point de fixation :
            « De là le rôle de de ce personnage presque mythique qu’est Khomeyni. Aucun chef d’Etat, aucun leader politique, même appuyé sur tous les médias de son pays, peut aujourd’hui se vanter d’être l’objet d’un attachement aussi personnel et aussi intense. Ce lien tient sans doute à trois choses : Khomeyni n’est pas là : depuis quinze ans, il vit dans un exil dont lui-même ne veut revenir qu’une fois le chah parti ; Khomeyni ne dit rien, rien d’autre que non – au chah, au régime, à la dépendance ; enfin Khomeyni n’est pas un homme politiquex : il n’y aura pas de parti de Khomeyni, il n’y aura pas de gouvernement Khomeyni. Khomeyni est le point de fixation d’une volonté collective. Que cherche donc cet entêtement que rien ne vient distraire ? La fin d’une dépendance où, derrière les Américains, on reconnaît un consensus international et un certain « état du monde » ? La fin d’une dépendance dont la dictature est l’instrument direct, mais dont les jeux de la politique pourraient bien être les relais indirects ? Il ne s’agit pas d’un soulèvement spontané auquel manque une organisation politique ; c’est un mouvement pour se dégager à la fois de la domination par l’extérieur et de la politique à l’intérieur. » (Corriere della serra, 26 novembre 1978).
            Ce serait comme dire que penser que la révolution de 1917 a été un des grands (et beaux) événements du siècle reviendrait à soutenir Staline et le goulag. En faire l’ancêtre de l’islamo-gauchisme (tout en en faisant en même temps un affreux néolibéral), concept déjà purement réactionnaire, c’est un peu fort. Une autre citation à ce sujet : « Le problème de l’islam comme force politique est un problème essentiel pour notre époque et pour les années qui vont venir. La première condition pour l’aborder avec tant soit peu d’intelligence, c’est de ne pas commencer par y mettre de la haine. »
            Néolibéral de gauche, comme je l’ai dit ailleurs, est un grand débat, mais Foucault n’ « était » pas juste néolibéral : il a produit toute une année de cours là-dessus (ce n’était pas caché), où il discute les thèses néolibérales : Onfray le présente comme un fait, alors que commenter ces cours serait infiniment plus intéressant.
            Les « staliniens » et Bruay-en-Artois n’a aucun sens : c’était les maoïstes de la Gauche Prolétarienne qui menaient le mouvement, et sur cette affaire comme sur d’autres, il faisait son travail avant tout (sans jamais même citer l’affaire Bruay-en-Artois dans l’article, il n’a jamais publié son opinion dessus) : faire l’histoire de la justice populaire, voir comment le dispositif de pouvoir de la forme-tribunal vient capturer la justice populaire, comment la bourgeoisie recadre le processus judiciaire, etc (« Sur la justice populaire. Débat avec les maos », 1972, dans les « Dits et écrits »). Comme disait Bourdieu, on ne peut pas faire l’histoire d’un intellectuel sans voir les états successifs du champ intellectuel du temps dans lequel il était pris : en 1972, l’inflation rhétorique « révolutionnaire » a poussé beaucoup de gens à parler à tort et à travers.
            Ceci dit, Foucault n’était pas un intellectuel qui avait simplement des « opinions » (comme Onfray a des opinions), ce n’était pas un idéologue : même dans ses textes les plus militants, comme celui sur la justice populaire, il parle du Moyen-Âge, de la différence entre la Révolution et la Terreur, etc. N’en retenir que l’écume des « opinions » n’est pas très intéressant : Foucault n’ « aime » pas les massacres de Septembre, il décrit son rapport avec les manoeuvres de l’élite bourgeoise. A-t-il tort ou raison dans son analyse ? Il faudrait voir, à condition que le débat soit historique, et pas simplement polémique (tu soutiens la justice populaire/non tu soutiens la justice bourgeoise).
            Quant à ses « engagements concrets », il y a la GIP (Groupe d’Information sur les Prisons), extrêmement important ; le soutien à Solidarnosc en Pologne (pas mal pour un staliniste quand même !), l ‘influence décisive qu’il a eu sur Badinter pour abolir la peine de mort (pas mal pour un amateur des massacres de Septembre !), engagement antiraciste et antihomophobe dans les années 70 (alors que les mouvements maos étaient profondément homophobes), etc.
            Comme tout le monde, Foucault avait sans doute des préjugés qui le limitaient et il avait des oeillères (ce sont même les conditions pour faire un bon travail : une capacité à discriminer ce qui nous intéresse et ne nous intéresse pas, ce qui nous est utile et ce qui ne l’est pas, tout en sachant que ce qu’on exclut à la fois permet de travailler et limite ce travail, aucun homme n’est une Conscience universelle ou Dieu – Onfray, peut-être ?). Foucault était profondément anti-communiste (et pas stalinien, son compagnonnage gauchiste ne se comprend que comme haine du Parti à mon sens) – même s’il a eu sa carte quand il était jeune étudiant – car le Parti était, sur le plan des moeurs, extrêmement normatif et répressif, et sur le plan des idées, absolument dogmatique (c’est ça le stalinisme). Son travail sur les dispositifs de pouvoir l’a amené à considérer l’Etat-providence que sous son aspect négatif, sans voir (mais qui l’eût pu) qu’une décennie plus tard, sa disparition n’allait pas nous libérer, etc. Ce sont des vraies questions, plus faciles que la dérision, la rigolade et les approximations dont vous faites preuve.

          2. Jean-no Auteur de l’article

            @Taggle : Comme le dit Kim, cette histoire de « soutenir le régime des mollahs » si on parle de ce régime avant même qu’il ait existé ! Foucault l’a-t-il soutenu ensuite ? C’est ça, la question. Et n’oubliez pas que ce régime a constitué une première, on n’imaginait pas un pays de cette importance devenir une théocratie.
            Je note qu’Onfray attaque souvent les gens sur le fait qu’ils ont connu des errances et des revirements. Pourtant, ça me semble le propre de toute existence que d’accumuler des observations, de l’expérience, parfois aussi de s’user et de s’aigrir (ça s’est vu plus d’une fois). On ne peut pas demander aux gens d’être faits d’un bloc, surtout dans le temps, puisque les idées que l’on a se façonnent aussi au gré des rencontres et des événements que l’on ne commande pas.

          3. Kim

            @Taggle : désolé, dernière chose encore : « Quant à l’accusation d’homophobie latente et non avouée, ce genre de procès d’intention ça me rappelle les zeures les plus sombres de notre histoire. ». Que dire de sa remarque sur le col roulé commun de Schérer et Foucault ? Sur ses remarques moralistes et moralisatrices sur la sexualité « violente » et « problématique » de Foucault ? C’est pas ordurier, ça ? Qu’on puisse défendre ce type d’individu, ça me dépasse…

          4. Taggle

            Très chère Kim,

            je reconnais un peu de mauvaise foi avec cette histoire de révolution islamique, mais c’est juste pour vous taquiner un peu, c’est pas méchant, soyez pas vache, une outrance en vaut bien une autre.
            Quant à cette histoire de justice populaire vous faites la sibylline, moi je pense sincèrement que Foucault a un rapport problématique avec la violence, comme Genet à l’époque, amant d’un officier SS pendant l’occupation (tiens, encore une outrance pour vous énerver).

            L’engagement en faveur du GIP étant pour moi plutôt une sorte de mission romantique, un gage de bonne foi, une volonté de penser aux extrêmes et aux marges, qu’un réel désir d’améliorer les choses.

            Cela dit ce serait très intéressant de voir tout ce que la droite doit à Foucault et l’oeuvre de déconstruction de ses affidés, et voir comment on a pu faire prospérer sur ses critiques les pires saloperies.

            Peut-être qu’au fond c’est bien son incapacité à croire et à penser une société idéale qui explique toutes ces choses-là. Peut-être était-ce aussi sa grande force. Peut-être que l’impossibilité de trouver un second souffle « émancipateur » tel qu’on le vit actuellement (problème soulevé en haut avec la gauche qui ne parle pas aux hommes blancs hétéro) vient-il aussi de là.

            PS : je vous trouve un peu injuste avec Arendt, j’étais comme vous avant, j’en faisais une philosophe de droite, kantienne et pro-BHL-Finkielkraut, mais certaines de ses critiques anti-totalitaire et un de ses livres peu connus: « De la révolution » m’ont fait changé d’avis sur elle.

        2. Kim

          D’accord pour Arendt : j’ai bien précisé « quelques pages soigneusement choisies de La condition de l’homme moderne, qui sont devenues la doxa arendtienne de droite depuis les années 1980 (sa traduction tardive ayant contribué à cette image faussée) : que ce soit Les origines du totalitarisme ou Du mensonge à la violence elle est bien loin des clichés conservateurs dont on l’affuble : elle soutient la démocratie, voit autant les limites du capitalisme que du communisme, est absolument critique sur le nationalisme (y compris le nationalisme sioniste), etc. Mais malheureusement dans le débat mainstream on n’entend que ses thèses sur l’éducation et l' »Homo Faber »…
          Quant aux limites de la politique de Foucault, je suis d’accord, mais justement sa position d’intellectuel a été de refuser l’utopie et la définition d’une société idéale, je ne vois donc pas cela comme un échec de sa part mais un effet de sa conception de l’ « intellectuel spécifique »… Je ne sais plus où il dit sa haine pour la position de l’intellectuel qui dit « faites la révolution pour moi, pour le bien de la nature humaine », ça me paraît tout de même intéressant, et assez différent du conservatisme de la génération suivante (BHL, Finkielkraut, Gauchet…) : le philosophe n’est pas une avant-garde, un prescripteur, le guide ou le « représentant » de la classe ouvrière, mais il se doit d’accompagner les luttes et les mouvements révolutionnaires tels qu’ils existent, et de les aider s’ils en ont besoin.
          Sinon pour le ton, je suis désolé, mais Onfray est d’une telle mauvaise foi, tellement misérable et dangereux dans sa volonté de récupérer la « gauche » (alors qu’il est aligné sur les positions les plus conservatrices) que j’ai tendance à m’énerver…

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          1. Novack

            Que de prétention chez cette Kim, que personne ne connaît et qui se permet de porter des jugements à l’emporte pièce sur Michel Onfray
            C’est absurde, tant est vertigineux le fossé qui sépare la conception élitiste, snobinarde ,purement intellectuelle et irrémédiablement-dans le vent (style Foucault ou Deleuze) que se fait de la philosophie cette personne dont le mépris pour les  »non initiés » transpire au travers de ses réquisitoires, et celle ( qu’on peut ne pas aimer bien sur) beaucoup plus humble et sincère de Michel Onfray, qui telle la vulgate, rend la philosophie accessible au plus grand nombre, en déboulonnant un certain nombre de mythes et en prônant une façon d’être et de penser marquée du bon sens et de l’honnêteté intellectuelle.

          2. Jean-no Auteur de l’article

            @Novack : le bon sens et l’honnêteté, ça ne fait pas forcément naître de grands concepts philosophiques !

    1. Jean-no Auteur de l’article

      @rty : ça pourrait être un hommage de ma part, mais je ne suis pas d’accord avec vous. Ce qui est certain, c’est que je ne connais pas les œuvres complètes d’Onfray, je juge avant tout ses propos sur Vincennes, et dans un autre article, ses réflexions sur la notion de race biologique. Je ne prétends pas pouvoir juger l’œuvre complet, je n’ai pas d’avis sur ses livres, etc. Et je ne pense pas émettre de jugement définitif sur lui en ne me basant que sur des anecdotes, je réponds à ce qu’il a dit et écrit.

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  16. Thierry

    Ricoeur c’est à Nanterre, dont il était le Recteur. Rien à voir avec Vincennes.

    Vincennes fut également « la première université à avoir eu un département de psychanalyse

    Quant à l’enseignement de l’ignorance par clins d’oeil complices pour débiter des contre-vérités, moquer méchamment une pensée qu’il n’a pas expliquée mais qu’il déforme et caricature devant un public qui en ignore tout et gobe tout, on peut dire que Onfray n’apprend rien à son public hormis le ricanement et l’art de cracher sur ce qui le dépasse -Onfray tout autant que son public à la recherche d’une distraction.

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      @Thierry : pour la psychanalyse, je ne l’ai pas signalé parce que c’était dit en passant pendant la conférence d’Onfray.

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  17. Lene

    J’ai tiqué sur certains passages, même si l’ensemble est intéressant.
    Exemple, vous faites dire à Onfray que Foucault avait une sexualité « problématique ».
    Or, dans mon souvenir, Onfray parle du jugement d’une institution, non de son avis personnel.
    Je ne vérifie pas la bande son, désolé, mais merci à ceux qui auront la patience de le faire.

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      @Lene : J’avoue que je n’ai pas le courage de vérifier, mais j’ai pris des notes a priori justes pendant mon écoute, et je ne suis pas sûr qu’Onfray prenait des distance vis à vis de l’institution dans la manière dont il a amené le mot !

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  18. Aris-Caen

    Merci Castagne pour votre témoignage. J’aurais aimé être à votre place. Ce que vous dites de Paris 8 semble très exaltant.
    Je n’ai pas écouté M. Onfray sur France Cul,. Je ne l’écoute d’ailleurs plus depuis longtemps. Je ne vais même plus à ces conférences à côté de chez moi.
    J’ai eu Michel Onfray comme prof de philo quand j’étais en terminal G2 au lycée Saint Ursule de Caen en 1988/89. Son cours de philo ressemblait à votre description de Paris 8. On parlait de tout, c’était détendu et studieux, J’ai aimé la psychanalyse grâce à lui (cet amour a un peu décliné depuis…), il était à l’époque un bon ami de Bernard Henry Levy ( son dirlo de publication) et n’était pas avare de compliments sur lui.
    Nous adorions tous Onfray car il désacralisait notre vie de lycéen : l’éducation national, la salle des profs, le censeur, nos parents, notre future vie professionnelle…etc. Il décapait le réel, on le voyait comme un anarchiste, un grand frère (10/12 ans d’écart) rebelle, mais conscient du monde.
    J’ai suivi ses livres pendant 20ans et ses 1ères années de l’U.P de Caen (l’U.P.G d’Argentan aussi). On a dînait ensemble ( en petit groupe), je le trouvais tjrs passionnant .
    Et puis, j’ai trouvé qu’il en faisait trop. Trop à la télé, trop avec les mêmes cadors des médias, trop dans le rôle du petit curé et du préchi-précha hédoniste, trop monsieur-je-sais-tout.
    Il critiquait aussi par pur dogmatisme athée anti-communiste la révolution bolivarienne de Chavez au Venezuela parce que marxiste et catholique (ses 2 bêtes noires), mais considéré que l’Union Européenne devait retrouver ses racines chrétiennes! j’ai vraisemblablement raté un épisode dans la tête de Michel.
    Michel qui s’insurge contre tout (ou presque), mais qui ne dit pas mot sur le néo-nazisme en Ukraine, pas un mot sur l’assassinat de milliers de palestiniens en 2014, ni avant d’ailleurs, mais qui trouve tellement « solaire » Tel Aviv.
    Michel qui déforme l’histoire (il y a trop d’exemples pour les citer tous; Beauvoir, pacte germano-soviètique, Robespière, etc…) pour mieux nous enfiler dans son » hédonisme de Titanic » assailli par des hordes de musulmans assoiffés de sang chrétien.
    Il site maintenant Samuel Huntington et son choc des civilisations. Ne pas comprendre cet idéologue selon Michel est une insulte à l’intelligence, un déni de réalité, voire un suicide civilisationnel…
    Voilà ma rupture avec l’anar gauchiste et chic de 1989 que j’aimais quand j’étais en terminal.
    Aujourd’hui je le considère comme un néo-conservateur de gauche qui dit 2 choses justes pour 1 énormité.
    C’est très triste, mais à 46 ans (j’ai eu mon bac à 20ans!) mon Michel n’est plus qu’une madeleine comme peut l’être Rickie Lee Jones en k7 magnétique!

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    1. kevin

      Bonjour Aris. Je ne connais pas beaucoup la pensée de Michel Onfray, je la découvre en ce moment par les podcasts de France Culture et seulement à partir de la 13ème saison donc. J’ai notamment écouté celui dont parle Castagne qui raconte Vincennes, puis j’ai continué avec les podcasts suivants. J’en suis aux question des auditeurs 1/4 : http://www.franceculture.fr/emission-contre-histoire-de-la-philosophie-la-resistance-au-nihilisme-les-questions-et-les-reponses-
      D’ailleurs j’encourage tout le monde à écouter ce podcast, déjà pour donner une autre image du « public » de ces universités populaires : je sais très bien qu’il s’agit de questions choisies pour la diffusion sur France Culture, mais je les ai trouvés d’une grande pertinence, et les réponses de Onfray très constructives.

      Après ces 4 heures de cours, je reviens donc sur cette page car je ne suis pas du même point de vue que la plupart des commentateurs de cette page : On parle ici de Onfray ‘réactionnaire’ : être réactionnaire, c’est vouloir rétablir en ordre ancien, alors que, au contraire, il pose les fondements d’une nouvelle gauche. Il imagine une gauche différente de celle du socialisme, de celle de Engels, et du Trotskisme, il est pour une gauche dont personne ne parle : « sa » gauche (celle de Proudhon et La Boetie : « Imaginez que vous n’êtes plus dans la servitude, et vous voilà libres »). Il parle souvent de la « commune » (c’est peut-être ça qui fait réac ?), et il l’explique dans les questions aux auditeurs, que les mots « Liberté, égalité, fraternité » sont de très beaux concepts mais qui restent des concepts…, la vraie gauche libertaire c’est celle de ceux qui mettent en place les vrais outils, il parle des paysans qui s’associent pour acheter une machine par exemple. Si l’on parle de nouvelles technologies, on peut imaginer toutes sortes de mises en pratique (l’open source par exemple, dont Onfray ne parle jamais, c’est le seul reproche que je pourrais lui faire : sa technophobie). Ensuite, Onfray n’est pas un révolutionnaire, il amène à imaginer d’autres schémas que la pensée de Engels et du christianisme justement (écouter encore le podcast des questions aux auditeurs, c’est très instructif). Il parle notamment du conflit Israélo-Palestinien : « Les elites, ceux qui sont aux pouvoir sont incapables de se mettre autour d’une table pour confronter leur idées, ça leur est impossible, tandis que le petit peuple le désire et le fait ». A propos de son « amitié » avec BHL dont vous parlez, il faut écouter le cours sur « les nouveaux philosophes » où il raconte comment BHL ment. Comme vous dites, Onfray a été (et est peut-être) « ami » avec lui, mais c’est justement comme cela que se confrontent les idées ! Par le dialogue, l’échange, le combat ; dans votre commentaire vous entendez que Onfray partagerait les idées de BHL, alors que c’est bien tout le contraire ! Encore une fois, écoutez bien ce podcast des questions aux auditeurs, car il y parle du « choc des civilisations » dont vous citez le titre sans en expliquer le contenu, il y explique que beaucoup se sont arrêté au titre, qui, étant politiquement incorrect, fustigent le livre d’emblée. Il dit à ce sujet : lisez et pensez. Il explique très bien qu’il faut repenser le sens de l’histoire justement avec de nouveaux outils, de nouvelles manières de penser. Il ne faut pas attendre de « salut christianique ou islamique », ni de « révolution », mais appréhender le monde avec de nouveaux outils, ceux dont on dispose d’aujourd’hui (statistiques sur la démographie il dit en exemple). C’est par la pensée de Engels que l’on a pu accepter le Stalinisme et Auschwitz comme ayant été des anti-thèses de l’évolution nécessaire, mais c’est justement parcequ’on les avait estimés comme nécessaire qu’elles ont justement eu lieu. Tout cela fait sens. Encore une fois, écoutez cette saison 13 (« la résistance au nihilisme »). En espérant que vous pourrez gommer la mauvaise image que vous avez de lui aujourd’hui et appréhender à nouveau le sens de sa philosophie.

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      1. Aris-Caen

        Bonjour Kevin,
        Je comprends votre enthousiasme pour Michel, car c’est un homme enthousiasmant. Je n’aime pas cracher sur ce que j’ai aimé et reconnais qu’il ne dit pas que des sottises. Néanmoins je ne m’interdit nullement d’être critique.
        Je souligne qu’il fut l’ami de BHL dans les années 80 (et début 90). Il l’a nié radicalement devant moi en 2008 lors d’une soirée. Je ne suis pas le seul à l’avoir entendu faire l’éloge de Bernard, il était fier de cette amitié. Je trouve ridicule qu’il nie comme un enfant. Il n’y a pas de honte à rompre une amitié.
        Concernant le choc des civilisations de Huntington, le livre date de 1996, époque ou il n’y avait aucun choc de civilisation… Ce bouquin est un ouvrage programmatique de politique étrangère US et non un constat objectif . Voici 2 vidéos pour vous éclairer : https://www.youtube.com/watch?v=hv1uPhwZiZU
        https://www.youtube.com/watch?v=igNngn4Q4h8
        Vous pouvez compléter le livre de Huntingon avec celui de Zbigniew Brzeziński « Le grand échiquier : L’Amérique et le reste du monde » paru en 1997 dont voici une critique :
        https://www.youtube.com/watch?v=9OBepAplj_I
        Vous pouvez, cerise sur le gâteau, terminer par un analyse cynique de George Friedman de Stratfor :
        https://www.youtube.com/watch?t=53&v=u1a0FD6iiek
        Il est très étonnant de constater que mon Michel préféré, pape de l’hédonisme, se réfère à un personnage aussi peu recommandable que Huntington!
        Michel est pour la « jouissance raisonnée » , la preuve : il est en guerre globale contre le monde musulman et pour un renouveau…chrétien en Europe! Ecoutez le ici en pleine promotion du « substrat judéo-chrétien » (à 1,55mn) :
        http://www.dailymotion.com/video/x15vjhn_goulard-guetta-onfray-leurs-idees-pour-reinventer-l-europe_news

        Vous comprendrez aisément, Kévin, mon étonnement d’entendre « Michel le Juste » promouvoir un huntington, auteur du sérail américain, idéologue d’un pays aux 1000 et une bases militaires dans dans 156 pays!
        Michel le petit père des pauvres qui critique pourtant sans répit depuis 15ans le gouvernement socialiste et populaire vénézuélien.
        Michel le crypto néo-conservateur de gauche, petit provincial devenu le grand parisien de province, un monsieur Jourdain accompli, un bon singe.
        Amicalement,

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  19. renaud

    bonjour à tous, pouvez vous me conseiller un ou plusieurs ouvrages sur l’aventure de Paris 8 (L’université assassinée c’est bien par exemple?) ? ça a l’air super intéressant, je ne connaissais pas du tout. Savez vous s’il existe des documentaires ou des fictions qui évoquent cette université?

    Répondre
      1. Kim

        http://www.archives-video.univ-paris8.fr/sommaire.php Très bon aussi, notamment les archives vidéo du colloque sur le nouvel ordre intérieur, avec Foucault, Chomsky, etc : on y voit l’agitation insensée du lieu. Sinon il y a je crois six heures de cours de Deleuze filmés sur YouTube, et ses cours audio de 1979 à 1988 sur Gallica. Il y a cette enquête plutôt récente de l’Obs : http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20090213.BIB2940/vincennes-la-nef-des-fous.html . Il y a le film « Vincennes, le ghetto expérimental », un bon documentaire (extrait sur Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=R87-T4Ge2g8 )…

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      Les charges sont solides, mais j’espère que c’est pour rire qu’ils demandent qu’on interdise à quelqu’un de s’exprimer !

      Répondre
      1. Kim

        C’est sans doute une blague, en référence aux lois sur l’interdiction des divers signes religieux dans l’espace public et l’article se finit en disant que les contrevenants se feront entarter ! Mais c’est assez drôle, et même si l’article date un peu, c’est bon de centraliser les crapuleries (des crapuleries de pensée, on ne parle pas de sa vie privée…) auxquels il participe, qui sont assez constantes depuis le début de sa carrière…

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      2. Asphan

        Dommage que ce site mêle si légèrement aux reproches tout à fait fondés d’incompétence philosophique des griefs d’ordre politique : on croit comprendre que le crime de MO, c’est avant tout de ne pas être d’extrême gauche…
        Pour ma part, quand je lis » le chef de file de l’extrême droite, Sarkozy », j’ai d’énormes doutes sur l’honnêteté intellectuelle du rédacteur, et c’est le site en son entier, pour lequel j’avais pourtant des préjugés favorables, qui me semble discrédité. (Je précise : je suis en profond désaccord avec Sarkozy… et je ne suis pas d’extrême droite!).
        Plus généralement, je regrette que des gens de toute évidence intelligents, à l’esprit affuté, et globalement proches des valeurs qui sont les miennes (il y en a sur ce blog), se laissent aller à ce genre d’excès.
        Le maximalisme est une passion moderne : il s’agit de radicaliser les oppositions à tout prix, à une seule fin me semble-t-il : se persuader de la justesse de sa cause, car nombre d’esprit modernes (ou post-) souffrent de ne croire en rien et sont prêts à sacrifier leur lucidité à l’ivresse d’une cause à défendre, d’un dogme ou même d’un slogan indéfiniment répété (comme le font nos sympathiques car peu sérieux « anti-fascistes »).

        Répondre
        1. Jean-no

          Et où avez-vous donc lu « le chef de file de l’extrême-droite Nicolas Sarkozy » !?!
          Sinon, puisqu’Onfray se réclame de la tradition libertaire, il est normal d’interroger le décalage entre la tradition en question (dont je me sens proche aussi) et des propos parfois (mais pas systématiquement) étonnamment réacs.

          Répondre
          1. Asphan

            « Le chef de file de l’extrême droite plurielle, Nicolas Sarkozy en personne »… Pour le reste, oui, il faut révéler l’incohérence de la pensée d’Onfray.

          2. Asphan

            Je crois qu’il y a une confusion : je commentais la pétition pour l’interdiction d’Onfray, pas votre texte bien sûr!

          3. Jean-no Auteur de l’article

            @Asphan : ah, ouf, je ne comprenais rien ! La pétition vient de Les Mots sont importants. Ces gens m’énervent un peu, car s’ils ont un niveau intellectuel élevé (mais qui n’atteint pas l’altitude de l’opinion qu’ils ont d’eux-mêmes) et s’ils défendent de grandes causes, ils représentent à mon avis bien une dérive d’une certaine gauche qui s’enfonce dans des contradictions indémêlables, et qui rejette les droits de l’homme et, par une version qui se veut totalement non-condescendante du féminisme et de l’antiracisme, finit par défendre le communautarisme, même face à ceux qui le vivent comme une oppression et veulent s’en émanciper. Je ne sais pas si c’est si explicite, mais en les lisant, j’ai l’impression qu’une femme musulmane devrait être forcée de porter le voile (que ne portait pourtant pas sa mère) et accepter avec entrain se faire battre par son mari, et que sinon, c’est qu’elle est opprimée par les philosophes des Lumières et contaminée par l’occident etc. : ça me semble pourtant assez condescendant aussi.
            J’en avais cause un peu dans cet article.

      3. Taggle

        Je suis plutôt d’accord avec vous. Je ne défends pas Onfray personnellement, mais je pense que c’est important de s’attaquer aux idoles des uns et des autres et à défaut de les détruire au moins les déboulonner, c’est la seule chose que je retiens chez lui. Pour Sade notamment, je pense qu’une remise à niveau rapide était nécessaire face à l’aura malsaine qu’il génère (même si on peut le « sauver » sur certaines réflexions). Et pour Freud aussi, qui même si on ne peut pas nier son importance et l’influence qu’il a eu sur d’autres domaines, sert surtout d’alibi à de la fraude fiscale et autre arnaque pour gens riches qui s’ennuient. Et je pense aussi à d’autres qui n’ont rien à voir avec Onfray mais par exemple Céline qu’il est interdit quasiment d’apprécier à cause de certains de ses écrits, comme si lire un livre vous absorbiez le cerveau…

        J’ai horreur de cette gauche morale voire encore pire, totalitaire, qui est obsédée par sa pureté et les mots sont importants représentent parfaitement ça, ils ont des réflexes staliniens dont ils donnent une pseudo-valeur scientifique. On est proches d’un délire mystico-religieux parfois, et il faudrait voir quels intérêts ils peuvent servir…

        Onfray a juste mis le doigt sur la gauche post-structuraliste et post-trucmuche et je trouve ça dommage qu’on ne puisse pas remettre en cause son héritage ou au moins le questionner, le remettre en contexte ou en perspective.
        Même si je lirai aucun livre d’Onfray (j’en ai des centaines d’autres à aborder avant), le simple fait qu’il déplaise me plait. Il réactive des anciens auteurs peu connus, des références anciennes qu’il met à la porter des gens et provoque des débats au moins.
        Peut-être qu’il représente un autre exemple de gens venus de gauche qui ont basculé ou qui ont été récupéré à droite. Un exemple-type (même si on peut pas les comparer évidemment) c’est Orwell qui aujourd’hui est réutilisé par la droite alors qu’il a toujours été socialiste-libertaire justement, car il est « simplement » anti-marxiste et anti-stalinien…

        En fait je crois que la gauche est incapable de faire le tri entre des références disons saines et d’autres qu’on peut questionner, sans tomber dans l’hystérie dès lors qu’on aborde tel ou tel auteur. Les gens à droite sont moins incommodant, c’est pour ça qu’ils volent certains auteurs à la gauche…

        Répondre
        1. Kim

          « Et je pense aussi à d’autres qui n’ont rien à voir avec Onfray mais par exemple Céline qu’il est interdit quasiment d’apprécier à cause de certains de ses écrits, comme si lire un livre vous absorbiez le cerveau… »
          Là, je ne comprends vraiment pas : c’est un des auteurs les plus célébrés, lus, il est édité (et réédité) en Pléiade, en BD, il est reconnu par tous comme l’un des génies du XXe siècle…

          Sinon, concernant LMSI et son article, même si le ton est polémique, c’est d’une part de bonne guerre :(la violence de Michel Onfray envers ses adversaires est souvent odieuse : voir ses cours cette année sur FC, où à partir de n’importe quel sujet, il en revenait à sa détestation stupide et calomnieuse de Sartre & Beauvoir. Faire semblant de vouloir faire apprécier Jankélévitch ou Misrahi alors que l’on en reste constamment au niveau du règlement de comptes, c’est quand même assez pathétique pour un « pédagogue ». C’est un affreux moralisateur (écoutez son émission de questions après les tueries de Charlie Hebdo : c’est un délire monomaniaque sur comment si on l’avait écouté LUI tout ça ne se serait pas passé, où en passant il reliait l’attaque des frères Kouachi aux mauvais articles qu’il avait eus dans Libération), et en tant que tel, il mérite de se faire pacifiquement remettre à sa place. Et leurs procédés ne sont pas malhonnêtes : ils compilent des vidéos, des déclarations (cela me gênerait si tout cela cachait l’oeuvre d’Onfray, mais j’ai bien peur que ces arbres ne dissimulent aucune forêt), ce qui, pour un philosophe n’existant que par et pour les médias, est assez fair-play.

          Quand à l’idéologie générale de LMSI, je ne suis évidemment pas en accord sur tout, mais réduire les courants de pensée postcoloniaux à un soutien au communautarisme et à un appel aux jeunes femmes pour que celles-ci mettent le voile, c’est assez injurieux. Critiquer les Lumières n’est pas tabou, ça se saurait (depuis Heidegger & Adorno jusqu’à Derrida, Deleuze & Cie) et rêver d’une politique qui n’en appellerait pas à la police pour régler tous les conflits n’est pas faire le jeu des islamistes.

          Répondre
          1. Kim

            Et PS : Jean-No, je vous conseille la lecture du livre de Tevanian sur la haine de la religion, aux éditions de La Découverte, d’où le texte que vous avez commenté ailleurs est extrait. C’est court, argumenté, et vous verrez que sa position n’est pas si caricaturale que ça : il n’est pas anti-laïcité ou anti-athéisme, il dénonce juste le danger quand ces concepts se transforment en arme de guerre contre le peuple.

          2. Jean-no Auteur de l’article

            @Kim : je comprends bien que c’est le sujet et je comprends les arguments, je suis souvent d’accord, mais il y a une ambiance autour de LMSI, notamment de ceux qui relaient tel et tel article comme preuve, qui me les ont rendu à la longue antipathiques, alors que j’étais a priori d’accord sur tout.
            Je ne vénère pas les Lumières, les droits de l’homme, utilisés comme vecteur de domination condescendante, comme outil très théorique, idéal, et sans effet. Mais dire que chacun doit avoir droit à la liberté, puisque c’est le gros du message, me semble pouvoir être universel, et n’a pas de copyright.
            Les gens qui utilisent des concepts tels que la laïcité comme arme de guerre communautaire (la laïcité devient l’interdiction de la religion de l’autre) font un contresens et commettent un crime envers ce qu’ils se targuent de défendre : qu’ils crèvent ! (je pense aux gens tels que Riposte Laïque dont je parle justement dans une vidéo que j’ai postée il y a quelques heures !).
            Pour finir, les Lumières, précisément, ce n’est pas une idéologie, c’est un ensemble de pensées fertiles parfois passablement opposées, qui ont surtout en commun le refus de la tyrannie. Je vois mal comment on peut jeter tout ça d’un coup.

          3. Taggle

            Oui mais il y avait eu pas mal de polémique sur son anniversaire est-ce qu’il fallait le mettre en avant etc. Mais enfin c’était juste un exemple, y en a d’autres : Drieu la Rochelle, Rebatet, Bloy etc. en gros ceux qui ont trempé de prés ou de loin autour de l’antisémitisme.

            Sur P. Tevanian j’ai lu des choses pas très agréables :

            http://blogs.mediapart.fr/blog/germinal-pinalie/100613/les-mots-de-marx-sont-importants-sur-la-haine-de-la-religion-de-pierre-tevanian

          4. Kim

            J’avais lu ce billet de Mediapart, il a raison sur le fond, et sur la malhonnêteté de la traduction, mais il suffit de lire le texte de Marx dans son entier pour voir que cela ne le mène pas à une mauvaise compréhension/manipulation du texte. Je ne sais pas si c’est une erreur ou une manipulation, mais le texte ne me paraît pas falsifié en tout cas…

            Sur Bloy, Rebatet ou Drieu la Rochelle :
            1) Bloy est réédité régulièrement. On n’en parle guère parce que la période fin de siècle n’est pas la plus en vogue en ce moment, pas à cause de son antisémitisme (sinon on ne lirait plus grand chose).
            2) Rebatet, contrairement à Céline, n’existe que par le fascisme et la collaboration. Si Céline a pu être tiré des flammes de l’enfer, c’est parce que sa gloire littéraire était déjà faite avant « Bagatelles pour un massacre », avec le « Voyage », tout de suite reconnu comme un chef-d’oeuvre « humaniste de gauche ». Rebatet publie « Les deux étendards », sa première vraie oeuvre littéraire, en 1942, et c’est un pamphlet antisémite : la mémoire littéraire fonctionne de telle façon que l’on a tendance à rejeter ce genre de mémoire. Il est néanmoins réédité régulièrement.
            3) Drieu la Rochelle est, lui, parfaitement réédité et disponible, au point d’être publié en Pléiade en 2012, etc. Là encore, le fait que sa gloire littéraire était déjà établie avant son basculement dans le fascisme et la collaboration change tout quant à la perception de son oeuvre.
            Les gens lisent Cioran, Malaparte, Jünger, tous fascistes (ou quasi), mais demander à faire des commémorations tous les quatre matins de collabos/antisémites, et qui ne doivent leur gloire qu’à ce fait (malgré tout leur talent littéraire) comme Rebatet, c’est pousser le bouchon, comme on dit (allez demander si, en Allemagne, ils font régulièrement des rétrospectives TV sur Leni Riefenstahl, pourtant reconnue comme l’un des plus grands génies du 7e art).

            Quant à LMSI, le débat est vaste, mais il est dangereux : les catégories trop vagues de « communautarisme », les accusations mensongères d’ « islamo-gauchisme », les commentaires complotistes les voyant comme les pantins d’organisations islamistes font que ce débat est très dur à engager. Je ne dis pas que c’est votre cas, Jean-No, mais le fait est qu’il est très difficile de poser les termes de ce débat sans que chacun se rejette les supposées « intentions cachées » de l’adversaire à la figure. Quand on les accuse d’être « mystico-religieux », à part peut-être si l’on parle des textes (très beaux) de Pacôme Thiellement, je ne vois pas sur quoi porte l’accusation. Oui, c’est un site qui se revendique de la sociologie, et donc ne se place pas sur le terrain des débats avec une critique de grands principes (la religion, la liberté, etc), mais reconnaît les particularismes, essayant de les comprendre et de les analyser avant de les rejeter : c’est notamment le travail de la pensée critique. Ils pensent les relations de domination avant les grands principes, chose qui, aujourd’hui, dans un débat tellement pollué par les postures et par la fainéantise intellectuelle (les énièmes débats sur les droits de l’homme, sur la République vs. communautarisme, tous faits d’argument clichés et ressassés) depuis une quarantaine d’années, peut choquer.

          5. Jean-no Auteur de l’article

            @Kim : J’ai du mal à rattacher Pacôme Thiellement à LMSI il faut dire.
            Personnellement je ne m’intéresse pas aux intentions cachées, si elles existent, seul compte comment les textes sont reçus par leurs lecteurs, et notamment moi-même. Et l’impression avec laquelle je ressors après chaque lecture est la même : je suis d’accord avec à peu près tout, mais je trouve le ton suffisant, le propos très théorique et emprunt d’une certaine démagogie. Sans ces aspects plus épidermiques qu’autre chose, j’ai tendance à voir LMSI comme un représentant des courants d’analyse politiques universitaires américains dont la réalisation principale est d’avoir imposé le politiquement correct, ce que je ne trouve pas négatif (prendre en compte dans l’espace public, et le discours, l’existence et la sensibilité de tous les gens qui sont en marge des courants sociaux dominants) mais qui me semble mener aussi à ce que les gens se définissent par des catégories. Seuls me semblent intéressants les individus, le fait que chacun parvienne à se réaliser, à exister, et si les catégories sont un bon outil pour comprendre les mécanismes qui font que ça coince, elles peuvent aussi devenir la maladie, le carcan. Voilà, en gros, comment je vois les choses, et, finalement peut-être, mon contentieux avec la sociologie en général.

          6. Kim

            Je suis plutôt d’accord avec vous, ne serait-ce que parce que la sociologie ne me semble jamais aboutir à une autre forme de lutte qu’à une revendication identitaire, luttes avec lesquelles je n’ai aucun problème, mais qui ne sont pour moi toujours qu’un des aspects du combat politique (1° revendiquer une « identité de lutte » opprimée ; 2° dans le même temps relier cette lutte aux autres, ne jamais en faire LE « focus » principal ; des luttes autonomes mais interconnectées les unes aux autres, plus dans le genre Foucault justement, qui nous mène effectivement loin de la sociologie). La sociologie est un outil indispensable, mais je trouve dommage qu’elle soit devenue LA science humaine qui dévore toutes les autres, je crois que l’on peut se mettre d’accord là-dessus.
            Quant à Pacôme Thiellement, il publie régulièrement sur LMSI, et me semble sur une ligne politique assez proche, si on peut parler de « politique » chez lui. Il en est également éloigné par d’autres aspects, mais pour moi c’est le seul auteur qu’on pourrait qualifier de « mystico-religieux » sur LMSI.

          7. Asphan

            à kim

            Je lis avec beaucoup d’intérêt vos commentaires, dont je salue la précision et le sens des nuances… Mais à propos de l’approche sociologique de LMSI (cf commentaire plus haut) : « Ils pensent les relations de domination avant les grands principes » : j’ai l’impression que les relations de domination y sont systématiquement envisagées sous l’angle unique de la discrimination raciale ou sexuelle. Ce genre de démarche exclut évidemment d’apercevoir certaines réalités comme l’existence d’une« France périphérique »
            A ce propos, j’ai cru comprendre que vous contestez le travail de Guilluy ; j’admets qu’on peut lui reprocher beaucoup de choses, notamment d’avoir mal cerné cette nouvelle catégorie et de lui avoir donné un caractère homogène, mais faut-il la rejeter totalement ? Pour ma part, quand je rentre chez mes parents, dans une de ces zones mi rurale mi urbanisée, il me suffit de croiser un ancien camarade d’école, d’aller faire mes courses dans la grande surface locale ou d’aller à un vide-grenier, pour avoir une perception très nette de l’existence de cette « France périphérique » … Je sais qu’en la matière la perception est trompeuse ; mais enfin, il me paraît difficile d’ignorer complètement l’existence de ces gens, pourtant nécessairement ignorés par une approche qui se ne prend en compte que les discriminations.
            Evidemment, en parlant de la sorte, je m’expose à l’accusation de contribuer par mon discours à la « lepénisation » des esprits. Accusation ni plus ni moins justifiée que celle qui dénonce dans une certaine gauche une alliance avec l’islamisme. Le débat est pourri, en effet…

        2. Taggle

          Je ne parle pas du fait qu’ils soient introuvables en librairie ou autre, Dieu merci ils le sont. Et je ne demande pas à ce qu’il y ait des commémorations à chaque anniversaire. Je parle de l’aura mystique qui traine autour d’eux et de leur antisémitisme, comme une odeur nauséeuse qui empêche d’aborder sereinement leurs œuvres.
          Ce même procédé qui est à l’oeuvre aujourd’hui autour de la notion d’islamophobie, qui permet de tout mélanger, les meilleurs critiques (y compris celle provenant du « monde musulman ») comme les plus gros abrutis. Et là je pense au « post-colonial studies » et autres succédanés incapables d’engager la moindre réflexion critique car ils ont l’impression d’avoir découvert le filon. Je pense surtout à un auteur qui m’a marqué, Naipaul, et qui est considéré comme un dangereux raciste réactionnaire alors qu’il a juste dit, et il me semble que c’est plutôt juste, que le fondamentalisme musulman était ou est fondé sur une vision profondément raciste car issu d’un suprémacisme arabe, et qui à ce titre est détesté par les séides d’Edward Saïd … et les salafistes.

          Pour en revenir au sujet, si pour vous la sociologie est un sport de combat pour moi elle devrait tirer une certaine noblesse de se battre avec les mêmes armes que les autres, et surtout celles de ses adversaires. Et je ne parle pas seulement de littérature, qui au fond a bien peu d’importance, mais surtout d’autres domaines plus « performatifs ». En ce moment je me suis mis à Carl Schmitt car ma prof de droit, qui est loin d’être une fasciste, m’en a parlé et a su expliquer en quoi son influence est encore perceptible sur notre propre Constitution. J’essaye d’articuler ça avec le réel donc, et c’est ce genre d’auteurs nauséabonds qui m’intéressent.

          Personnellement je vous avoue avoir du mal à m’intéresser vraiment à ce qu’on appelle disons « l’intersectionnalité » et je regarde d’un œil moqueur de jeune mâle blanc hétéro appelé à dominer le monde ces femmes ou ces hommes s’écharper dès que l’un(e) ou l’autre a l’audace de « prioriser » sa lutte par rapport à ses petit(e)s camarades de combat qui diffèrent d’une (petite ?) différence (narcissiquement ?) mise en avant. Rien de plus drôle que de voir des végétariens comparer la lutte anti-corrida à celle des femmes et de se faire insulter, ou de lire les complaintes plaintives sur la souffrance indicible qu’il y a d’être agressée par la une de Valeur Actuelle.

          Bref, vous l’aurez compris, on est pas sorti de l’auberge espagnole.

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          1. Kim

            Il ne me semble pas qu’Edward Said détestait beaucoup de gens : toute son approche était justement de reconnaître la colonisation comme un fait et comme une expérience partagée, le commun historique du Nord et du Sud, ou de l’Est et de l’Ouest. Son fameux « Orientalisme » incluait aussi bien Nerval et Flaubert, Chateaubriand et Goethe, Naipaul que Conrad. Ce qu’il reprochait au discours orientaliste était justement de ne pas entendre le discours de l’autre, de n’être souvent qu’un monologue : son but (il l’a dit et redit) n’était pas de censurer tous les écrivains ayant écrit sur l’orient. D’ailleurs Naipaul est un des auteurs qui guident Bhabha par exemple dans son « location of culture », bible du postcolonial pourtant.
            Sur guilluy, je n’ai pas étudié son œuvre en profondeur, mais il me semble que son œuvre est emplie de « culturalisme », de vision d’un « bon » peuple (de souche) contre un mauvais (d’immigré) et de garder ces distinctions sans s’interroger sur ce qui les produit. A partir d’un moment où un auteur, se prétendant scientifique, prend le parti d’une catégorie (le « petit blanc ») contre une autre, je trouve ça contestable. Ces catégories existent, mais j’ai du mal avec l’idée, qu’il avance souvent, que les immigrés des banlieues urbaines seraient privilégiés par rapport aux petits blancs, étayée par rien, et son refus de prendre en compte l’histoire spécifique des injustices existant aujourd’hui en France. La relégation des populations rurales ou périurbaines est incontestable, mais n’en faire qu’un problème culturel est dangereux.
            Tout ce discours me semble diviser le peuple entre détenteurs de privilèges légitimes et immémoriaux, le « bon peuple français » et des usurpateurs étrangers : peut être que je caricature, mais c’est en tout cas comme cela que son discours est utilisé par les médias (et Finkielkraut en particulier). Bizarre d’ailleurs que ce sociologisme la soit tellement en vogue à droite quand, il y a peu de temps encore, Bourdieu se faisait traiter d’antisémite chez ce bon vieux Finkielkraut sur France Culture.

          2. Kim

            Le message d’avant était adressé à asphan, je ne l’ai pas précisé, et j’ai même un peu mélange les deux messages précédents . Quant au message de Taggle, je trouve ça étrange qu’en quelques messages vous soyez passé de la critique de foucault ou deleuze sur leurs errements personnels à une déploration du manque de publicité de Rebatet ou Drieu… Et Carl Schmitt est important chez derrida, agamben ou zizek, il n’est absolument pas maudit, mais je ne suis absolument pas compétent dans ce domaine. Quant à la fierté d’être blanc, homme et hétéro et de regarder de haut les autres catégories sociales essayer de se définir un discours de revendication politique, qu’est-ce qu’il y a à dire ? Je suis content que notre Histoire ne soit pas remplie de gens comme vous…

          3. Taggle

            Caricaturez pas ce que j’ai dit. Je ne défends pas Rebatet ou Drieu (même si Drieu c’est quand même 1000 fois mieux). Mais voyez comme vous êtes victime de ce que je dénonce : n’ayant pas lu Guilluy (moi non plus) , il est déjà condamné d’avance pour avoir seulement parlé (comme Onfray) des « blancs », ultime sacrilège au pays des hommes sans racine, sauf de souche étrangère ; ou si on a le privilège d’être une minorité (mauvaise blague). Si Guilluy avait écrit un livre sur les « arabes » ou la souffrance des gays de province, il aurait eu tous vos suffrages.

            Je suis pas fier d’être blanc, je ne tombe pas dans la vanité, je regarde simplement ces combats d’arrières garde être voués à l’échec. D’ailleurs je m’interroge sur le sens de ce que vous appelez catégorie sociale. Si on peut s’auto-définir, si on peut faire des revendications identitaires, « revendiquer une « identité de lutte » opprimée », pourquoi dès lors l’interdire aux autres, vous qui « n’avez aucun problème avec ces luttes » ? Je pense simplement que les luttes identitaires seront les luttes de demain, et je vois ce monde arriver, et je ne refuse pas aux autres ce que je m’accorde à moi-même…

            Mais peut-être n’êtes vous pas issu de cette France périphérique (ou disons dans un mi-chemin ville/campagne), celle qui est consternée par ce qu’est devenue la « gauche » aux mains des sociologues de comptoir incapables de penser autre chose que l’étroitesse de leurs propres perceptions…

          4. Kim

            Revendiquer une identité blanche ne peut pas être progressiste à mes yeux car c’est la majorité : il n’y a pas de lutte majoritaire, il n’y a que des fascismes et des polices. De fait, l’étalon (la blancheur en France, représentation dominante) ne se construit qu’en négatif, comme ce qu’il n’est pas. C’est lui qui définit les catégories, c’est une norme. Une lutte politique, de gauche du moins, se caractérise par l’attaque des normes, donc non, effectivement, le combat identitaire des français de souche ne me paraît jamais positif, ce n’est toujours qu’une attaque des minorités. « Prolétaire » est une identité de lutte, « blanc » ne l’est pas, tout comme le racisme est avant tout le privilège de ceux qui construisent les catégories raciales et le « racisme anti blancs » seulement un pale reflet impuissant du racisme institutionnel. A quoi peut aboutir une lutte blanche en France ? L’accès aux emplois, la représentation politique et médiatique ? Cela n’a aucun sens, une telle lutte a été et sera toujours fasciste. La vieille gauche que vous regrettez ne semblait pas confondre la défense des travailleurs et celle des « blancs », comme vous le faites, donc les leçons de sociologie, ça va deux minutes.

          5. Jean-no Auteur de l’article

            @Kim, @taggle : revendiquer semble assez ahurissant mais prendre conscience des inégalités de traitement est en revanche forcément un progrès vers l’équité. Mais il faut se souvenir que toutes les catégories racistes n’eeistent que parce qu’on les admet, on pourrait complètement les balayer en changer de grille de lecture du monde. On pourrait par exemple utiliser la grille des frères Huxley, pour qui seules comptaient l’intelligence et le talent, qu’ils jugeaient bien répartis dans le monde (contrairement au raciste de base qui pense que ces qualités sont la propriété du groupe auquel il s’identifie). On pourrait, mieux, constater que la Terre est petite, finie, riche en histoires et en cultures, que chaque humain est unique et différent des autres, et qu’il est temps de passer à une étape un peu plus moderne 🙂

        3. Kim

          Tout à fait d’accord avec vous, c’est pour ça que la lutte antiraciste est toujours dialectique : elle ne reconduit les catégories dominantes que pour attaquer celles-ci et les détruire. Chez fanon c’est clair : l’utopie est bien celle d’un monde sans races, mais celui ci ne peut pas tomber du ciel, pour le construire il faut bien qu’il y ait un combat politique.

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  20. Asphan

    « S’attaquer aux idoles », « remettre en cause l’héritage du structuralisme », « réactiver des anciens auteurs peu connus » : c’est en effet un projet ce qu’on peut mettre au crédit d’Onfray. C’est d’ailleurs une tâche philosophique nécessaire, qui n’a heureusement pas attendu l’auteur d’Histoire de la contre-philosophie pour être engagée.

    Mais ses jugements à l’emporte-pièce, son refus obstiné de vouloir comprendre les philosophes auxquels il s’attaque (ex : l’Etre de Heidegger, un « avatar » du monde des idées de Platon !!… cf. diffusion de l’été dernier), son incapacité à interroger ses propres concepts (ex : le « réel », le « corps »…), le réduisent à juger la philosophie à partir de stéréotypes. En somme, le travail d’Onfray est ouvertement contre-philosophique : il s’agit de faire triompher l’ « opinion » (la doxa) sur la pensée philosophique. Entreprise qui serait intéressante si elle prenait conscience d’elle-même, et conduisait à penser autrement cette « opinion », par exemple comme le font certains sociologues. Mais chez Onfray, il semble qu’elle soit avant tout portée par un désir de revanche contre l’Université.

    Par ailleurs, j’avoue que je trouve une satisfaction un peu perverse à l’écouter sur France culture : en raison de leur grossièreté, de leur approximation ou même de leur contre-sens, ses déclarations sont finalement assez stimulantes, en tout cas assez pour m’inviter à relire ou lire les auteurs qu’il critique. Comme je l’ai déjà signalé, chaque fois qu’il cite un de ces auteurs honnis, même en prenant soin de sélectionner la déclaration la plus compromettante, le contraste entre la citation et les commentaires dont il l’accompagne apparaît nettement en sa défaveur : la citation a toujours une consistance conceptuelle ou un caractère paradoxal qui la rendent incomparablement plus stimulante que tout ce qu’Onfray peut en dire, et qui résume en platitudes et oppositions binaire jamais questionnées. J’ose croire ne pas être le seul à percevoir ce contraste (manifeste aussi dans les trois ou quatre livres de lui que j’ai lus ou parcourus), et qu’Onfray servira malgré lui la philosophie.

    Quant aux positions politiques d’Onfray, je ne les trouve pas si contradictoires qu’on veut le dire (voir un commentaire laissé plus haut, et qui rappelle qu’il s’inscrit dans une tradition libertaire non marxiste, dans l’esprit de Proudhon ou de Sorel).

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  21. Asphan

    @ kim
    « La relégation des populations rurales ou périurbaines est incontestable, mais n’en faire qu’un problème culturel est dangereux. » Guilly ne définit pas la « France périphérique » (qui n’est pas seulement la France périurbaine) sur des critères culturels, mais sur des critères socio-économiques et en les rapportant à une logique territoriale. Il pose qu’il existe une France reléguée, ne tirant pas profit du dynamisme des métropoles, où la vie économique végète ou est en déclin, et signale l’existence de processus de territorialisation renforçant ce séparatisme (les loyers modérés par ex). Le repli sur des identités « traditionnelles » ainsi que le vote FN n’en sont que les effets. On ne peut donc pas affirmer qu’il réduit cette relégation à un problème culturel.

    En ce qui concerne ce « débat » entre vous et Taggle* (ou plutôt cet un échange d’invectives : « gauche dominée par des sociologues de comptoir » vs « fascisme ») : je regrette qu’il soit impossible d’envisager avec un peu de sang-froid à la fois le problèmes liés à la discrimination et d’autre phénomènes comme celui que Guilluy étudie (non sans poser des problèmes de méthode, cf la question de l’homogénéité de cette « France périphérique ») …
    Mais il est vrai que c’est beaucoup demander : les catégories déterminant chacune de ces approches sont peut-être incompatibles, en tout cas délicates à articuler entre elles… Si chaque camp tient absolument à conserver les siennes, bref à préférer la pureté de sa pensée à la vérité, le débat est nécessairement stérile. (Au passage, Kim, je ne suis pas certain que l’histoire soit dialectique… il me semble qu’Althusser a écrit des choses éclairantes à ce sujet).

    * étrange pseudo… doit-on y voir un jeu de mots? 😉

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    1. Kim

      Où ai-je dit que l’histoire était dialectique ? J’ai dit que la lutte (et la pensée) antiraciste était dialectique, je me suis moqué d’Onfray annonçant pompeusement que son histoire dialectique de mai 68 était anti hégélienne alors qu’elle l’est jusqu’à la caricature.
      Quant à guilluy je répète que je ne le connais pas assez, et que je ne parle que de son exploitation par Finkielkraut ou Onfray. Je maintiens par contre que revendiquer une identité blanche opprimée est en France du fascisme.

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  22. Sophie

    Moi aussi j’étais à Paris8 ! J’y ai passé 7 ans, j’y ai fait 2 cursus, j’aurais aimé en faire plus, je ne voulais plus en partir . J’ai eu des profs exilés, résistants, révolutionnaires, qui ont inscrit leur nom dans l’Histoire de leur pays , et j’ y ai accueilli Abraham Serfati après sa libération ( j’en pleurais ! ) . Cette fac était vraiment une fac pas comme les autres qui a longtemps résisté aux coups de boutoir du Ministère pour la faire rentrer dans le rang. Et moi aussi j’en ai marre de l’imposture Onfray qui ne sait pas discuter ou défendre son point de vue sans insulter ses contradicteurs . Son passage à « On n’est pas couché » Samedi soir était plus que pénible … :/ Quel réac’ ! Quel sale type !

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  23. Kim

    Marrant que le débat national français ait suivi de peu les débats sur ces commentaires (comme quoi les journalistes écoutent moins France Culture qu’ils ne lisent le Figaro) !

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  24. vigna

    M. Onfray a accompli un beau travail d’écriture et de synthèse de l’histoire de la pensée(je ne vs l’apprends pas),il a donc une bonne vue d’ensemble des tenants et aboutissants et,il en sais certainement plus que ce que ses conférences,ses livres…n’en disent…Il est un penseur libre et mature…ni +hautain,ni +prétentieux,ni + démagogue,et encore – un idéologue…ce qu’il est dérange,il me semble, + que ces prises de positions qui st les siennes et qui bien évidemment ne peuvent être les vôtres…qui refuse, qd il ne s’en donne pas les moyens, d’apporter la clarté sur cette histoire de la pensée,de reconnaître son intrication avec la politique,et les égarements de ses acteurs…qui refuse de penser sans parti-pris?C’est grâce à ce « petit monsieur » comme vs dîtes que vs pourrez peut-être vs libérer!…..

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      @Vigna : bien entendu qu’Onfray a des parti-pris, comme nous tous, du reste.
      Votre propos est presque religieux, dans les termes choisis. Personnellement, je n’attends aucun messie disposant d’un savoir supérieur pour me libérer en m’apportant la clarté, je ne me sens pas emprisonné. Je dis juste que faire croire que la défense de la pédophilie était le sujet dominant à l’Université de Vincennes est intellectuellement malhonnête ou ignorant.

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  25. jicé

    Très bien votre papier, tout y est dit. Moi cet été j’ai éteint la radio sur un « point godwin » d’infamie lorsque « Michou la -petite- colère » explique pourquoi Deleuze fuyait les plateaux de télé et particulièrement celui d’Apostrophe. Là Onfray se roule littéralement dans la merde, non?

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  26. GRENIER T.

    A mes yeux assi Foucault est un droitard qui a jeté à la poubelle la dialectique et les rapports de production. C’est très désagréable le procès d’intention que vous faites. Pour moi c’est un coup de maître de la droite de se faire passer pour progressiste en mettant en avant toutes les valeurs néo-libérales.
    Il serait intéressant de savoir dans quel milieu social vous êtes baigné et le comparer à celui d’Onfray. Forcément si vous êtes fils de profs entouré de profs et d’employés CSP+ alors votre philosophie ne sera pas la même que celle d’un fils de paysans entouré d’ouvriers.

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      @Grenier T. : mes parents n’étaient pas ouvriers agricoles, je l’admets. Mais je ne sais pas si ça suffit à rendre les vues d’Onfray justes pour autant.

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  27. Igor

    Je n’ai jamais connu la fac de Vincennes ayant été étudiant dans les années 90, en revanche j’ai lu Michel Foucault et franchement cette conférence de la 13ème année de la Contre Histoire est assez indigne, on est vraiment dans un règlement de compte permanent – commencé véritablement depuis Freud dans la collection – qui dans cette dernière année atteint vraiment le summum … l’argument présentant Foucault comme un libéral en raison des idées liçbérales d’un proche comme F. Ewald est totalement fallacieux… M. Onfray se drape de + en + dans une attitude moralisante – pour un adepte de Nietzsche, c’est quand même amusant.. -, donneuse de leçons à postériori… Lui qui se targue d’une pensée « hédoniste », il me semble que cette heure sur Vincennes et Foucault transpire la jalousie d’une période à excès, certes – le chapitre sur la pédophilie tape juste – mais réellement hédoniste au sens vécu du terme.

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  28. seth

    Tout ce que je lis est très intéressant mais…j’ai pas tout lu.

    Du coup, est-ce bien raisonnable de rajouter une 105ème réponse ? S’il le faut, ce que je vais écrire a déjà été exprimé par d’autres et ne va faire qu’allonger inutilement ce débat.

    Je pense (ça commence bien !) que chaque personne détient une parcelle de vérité. Le ressentiment de l’auteur (Jean-no) envers celui qui dénigre Paris 8 qu’il a tant apprécié est tout à fait justifié. D’un autre côté, exercer l’esprit critique est indispensable sinon on retombe toujours dans le sacré et on aboutit fatalement à la croyance.

    Ce qui est insupportable pour moi, ce n’est pas d’entendre critiquer ce qu’on apprécie. Ce qui est insupportable, c’est l’inégalité face au droit d’expression. C’est l’injustice la plus révoltante.

    Celui qui s’exprime dans les grands media et donc à la télé à plus forte raison (l’ancêtre d’internet comme ils disaient aux Guigols de l’Info), a une puissance d’expression colossale car ce media (medium ?) est extrêmement pyramidal : le rapport entre ceux qui écoutent la télé et ceux qui la font fonctionner est extrêmement élevé. A plus forte raison, le rapport entre ceux qui l’écoutent et ceux qui y expriment leur opinion ! Je dirais même qu’il est pharaonique. Comment être démocratique, dans ces conditions ?

    Et les pitreries donnant la parole aux auditeurs ne font que rajouter (selon moi) à ce sentiment de rejet.

    On dit de la presse qu’elle est le 4ème pouvoir. Je me demande si elle n’est pas le premier. Les 3 pouvoirs de l’Etat sont sensés lui être supérieurs. Mais au moins l’Etat, c’est un peu Nous (même si pas tout à fait, même si pas assez…) . Tandis que la presse, en quoi est-ce que c’est Nous ?

    On entend tous les jours dans la presse, que l’opinion publique a une très mauvaise image des politiciens. Mais l’opinion publique a aussi une mauvaise image des media. Pourtant on l’entend beaucoup moins souvent. Concernant les politiciens, les media nous informent des résultats de divers sondages. Sans d’ailleurs nous informer du fonctionnement des sondages ni de la raison pour laquelle ils nous parlent de celui-ci et pas de celui-là. Pourquoi ne donnent ils pas aussi souvent les résultats des sondages concernant les media en tant que tels ?

    Là, c’est au contraire « merci les auditeurs de votre fidélité, vous êtes de plus en plus nombreux à nous écouter ». Oui nombreux d’accord, mais combien ? et à quel prix ? et pour quel résultat ? et dans quelles conditions ? etc…

    Michel Onfray critique beaucoup ces grands media mais….il continue à y passer. Il vient de se créer sa propre web TV sur Youtube. Espérons qu’il mette ses pratiques en cohérence avec ses pensées (comme il l’exige de tout philosophe digne de ce nom selon lui).

    Je crois en sa volonté et en sa capacité de faire fonctionner un débat démocratique. Et quand j’en aurai la preuve (car croire ne me suffira pas…) je paierai avec plaisir les 40 euros annuels d’abonnement. Je paierai même 10 ans d’avance s’il le faut. Mais voilà, il me faudra des preuves.

    Je reprends la lecture.

    Répondre
  29. seth

    Les universités populaires, assemblées de personnes du troisième âge ?

    Je me rends compte ici pour la première fois à quel point mon opinion est subjective. Je le savais depuis longtemps qu’elle est subjective mais je le savais plus par définition que par preuve. Ici, j’ai une preuve irréfutable qu’elle est subjective car je ne m’étais pas encore rendu compte de cette évidence : la très grande majorité des participants sont des retraités.

    Pourtant mes yeux fonctionnent encore de manière tout à fait normale. Et qui plus est, je connais des gens qui attendaient la retraite avec impatience pour pouvoir assister à ce genre de conférence.

    En fait, c’est évident : on « voit » beaucoup plus avec son cerveau qu’avec ses yeux. Preuve que le débat est indispensable. Il nous permet de voir avec le cerveau des autres.

    Moi, ce que je voyais jusqu’à ce que je lise cet article, c’est des gens qui pourraient être en train de profiter (au sens égoïste du terme) de la société de consommation sans se pourrir le temps qui leur reste à se poser des questions.

    Par exemple, profiter d’être libéré de devoir gagner sa vie pour aller passer la mauvaise saison sous des climats meilleurs. Et en plus, il se trouve que souvent, sous ces climats, la vie est beaucoup moins chère et donc c’est tout bénef pour le retraité. Au lieu de devoir vivre comme en France en payant son loyer et en devant se faire à manger, il peut trouver dans l’hôtellerie du « tout compris » accessible et donc profiter à fond, les doigts en éventail.

    Ou bien, rester en France et consacrer son temps à ses petits-enfants et soulager d’autant les contraintes domestiques de ses propres enfants. Entretenant par là l’esprit dynastique dont nous avons peut-être hérité de tous ces siècles de royauté. A moins que ce soit au contraire inné chez l’humain et donc que ce soit la royauté qui soit plus en adéquation avec la nature humaine que la démocratie ? Je ne le crois pas mais le débat est ouvert…

    Dans les images de cette assemblée aux chevelures grisonnantes et même blanchissantes (quand il y a encore de la chevelure), je ne voyais que de la jeunesse : la volonté de ne pas gober comme parole d’évangile tout ce qui s’impose, s’interroger sur le sens de la vie, quitte à aboutir à la remise en question de ses propres convictions et croyances.

    Tout ça, toute cette contestation de ce qui s’impose dans la vie en société, c’est facile quand on est jeune parce qu’on a toute la vie devant soi pour bénéficier des améliorations que ces contestations pourraient engendrer. Mais quand on est âgé, cela revient souvent à conclure qu’on a raté sa vie à ne pas avoir été suffisamment critique par rapport à cette vie en société. Donc encore une fois, il est vraiment préférable de ne penser qu’à soi et donc de participer à la perpétuation de la vie telle quelle est.

    Je me rends compte que pour toutes ces raisons, je ne voyais pas la moyenne d’âge des auditeurs. Et à trop voir la jeunesse de l’état d’esprit, je ne voyais plus les peaux ridées et les crânes chauves ou délavés.

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      @seth : mon expérience de ce genre d’assemblée (comme auditeur occasionnel ou comme conférencier) est celle de l’impression d’une grande uniformité en termes d’âge, et (ça c’est un sentiment subjectif) d’un petit malaise personnel éprouvé en me trouvant au milieu de ces gens qui, le temps me rattrapera vite, n’ont jamais que dix ou quinze ans de plus que moi. C’est bien entendu logique : y vont ceux qui ont le temps pour y aller.
      Pour être d’une totale franchise, en tant que conférencier, habitué à scruter avidement de l’intérêt dans les yeux de ceux qui me font face, j’ai du mal à être certain que toutes les personnes âgées qui assistent aux assemblées de ce type sont mus par la seule envie de « ne pas gober comme parole d’évangile tout ce qui s’impose », je ne dis pas que ça n’est pas possible, mais j’ai l’impression que pour beaucoup (et c’est en soi respectable et légitime), c’est avant tout une occasion sociale : que le sujet soit la philosophie, la robotique ou les jardins à la Renaissance, c’est la même assemblée qui assiste à la conférence, ou plutôt, qui en constitue le public régulier, augmenté de personnes qui viennent en fonction du sujet du jour.

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      1. seth

        Oui bien sûr, il y a de toutes les intentions possibles et imaginables dans la décision d’assister à ces conférences.

        D’ailleurs, je pense qu’il y a aussi, parmi ceux qui viennent avec cette intention « ne pas gober comme parole d’évangile tout ce qui s’impose » qui finissent par gober tout ce que dit Onfray. Ceux-là pourraient croire être sortis du problème alors qu’ils s’y seraient enfoncés.

        Dans mon commentaire précédent, j’ai fait part de la prise de conscience de ma subjectivité excessive : je ne voyais que du bon, que du positif dans cette assemblée. Ma vision était excessive. C’est pour cela que j’apprécie franchement et sincèrement ton ou votre (je ne sais pas si on doit se tutoyer ou se vouvoyer) texte parce qu’il rend mieux compte de la réalité que mon opinion isolée. Ce qui ne signifie pas que j’abandonne ce que je pensais avant ! Ca vient s’y ajouter et l’enrichir.

        Même si c’est une petite minorité qui vient là avec l’intention que j’attribuais à tous, ça me donne un certain optimisme, contrairement au comportement général de notre société (comme par exemple se consacrer à ses petits-enfants ou aller passer du bon temps dans un pays chaud).

        Je virerais définitivement vers l’optimisme si j’étais sûr que Onfray voulait vraiment ce qu’il me semble vouloir (si je l’ai bien compris, évidemment), c’est à dire développer la liberté de penser (donc de s’exprimer) de tout individu (donc de celui de la base).

        Pour le moment, je vois des centaines de gens qui écoutent et lui qui parle. Donc je constate que rien n’a changé jusqu’à présent. Si rien ne devait changer, Onfray aurait trouvé sa place dans le monde médiatique. Que cette place soit assez atypique ne me consolerait pas du tout.

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  30. Bruno Sauerwein

    Un assez fantastique forum. Le retour en force de l’agora.
    Interminables échanges
    Par moment je me suis dit que tout ça démontrait la grande capacité de dialogue des participants
    Le débat d’idées
    Et puis tout à coup, deux heures plus tard, j’ai eu l’impression d’assister à une sorte de dilution !
    Et surtout à l’éloignement des possibilités d’action.
    La discussion, la dispute (au sens antique du terme) , s’installerait comme un pis-aller.
    Et ce remplacement de l’action sur le terrain « hors forum » par la dispute, serait d’autant plus accompli que la diversité des propos tenus aura pu grandir.
    Ainsi, la dispute parfaite (encore les grecs) devient l’action dans le monde.
    Comme si chacun des protagonistes finissait par absorber le point de vue de l’autre, fut-il discordant.
    Plus besoin d’agir puisque je suis devenu le monde !
    Ou alors, peut-être faudrait-il que la discussion dure beaucoup plus longtemps. Interminable. Épuisante.
    Ça dure tant qu’on pourrait y laisser sa vie.
    Cette vie recluse à l’intérieur des frontières de nos raisonnements.
    Et le paradoxe, c’est que plus nous parvenons à élaborer notre grille de lecture, à nos montrer capables d’accueillir l’altérité, de lui faire une place, tant le dialogue nous aura permis de développer notre intelligence, et moins nous aurons envie, moins nous serons capables d’agir autrement que par la pensée et la parole !
    C’est pourtant tout simple, pour franchir la frontière, pour être à nouveau ébahi et inspiré, il faut marcher, bouger, et traverser les lignes.
    Un très grand merci à vous tous pour vous être ainsi engagés dans ce forum.
    Et merci à Michel Onfray d’avoir contribué à son insu à ce grand moment d’humanité.

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  31. bob

    Sur les faculté s , comme Vincenne,
    il me semble qu’un urbaniste , sociologue comme Jean pierre Garnier (la deuxième droite)défend le mêmes point de vue.
    Ces facs ont été construite volontairement a l’extérieur de Paris pour éloigner les contestataires.
    le pouvoir Gaulliste , a l’époque Pompidou, a habilement désamorcer la contestation.
    Je pense que l’on peut voir ou entendre , le point de vue de jean Pierre Garnier , sur You tube, je rappel que jean pierre Garnier n’aime pas Michel Onfray, voir site librairie tropiques, et article ; libertaire une appellation non contrôlé

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      @bob : le fait que Vincennes ait été créé entre autres pour sortir les gauchistes du quartier Latin, en leur offrant un lieu qui répondait à leurs revendications, fait tout à fait consensus.

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  32. jicé

    Le truc le plus juste lu sur ce mauvais intellocrate ambitieux. Entre autres vilénies du triste sire : Deleuze refusait d’aller à la télé à cause de ses bouteilles d’oxygène, parce que ça n’était pas très glamour… Quelle élégance, Michel! Et quel sens du vrai!

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  33. complément Auteur de l’article

    Lire Élisabeth Roudinesco :

    « Je crois que la confrontation avec l’ignorance lui va, mais qu’il ne veut pas se confronter au savoir. »

    « Quand il m’avait invité à l’université populaire en 2009, j’avais été frappée par la moyenne d’âge de son public : une écrasante majorité de retraités et des notables de province attirés par le remue-ménage »

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